Biographie Ignace-Francois Delzenne



Biographie Ignace-Francois Delzenne

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DELEZENNE, IGNACE-FRANÇOIS, orfèvre, marchand et seigneur, baptisé le 30 avril 1718 dans la paroisse Sainte-Catherine, à Lille, France, fils de Martin Delezenne et de Marie-Christine Jacquemart, inhumé à Baie-du-Febvre (Baieville, Québec), le 1er mai 1790.

      C’est vraisemblablement dans sa ville natale qu’Ignace-François Delezenne apprend son métier. Il s’embarque pour la Nouvelle-France vers 1740 avec son associé Charles Barthe. Les deux orfèvres s’établissent d’abord à Québec, mais ils ne peuvent soutenir la concurrence des nombreux artisans locaux. On retrouvera Barthe à Détroit une dizaine d’années plus tard. Delezenne se rend à Montréal où seuls exercent Jacques Gadois*, dit Mauger, et Roland Paradis*. Il y demeure dès l’été de 1743, rue Saint-François, et son établissement s’y effectue sous l’égide de l’influent Gadois, qui l’introduit dans la société montréalaise. Delezenne fabrique beaucoup d’ustensiles et travaille même le cuivre, tout en façonnant probablement des pièces d’orfèvrerie pour la traite des fourrures. Mais sa carrière ne connaît un véritable essor qu’avec ses premières commandes d’orfèvrerie religieuse.

      Sa prospérité suit de peu son mariage, le 8 janvier 1748, avec Marie-Catherine Janson, dit Lapalme, nièce de l’architecte Dominique Janson*, dit Lapalme. L’été suivant, Delezenne achète une importante masse d’argent, pesant 27 marcs 2 onces (6 kg 669 g) et évaluée à 1553f 5s., provenant de la succession du marchand Pierre Guy*. Cet achat, cautionné par Gadois et Dominique Janson, le libère d’une des grandes contraintes affligeant les orfèvres de l’époque, la pénurie de matériau ; ceci lui permet de fabriquer, entre autres,. un ostensoir et des ampoules aux saintes huiles (œuvres aujourd’hui disparues) pour l’église Saint-Charles-de-Lachenaie.

      La boutique de Delezenne, rue Saint-Jacques, lui apporte suffisamment de commandes pour lui permettre de prendre en 1749 un apprenti, Dominique-François Mentor, esclave noir affranchi. Vers la même période, il change son premier poinçon, un peu primitif (une couronne ouverte, I, un point, F, D), pour un autre, plus sophistiqué (une couronne fermée, IF, D). Il façonne entre 1748 et 1752 un des chefs-d’ œuvre de l’orfèvrerie québécoise par l’originalité des motifs décoratifs, le superbe calice des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph à Montréal.

      Décédé en juin 1748, Michel-Étienne Couturier, dit Le Bourguignon, oncle maternel de Marie-Catherine Janson, laisse en héritage une propriété, sise rue Notre-Dame, face au couvent des récollets, que se disputent Dominique Janson et Delezenne. Celui-ci finit par la racheter à Janson pour la somme de 5 000ª ; puis, ayant décidé d’aller s’établir à Québec, il la revend, le 9 juillet 1752, au chirurgien Claude Benoist pour la somme de 9 000ª. À la veille de son départ, un différend avec son apprenti, Mentor, le conduit devant la juridiction royale de Montréal. Mentor suivra quand même Delezenne à Québec et conclura en 1756 un contrat de compagnonnage d’une durée de deux ans, avec option pour une troisième année de travail. Sans doute Mentor a-t-il porté plainte parce que son maître consacrait plus de temps à des transactions immobilières qu’à sa profession d’orfèvre. Mais les sommes ainsi acquises permettent à cet administrateur habile d’échafauder d’ambitieux projets. De plus, la conjoncture du marché en orfèvrerie est favorable : des dix orfèvres établis à Québec en 1740, il n’en reste plus que deux. C’est ainsi qu’en novembre 1752 Delezenne s’établit négociant à Québec, rue de la Montagne, et acquiert très vite une certaine réputation.

