Biographie Paquet Calixte
Biographie de Calixa Lavallée
Callixte LAVALLÉE naît le 28 décembre 1842 à Verchères (au Québec, Canada), fils d'Augustin PAQUET dit LAVALLÉE (1816-1903) et de Marie-Caroline VALENTINE (un patronyme écossais).
C'est plus tard, aux États-Unis, que Callixte se fera appeler « Calixa », pour faciliter la prononciation de son prénom par les anglophones.
L'enfant manifeste très tôt de remarquables dispositions pour la musique et reçoit sa première formation de son père.
Il joue bientôt du piano, du violon, de l'orgue et du cornet à pistons, tout en poursuivant des études académiques au collège de Saint-Hyacinthe, village où s'était établie sa famille vers 1850, rue des Cascades.
Son père est un forgeron, puis facteur d'orgues chez le forgeron Joseph CASAVANT (1807-1874) à Saint-Hyacinthe, avant de devenir luthier à Montréal, qui occupe ses loisirs à jouer du violon et à diriger une fanfare.
En 1851, à l'âge de 8 ans, Callixte est appelé d'urgence à toucher l'orgue à une cérémonie religieuse, en remplacement de l'organiste.
Deux ans plus tard, à l'âge de 10 ans, Callixte LAVALLÉE accompagne à l'orgue le choeur de l'église Notre-Dame de Montréal, qui est de passage à Saint-Hyacinthe. Le sulpicien maître de chapelle de Notre-Dame, Messire BARBARIN (1812-1875), est alors vivement impressionné par le talent du si jeune homme.
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Deux ans plus tard, en 1855, l'adolescent se rend à Montréal pour y étudier le piano avec Paul LETONDAL (1831-1894) et Charles WUGK dit SABATIER (1819-1862).
Un boucher prospère, Léon DEROME, y devient, en quelque sorte, son père adoptif et, dorénavant, son indéfectible mécène. Le jeune LAVALLÉE fréquente avec lui le « Théâtre Royal » et, dit-on, s'y est même produit comme pianiste.
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Deux ans plus tard, en 1857, à l'âge de 14 ans, Calixa LAVALLÉE part à l'aventure aux États-Unis, avec une troupe de musiciens ambulants, de passage à Montréal.
Rendu à la Nouvelle-Orléans, il gagne le premier prix d'un concours instrumental, puis part en tournée en Amérique du Sud, aux Antilles et au Mexique avec un violoniste espagnol du nom d'OLIVERA.
En 1860, il est signalé à Baltimore puis à Providence (Rhode Island).
En septembre 1861, à l'âge de 18 ans, il s'engage comme "first class musician" dans le "Fourth Rhode Island Regiment", y devenant bientôt le premier cornet.
Il participe à la Guerre de Sécession et il avouera plus tard avoir été blessé à la jambe lors de la bataille d'Antietam au Maryland. Il est licencié de l'Armée du Nord à l'automne de 1862.
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Il revient à Verchères l'année suivante, en 1863, à l'âge de 20 ans. Le journal musical de Montréal « Les Beaux Arts » le décrit de la façon suivante :
Un musicien intelligent et de talent qui saura bientôt acquérir la confiance de la société montréalaise...
Le 24 janvier 1864, à l'âge de 21 ans, il donne un concert au "Mechanics' Hall" (salle de l'Institut des Artisans) à Montréal comme pianiste, violoniste et cornettiste. Par la suite, il enseigne à Montréal et y donne d'autres concerts.
Il se lie d'amitié avec le violoniste-compositeur belge Frantz JEHIN-PRUME (1839-1899), dès sa venue à Montréal en 1865, et avec la cantatrice Rosita DEL VECCHIO (1846-1881) que ce dernier épouse l'année suivante.
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Cependant, LAVALLÉE se lasse de la lenteur des événements dans le domaine artistique au Québec et décide de retourner aux États-Unis en 1865.
Mais ce « Canadien errant » reviendra plus tard à Montréal, où il sera acclamé comme artiste de grand calibre.
