Biography Durocher Jean-Baptiste
<<< BRINS D'HISTOIRE >>>- Le 5 février 1752, il acheta la propriété de "Charles Neveu" où il exploita son magasin général. Il fut le premier marchand général du petit village de L'Assomption. Son premier engagé ou commis fut "Antoine Godbout", garçon volontaire de la Ville de Québec (Dag. 25 nov. 1753).- Un peu plus tard, le 29 décembre 1753 (Dag.) et le 6 février 1754 (Adhémar), il acquit tout le terrain situé à l'arrière de cet emplacement, ce qui, dans l'ensemble, correspond au numéro 77 du cadastre du Village.- Il fut le "chef des rebelles" de L'Assomption vers 1775 quand les Américains - qu'on appelait : "les Bostonnais" - envahirent sans succès le Canada.
Lors de son premier mariage on fait mention de ceci :=== Messire Ambroise Desnoyers, curé missionnaire de Saint-Vincent et oncle de la mariée était présent lors du contrat de mariage chez Daguilhe, la veille; de même que Jean-Baptiste et Blaise Juillet, ses oncles.
Lors de son second mariage on fait mention de ceci :=== Ce fut l'un des plus fastueux mariages célébrés à L'Assomption à cette époque. "Messire DeGeay", curé et seigneur de St-Sulpice assista au contrat chez Daguilhe, de même que "Louise Martel" soeur de Pierre, seigneur de la seigneurie du Petit Lac, "Alexis Désaulniers" et "Charlotte de La Ronde", épouse de "Pierre de Bailleul" (celui-ci étant en "ancienne" France).
JEAN-BAPTISTE I DUROCHER (père) :- "Premier marchand-général de St-Pierre-du Portage" : par "Claude Ferland".- C'est à un célibataire de 19 ans, arrivé au Portage en 1751, que nos historiens locaux attribuent le titre de premier marchand général résident du Bourg de St-Pierre-du-Portage, village qui ne fut créé officiellement que trois ans plus tard, en 1754, par ordonnance de Duquesne et Bigot.- Le jeune âge de notre sujet, comme celui de son village d'élection, étaient déjà des indices d'un certain esprit d'entreprise, mais ce fut aussi le contexte économique difficile vécu par sa famille à cette époque qui traça le parcours historique de notre personnage.- En nous appuyant sur les notes et recherches de Christian Roy (1) et de Lise St-Georges (2), auxquelles nous ajouterons les nôtres, nous tenterons de mettre en lumière le contexte d'affaires particulier auquel Durocher a dû faire face.-
Son père (JOSEPH) ayant disparu vers les années 1750... et où qu'il ait pu se trouver en 1752, on ne peut démontrer qu'il a eu des contacts avec son fils à partir de cet événement juridique, soit : Le 8 janvier 1752, le notaire Saillant de Collégien, de Québec, enregistre une « délibération contenant procuration entre FRANÇOIS HAVY et faisant pour JEAN LEFEBVRE, négociant de la ville de Québec, tant en leurs noms de créanciers de JOSEPH DUROCHER, de Montréal, absent de cette colonie, que comme syndic des autres créanciers dudit Durocher».- Tout cela concerne quand même au plus haut point notre JEAN-BAPTISTE, car il se lance lui-même en affaires (a-t-il le choix!) en 1751, sans disposer initialement d'un emplacement commercial.- Il a pu résider quelques mois chez "l'oncle Blaise".-
En janvier 1752, il épousera GENEVIÈVE BOUCHER, fille de Louis et de Marie-Jeanne Renouillet (ou Renoyer) de St-Vincent-de-Paul (soeur du curé Ambroise), et le mois suivant il achètera une propriété qui lui servira de maison-magasin (6).- Pendant ce temps, si son père l'a aidé, ce ne peut être qu'en sourdine. Mais à tout le moins le fils aura-t-il eu l'occasion de bénéficier de l'expérience acquise dans les années 1740 en travaillant probablement pour JOSEPH, dans le commerce grainetier et peut-être aussi dans ceux des textiles et des fourrures.- Maintenant, place à notre jeune marchand :-
Quand il s'installe près de la traverse de la rivière L'Assomption (site du futur Hôtel Miami), DUROCHER a peu de voisins immédiats.- "Le curé DEGEAY", "le voyageur SENET" et "le cabaretier-négociant RITCHOT" sont dans le voisinage de la nouvelle église. Les autres habitants de la presqu'île se comptent sur les doigts de la main, car même en 1760, une carte du "général Murray" n'indiquera pas plus d'une dizaine de bâtiments, maisons et autres édifices. (7).- JEAN-BAPTISTE I achète la maison d'un certain CHARLES NEVEU, marchand-navigateur (Comparet 20 juillet 1747), qui prend sa retraite. Se peut-il que NEVEU ait fait un peu de commerce en tant que marchand des côtes, en plus de pratiquer la pêche commerciale? Serge Courville mentionne qu'« ..au bas de l'échelle, se profile tout un groupe de petits marchands dont le nombre augmente beaucoup à l'époque » (8).- On constate aussi qu'il y a quelques activités de commerce de la part de personnages domiciliés dans les parages immédiats, tels ce THUOT, actif un peu plus bas dans la seigneurie de Lachenaie. Mais, à part PIERRE RITCHOT, il y a peu de « candidats » à la fonction de marchand général à ce moment précis, dans le bourg même, d'autant plus que ce type de commerce est encore nouveau à la fin du régime français.-