      En janvier 1755, il obtient par adjudication une propriété, rue Saint-Joseph (rue Garneau), provenant de la succession de Marie-Madeleine Sasseville, pour la somme de 4 923ª. La sentence d’adjudication de ce fief inclut des droits de perception de cens et rentes sur divers particuliers, et Delezenne devient seigneur. En 1755 et 1756 des procès successifs mettent le nouveau propriétaire aux prises avec son voisinage. Delezenne y apparaît rapace, vindicatif et tenace. De ses voisins, deux seulement résistent, le notaire Simon Sanguinet, père, et Dominique Janson, dit Lapalme, domicilié à Québec depuis 1751. Les trois autres vendent leurs propriétés, dont l’une à Delezenne, parce qu’ils ne peuvent assumer les frais encourus par les procès intentés et par les travaux de construction de murs de séparation.

      Bientôt, grâce à ses relations et à ses activités de négociant, Delezenne met sur pied une entreprise nouvelle dans la colonie : la fabrication à grande échelle de l’orfèvrerie de traite. Ses amitiés avec Christophe Pélissier, écrivain du roi, et Jacques Imbert*, agent des trésoriers généraux de la Marine, lui permettent d’obtenir les faveurs de l’intendant Bigot et de devenir son orfèvre attitré. Bigot fait fondre par Delezenne des écus provenant du Trésor et, entre autres, les 15 000ª trouvées à Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York). De 1756 à 1759, Delezenne gère une véritable petite industrie de fabrication d’orfèvrerie de traite qui lui fait négliger sa production d’orfèvrerie religieuse et domestique. Une seule convention, signée en 1758, stipule que Jean Robaille et quatre ouvriers doivent utiliser une masse de 1 000 marcs (244 kg 752 g) pour la fabrication de bijoux et colifichets pour la traite, ce qui représente une somme d’au moins 57 000ª, soit plus de cinq fois la valeur de sa maison-atelier de la rue de la Montagne. Plusieurs orfèvres travaillent avec Delezenne : Dominique-François Mentor, Étienne Marchand, Jean Robaille et son apprenti Claude-Marie-François Morin. Louis-Alexandre Picard, auprès duquel Delezenne joue le même rôle que Gadois à son égard quelques années plus tôt, dirige le travail d’Amable Maillou, Jean-François Risbé et Charles Diverny, dit Saint-Germain. Mais le siège de Québec, à l’été de 1759, interrompt brusquement celte activité. Non seulement sa maison de la rue de la Montagne est détruite, mais Delezenne voit s’évanouir une partie de ses profits, 15 756ª en monnaie de papier. Néanmoins, la famille Delezenne est sauve puisqu’elle habite rue Saint-Joseph depuis l’été précédent.

      Avec le changement d’allégeance, Delezenne adopte un nouveau poinçon (une couronne, DZ), plus conforme à la tradition britannique. Doit-on interpréter cette adaptation comme une habile manœuvre commerciale pour s’attirer les sympathies du conquérant ? Quoi qu’il en soit, plus de la moitié de ce qui reste aujourd’hui de son œuvre porte ce poinçon. La majorité de ces pièces furent exécutées entre 1764 et 1775 et marquent l’apogée de sa production qui s’équilibre entre l’orfèvrerie de traite, religieuse et domestique. Il semble que, durant cette période, Delezenne travaille avec un apprenti consciencieux qui a un grand avenir, François Ranvoyzé*. Les couvres de la première période de Ranvoyzé sont à la remorque des formes et motifs décoratifs hérités de Delezenne, qui est par ailleurs désigné comme « son amy lui tenant lieu de père » lors de son mariage en 1771. Il serait cependant hasardeux de prétendre, comme certains auteurs, que François Ranvoyzé forma à l’orfèvrerie le fils de Delezenne, même si leurs noms se succèdent au « Rôle général de la milice canadienne de Québec [...] », dressé à l’automne de 1775. Il est plausible de penser que Joseph-Christophe Delezenne* travaille avec son père qui habite tout près de chez Ranvoyzé, ce qui expliquerait la proximité de leurs noms au registre. La carrière d’orfèvre de Joseph-Christophe Delezenne se limitera d’ailleurs à l’apprentissage. Ayant gagné les rangs américains dans les premiers mois de 1776, il accompagnera l’armée d’invasion lorsque celle-ci évacuera la province de Québec, et s’établira aux États-Unis. En 1788 il servira comme capitaine ingénieur à West Point, New York. Revenu au Bas-Canada en 1807, il sera accusé de trahison.

