Biographie Landry Rene
Depuis quelque temps, nous avons consacré la plupart de nos heures de recherche
aux familles acadiennes du Québec. À cet égard, nous avons constaté que nos
prédécesseurs n'avaient pas dépouillé la totalité des dossiers de généalogie de
Placide Gaudet en ce qui concerne les familles traitées dans la deuxième et
parfois même dans la première partie du Dictionnaire généalogique. Par exemple,
nous avons récemment r etrouvé parmi les notes de Gaudet des extraits des actes
de sépulture de cinq membres de la famille Hébert que nous devons inscrire à la
première partie de notre ouvrage. Nous avons également réussi à identifier
Madeleine Savoie, épouse de François Hébert, à partir de la mention de ce
dernier en tant qu'oncle de l'époux, dans l'acte de mariage d'un nommé Michel
Savoie.
Nous aimerions reconnaître ici une autre contribution
significative à la connaissance de la généalogie de la part de notre collègue
Paul Delaney. Depuis le Congrès mondial acadien, monsieur Delaney a bien voulu
entreprendre une analyse des actes de mariages de Port-Royal, afin d'évaluer
l'exactitude des dispenses de consanguinité et d'affinités qui y sont inscrites.
Pour les quelques 380 couples qui se sont mariés à Port-Royal entre 1715 et
1755, il a élaboré les ascendances jusqu'à la quatrième génération. Il a pu
ainsi déterminer quels empêchements de parenté ont été dispensés, ou encore
oubliés, par la dizaine de missionnaires qui ont desservi la paroisse durant ces
quatre décennies. Il a constaté, par exemple, que le père Antoine Gaulin n'a
jamais inscrit de dispenses de consanguinité ou d'affinité dans ses actes de
mariage, ce que nous avions déjà remarqué par rapport à ce dernier dans les
registres de Grand-Pré. Certains autres prêtres, tels les pères Charles de La
Goudalie et Jean-Baptiste de Gay Desenclaves, semblent avoir été beaucoup plus
consciencieux, même s'ils se trompaient parfois en ce qui a trait aux degrés de
parenté. À partir de cette recherche, nous avons pu réexaminer certaines de nos
hypothèses concernant les liens de parenté entre certains des premiers colons d
e l'Acadie, dont les membres des familles Landry et Bourg.
Quelques précisions à propos des premiers Landry et Bourg en
Acadie
Nous avons déjà exposé nos hypothèses concernant les quatre
personnes du nom de Landry qui figurent sur les premiers recensements de
l'Acadie (Contact-Acadie, no 22, p. 25-29). Or, suite à l'analyse des dispenses
de Port-Royal accomplie par monsieur Paul Delaney, il nous faut reprendre ce
dossier afin d'y apporter certaines précisions.
Admettons d'abord
que nos recherches n'étaient pas tout-à-fait exhaustives, même si nous les
avions poussées plus loin que d'autres chercheurs. Nous nous étions fié à
certaines données qui ont été compilées par nos devanciers, et nous n'avions pas
examiné tous les actes de mariage qui pourraient en quelque sorte éclaircir la
question des liens de parenté entre les Landry. De plus, nous n'avions
aucunement tenu compte d'une dimension as sez importante du problème,
c'est-à-dire les inexactitudes des prêtres dans l'accord des dispenses.
Heureusement, les trouvailles de monsieur Delaney ne changent pas les grandes
lignes de notre reconstitution de la famille Landry, mais elles suggèrent une
nouvelle possibilité de lien entre les Bourg et la famille de Germain Doucet.
Dans notre esquisse «Du nouveau sur les premiers Landry en Acadie»
nous avons fait la remarque suivante : «Au moins sept mariagesont eu lieu entre
les petits-enfants des deux soeurs Pelletret et les arrière-petits-enfants
d'Antoine Bourg». En effet, outre ces sept, il y en a six autres dont les actes
sont inscrits aux registres de Port-Royal. Ce qui nous fait questionner la
première conclusion est le fait que sur ces six autres actes de mariage, il y en
a quatre qui déc èlent des dispenses du quatrième degré de consanguinité. De
plus, nous avons appris que l'un de nos prédécesseurs a oublié de noter de
pareilles dispenses dans deux des sept actes auxquels nous avions fait allusion.
Il nous faut donc revenir sur la question des relations entre ces familles.
Les treize actes de mariage en question se divisent en deux groupes.