DUROCHER va forcément commercer le blé, comme tout entrepreneur de ces temps (9), et rien ne prouve qu'il ne fut pas forcé d'agir quelque temps comme «coureur de côte», comme ces marchands qui agissaient comme agents de plus gros négociants de blé et marchandises, basés à Québec ou même «forains».- Certains agriculteurs du bas de L Assomption, comme "LAURENT ARCHAMBAULT et PIERRE BAUDRY", s'adonnaient à une véritable production commerciale des grains à cette époque (10), en plus du "cabaretier RITCHOT", qui en fera plus tard sa principale activité. D'ailleurs, ce dernier vendait des marchandises : à preuve les obligations que lui signent CHARLES PAYET en 1751 et JOSEPH PICOTTE en 1755, «pour valeur reçue en bonne marchandise», mais on ne sait s'il s'agissait seulement de vin ou s'il y avait aussi des fournitures générales.-
Tous ces gens profitaient en 1751 de l'attraction exercée par les moulins seigneuriaux de l'Achigan.- L'Assomption faisait partie de la première zone de production du blé en Nouvelle-France, dans le croissant Terrebonne / St-Sulpice / Varennes; la paroisse profitait de la reprise de la demande de farines et grains suite à la reconquête de Louisbourg.- "L'oncle BLAISE JUILLET", capitaine de milice de la côte, a pu inciter "le jeune Durocher" à tenter sa chance à un endroit qui avait de l'avenir, en raison de plusieurs facteurs favorables := la gestion entrepreneuriale des seigneurs sulpiciens, qui voulaient établir un village= l'impact de la construction de l'église locale= la croissance rapide de la population avant la guerre de sept ans= la proximité des moulins de l'Achigan= un réseau hydrographique attrayant pour le transport des denrées et marchandises.- Par ailleurs, "le père JOSEPH DUROCHER" se débat avec ses dettes, et si son fils a pu acquérir grâce à lui un peu d'expérience, le capital de départ de ce dernier a dû venir d'ailleurs, soit de ses propres économies antérieures, soit de petits prêts de sa famille, ce dont nous n'avons cependant aucune preuve documentaire. A moins que des argents thésaurisés par son père lui eussent été accessibles « en sourdine », ce qui n'est qu'hypothèse.-
Aussi ne verra-t-on pas Durocher brasser de grosses affaires avant une dizaine d'années.- Les livres de la Fabrique indiquent des transactions substantielles de cette dernière avec "Charly St-Ange", important négociant de Montréal, en 1755 et 1757, soit plusieurs années après l'installation de Durocher, qui pour sa part n'est cité que trois fois aux livres de la fabrique au cours de ses dix premières années à L'Assomption, pour des montants chaque fois inférieurs à cent livres.- Il fait pourtant quelques transactions de terrains avec le curé.- Le petit nombre de contrats signés par notre marchand sous le régime français est un peu surprenant, car on se demande s'il avait des revenus suffisants pour faire vivre sa famille.-
En février 1753, un garçon volontaire du nom de "PICOTTE" lui signe une obligation de 210 livres pour marchandises. Le premier paiement est dû en juin (en argent ou en ouvrage), donc PICOTTE ne peut payer du produit de la terre ou de la traite, et on n'en sait pas plus.- En 1756, DUROCHER est co-mandataire pour estimer des terres, ce qui implique une certaine compétence, déjà un brin de notoriété.- Évidemment, il se peut que les difficultés de son père avec les créanciers-grossistes aient forcé, ou du moins, incité Jean-Baptiste à faire crédit le moins possible; les ventes aux comptants ne sont pas révélées dans les actes notariés, et les livres de compte du marchand n'ont pas été conservés.- Et puis il y a eu "l'affaire Bigot". Pour visualiser le contexte économique de ces années de guerre, nous nous sommes référés à un ouvrage majeur de Fernand Ouellet (11) dans lequel ce dernier cite Guy Frégault, auteur d'une étude magistrale sur "l'intendant François Bigot" := « A travers les opérations plus ou moins louches de la Grande Société (vulgairement appelée "La Friponne"), analysées avec minutie par cet historien, on saisit les embarras économiques créés par la guerre et par l'inflation extraordinaire qui en est résultée.»=
De 1757à 1759, l'armée accaparait la demande de biens en même temps que les bras des miliciens-paysans, et «la production agricole enregistra un dangereux déclin», d'où une situation idéale pour faire monter les prix du blé!.= Dans notre région, un agent de Bigot, le munitionnaire CADET, avait loué les moulins de Terrebonne, et dans la correspondance de l'intendant, on note ceci :- « J'ai déjà pourvu à faire lever du blé à la côte du Sud et à l'Assomption, au nord ».- Si J.-B. DUROCHER a bénéficié, ne serait-ce que de loin et indirectement, des achats de céréales "de la Friponne", ce pourrait bien être par l'entremise de son beau-frère FRANÇOIS THIBODEAU, dont l'historien André Côté nous dit qu'il était « gérant d'affaires » de CADET vers 1753 ( 12 ).-
Pour ce qui est du commerce de marchandises générales, les années 1756-1760 posent le problème de l'absence d'une partie de la clientèle masculine locale, dont plusieurs étaient au service de la milice de mai à octobre.- Les envois de marchandises par les grossistes français ont aussi beaucoup diminué durant cette période.-
