Biographie DeVreese Yvonne
(Textes écrits par son fils Pierre Bouchard. Tiré du site http://www.bouchapier.ca/ancetres.htm)
Issue d’une famille d’immigrants belges, maman est née à Ste-Hyacinthe en septembre 1908. Elle perdit sa mère pendant l’épidémie de grippe espagnole de 1919.
Le travail de grand-père Daniel l’amenait loin des grands centres et plus précisément en Abitibi, région située à environ 200 kms au sud de la baie James dans le Nord-Ouest québécois. Il se fixa à Amos en 1919 et y demeura jusqu’à sa disparition en 1936.
Maman fut éduquée comme pensionnaire au Mont-Sainte-Marie chez les sœurs de la Congrégation. En 1924 à l’âge de 15 ans, elle vint rejoindre son père à Amos. Amos était le chef-lieu de l’Abitibi, région qui ne s’était ouverte à la civilisation que 12 ans auparavant. Le confort était inexistant et la vie rude. A L’hiver des –40º succédaient la boue et les nuées de mouches noires du début de l’été. Et pourtant elle aima ce pays pour y demeurer jusqu’en 1987.
Elle devint à 21 ans la première femme sténographe judiciaire de l’histoire de la province de Québec. Elle travailla comme secrétaire juridique pour un des ténors du Barreau, Me Lucien Ladouceur c.r. qui lui offrit de payer ses études de droit. Elle refusa pour se marier. Si elle avait accepté et réussi les examens, maman serait devenue la première avocate de l’histoire du Barreau de Québec.
Son mariage le 29 juin 1933 amena, comme c’était la coutume à l’époque, la fin de sa carrière professionnelle. Elle a eu deux garçons, Yves le 3 juin 1934 et moi-même le 23 novembre 1938.
En 1942, papa fut touché par une cécité pratiquement totale due à un anévrisme au cerveau. 18 mois durant, maman dut laisser sa famille et diriger le bureau d’assurances, pendant que mon père subissait une opération délicate au cerveau et récupérait la vue. Signe des temps, dès le retour de papa aux affaires, maman fut renvoyée à la maison et aux enfants, même si son intervention avait été particulièrement utile et efficace.
Les 25 années qui suivirent la fin de la guerre furent celles des grands voyages : mes parents firent trois fois le tour du monde en 1952, 1956 et 1968 en plus de nombreux voyages plus courts.
A compter de 1956, maman qui s’ennuyait parce que ses enfants étaient aux études loin de la maison, se mit à écrire: au début des articles de journaux, puis des articles de magazine, des recueils et finalement des romans dont le dernier fut publié à l’occasion du Salon du livre de Montréal en 1990; elle venait de fêter son 82ième anniversaire. Au début de sa carrière littéraire, elle employait comme nom de plume le nom de sa mère, Hélène Pangeart (d’Ordorp).
Il est certain que la mort de papa en janvier 1982 a profondément changé la vie de maman mais elle a continué à écrire et à vivre en Abitibi jusqu’à ce qu’elle désire se rapprocher de ses deux fils et de ses trois petits-enfants en 1987. Elle fit une chute sérieuse en janvier 1996, ce qui amena une longue hospitalisation. Elle demeura avec moi pendant 19 mois et résidât au CHSLD Armand-Lavergne à Montréal depuis 1998 jusqu'à son décès le 15 juillet 2003..
Maman a été pour moi l’image de la force de caractère alliée à une subtilité et à un bon goût sans égal. J’ai dû la faire damner bien souvent avec mon laisser-aller vestimentaire. Jusqu'à la fin elle a été la grande dame au grand coeur.
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Généalogie du coté de maman.
Léon Pangeart d’Opdorp ( né 28 sept 1824-décédé le 11 mai 1902) épouse le 25 août 1852 Zoé de Brou de la Wastine à Cortil-Noirmont (Mariage dissous 29 avril 1869).