De nouveau aux États-Unis en 1865-66, LAVALLÉE séjourne en Californie, enseigne en Louisiane puis revint en Nouvelle-Angleterre, notamment à Lowell, Mass., où il épouse en 1867 une Américaine, Josephine GENTILLY ou GENTLY, dont il aura 4 enfants (entre 1869 et 1885), un seul (Raoul) lui survivant et qui aura postérité.
Il se fixe alors à Boston puis à New York où, vers 1870, âgé de moins de 30 ans, il est nommé directeur musical et surintendant de la "Grand Opera House", théâtre d'art lyrique et de variétés.
Un opéra-bouffe de sa composition, « Loulou », était annoncé au début de 1872 mais sa création est contremandée quand le propriétaire de l'établissement, un certain Jim FISK, est assassiné.
LAVALLÉE rentre, découragé, à Montréal.
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Un article d'une revue montréalaise le décrit de la façon suivante, en 1872 :
Essentiellement national et par conséquent populaire, [Calixa LAVALLÉE s'avère] le véritable musicien national du Canada.
En 1873, son mécène Léon DEROME, ce prospère boucher montréalais, et son groupe d'amis décident de lui financer des études musicales à Paris. Ce rêve qu'il chérissait depuis déjà plusieurs années se réalise quelques mois plus tard, alors qu'il a la chance d'y étudier au Conservatoire l'harmonie auprès des maîtres de la trempe de BAZIN, BOIELDIEU fils, et le piano auprès d'Antoine-François MARMONTEL (1816-1898).
À Paris, selon Charles LABELLE (L'Écho musical, Montréal, le 1er janvier 1888), « ... une Suite d'orchestre (un concerto) fut même exécutée en juillet 1874 par un orchestre de 80 musiciens sous la direction du célèbre chef MATON. »
Il y compose une série d'études pour piano dont l'une en mi mineur, « Le Papillon », est inscrite au programme d'études du Conservatoire.
Cette oeuvre connut par la suite de nombreuses éditions en Europe et en Amérique.
Elle figure encore dans plusieurs collections et anthologies et fut enregistrée à plusieurs reprises, sur disque (de 78 tours/minute) notamment par Myrtle EOVER (Victor 21012) à une date indéterminée et par Frank LA FORGE (Victor Red Seal 64083) en 1908.
Le maître MARMONTEL lui envoie un témoignage digne de son talent, à la suite d'une de ses compositions musicales interprétée par un orchestre parisien en 1874 :
Je compte sur vous pour transmettre à vos chers compatriotes les conseils que je vous ai donnés et que vous avez su apprécier. Faites aimer et comprendre la belle musique, faites estimer l'art et les artistes et prouvez aux envieux et aux détracteurs que vous avez un talent à l'abri de tout reproche. Je compte sur vous et je ne doute pas un instant de votre honneur et de votre délicatesse.
Votre professeur et ami, Marmontel.
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De retour d'Europe, Calixa LAVALLÉE débarque à Québec le 25 juillet 1875.
Il a en poche une lettre de MARMONTEL datée du 5 juillet :
... je vous dis cordialement adieu et vous désire tout le succès que vous méritez par votre constant et courageux travail. Je suis certain que vos amis... trouveront votre talent transformé au double point de vue du style et de la bravoure contenue...
À Montréal, LAVALLÉE ouvre un studio de musique en partenariat avec JEHIN-PRUME et la femme de ce dernier, Rosita DEL VECCHIO, soprano.
Le 9 septembre suivant 1875, il donne au « Cabinet de lecture » de la rue Notre-Dame un concert gratuit pour ceux qui l'avaient aidé à réaliser ce séjour en Europe.
Il présente ensuite quelques-unes de ses oeuvres à Québec, le 1er décembre, puis à Montréal, au "Mechanics' Hall", huit jours plus tard.
Dans le journal La Minerve (du 9 et 10 décembre 1875), Guillaume COUTURE (1851-1915) salue en LAVALÉÉ « l'une de nos gloires nationales » et ajoute qu'il avait su « tour à tour être brillant, élégant, fougueux, délicat et passionné ».
En 1877, à l'âge de 34 ans, Calixa LAVALLÉE dirige à l'Académie de musique (un théâtre de 2100 places) à Montréal un orchestre de 58 instrumentistes où Frantz JEHIN-PRUME est le chef des choeurs et violon solo, lors des 18 représentations mémorables de « Jeanne d'Arc », drame de Jules BARBIER avec musique de GOUNOD, dans lesquelles Rosita DEL VECCHIO, la femme de Frantz, tient le rôle titre.