En somme, les affaires de notre marchand sont obscures et difficiles pour la période de la guerre de sept ans, mais d'une façon ou d'une autre il a tenu le coup, du point de vue économique.- Cette modestie de fortune se reflète encore dans les biens de la communauté BOUCHER-DUROCHER, lors de l'inventaire de 1767 précédant le second mariage du marchand.- S'il a quelques terres et un certain capital en marchandises, la maison de pièces sur pièces et les bâtiments sont dits «forts vieux».- Après la conquête, les circonstances vont être mixtes. D'une part, la dévaluation de la monnaie française créera une crise qui nuira sans doute à Durocher comme à tout le monde, mais encore là cela dépend de sa propension antérieure à accepter des créances (dettes actives sous formes de billets ou lettres de change de tiers). D'autre part, les commandants anglais vont sévir contre les «coureurs de côtes», les "peddlars" de blé, ce qui «aura notamment pour effet de faciliter l'établissement permanent (des marchands généraux) dans les campagnes, les seuls désormais tant que durera la crise-habilités à commercer avec l'habitant» (13).-
Par la suite, "la venue des Acadiens" et l'arrivée de quelques négociants anglophones va stimuler la croissance de notre région, et partant les revenus des marchands locaux.- DUROCHER avait vu s'installer GERMAIN LEROUX et autres pour le concurrencer au bourg du Portage, mais il y avait maintenant de la place pour quelques autres marchands généraux.- Finalement, probablement favorisé par les alliances résultant de son deuxième mariage, Jean-Baptiste étendra substantiellement son réseau de clients.- Les années passant, notre marchand est tout de même resté de condition modeste.- Il eut de bons rapports avec "l'agitateur pro-américain Thomas Walker", marchand de Montréal et souffre-douleur de l'armée britannique, à qui il vendit des terres.- Ce dernier avait une distillerie ainsi que sa maison d'été au Portage, près des MARCILLE.- Cette relation a nui à notre héros, car l'invasion Yankee fut un échec, et Durocher dut se faire plus discret. Il réussira à vendre ses actifs, dont sa maison-magasin à JEAN-BAPTISTE BRUQUIER, et ce sera surtout à travers son fils, appelé aussi JEAN-BAPTISTE II, qu'il réalisera ses aspirations sociales et commerciales.- Ce dernier apprendra de l'expérience de son père.-
Marchand à Montréal, membre du sélect Beaver Club, il appuiera tour à tour le parti bureaucrate et le parti patriote. Il sera un député plein de verve à l'assemblée législative, et spéculera avec succès sur des immeubles près de la Place Jacques Cartier (16) et dans les environs de la future université McGill.- Madame Lise St-Georges a fait une bonne récapitulation de la carrière de notre marchand ( 14 ).- Pour notre part, nous allons chercher ci-après à illustrer sommairement le fonctionnement des activités de DUROCHER, telles qu'elles apparaissent à travers l'examen des contrats notariés et d'autres sources.- STRATÉGIE des marchands généraux à cette époque :- Il faut d'abord rappeler que la profession de marchand général est encore nouvelle au milieu du 18ème siècle. En fait, dans la vallée du St-Laurent, la création des villages sera intimement associée avec le métier de marchand général.- L'historien Pronovost explique := « Le client, qui parcourt des distances considérables afin de s'approvisionner, n'a pas à se déplacer davantage puisqu'il trouve tout ce dont il a besoin au même endroit. »- Retenons aussi, toujours d'après Pronovost, qu'un négociant représente "un marchand bien établi"; le terme sera ensuite réservé aux grossistes au début du 19ème siècle.-
Pour connaître la façon dont DUROCHER menait ses affaires entre 1751 et 1777, nous avons accès aux données connues à propos de concurrents ayant opéré dans deux régions proches.= Pour Varennes, nous nous référerons à l'excellente étude de Louis Michel sur Bailly de Messin (15 ). D'ailleurs, ce Bailly a fait quelques affaires de ce côté-ci du fleuve.= Pour St-Denis/ St-Ours, la source est encore plus riche; il s'agit de Samuel Jacobs, étudié en détail par Greer (16), grâce à la documentation abondante que ce marchand nous a léguée.- Pour la période précédant l'installation de Durocher au Portage, nous avons consulté le livre de compte d'Alexis Lemoine Monière, marchand à Montréal vers 1730; on y remarque des ventes à crédit à des habitants de L'Assomption.- Louis Michel nous apprend qu'un marchand général en milieu rural sous le régime français est « l intermédiaire plus ou moins obligé entre les habitants et le monde extérieur, il remplit trois fonctions qui sont normalement autant de sources de profit.1) Tout d abord, il ravitaille la population en produits exotiques, en matières premières et en produits manufacturés qui ne peuvent être trouvés ou fabriqués sur place tout cela étant bien entendu, vendu à prix fort.2) En second lieu, il ramasse le surplus de production locale, ce que n'absorbe pas l'autoconsommation.3) Enfin, le marchand est par excellence l'homme d'argent, sinon le banquier du village. »-