      De nombreux changements ont lieu dans la vie d’Ignace-François Delezenne après le mariage de sa fille Marie-Catherine*, le 8 mars 1775, à Christophe Pélissier, directeur des forges du Saint-Maurice. Autant qu’un mariage, il s’agit d’une opération financière par laquelle l’orfèvre « vend » à prix d’or, à un ami de longue date, sa fille qui s’était promise à Pierre Fabre*, dit Laterrière. Delezenne s’établit aux forges dès la fin de l’année 1775, collaborant tout comme Pélissier avec les Américains. Les circonstances amènent ce dernier à s’exiler en France. Divers documents permettent d’affirmer qu’entre le départ de Pélissier et son séjour au Canada à l’été de 1778, Delezenne administre les forges du Saint-Maurice tandis que Laterrière en dirige les travaux. En effet, lorsque le bail des forges est cédé à Alexandre Dumas* en février 1778, c’est Delezenne qui s’occupe de la transaction. Peu après, il s’installe à Trois-Rivières, où il acquiert au mois d’avril plusieurs propriétés, tandis que Laterrière s’établit à Bécancour avec Marie-Catherine. Avant de repartir pour la France à l’automne de 1778, Pélissier, qui ne peut accepter la perte de son épouse aux mains de Laterrière, sème les germes d’un vaste complot contre celui-ci, dont Delezenne est l’organisateur. Sous l’impulsion de Mgr Briand, qui a déjà excommunié les amants scandaleux, et de Haldimand, Laterrière est emprisonné après un procès sommaire sur la foi du faux témoignage du fils de Delezenne, Michel, qui l’accuse d’avoir collaboré avec les Américains. Haldimand refusera toute forme de recours à Laterrière, faisant ainsi d’une pierre deux coups : il satisfait aux exigences de son ami Pélissier en séparant les concubins ; il se sert de Laterrière comme exemple de répression bien que celui-ci se dise un fidèle royaliste. Après plusieurs péripéties, Laterrière et Marie-Catherine s’établissent enfin à Gentilly en octobre 1783.

      À cette époque, Delezenne exerce encore activement son métier, travaillant surtout pour la traite et initiant à son art John Oakes*. Le calice et le boîtier aux saintes huiles de Saint-Cuthbert (collection Birks) peuvent être datés de 1783–1784. Ils influencent grandement Oakes qui en transmettra les modèles à Michael Arnoldi*, Robert Cruickshank* et Charles Duval* peu après le décès de son maître. À l’automne de 1784, Delezenne se départit avec profit de ses propriétés de Trois-Rivières et acquiert une ferme à Baie-du-Febvre. Il retire de ces transactions 2 000ª en argent sonnant. La spéculation foncière lui avait toujours été profitable, comme l’illustrent la vente de sa propriété à Montréal en 1752 et des transactions semblables faites à Québec en 1779 pour une somme de 25 000ª.

      Après le décès de son épouse en novembre 1787, Delezenne se réconcilie avec sa fille et Laterrière, qui viennent demeurer avec lui jusqu’à sa mort en 1790. L’absence d’inventaire après décès ne permet pas d’apprécier sa situation financière et professionnelle, mais il a probablement vécu dans l’aisance durant les six dernières années de sa vie. Jouissant d’une bonne santé, il semble avoir été actif jusqu’à son décès, produisant de l’orfèvrerie de traite ; ceci expliquerait son établissement près du comptoir des Abénaquis de Saint-François. À sa suite, plusieurs orfèvres, depuis Trois-Rivières jusqu’au lac Champlain, adopteront cette idée de s’établir près des comptoirs indiens, tels John Oakes, Michael Arnoldi et son frère Johann Peter, Michel Roy, Dominique Rousseau*, Henry Polonceau, Charles Duval, Jean-Baptiste Decaraffe et Jean-Baptiste-François-Xavier Dupéré, dit Champlain.

      Maître de l’illustre François Ranvoyzé et premier orfèvre de Trois-Rivières, Ignace-François Delezenne peut également être considéré comme le père de l’orfèvrerie de traite au Canada, laquelle tint une place prépondérante dans ses activités professionnelles. Il réussit à faire progresser ce marché, si important pour une économie où la fourrure occupe une place de choix. Il en fit une activité coloniale et lui donna une ampleur qu’elle n’avait jamais eue auparavant, lorsqu’elle était l’apanage de la métropole. Aux jetons et médailles succédait une bijouterie élaborée ; l’orfèvre Picard mettait au point de nouveaux outils ; une production presque industrielle, assurée par de nombreux apprentis ou compagnons, remplaçait la fabrication artisanale ou occasionnelle et supplantait même l’orfèvrerie religieuse sur le plan économique.