Seulement deux de ces actes concernent les descendants de Jeanne Pelletret. Il
s'agit de l'acte de mariage de sa petite-fille Françoise Martin avec Charles
Savoie, petit-fils de Marie à Antoine Bourg, survenu à Port-Royal le 16 janvier
1730, et celui de la réhabilitation du mariage de sa petite-fille Brigitte
Martin avec Michel Bourg, survenu à Saint-Suliac, en Bretagne, le 7 juillet
1764. Il n'y a aucune dispen se de consanguinité dans ces deux actes, mais le
second décèle une dispense d'affinité au troisième degré. Vu que le dernier cas
consiste en un acte de réhabilitation, visant à accorder la dispense d'affinité
qui avait été oubliée lors du mariage cinq ans auparavant, nous pouvons nous
demander s'il y aurait eu mention d'un lien de consanguinité dans l'acte de
mariage même. Malheureusement, cet acte ne nous est pas disponible. Nous
présumons quand même que le prêtre qui aurait oublié d'accorder une dispense
d'affinité au troisième degré ne serait pas susceptible de noter un lien de
consanguinité au quatrième. Ces deux actes de mariage nous permettent alors de
conclure qu'il n'y avait aucune parenté proche entre Jeanne Pelletret et la
famille d'Antoine Bourg et confirme notre conclusion selon laquelle sa mère
Perrine Bourg n'était pas la soeur d'Antoine. Mentionnons que ces deux actes
figuraient parmi les sept auxquels nous avions fait allusion dans notre esquisse
contenue dans le 22e numéro de ce bulletin.
Les onze autres actes de
mariage concernent tous les petits-enfants d'Henriette Pelletret. En plus de
l'acte de mariage de Charles Savoie avec Françoise Martin mentionné ci-dessus,
trois autres de ces actes ont été rédigés par le père René-Charles de Breslay.
Ce sont les actes de mariage de Pierre Doucet, petit-fils d'Henriette Pelletret,
avec Françoise Dugas, fille de Jeanne à Martin à Antoine Bourg, le 2 septembre
1725, d'Agathe Doucet, petite-fill e d'Henriette, avec Pierre Pitre, petit-fils
de Jeanne à Antoine Bourg, le 4 février 1727 et de Marie Comeau, petite-fille
d'Henriette, avec Charles Guilbeau, fils d'Anne à Bernard à Antoine Bourg, le 24
novembre 1727. Il n'y a aucune dispense de consanguinité dans le premier acte,
mais le père de Breslay a accordé des dispenses du quatrième degré lors des deux
autres. Étant donné que le père de Breslay n'a été nommé curé de P ort-Royal
qu'en 1724, il se peut que lors du premier de ces mariages il ne fut pas encore
bien renseigné au sujet des liens de parenté entre ses paroissiens, mais qu'il
l'était lorsqu'il a officié aux deux derniers. En suivant ce raisonnement, il
nous est permis de croire qu'il n'a accordé aucune dispense lors du mariage
Savoie-Martin parce qu'il n'existait pas le même degré de parenté entre les
petits-enfants de Jeanne Pelletret et la famille Bourg et entre les pet
its-enfants de sa soeur Henriette avec ces mêmes Bourg.
Quatre
autres mariages entre les petits-enfants d'Henriette Pelletret et les
arrière-petits-enfants d'Antoine Bourg ont été célébrés par le père Claude de
Saint-Poncy de La Vernède. Michel Doucet, petit-fils d'Henriette, a épousé
Angélique Pitre, petite-fille de Jeanne à Antoine Bourg, le 25 novembre 1732.
Joseph Comeau et sa soeur Madeleine, petit-fils et petite-fille d'Henriette, se
sont mariés avec Anne Bourg et son frère Franç ois, fille et fils d'Abraham à
Bernard à Antoine Bourg, dans un mariage double célébré le 14 novembre 1735.
Finalement, Joseph Doucet, petit-fils d'Henriette, a épousé Anne à Pierre à
Abraham à Antoine Bourg, le 23 novembre 1735. Il n'y a aucune dispense de
consanguinité dans ces actes. L'analyse de monsieur Delaney démontre cependant
que le père de Saint-Poncy oubliait parfois d'inscrire les dispenses aux
registres.