La stratégie du marchand consistait donc à pratiquer le commerce des grains, et même à en stimuler la culture dans son milieu, pour que les paysans aient une denrée-monnaie avec laquelle ils achèteraient des biens de consommations du même marchand.- Ce dernier faisait crédit, et le défaut éventuel de paiement de ses clients les plus démunis augmentait les biens fonciers du marchand, la reprise des immeubles procédant soit par accord, soit par action judiciaire.- Après la conquête, la stratégie sera en partie la même, avec les différences suivantes telles que constatées par Greer :1- des étrangers (des îles britanniques ou des colonies américaines) s'ajouteront à la concurrence locale;2- les fournisseurs des marchands ruraux de notre région seront surtout des anglais installés à Montréal, qui deviendront aussi les acheteurs de blé;3- les marchands voudront tâter d'autres affaires, comme le commerce du bois, de la potasse, et des boissons alcoolisées, devenant en même temps des entrepreneurs-industriels dans des domaines reliés à la production des paysans.-
SUCCÈS et ÉCHECS COMMERCIAUX de DUROCHER :- Notre marchand a eu du mal à se constituer du capital, n'ayant pu hériter facilement d'un père failli, et il eut même des problèmes avec ses frères et soeurs quant à cet héritage, notamment au sujet de billets d'ordonnance, une des monnaies de l'époque que Louis XV ne voudra pas honorer plus qu'à hauteur de 15 à 25% après 1763.- (A cet égard il est étrange que ces billets légués par le paternel n'aient pas été récupérés par les créanciers.)- Par ailleurs, de la période Bigot, JEAN-BAPTISTE I ne semble pas avoir pleinement profité, en raison de la crise monétaire et de la désorganisation du commerce, qui devait affecter particulièrement certains de ses clients.- Un historien nous dit de cette période : « La production de biens autres que la nourriture connut aussi un déclin assez marqué pendant le mandat de Bigot » (19).- N'oublions pas non plus que les récoltes de 1756 à 1759 furent mauvaises, en raison des pluies et du manque de main d'oeuvre, ce qui fit monter le prix du blé de 275% et celui de la farine de 837% entre 1756 et 1760; le quintal de farine atteignit un sommet de 60 livres (ouvrage sur CADET par A.Côté).- Malgré les prix favorables, quelles quantités DUROCHER a-t-il réellement transigées?- S'il a fait ensuite de bonnes affaires de 1765 à 1775, il a quand même dû se réorganiser après son échec «politique» de 1777.-
Voyons maintenant sa carrière commerciale plus en détail.=
a) LIEUX DE TRAVAIL :- L'emplacement du premier établissement du marchand apparaît sur un dessin de Christian Roy (17 ). Il s'agit d'un bon essai de simulation des lieux. A côté de la petite maison qu'il acquit de NEVEU, et plus près de la rivière, on voit le magasin qu'il éleva à l'endroit où plus tard sera construite, après le départ de Durocher, une maison de pierre qui deviendra au 20ème siècle l'hôtel Miami.- "Le forgeron SENET" est son voisin à l'est, tandis qu'à l'ouest, au-delà de la petite place qui sert de débarcadère et de «stationnement à chevaux », on trouve "le successeur de l'aubergiste Ritchot".- La disposition intérieure du magasin, si elle ne nous est pas connue par la documentation, devait normalement comprendre au rez-de-chaussée une grande pièce avec un comptoir, derrière lequel des tablettes supportaient les rouleaux de tissus et autres marchandises légères. Il y avait habituellement des caisses et barils de bois le long des murs de côté. Le grenier ou 2ème étage servait de petit entrepôt, faute de caves en pierre.-
Dans un document publié sur l'Internet par le Ministère de la Culture et des Communications du Québec (Paul Bernard, 1991), on décrit l'aménagement typique qui prévalu à travers les différentes époques :- « Si l'on excepte les quartiers réservés à l'administration ou à la famille du propriétaire, l'espace intérieur du magasin général est très peu variable : deux grandes zones, l'une publique, l'autre réservée au marchand et à la marchandise. Ces zones sont d'ailleurs très bien délimitées par la distribution de longs comptoirs qui s'alignent parallèlement aux murs ».- La maison est située sur un petit terrain que Durocher agrandira graduellement à 55 pieds x 80, sans compter le terrain adjacent à l'arrière, de 95 x 98 (d'après un dossier du Fonds C.Roy). Le carré initial est de 15 x 20 (il sera plus tard du double), cheminée de pierre, couverture de paille, 2 fenêtres à châssis et à contrevents ferrés. On mentionne deux planchers, haut et bas. Enfin, il y a une étable en bois rond mesurant 12 x 12, couverte de planches, avec porte à pentures de fer, et plancher haut. Au bout du terrain, le jardin est clos en pieux debout.-
