Biographie Couillard Antoine-Gaspard
COUILLARD, ANTOINE-GASPARD, médecin, chirurgien, officier de
milice, seigneur, juge de paix, homme politique et fonctionnaire, né le
16 février 1789 à Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille (Montmagny,
Québec), fils de Jean-Baptiste Couillard et de Marie-Angélique Chaussegros de
Léry ; décédé le 12 juin 1847 à Montmagny, Bas-Canada.
Antoine-Gaspard
Couillard descendait par son père de Guillaume Couillard* de Lespinay,
collaborateur de Samuel de Champlain*, anobli par Louis XIV en 1654, et de
Guillemette Hébert*, fille de Louis Hébert*, premier agriculteur de la
Nouvelle-France. Quant à sa mère, elle était la fille de Gaspard-Joseph Chaussegros*
de Léry, officier et ingénieur militaire, architecte de nombreuses
fortifications érigées en Nouvelle-France, et de Louise Martel de Brouague.
Fils du
seigneur de la Rivière-du-Sud, Couillard commença son cours classique au petit
séminaire de Québec où il développa un goût pour l’histoire et les lettres. Son
père le retira cependant de cette institution en 1803 pour lui faire étudier le
droit chez Alexandre-André-Victor Chaussegros de Léry. Le jeune
Antoine-Gaspard n’avait pas de vocation pour les études légales, et mit donc
fin prématurément à son stage de clerc. Désirant plutôt devenir médecin, il
entreprit son apprentissage sous Samuel Holmes et René-Joseph Kimber, puis il
alla parfaire sa formation à l’University of Pennsylvania, à Philadelphie. De retour
à Québec en 1811, il recevait le 12 juin de cette année-là, à l’âge de 22
ans, du sous-secrétaire provincial, Lewis Foy, l’autorisation de pratiquer la
médecine, la chirurgie et la pharmacie dans le Bas-Canada.
Couillard
exerça sa profession pendant une trentaine d’années en milieu urbain et rural,
soit à Québec et à Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille. Il le fit en qualité
de médecin civil, mais également, pendant la guerre de 1812, à titre de
chirurgien auprès du 4e bataillon de la milice d’élite incorporée du
Bas-Canada. On souligna sa compétence professionnelle de façon particulière en
l’élisant le 13 juillet 1831 membre du Bureau d’examinateurs en
médecine du district de Québec. Son dévouement auprès des humbles lui valut le
titre de « médecin des indigents et des pauvres », comme en fait foi
un article de la Gazette de Québec, publié à l’occasion de son
décès.
La seigneurie
de la Rivière-du-Sud, qui avait été plusieurs fois divisée et subdivisée,
intéressa aussi vivement Couillard. À la mort de son père en 1808, il était
entré en possession d’une partie de ce domaine dont il devint par la suite,
grâce à l’acquisition d’autres parties en 1816 et en 1841, le seigneur
principal. Non dépourvu d’ambition, il fit d’autre part construire, semble-t-il
à l’occasion de son mariage contracté le 6 février 1816 avec
Marie-Angélique-Flore Wilson, fille de Thomas Wilson, négociant prospère de la
ville de Québec, un imposant manoir de deux étages en pierre de taille, qu’on
peut encore admirer à Montmagny, à l’ouest de la rivière du Sud. S’ouvrant sur
le fleuve Saint-Laurent, cette magnifique résidence est ornée d’un porche
monumental couronné d’un imposant fronton triangulaire qui retient agréablement
l’attention des passants. À l’époque, elle était considérée comme l’une des
plus belles maisons du Bas-Canada. Elle sert aujourd’hui d’hôtel.
Malheureusement pour Couillard, le peu de talent qu’il avait pour les questions
financières lui rendit onéreuse la gestion de sa seigneurie. Autant il comptait
de censitaires, de patients et d’amis qui lui devaient de l’argent, autant il
était lui-même endetté. De plus, le coût de son manoir excéda de beaucoup ses
prévisions et il dut plus tard se résigner à le vendre pour la modique somme de
£3 000. Pour Couillard, ce n’était pas sa première infortune, mais
certainement la plus difficile à accepter.
Tout en
fréquentant la Société littéraire et historique de Québec dont il était membre,
Couillard s’intéressa également, peut-être un peu contre son gré, à
l’administration publique et à la politique. Les tracasseries financières le
minaient peu à peu, de sorte qu’il se vit contraint en 1842 de renoncer presque
totalement à l’exercice de la médecine. Ayant été juge de paix, conseiller
législatif de 1832 à 1838 et commissaire chargé de faire prêter le serment
d’allégeance, il réussit alors, mais non sans peine, à obtenir en 1842 le poste
de registrateur du district de Saint-Thomas. Grâce à cette nomination, il put
subvenir décemment aux besoins de ses nombreux enfants. Cet emploi ne lui
permit cependant pas de répondre aux exigences de ses créanciers, ni de
prévenir, peu avant sa mort, la vente de son domaine et de ses biens à William
Randall Patton, riche marchand de Québec.
Antoine-Gaspard
Couillard s’éteignit à Montmagny le 12 juin 1847, à l’âge de 58 ans,
et fut inhumé au même endroit cinq jours plus tard. Philippe-Joseph Aubert* de
Gaspé, qui avait entretenu avec lui une amitié « constante et sans
nuage » durant un demi-siècle, lui adressa un émouvant adieu dans les Anciens
Canadiens. Il désigna Couillard comme le meilleur et le plus vertueux des
hommes et rappela, entre autres, comment son ami avait bu lui aussi « à la
coupe amère des tribulations » et comment il avait vu passer le domaine de
ses aïeux entre les mains de l’étranger. (src. www.biographi.ca)
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