Arthur s’est marié 28 juin 1881 à Julienne Caïmo (née à Bruges le 2 août 1862 décédée Leupeghem le 16 juin 1894)
De ce mariage d’Arthur et Julienne est née :
Hélène qui a a épousé Daniel Devreese le 23 octobre 1907 à Bruxelles
Daniel Robert De Vreeze né à Marelbeke 10 mars 1882. Son père se prénommait Polydore. Sa mère, Marie Camille Dossche, décédée en octobre 1945 (cimetière d’Olsene au sud-ouest de Gant) a élevé maman après la mort de Hélène en janvier 1919.
Maman Yvonne Devreese est née à Ste-Hyacinthe le 29 sept. 1908; elle a un frère cadet de trois ans Roger (né le 20 janvier 1911) dont je n’ai pas de nouvelles depuis 1989.
Maman m’a raconté que le mariage de sa mère Hélène à Daniel Devreese avait été particulièrement mal vu dans la Belgique d’avant la première guerre mondiale : en effet il s’agissait d’une mésalliance entre roturier et aristocrate ainsi qu’entre flamand et wallonne. Il m’est un vague souvenir que Daniel aurait également demandé le paiement de la dot de grand-maman en argent pour ensuite quitter la Belgique pour le Canada et que la famille Pangeart d'Opdorp fut obligée pour ce faire vendre des terres, ce qui ne se faisait pas dans la Belgique du début du XXième siècle. Ses premiers emplois ont été dans l’industrie forestière avec la Belgo qui était très active au début du siècle à Shawinigan et Grand Mère. Il était comptable et j’ai un vague souvenir que papa m’avait dit qu’il travaillait pour Inspiration Mining & Smelting à Amos. Papa le respectait beaucoup, mais il n’a pas été un bon père pour ses enfants, Yvonne et Roger. Il semble qu’en 1936, il a disparu, laissant ses enfants et une madame Longpré à leur sort. Il devait avoir plus de 50 ans à l’époque et Roger m’a dit qu’il l’a recherché partout en Amérique pendant les années 40 et 50 et qu’il croyait l’avoir retrouvé dans le livre de téléphone de Détroit. La personne avec laquelle il avait alors parlé lui avait refermé la ligne au nez quand Roger s’était identifié. De mon coté, alors que maman était avec moi en 1996-97, j’ai fait une recherche sur Internet qui m'a permis de retrouver deux 2 familles Devreese à South Bend Indiana aux USA. J’ai écrit et j’ai reçu des nouvelles d’une des deux familles qui me dit que leur Daniel Devreese était venu, semble t’il, directement de Belgique, mais ne pouvait pas donner de dates. Le mystère reste donc complet.
1918-10-07 La grippe espagnole fait sa première victime à Montréal
1919-01-22. Hélène Pangeart d’Opdorp ma grand-mère maternelle serait morte à Montréal . Maman a fait ériger un monument à Notre-dame des Neiges.