b) SA CLIENTÈLE :- Qui étaient les clients de DUROCHER? En se fiant aux contrats d'obligations passés devant le notaire Joseph Daguilhe, on note des noms d'agriculteurs comme RICARD, ARCHAMBAULT, MAGNERON, et même des BEAUDRY, dont "Pierre" qui avait 1 200 arpents de terre en 1760 (Les Baudry sont alliés aux Juillet par le mariage de Marie-Madeleine Juillet à Joseph Beaudry en 1760).- Concernant "sa parenté JUILLET", les contrats avec DUROCHER ne sont pas fréquents. On a vu le rôle actif de "l'oncle Blaise" pour les affaires de la fabrique.- BLAISE était, comme ANDRÉ MERCILLE, "un notable".- L'historien Jacques Mathieu écrit des marguilliers «que leur aisance matérielle ne fait pas doute. Ils offrent un douaire ou laissent des biens supérieurs du tiers à la moyenne.» (21).- Or, les MERCILLE furent apparemment les partenaires les plus actifs de DUROCHER en matière de transactions immobilières, particulièrement ANDRÉ, voisin de BLAISE JUILLET.- Il vaut la peine de s'arrêter aux détails de quelques-uns des nombreux contrats que DUROCHER passa avec cette famille := Mentionnons des exemples de l'année 1760 (les nos. renvoient à l index Daguilhe) := 1128 : vente d'une terre 2.5 x 20 arpents sur la rivière L'Assomption, par J.-B. Amable Mercille à J.-B. Durocher;= 1144 : vente de la moitié d'une terre de 3 x 30 arpents au ruisseau Point du Jour par plusieurs Mercille à J.-B. Durocher négociant;= 1159 : vente par Durocher et son épouse d'une terre de 2.5 x 20 arpents (voir transaction 1128 ci-haut) à Joseph Mercille; les voisins sont Basile Juillet et André Mercille;-
Voici qui soulève une question: quelle était la situation financière des agriculteurs de la région ? Si on accepte l'hypothèse que L'Assomption était représentative des communautés agricoles bien établies du pays à cette époque (R.Blanchard parle des marchés à blé «fort achalandés» de L'Assomption et de St-Denis sur Richelieu ( 19 ), on peut considérer qu'environ la moitié des chefs de familles terriennes représentait une clientèle durable, les autres se retrouvant dans le cycle endettement-cession de terres, pour le plus grand avantage des marchands actifs en immobilier comme le sera DUROCHER.-
Pour une perspective plus précise, référons-nous à R.-L. Séguin qui nous donne son analyse de l'attitude des paysans envers les marchands à la fin du régime français, c'est-à-dire quelques années après le démarrage de l'entreprise de Durocher.- Il cite d'abord FRANQUET, qui est à Lachenaie en 1756 (20):- «l'on doit juger que l'habitant des campagnes est trop à son aise, et que ce serait faire le bien de la colonie en général de le charger un peu pour l'obliger comme on l'a dit cy-devant à venir en ville y apporter les denrées et s'y procurer en marchandises ce dont il peut avoir besoin. »- Plus loin, Séguin rapporte les paroles de Bigot, en novembre 1756 :- «l'habitant de la campagne remporte, chez lui pour son usage, ce qu'il ne peut vendre au prix qu'il s'était proposé. »-
L'historien nous renvoie aussi au Rapport de l'Archiviste de la Province de Québec, 1924-25, où on émet l'avis que les habitants se procuraient de la monnaie de papier «même au-delà de ce qu'il leur en fallait». Des fortunes de 30,000 à 40, 000 livres se retrouvent chez certains habitants laboureurs, et Séguin déclare que «cette thésaurisation compromettrait l'activité commerciale de la colonie ».- Comme "le terroir" de ST-PIERRE-DU-PORTAGE est bien engagé dans la lucrative production de blé, il devait y avoir de l'argent sonnant dans les goussets des plus gros clients de Jean-Baptiste Durocher entre 1752 et 1760. Si certains ont pu décider de se faire des réserves en attendant que la guerre se termine, d'autres qui voulaient dépenser ne trouvaient peut-être pas les marchandises, tout simplement. D'autres enfin payaient le gros prix, en argent blanc et sonnant, ce qui pourrait expliquer que peu d'obligations furent signées au bénéfice de Jean-Baptiste avant la conquête.-
Parmi les artisans qui furent clients de DUROCHER, les SAULQUIN, forgerons de Repentigny reviennent quelquefois. De manière plus générale, madame Lise St-Georges a compté 49 obligations contractées par Jean-Baptiste Durocher de 1753 à 1777, principalement à L'Assomption, Repentigny et dans la seigneurie de Lachenaie, secteur est (bas de la rivière L'Assomption), pour une valeur de 15,211 livres, ce qui fait de DUROCHERr le troisième "marchand du Portage" au 18ème siècle sous ce rapport.-
c) LES MARCHANDISES DE DUROCHER :- Que vendait-il à ces cultivateurs en échange de leur blé? Nous ne le savons pas directement par ses contrats notariés, où le détail des fournitures n'apparaît pas, mais nous pouvons en avoir une bonne idée en consultant une étude sur plusieurs marchands de cette époque dans les environs de Terrebonne.-
Un inventaire type de marchand-général comprenait environ entre 60 et 80% en tissus et vêtements, selon la taille de l'établissement, quelque 7% en ustensiles et produits d'utilité domestique, 5 à 12% en quincaillerie, et le reste en épicerie et tabac. Un stock moyen de 6,300 livres tournois a été calculé pour quatre marchands des environs de Terrebonne à cette époque, mais le plus petit en détenait pour 2 430 # tandis que le plus important en avait pour 13 020 # (21).- Comme les vêtements et tissus comptaient pour le premier secteur de la marchandise au détail, il convient de dire quelques mots sur ce que les client(e)s aimaient acheter dans ce domaine à l'époque := concernant les tissus, il y avait notamment le basin, la calmande et le carisé, pour faire des jupons, le crépon et le taffetas pour les robes, et le camelot pour les capes d'hiver;= parmi les accessoires, mentionnons les corsets de toile piquée, les cols pour homme en mousseline, les rubans, aigrettes, plumes, cheveux postiches, etc = enfin, les chapeaux étaient généralement importés, de même que les souliers fins.=