      II ne reste que peu d’œuvres religieuses de Delezenne, mais la qualité de leur exécution, la force et la finesse de leur style démontrent qu’il possédait pleinement son art. Celles-ci sont presque toutes des chefs-d’œuvre du genre et leurs nombreuses imitations en font foi. Si seulement une vingtaine d’œuvres religieuses de Ranvoyzé ou de Laurent Amiot* avaient survécu à l’usure du temps, il n’est pas prouvé qu’elles eussent pu honorer aussi puissamment leurs auteurs. Quant à l’orfèvrerie domestique, Delezenne a laissé à Québec quelques spécimens qu’on ne retrouve dans l’œuvre d’aucun autre orfèvre, tels le martinet et le plat de réchaud, au séminaire, la coupe de mariage, au Musée du Québec.

      En outre, Delezenne est un des rares orfèvres qui ait commencé sa carrière à l’apogée du Régime français et ait réussi à la poursuivre après la Conquête avec mérite et honneur, en exerçant une grande influence. Non seulement a-t-il joué le rôle de chef de file pendant plus de 20 ans, mais son activité illustre très bien l’évolution de l’orfèvrerie à cette époque de transition. Enfin, son rôle d’orfèvre attitré de l’intendant Bigot, son rôle dans la cession du bail des forges du Saint-Maurice et celui joué dans le complot tramé contre Laterrière confèrent au personnage un intérêt qui déborde largement le cadre de sa profession.

source  Dictionnaire biographique du Canada en ligne

 

DELEZENNE, IGNACE-FRANÇOIS, silversmith, merchant, and seigneur; baptized 30 April 1718 in the parish of Sainte-Catherine in Lille, France, son of Martin Delezenne and Marie-Christine Jacquemart; buried 1 May 1790 at Baie-du-Febvre (Baieville, Que.).

      Ignace-François Delezenne probably learned his craft in his home town. He sailed for New France around 1740 with his partner Charles Barthe. The two silversmiths first set up in business in Quebec but could not meet the competition from the numerous local artisans. Barthe appears some ten years later at Detroit. Delezenne went to Montreal, where the only silversmiths were Jacques Gadois*, dit Mauger, and Roland Paradis*. He was living there on Rue Saint-François by the summer of 1743, and he started in business under the aegis of the influential Gadois, who introduced him to Montreal society. Delezenne made many utensils, even working in copper, and he probably also made silver articles for the fur trade. But his career only really got under way when he received his first orders for church silver.

      Prosperity came soon after his marriage on 8 Jan. 1748 to Marie-Catherine Janson, dit Lapalme, niece of architect Dominique Janson*, dit Lapalme. The following summer Delezenne bought a large piece of silver, weighing 27 marks 2 ounces and valued at 1,553 livres 5 sols, from the estate of merchant Pierre Guy*. This purchase, for which Gadois and Dominique Janson went surety, freed Delezenne from one of the major constraints hampering silversmiths of the period, the scarcity of material; it enabled him to make, among other things, a monstrance and some ampullae for holy oil – which have since disappeared – for the church of Saint-Charles-de-Lachenaie.

      Delezenne’s shop on Rue Saint-Jacques received enough orders for him to engage one Dominique-François Mentor, a black emancipated slave, as an apprentice in 1749. About the same time he changed his first stamp, a rather simple one (an open crown, I, a period, F,D), for a more elaborate one (a closed crown, IF, D). Between 1748 and 1752 he created a piece that is one of the masterpieces of Quebec silverwork, the superb chalice with highly original decorative motifs that belongs to the Religious Hospitallers of St Joseph in Montreal.

      A property on Rue Notre-Dame, across from the Recollets, became the cause of a quarrel between Delezenne and Dominique Janson after the death in June 1748 of its owner, Michel-Étienne Couturier, dit Le Bourguignon, an uncle of Marie-Catherine Janson on her mother’s side. Delezenne finally bought it from Janson for 5,000 livres. Having decided to set up business in Quebec, he sold it on 9 July 1752 to surgeon Claude Benoist for 9,000 livres. Just before his departure a dispute with his apprentice Mentor brought him before the royal jurisdiction of Montreal. Mentor followed him to Quebec, however, and in 1756 signed a contract to work as a journeyman for two years, with the option of a third year. Mentor had probably sued because his master was devoting more time to real estate than to his craft. A skilful administrator, Delezenne through these transactions acquired money for ambitious works in silver which he could not otherwise have undertaken. At this time also, the market for silversmiths’ products in Quebec was favourable: only two of the ten silversmiths in business in 1740 were still there. It was in these circumstances that Delezenne set himself up as a merchant on Rue de la Montagne in Quebec, in November 1752; he quickly acquired a degree of renown.

