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Fille d'un père russe et d'une mère polonaise
Elle arrive au Québec en 1952
La grâce et la résistance du roseau de la fable, une détermination n'ayant d'égal que le calme courage de qui a vu la mort de près : telle était Ludmilla Chiriaeff. Femme exemplaire, elle reste, au-delà de la mort, une inspiration pour ceux et celles qui l'ont approchée ou qui connaissent son œuvre.
Qui aurait pu prévoir que la petite Ludmilla de six ans, qui dansait pour les amis de ses parents dans le Berlin d'avant-guerre, allait devenir celle que l'on nomme, à juste titre, la mère de la danse au Québec ?
Ludmilla Otzup est née à Riga en Lettonie de parents russes. Son père, Alexander Gorny, est écrivain et la famille, exilée à Berlin, au cœur d'une petite colonie russe, accueille les artistes et organise des spectacles à la maison. Dès l'adolescence, Ludmilla montre une grande force de caractère et s'engage dans le monde de la danse avec passion. Apprentie aux Ballets russes, elle devient soliste à l'Opéra de Berlin. Quand elle découvre la danse moderne allemande, elle envisage sérieusement d'y consacrer sa carrière.
Mais le destin va la pousser sur des chemins qu'elle n'aurait jamais imaginés. En 1941, elle a 17 ans, elle est internée dans un camp de travail nazi ; séparée de sa famille jusqu'à la fin de la guerre, elle retrouve son père par un de ces miracles dont sa vie sera jalonnée. En janvier 1952, Ludmilla Chiriaeff, enceinte de huit mois, arrive à Montréal. Devant l'inconnu, la jeune femme, qui a appris « à voir la petite fleur qui pousse dans les décombres, le mince rayon de soleil qui traverse les ruines », s'émerveille des beautés qui s'offrent à elle. Celle qui affirmera que « la vie, c'est en avant » trouve du travail, fonde une école de ballet, commence à chorégraphier et à danser pour la télévision de Radio-Canada. Elle participe à plus de 300 émissions de L'Heure du concert, fonde Les Ballets Chiriaeff qui deviendront Les Grands Ballets canadiens, la première troupe professionnelle au Québec.
Pourtant, rien n'est facile ; quand la société québécoise juge immorale « cette mère de famille qui ose montrer ses jambes », Ludmilla Chiriaeff répond par une campagne de sensibilisation sur l'histoire de la danse. Pour elle, l'essentiel est d'assurer l'enseignement de la danse, alors elle crée ce qui est désormais l'École supérieure de danse du Québec, devient l'instigatrice du premier programme d'enseignement intégrant la danse aux études et fonde le Jeune Ballet du Québec.
Récipiendaire d'importantes distinctions reconnaissant sa contribution exceptionnelle à la vie culturelle, Ludmilla Chiriaeff laisse derrière elle une œuvre dont elle a su assurer la survie.
Source: Les Prix du Québec, Lauréates et Lauréats