La catégorie ustensiles comprenait des assiettes, couteaux et cuillers d'étain, un peu de faïence de Rouen, des cruches et tinettes de poterie locale.= En quincaillerie, les clients trouvaient de la ferronerie complémentaire à la production des forgerons locaux, comme des ustensiles en laiton, de la vitre pour les fenêtres, etc.= Finalement, le groupe épicerie offrait surtout sel, épices, vins, marchandises essentielles à la conservation des aliments et à la bonne santé. .-
d) MONNAIES DE PAIEMENT :- La monnaie de carte fut utilisée en Nouvelle-France dès le 17ème siècle, et plus activement à partir du premier quart du XVIIIème, mais souvent les transactions se réglaient par des écritures associées au troc blé-marchandises, le solde débiteur étant porté au livre de compte du marchand, par une entrée indiquant la date, le détail des marchandises non réglées en blé, et le montant en livres françaises et en sols (une livre = 20 sols).- Les espèces sonnantes et trébuchantes, c'est-à-dire les monnaies de métal, pouvaient être en cuivre (comme le denier ou le liard), en argent (petit louis, écu, piastre espagnole), ou en or massif (gros louis, pistole, guinée portuguaise), ses devises émanant souvent du commerce Québec-Antilles.- Sous le régime anglais, dans le gouvernement de Montréal, la livre sterling ( pound ) valait environ 15 livres françaises, et le chelin ou schilling valait 15 sols. On utilisa le cours d'Halifax de 1763 à 1777.-
e) SES FOURNISSEURS PROBABLES :- Ils sont difficiles à identifier. On peut penser que ceux de Québec ont hésité à transiger avec "le fils de JOSEPH", du moins pendant quelques années. Parmi les plus gros intermédiaires à Montréal, nous ne retiendrons pas PIERRE GUY qui transigeait avec HAVY, et qui de toute manière traita toutes ses affaires avec prudence après 1746 au point de tranférer des fonds en Canada.-
FLEURY DESCHAMBAULT, mandataire de la compagnie des Indes Occidentales à Montréal près Place Royale, qui avait dans son cercle d'influence JACQUES HERVIEUX, LeComte DUPRÉ et les De COUAGNE, pouvait remplir le rôle de grossiste, de même qu'IGNACE GAMELIN, associé de J.-F. MAILHOT. GAMELIN, négociant de gros et détail, était un des principaux fournisseurs de l'état, et il fut directeur-adjoint de la corporation des marchands de Montréal en 1754. Fait à noter, le fils de DUROCHER ( J.-B II ) épousera en 1792 la fille d'un marchand TROTTIER DESRIVIÈRES BEAUBIEN, de Deux-Montagnes, cette dernière étant une nièce de FRANÇOIS MAILHOT, gendre d'IGNACE GAMELIN.-
Autre possibilité, ce CHARLY ST-ANGE qui a fourni la fabrique de L'Assomption pendant longtemps. Finalement, les frères PASCAUD, importants exportateurs de Larochelle avaient un des leurs parents au Canada et JOSEPH DUROCHER avait fait affaire avec eux.- Après 1763, "Durocher fils" a très bien pu avoir comme fournisseur Thomas Walker, ce négociant montréalais, originaire de Boston dont nous avons parlé plus haut, et qui donnera aussi dans l'industrie de la potasse à L Assomption.- D'ailleurs, le DBC spécifie que THOMAS CURRY, qui eut à l'ASSOMPTION une base d'affaires pour la traite de l'ouest et à qui Durocher vendra une terre, transigea avec Walker.- Mentionnons aussi que William Grant avait de substantielles affaires de gros à Montréal comme à Québec; ce Grant fut allié des Fleury.-
Du côté francophone, les TROTTIER-DÉSAUNIERS à Québec, et les GAMELIN à Montréal faisaient du commerce en gros.- Enfin, parmi les fournisseurs de services ayant fait affaire avec notre marchand, il faut citer en particulier les notaires Joseph Daguilhe, Crevier-Duvernay, et Mézières.-
Comment Durocher réglait-il ses comptes quand il devait le faire au moyen d'instruments monétaires? Émettait-il ses propres billets? Accumulait-il des lettres de change? Ne disposant pas de ses livres de compte, il faut s'en remettre à la façon de procéder d'autres marchands de l'époque pour lesquels nous disposons de documents commerciaux.- Sur cette base, nous dirions que billets et lettres de change étaeint utilisés par le marchand de notre bourg, en plus de l'argent sonnant qu'il aimait bien posséder.-
f) SES CONCURRENTS :- En 1752, certains de ceux qui commerçaient le blé "au Portage", comme RITCHOT et ARCHAMBAULT, le faisaient en complément d'un autre métier.- Par contre, les marchands extérieurs qui y écoulaient des marchandises prenaient forcément des paiements en blé. Parmi cette catégorie de concurrents de DUROCHER, on citera notamment LOUIS MASSÉ de Saint Sulpice, un ancien cordonnier, au bénéfice duquel des PEROT et des MERCILLE de L'Assomption ont constitué des rentes.-