Le Journal La Minerve (15 mai 1877) qualifie la première de « succès éclatant », ajoutant que « rien de tel ne s'était encore vu en cette ville ».
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LAVALLÉE échoue cependant dans ses démarches auprès du gouvernement du Québec afin d'obtenir des fonds pour ouvrir un conservatoire.
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Il est Maître de chapelle à l'église-cathédrale Saint-Jacques-le-Mineur (1875-79).
Il est élu (1876-77, 1879-80) à la présidence de l'Académie de musique du Québec.
En avril et mai 1878, à l'âge de 35 ans, il dirige à Montréal et à Québec une production de l'opéra-comique « La Dame blanche » de BOIELDIEU père.
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Puis il se fixe à Québec, où il écrit en toute hâte une cantate pour la visite du gouverneur général du Canada, le marquis de LORNE et de son épouse, la princesse Louise, fille de la reine Victoria.
L'oeuvre est exécutée le 11 juin 1879 avec un succès considérable.
Mais le gouvernement du Québec refuse de rembourser à LAVALLÉE les frais encourus et le compositeur se retrouve donc endetté de plusieurs centaines de dollars d'alors.
Par la suite, LAVALLÉE vit dans l'ombre, donnant des leçons et touchant un maigre revenu comme maître de chapelle à l'église Saint-Patrice et chef d'un corps de musique.
Le 2 décembre 1879, il participe cependant à un concert présenté par JEHIN-PRUME au "Mechanics' Hall" (salle de l'Institut des Artisans) à Montréal.
Nommé ensuite membre du comité de musique mis sur pied pour la Convention nationale des Canadiens français en juin 1880 à Québec, il compose pour l'occasion la musique d'un chant national sur laquelle le juge Adolphe-Basile ROUTHIER (1839-1920) écrit des paroles.
Cet hymne « Ô Canada » est créé par trois corps de musique réunis lors d'un banquet au Pavillon des Patineurs de Québec, le jeudi 24 juin 1880, et obtient un succès décisif.
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Mais la situation financière de LAVALLÉE demeure précaire et il subit de plus les premières atteintes du mal qui allait l'emporter, une laryngite tuberculeuse.
Au début des années 1880, LAVALLÉE accompagne en tournée aux États-Unis Etelka GERSTER, soprano hongroise, mais il n'est pas à ses côtés lorsqu'elle se produit ensuite au Canada.
Déçu dans son espoir de fonder un conservatoire de musique au Canada, Calixa LAVALLÉE s'établit aux États-Unis à la fin de 1880 et réside à Boston en 1882, où il passera ses dernières années, enseignant la musique et participant à divers concerts.
Après quelques concerts avec JEHIN-PRUME et DEL VECCHIO, il se rend avec eux à Hartford, Connecticut, pour un engagement le 3 décembre 1881.
Son opéra-comique "TheWidow" est à cette époque présenté à la Nouvelle-Orléans et dans d'autres villes.
Il est ensuite pianiste sur un traversier de la "Colonial Line" entre Boston et New York.
À Boston, il ouvre un studio vers 1882 et y enseigne l'harmonie, l'instrumentation et la composition à l'académie de musique "Carlyle Petersilea", tout en étant maître de chapelle à la cathédrale catholique Holy Cross.
Il publie en 1883 une « satire musicale mélodramatique », TIQ (The Indian Question Settled at Last). Sa réputation ne tarde pas à se répandre dans les milieux musicaux des États-Unis.
LAVALLÉE, comme l'avait fait Louis-Joseph PAPINEAU à la fin de sa vie, se déclare publiquement en faveur de l'annexion du Canada aux États-Unis.
À titre de membre actif de la "Music Teachers' National Association", il organise et participe à un concert entièrement consacré aux compositeurs des États-Unis, le premier du genre, tenu à Cleveland le 3 juillet 1884.
Un an plus tard, un concert analogue est présenté à l'"Academy of Music" de New York et on y donne aussi un « Offertoire » de LAVALLÉE.