      In January 1755, for 4,923 livres, he obtained at auction a property on Rue Saint-Joseph (Rue Garneau) from the estate of Marie-Madeleine Sasseville. The terms of the award of this fief included the right to levy cens et rentes on various persons, and Delezenne became a seigneur. In 1755 and 1756 a succession of lawsuits brought the new owner into conflict with his neighbours and showed him to be grasping, vindictive, and stubborn. Only two of his neighbours stood up to him, notary Simon Sanguinet Sr, and Dominique Janson, dit Lapalme, who had been living in Quebec since 1751. Three others sold their properties, one to Delezenne, because they could not assume the expenses occasioned by the court actions and by the construction of dividing walls.

      With the aid of his connections and his commercial dealings, Delezenne soon set up an enterprise that was new for the colony: the manufacture on a large scale of trade silver. Through his friendship with Christophe Pélissier, a king’s scrivener, and with Jacques Imbert*, the agent of the treasurers general of the Marine, he was able to obtain Intendant Bigot’s favour and became his appointed silversmith. Bigot had Delezenne melt down treasury écus, including the 15,000 livres found at Chouaguen (Oswego). From 1756 to 1759 Delezenne ran a veritable small industry manufacturing trade silver and hence neglected the production of church and table silver. A single agreement, signed in 1758, stipulated that Jean Robaille and four workmen were to utilize l,000 marks of silver for manufacturing ornaments and trinkets for the fur trade; this silver would have been worth at least 57,000 livres, over five times the value of Delezenne’s house and workshop on Rue de la Montagne. Several silversmiths – Dominique-François Mentor, Étienne Marchand, and Jean Robaille and his apprentice Claude-Marie-François Morin – worked with Delezenne. In much the same way as Gadois had assisted him some years earlier, Delezenne assisted Louis-Alexandre Picard, who supervised the work of Amable Maillou, Jean-François Risbé, and Charles Diverny, dit Saint-Germain. But the siege of Quebec in the summer of 1759 put an abrupt stop to their work. Not only was his house on Rue de la Montagne demolished, but Delezenne saw part of his profits, 15,756 livres in paper money, destroyed. However the Delezenne family had moved to Rue Saint-Joseph the previous summer, and so was unharmed.

      With the change in allegiance Delezenne adopted a new stamp (a crown, DZ) that was more in keeping with the British tradition. Whether or not this adaptation was a clever commercial device to win the conqueror’s sympathies, more than half of his extant work bears this stamp. Most of these pieces were made between 1764 and 1775 and mark the peak of his production, which was divided equally between silver articles for the fur trade and church and table silver. It seems that during this period Delezenne worked with a conscientious apprentice with a splendid future, François Ranvoyzé*. Ranvoyzé’s early works closely followed forms and decorative motifs inherited from Delezenne. Indeed, at the time of Ranvoyzé’s marriage in 1771 Delezenne was described as “his friend who is a father to him.” It would, however, be risky to claim, as some writers have, that François Ranvoyzé trained Delezenne’s son as a silversmith, even though their names followed one another in the “Rôle général de la milice canadienne de Québec . . . ,” drawn up in the autumn of 1775. A plausible explanation is that Joseph-Christophe Delezenne* worked with his father, who lived near Ranvoyzé, and hence their names appear together on the roll. Joseph-Christophe Delezenne’s career as a silversmith was, moreover, limited to his apprenticeship. Joining the American ranks early in 1776, he accompanied the invading army when it withdrew from the province of Quebec and he settled in the United States. In 1788 he served as engineer and captain at West Point, New York. When he returned to Lower Canada in 1807 he was accused of treason.