L'index Daguilhe fait mention occasionnelle de noms de marchands comme BOURDON, LEPELLIER, GERVAISE, et plus fréquemment d'un LOUIS DUBOIS, tous de St-Sulpice, qui firent affaire dans le territoire de DUROCHER.- De plus, selon la biographie de FRANÇOIS PERRAULT, marchand de Québec, ce dernier avait un comptoir à St-Sulpice, où... « on y trouvait une grande variété d'étoffes allant de la plus fine toile à la plus belle dentelle, en passant par la serge, le coton, le mazamet, la basane et même du loup marin tanné. Il y vendait également des mouchoirs, des draps, des couvertures, des gants, des bas, des colliers, des couteaux et des cuillers d'étain, des aiguilles, du fil, des clous et des hameçons. Il ravitaillait ses magasins avec une goélette. Sa clientèle se rencontrait surtout sur la rive nord du St-Laurent, entre Québec et St-Sulpice. ».-
Après 1760, GERMAIN LEROUX sera le principal concurrent de JEAN-BAPTISTE I pour quelques années, et comme Leroux va être en conflit ouvert avec Walker (dénonciation citée dans les papiers Haldimand), on imagine que lui et Durocher ne furent pas toujours dans les meilleurs termes.-
J.-B. NORMAND, de Repentigny, sera une alternative pour les achats de gens du bas de L'Assomption, au début du régime anglais.-
Quant aux marchands de L'Achigan, il y eut entre autres, vers 1771, ADRIEN BERTHELOT, PIERRE MÉZIÈRE et FRANÇOIS THIBODEAU, ce dernier étant le beau-frère de Durocher ( C.Roy, p. 483). Ceux-ci se trouvaient bien placés pour négocier avec les fournisseurs de grains de la région.-
Comme nous l'explique Corinne Beutler, un des attraits de L'Achigan et de ses moulins, pour les gens de commerce, était le fait que les seigneurs stockaient les bleds (blé) du droit de mouture et les vendaient à des marchands. Serait-ce là un indice que DUROCHER ait pu être en liaison, entre 1752 et 1763, avec l'agent des Sulpiciens pour la revente de leurs blés, sans faire nécessairement de grosses affaires en marchandises générales?-
g) ASSOCIÉS ET ENTOURAGE SOCIAL :- Un artisan-tanneur, ANDRÉ PONTON dit ST-GERMAIN s'associe avec DUROCHER en 1767. Le marchand assure l'installation de la tannerie, fournit les outils et s'engage à les réparer. L'artisan effectue le travail et participe à part égale à l'achat de fournitures : huile, bois, chaux, etc. Les deux associés partagent le profit des ventes et Jean-Baptiste Durocher procure à Ponton le gîte et trente minots de blé par année.- DUROCHER transigea activement les terres agricoles, qu'il affermait évidemment, comme à ce JOSEPH THOUIN qui sera son locataire sur les terres que les parents THOUIN ont vendues au marchand.- L'historien français Fernand Braudel explique cette propension de l'époque pour l'immobilier rural : « La terre, ce n'est pas aussitôt la noblesse, mais c'est le chemin de la noblesse, une promotion sociale. »-
DUROCHER a visiblement recherché la sécurité du capital foncier agricole.- S'agissant d'associés, quel rôle jouèrent ses épouses? En vertu de la communauté de biens, elle furent à tout le moins investisseures, dans les terres comme dans le commerce, car elle furent souvent partie aux contrats, en vertu de la communauté de biens. Selon les historiens, les épouses des jeunes marchands les supportaient activement.-
On peut aisément comprendre qu'un marchand-général qui devait aussi transiger sur les grains tout en surveillant ses propres terres agricoles, avait tout intérêt à impliquer sa conjointe dans les ventes du magasin, la tenue de livres, et probablement aussi les achats chez les fournisseurs.-
Les relations des DUROCHER avec la société locale ont débuté à l'intérieur du cercle Degeay, comprenant les marguilliers et les syndics comme J.-B. LESAGE, PIERRE BEAUDRY, et ANDRÉ MERCILLE, ainsi que les capitaines de milice anciens et nouveaux comme les VAILLANT et les JUILLET, ses derniers étant de sa parenté.-
Sa soeur CATHERINE, religieuse défroquée, épousa en 1749 le marchand FRANÇOIS THIBAUDEAU mentionné ci-haut. Ce dernier fit des affaires à Québec au cours des années 1750, où il fut en société avec le négociant PIERRE RÉVOL, ainsi que le munitionnaire CADET comme nous l'avons mentionné plus haut. En 1771, alors qu'il avait sa base d'affaires à L'Assomption, THIBAUDEAU fit affaire avec BENJAMIN et AMABLE DUROCHER, frères cadets de JEAN-BAPTISTE I, localisés sur le Bas-Richelieu.-
Ce qui est moins clair, ce sont les liens commerciaux de notre sujet avec ALEXIS DÉSAUNIERS, lui-même marchand et fils d'un très gros marchand.- Parmi les voisins de notre marchand, on compta un temps le sus-nommé PIERRE RITCHOT, marchand-cabaretier. Fernand Braudel mentionne qu'en Canada, « au cabaret du village, on allait jouer, parler, boire et se distraire, traiter de créancier à débiteur, de marchand à pratique, négocier des marchés et conclure des baux. Face à l'église, le cabaret est l'autre pôle du village. »-
Finalement, DUROCHER fut en tête des habitants "du Portage" qui suivirent Walker dans l'aventure pro-américaine. Mal lui en prit, car non seulement dut-il disposer rapidement de ses immeubles, mais la suite de ses affaires à Montréal et à Québec en souffrit. Selon Duval, il aurait fait cession de ses biens en 1784.-