1919-23 : Maman est éduquée au Mont Ste Marie sur la rue Guy à Montréal (Edifice a disparu)
Maman arrive à Amos en septembre la même année 1924 avec son frère Roger rejoindre son père Daniel qui semble être arrivé vers 1919 à Amos après la mort d'Hélène. Il a vécu maritalement avec une madame Longpré (?Rompré) qui est décédée au début des années1980 à Iberville. J’ai cherché mais n’ai pas trouvé de traces de son mariage lors de l’expropriation de la petite maison verte du haut de la côte (Paroisse du Christ-roi du coté ouest de la rivière Harricana) par la ville d’Amos vers le début des années 1970 (Marc Boisvert avocat de la ville d’Amos à l’époque m’a donné un bon coup de main)
Maman se rappelle d’avoir vécu dans la petite maison verte, un 'shack goudronné' vraiment, (jardin exceptionnel culture de fraises) avec Roger avec sa « belle-mère » madame Longpré. Plus tard, elle a vécu en chambre chez madame Perrault. Elle faisait du théâtre amateur avec le notaire Roberge à la fin des années vingt (Société d’Histoire d’Amos). Ses grandes amies étaient Olympe Bigué mariée à un Turnbull décédée en 1999 et Reine Nault. J’ai vu des photos de ce temps-là où maman pagayait sur la rivière Harricana, probablement dans le même ruisseau qui irrigue la terre que Papa a achetée de Léandre Paré, fils d’Edouard en 1969 pour sa retraite. (La Vallonnière)
Maman ne se rappelle pas d’autre emploi que secrétaire juridique chez Lucien Ladouceur. Daniel, son père a encouragé maman à devenir sténographe judiciaire. Lucien Ladouceur, un vétéran du 22ème bataillon, blessé pendant la Grande Guerre (14-18), un grandplaideur de cette époque, m’a dit bien plus tard que maman avait le talent pour faire des études de droit et aurait pu devenir la première avocate du Québec deux ans avant Elizabeth Monk, mais qu'elle avait décidé de se marier avec papa. Maman est alléeen Belgique en 1930 et a rencontré sa famille aristocratique les Pangeart d’Opdorp (j’ai retrouvé de la famille de Grand-maman Hélène la branche noble Baron Robert au début de ces notes) c’est une mention que le château de Rullingen à Borgloom en Belgique (15 Kms au nord-est de Liège) a été restauré dans sa splendeur du 17ème siècle par le Baron Pangeart d ‘Opdorp en 1924); le nom de Raoul se retrouve sur la baptistaire de maman. Les armes des Pangeart d’Opdorp se trouvent dans ‘ l’armorial général de Rietstap ». La sœur de sa mère, tante Louise, s’est mariée au chevalier de Theux de Montjardin de Weylandt qui fut un grand blessé de guerre (1914-18) et est décédé en 1939 (voir le missel de maman). Remouchamps est mentionné comme premier endroit où les Allemands ont rencontré de la résistance par l’armée belge en août 1914 et est le site du château (manoir) des de Theux. Maman a revu Tante Louise lors de son voyage en 1971 en Belgique et au Portugal.
Elle a également rencontré en 1930 sa famille Devreese à Gant (Jaqueline était la fille d’un frère de Daniel donc cousine de maman) et sa grand-mère qui l’avait élevée au début des années 20 après la mort de sa maman. Sa grand-mère Dossche gagnait sa vie en montant des banquets pour la communauté Belge de Montréal. C’est probablement à cette époque que maman rencontre le colonel Chaballe (celui-ci a écrit, pour y avoir été, l’histoire du 22e bataillon (qui est devenu le Royal 22ème Régiment) pendant le Première Guerre). Il était Belge mais avait suivi le 22ème au Canada à la fin de la Guerre. Il a présenté maman, entre autres, à Olivar Asselin grand journaliste de combat dont le fils Jean fut le premier « beau » de Maman. Jean Asselin fut ingénieur à la Ville de Montréal (dixit madame Baillargeon, le biographe d’Olivar Asselin). Le colonel Chaballe est aussi revenu dans l’histoire de la famille en trouvant du travail à Ottawa pour les petites tantes Cécile et Lucie pendant la guerre 39-45 et quand papa etmaman l’ont rencontré pour la dernière fois à St Paul de Vence en janvier 1952 peu avant son décès (film 16mm déposé à la Société d'Histoire d'Amos).
En 1930 maman a passé plusieurs mois en Belgique à Gand et Blankenberge (sur la mer du Nord près de Knokke-le-Zoute), Chevretogne, Spa, Remouchamps (voir plus haut), Béthanie (où elle aurait passé un bout de temps au couvent des sœurs). Son oncle (probablement Raoul) l’appelait sa nièce ‘peau-rouge’. On essaie sans succès de la marier à un Belge qui va faire sa fortune au Congo.
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