En 1886, il est président d'un regroupement de Canadiens français émigrés, la « Ligue des Patriotes de Fall River, Mass. ».
Il est aussi élu président de la "Music Teachers' National Association", qui le délégue à un congrès de la "National Society of Professional Musicians" de Londres, en janvier 1888. Lavallée y prononce un discours remarquable sur la prise de conscience collective des musiciens des États-Unis. Il y fait entendre une « Marche américaine » de sa composition puis revient à Boston, via Montréal, reprenant une activité toujours aussi intense : leçons, concerts, articles de journaux et composition.
Bien qu'établi définitivement aux États-unis, il n'oubliait pas le Canada : « Mon but dant tout ceci, écrivait-il à Aristide Filiatreault (lettre du 14 mars 1890), est de tâcher de réveiller notre cher peuple et par petites doses de temps à autre; peut-être arriverons-nous à leur faire comprendre qu'il faut apprendre à marcher avant de pouvoir courir. »
En juillet 1890, il organise le congrès de la "Music Teachers' National Association" à Detroit, où sa « Suite pour violoncelle et piano en quatre mouvements » (un concerto) soulève l'enthousiasme, telle que jouée par lui et le violoncelliste Charles HEYDLER.
Aux professeurs présents qui réclament la partition, il admet que seule celle du violoncelle avait été écrite. Plus tard, un éditeur connu de musique d'harmonie, CUNDY, lui suggére de s'enrichir en écrivant ce genre de musique. LAVALLÉE lui répond :
Je préférerais qu'on se souvienne de moi grâce à quelques compositions de valeur artistique plutôt que de m'enrichir facilement dans d'autres secteurs de la composition musicale.
Rapporté par Henry F. MILLER, facteur de pianos de Boston, dans "Freund's Music and Drama", 31 janvier 1891.
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À l'automne de 1890, la maladie contraint LAVALLÉE à s'aliter et à abandonner sa charge d'organisateur du congrès de Chicago prévu pour 1892. Les douleurs à la gorge lui deviennent de plus en plus vives et son état général s'aggrave.
Au début de janvier 1891, Léon DEROME accourt à son chevet.
Le 21 janvier, vers minuit, Calixa LAVALLÉE expire à sa résidence du 4, rue Brookford, dans le quartier Dorchester, à Boston.
Des funérailles solennelles sont célébrées deux jours plus tard à la cathédrale Holy Cross, en présence de l'archevêque John Joseph WILLIAMS et de nombreux collègues américains et canadiens. Aucun sermon ou éloge funèbre n'est cependant prononcé. Le violoniste Alfred DE SÈVE (1858-1927) est au nombre des porteurs. La dépouille est ensuite inhumée au cimetière Mount Benedict.
Calixa LAVALLÉE n'aura vécu que 48 ans et 24 jours.
La dépouille mortelle de ce grand compositeur sera transportée de Boston à Montréal au mois de juillet 1933 et mise en terre, en grande pompe, au cimetière de la Côte-des-Neiges.
C'est grâce à l'initiative d'un comité montréalais où figuraient Eugène LAPIERRE (1899-1970), la basse Ulysse PAQUIN (1885-1972) et le chef de musique Joseph-L. GARIÉPY que les restes du musicien furent ramenés à Montréal en grande pompe le 13 juillet 1933, 42 ans après sa mort, et inhumés au cimetière de la Côte-des-Neiges après un service solennel à l'église Notre-Dame.
À cette occasion, son nom fut donné à une avenue traversant le parc Lafontaine et, plus tard, au centre culturel situé au coeur de ce parc.
« Calixa Lavallée » devint ensuite le nom d'une école polyvalente de la région montréalaise, de rues à Granby, Joliette, Laval, Québec, Saint-Hyacinthe, Shawinigan, Trois-Rivières, ... ainsi que d'une chorale de l'Université d'Ottawa, et aussi le nom de son village natal.
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Par Denis AUBERT (webmestre, hébergeur, fondateur et responsable; le tout, bénévolement, pour en partager le plaisir, sans en tirer de revenu, ni de compensation ni autre avantage d'aucune sorte), Les Projets DA-GO (da-go.com) Les Productions Da-go
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