Le père Charles de La Goudalie a accordé une dispense du
quatrième degré lors du mariage de Pierre Doucet, petit-fils d'Henriette, avec
Françoise Comeau, petite-fille de Jeanne à Antoine Bourg, le 22 janvier 1742. La
même dispense est mentionnée dans deux actes de mariage rédigés par le père
Jean-Baptiste de Gay Desenclaves, soit celui de Marie-Josèphe Doucet,
petite-fille d'Henriette, avec Jean-Baptiste Thibodeau, petit-fils de Jeanne à
An toine Bourg, daté le 11 août 1744 et celui de Jean Doucet, petit-fils
d'Henriette, avec Anne à Joseph à Abraham à Antoine Bourg, daté le 20 janvier
1749. Selon toute apparence, les pères de La Goudalie et Desenclaves étaient
parmi les plus circonspects quant à la rédaction des registres paroissiaux. Nous
croyons donc que les dispenses inscrites dans ces trois actes de mariage peuvent
être acceptées comme étant exactes.
L'onzième et dernier acte de
mariage impliquant les petits-enfants d'Henriette Pelletret et la famille Bourg
est inscrit au registre de Beaubassin. Madeleine Doucet, petite-fille
d'Henriette, a épousé Pierre Richard, fils de Marguerite à François à Antoine
Bourg, le 11 août 1733. Il y a une dispense du quatrième degré de consanguinité
dans cet acte, qui a été rédigé par le père Jacques Lesclaches. Ce dernier
figure bien parmi les prêtres qui ont tenu les meilleurs registres paroissiaux
de l'Acadie ancienne. Nous avons alors confiance dans l'exactitude de cette
dispense.
Parmi les onze actes de mariage que nous venons de
mentionner, il y en a donc six qui signalent des dispenses du quatrième degré de
consanguinité. Tous ces six ont été signés par les plus soigneux rédacteurs
d'actes de l'Acadie ancienne. Il faut donc croire qu'un lien de parenté existait
entre les descendants d'Henriette Pelletret et ceux d'Antoine Bourg. Le manque
de dispenses dans les actes de mariages des petits-enfants de Jeanne Pelletret
avec les arrière- petits-enfants d'Antoine Bourg semblant éliminer la
possibilité que le lien fut du côté Pelletret Bourg, nous sommes amené à appuyer
la suggestion faite par monsieur Delaney, selon laquelle le lien de parenté fut
par la mère, toujours non identifiée, de Pierre Doucet. Nous savons que Pierre
était le fils de Germain Doucet, capitaine d'armes du gouverneur d'Aulnay, mais
nous ne possédons aucun document qui identifie l'épouse (ou les épouses) de ce
dernier. Vu que Germain Doucet fils a épousé Marie Landry, fille de René Landry
l'aîné et de Perrine Bourg, il nous semble possible que Germain Doucet père fut
en premières noces, c'est-à-dire avant un mariage postérieur avec celle qui sera
la mère de Germain fils, l'époux d'une soeur de René Landry l'aîné, et que cette
dernière serait la mère de Pierre Doucet. Ceci expliquerait bien les dispenses
de consanguinité d ans les actes de mariage notés ci-dessus, parce que la mère
de Pierre Doucet serait également la soeur d'Antoinette Landry, épouse d'Antoine
Bourg. Mais il faut remarquer que lors des mariages des petits-enfants de Pierre
Doucet et d'Henriette Pelletret avec les arrière-petits-enfants de René Landry
l'aîné et de Perrine Bourg, on ne rencontre que des dispenses du troisième degré
de consanguinité, venant d'une descendance commune de Perrine Bourg (voir , par
exemple, l'acte de mariage de François Doucet, petit-fils de Pierre et
d'Henriette, avec Marguerite Petitot, à Port-Royal, le 15 janvier 1742, rédigé
par le père de La Goudalie, celui qui inscrivait toujours consciencieusement les
dispenses multiples là où elles étaient nécessaires). Ceci semble éliminer la
possibilité que la mère de Pierre Doucet fut une Landry, car dans ce cas une
dispense du quatrième degré aurait été nécessaire. Il nous reste quand même une
autre façon d'expliquer le lien. Il se peut que la mère de Pierre fut une soeur
d'Antoine Bourg. Ceci expliquerait tant aussi bien les dispenses de
consanguinité en question, et semble à présent être la seule interprétation
possible. Espérons que ce raisonnement, s'il s'avère juste, nous mènera un jour
à d'autres renseignements concernant ces colons de l'Acadie. Nous tenons à
remercier encore un e fois monsieur Delaney pour toutes ses patientes recherches
qui nous ont permis d'offrir aux lecteurs des nouvelles réflexions au sujet de
nos ancêtres.
Stephen A. White, généalogiste (Ginette Arpin, 2008, Contrecoeur)
|