      Ignace-François Delezenne’s life changed after his daughter Marie-Catherine*’s marriage on 8 March 1775 to Christophe Pélissier, the director of the Saint-Maurice ironworks. It was a financial transaction as much as a marriage: for an exorbitant price, the silversmith “sold” his daughter, who had promised her hand to Pierre Fabre*, dit Laterrière, to his longtime friend. Delezenne went to live at the ironworks at the end of 1775, and there he and Pélissier collaborated with the Americans. Circumstances led Pélissier to go into exile in France. Various documents confirm that between the time of Pélissier’s departure and return to Canada for a visit in the summer of 1778, Delezenne directed the Saint-Maurice ironworks, while Laterrière ran the operation. Indeed, when the lease for the ironworks was made over to Alexandre Dumas* in February 1778, it was Delezenne who carried out the transaction. Shortly afterwards he moved to Trois-Rivières, acquiring several pieces of property there in April; Laterrière went to live at Bécancour with Marie-Catherine. Before returning to France in the autumn of 1778 Pélissier, who could not resign himself to losing his wife to Laterrière, hatched an intricate plot against him which Delezenne organized. At the instance of Bishop Briand, who had already excommunicated the notorious lovers, and of Haldimand, Laterrière was imprisoned after a hasty trial on the basis of false witness by Delezenne’s son Michel, who accused him of having collaborated with the Americans. Haldimand refused him any form of recourse; he thus satisfied his friend Pélissier’s demands by separating the lovers, and he made Laterrière an example of official repression, even though Laterrière claimed to be a staunch royalist. After many vicissitudes Laterrière and Marie-Catherine finally took up residence at Gentilly in October 1783.

      At this period Delezenne was still active as a silversmith, working particularly for the fur trade and training John Oakes*. The Saint-Cuthbert chalice and case for holy oils (Birks collection) can be attributed to the period 1783–84. They greatly influenced Oakes, who passed the models on to Michael Arnoldi*, Robert Cruickshank*, and Charles Duval* soon after his master’s death. In the autumn of 1784 Delezenne disposed of his properties in Trois-Rivières at a profit and bought a farm at Baie-du-Febvre. From these deals he acquired 2,000 livres in cash. Land speculation had always been profitable for him, as is illustrated by the sale of his property in Montreal in 1752; similar transactions at Quebec in 1779 involved the sum of 25,000 livres.

      After his wife’s death in November 1787, Delezenne was reconciled with his daughter and Laterrière, who came to live with him until his death in 1790. As there was no inventory after his death it is impossible to appraise his financial and professional situation, but he had probably lived comfortably during the last six years of his life. He had enjoyed good health and seems to have been active until his death producing trade silver, which explains why he set up business near the fur-trading post among the Abenakis at Saint-François. Later a number of silversmiths in the region from Trois-Rivières to Lake Champlain adopted this plan of setting themselves up in business near the Indian trading posts: the list included John Oakes, Michael Arnoldi and his brother Johann Peter, Michel Roy, Dominique Rousseau*, Henry Polonceau, Charles Duval, Jean-Baptiste Decaraffe, and Jean-Baptiste-François-Xavier Dupéré, dit Champlain.

      In addition to being the first silversmith in Trois-Rivières and the master of the famous François Ranvoyzé, Ignace-François Delezenne may be considered the father of the manufacture of trade silver in Canada, which was indeed his major professional concern. He was successful in developing a market for such goods, a market which, because of the prominent role of furs in the economy, became important itself. He made the creation of trade silver an activity of the colony and gave the product a significance it had not had when its manufacture was the prerogative of the mother country. To tokens and medals were added more elaborate ornaments; silversmith Picard perfected new tools; production on a nearly industrial scale, by numerous apprentices or journeymen, replaced small-scale or part-time operations by artisans; and trade silver became more important than church silver in the economy.

      Only a few religious articles by Delezenne remain, but the quality of their execution, and the vigour and finesse of their style show that he was an absolute master of his art. These works are almost all masterpieces of their kind, as numerous imitations have subsequently attested. If only a score of Ranvoyzé’s or Laurent Amiot*’s religious works had survived the wear and tear of time, it is not certain that they would have reflected glory upon their creators to the same degree. As for table silver, Delezenne left a few specimens in Quebec of a kind not made by any other silversmith – for example, the flat candlestick and the chafing dish at the Séminaire de Québec and the wedding cup in the Musée du Québec.

      Delezenne was unusual in that he began a career as a silversmith at the height of the French régime and he was able to continue it after the conquest with merit and honour, exerting a great influence on others. He was the leader in his field for more than 20 years, and his activity illustrates the evolution of the silversmith’s art in a transitional period. His role as Bigot’s appointed silversmith and his share in the transfer of the lease of the Saint-Maurice ironworks and in the conspiracy against Laterrière give to his career an interest beyond his profession.

source  Dictionnaire biographique du Canada en ligne

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