h) EMPLOYÉS :- Son premier commis fut le jeune ARCHANGE GODBOUT garçon volontaire de la Ville de Québec. A cette époque, on estime à près de 300 livres par an le salaire d'un commis logé et nourri. D'après Marcel Trudel, J.-B. DUROCHER eut "un esclave panis" qui décéda à Détroit à l'âge de 20ans, et C. Roy nous dit qu'il fut inhumé en 1762. (JOSEPH DUROCHER, pour sa part, en avait eu deux).-
i) ET ENFIN, SES ÉPOUSES ET SES ENFANTS :-
Voici dans l'ordre "les enfants nés du premier mariage" (mère : GENEVIÈVE BOUCHER , voir ci-haut):= Marie-Geneviève : n. 1.4.1752, b. le 14; parrain Jean-Baptiste Magneron, marraine Marie-Anne Vaillant (l'enfant naît trois mois après le mariage; elle épousera en 1775 MICHEL ARCHANGE ARCHAMBAULT, marchand, fils de LAURENT);=  JOSEPH LOUIS: n. 2.8.1753- b. même jour (ne semble pas avoir survécu); parrain Louis Galarneau, un ami du père; marraine Marie-Angélique Goulet ; on note aussi que la mère est identifiée Lajoie-Boucher)= JEAN-BAPTISTE-AMABLE : n. 15.8.54, b. le 17; parrain André Marcil, marraine Marie-Madeleine Forestier (c'est ce Jean-Baptiste II qui fut gros brasseur d'affaires à Montréal)= GILLES : n. 24.11.57- b. 26; parrain Gilles Boillevin, marraine Marie-Louise Aguénard (le parrain est-il sculpteur?)= MARIE-JOSEPHTE : n. et b. 1.9.1759; parrain Pierre Rolland, marraine Catherine Durocher, sa tante= JOSEPH : n. 24.9.1760- b. le 25;= FRANÇOIS-BENJAMIN : n. 17.4.1762- b. le 30; parrain Benjamin Durocher, marraine Catherine Durocher (noter le long délai pour le baptême)= FRANÇOIS : n. 24.12.1763- b. 25.12.1763; parrain François Thibodeau, oncle et marchand, marraine Marie-Jeanne Denoyers (baptême le jour de Noël)- Sa deuxième épouse fut MARGUERITE BOUCHER-DENOIX, fille de Joseph et de Jeanne Audet de Pierrecot-Bailleul. Douaire important : 2000 livres. "Les enfants nés de ce second mariage furent" := ? ALEXIS : n. 31.5.1767- b. 1er juin; parrain Alexis Desaulniers, marraine Marie-Anne Boucher (alliance avec la grande famille marchande des TROTTIER; Marie-Anne est la tante maternelle)= MARGUERITE : n. 18.7.1768-b. même jour; parrain Jean-Baptiste Lesage, marraine Thérèse Gaudry= MARIE-ANNE : n. et b. 23.8.1769 : parrain Alexis Desaulniers, marraine Geneviève Boucher= MARIE-CATHERINE : n. et b. 28.11.1770 : parrain François Thibodeau, marraine Catherine Durocher= SIMON-HYPPOLITE : n. 26.9.1774- b. le 27; parrain Amable-Simon Raizenne, marraine Marie-Louise Boucher= MARIE-CHARLOTTE : n. 8.2.1777- b. le 14; parrain inconnu, marraine Claire Agathe Boucher- SOMMAIRE :- S'il fut qualifié de "petit marchand", Jean-Baptiste I "a eu du courage à revendre", et il a su tirer son épingle du jeu malgré des embûches quasi continuelles, causées par le contexte politique et les difficultés familiales.- Son fils a eu de meilleurs succès, dans une période moins troublée.- Les marchands locaux LAROCQUE, BRUQUIER et GERMAIN LEROUX père vont certainement profiter de son départ de L'Assomption en 1777.
BIBLIOGRAPHIE:1. "Histoire de L'Assomption", éditée par La Commission des fêtes du 250ème, 1967, par Christian Roy.2. "Le village de L'Assomption", 1748-1791, Mémoire de maîtrise, UQUAM, 1784, par Lise St-Georges3. "Les jeux de l'échange", par Fernand Braudel, Éd. Armand Colin, 19794. "Les moulins de Terrebonne", 1720-1775, Mémoire de maîtrise par Solange de Blois (qui cite : « Habitants et marchands de Montréal au XVIIème siècle », Boréal, 1978, par Louise Dechêne)5. Dictionnaire Biographique du Canada, Volume III6. Greffe de Jean-Baptiste Daguilhe, Vente de Neveu à Durocher, 7 février 1752.7. "Entre ville et campagne", Les Presses de l' Université Laval, Serge Courville, 19908. "Le Québec - Genèse et mutations du territoire", Presses de l'Université Laval, Serge Courville9. "Un marchand rural en Nouvelle-France", F.-A. Bailly de Messein ( RHAF Vol.33,no.2), Louis Michel10. Souvenance, Été 2002, Claude Ferland11. "Histoire économique et sociale du Québec-1760-1850", Fides 1971, par Fernand Ouellet12. "Joseph-Michel Cadet", Septentrion, par André Côté, 199813. "Habitants, marchands et seigneurs - la société rurale du bas Richelieu 1740-1840", Septentrion, 2000, par Allan Greer14. "Cahiers d'Histoire, Vol. IV, no. 1, 1983", Université de Montréal, par Lise St-Georges, pp.47-5915. Louis Michel, op.cit.16. Dans Montréal, ville fortifiée au XVIIIème siècle- CCA 1992, on nous signale que seuls quelques marchands de Montréal sont indépendants; la plupart, comme Pierre Guy, représentent des maisons de commerce de Québec, elles-mêmes agissant au noms de maisons de LaRochelle ou de Bordeaux.17. C.Roy,op.cit.18. Greffe Daguilhe.19. "Le Canada Français-Province de Québec", Librairie Arthème Fayard, 1960, par Raoul Blanchard20. "La civilisation traditionnelle de l habitant aux XVII et XVIIIè siècle", R.-L. Séguin, Fides, 196721. "La bourgeoisie marchande en milieu rural ( 172-1840 )", Claude Pronovost, PUL, 1998.22. DBC, Vol. III, p.55223. "Le rôle du blé à Montréal sous le régime seigneurial", RHAF, Vol. 36 no. 2 , Corinne Beutler.
Premier marchand général du petit Village de L'Assomption.
Fut le "chef des rebelles de L'Assomption vers 1775" quand les Américains qu'on appelait "Les Bostonnais" envahirent - sans succès - le Canada.-
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