Biography Sarrazin Joseph
Joseph et Esther demeurèrent onze ans à St-Benoit (Deux-Montagnes).
En 1852 on trouve Joseph dans les Pays d'en Haut à défricher un lot à Saint-Sauveur-des-Monts; cinq ans plus tard,en mars 1858, par des chemins couverts jusqu'à neuf pieds de neige il se rend avec grand-peine dans le 4e rang du canton Beresford,à Ste-Agathe-des-Monts. Ce colon de trente-huit ans avait déjà rencontré sur sa route des difficultés pires que le froid et la neige,puisqu'il avait fait le coup de feu aux événements de 1837. Cette fois-ci il était armé d'une hache de défricheur et tous ces voisins,entre autres Jean-Baptiste Chalifoux,l'accueillirent avec joie. Nous retrouverons ces deux hommes,vingt-cinq ans après, sur les bords de la Rivière-Rouge. "Quand j'arrivai à Ste-Agathe, disait-il un jour à Wilfrid, un de ses enfants, j'avais soixante piastres de dette et une famille de huit enfants".
Au fur et à mesure qu'augmentait sa famille il lui semblait que sa terre rétrécissait. Plus haut, dans les Laurentides, la forêt vierge l'invitait à se tailler un domaine à la mesure de ses huit garçons à placer. Il quittait Ste-Agathe pour s'arrêter à St-Jovite, où il construira un moulin à scie, mais il n'était pas encore fixé.
Répondant à l'appel du curé Labelle, il ira enfin planter sa tente dans la plaine du Pin Rouge à L'Annonciation en 1883. Cette région répondait parfaitement aux voeux de ce colon. Les ambitions de Joseph Sarrazin étaient comblées, son âme avait trouvée la plénitude du bonheur dans le silence mystérieux des bois, interrompu seulement par des coups de hache et le craquement des branches. Tant que le bon Dieu lui donnera la santé, le travail du défrichement fera sa joie. Les plus âgés de ses seize enfants lui seront d'un précieux secours dans le défrichement, la construction et la culture.
Pendant ces soixante-quatorze ans de colonisation, ce pionnier a dessiné une longue traînée de courage à une tâche obscure et d'amour à la terre. C'est l'acharnement tenace de toute une vie à sa besogne harassante qu'il faut admirer chez lui; c'est là, l'héritage le plus glorieux qu'il lègua à sa descendance, la respectable famille Sarrazin.
Samuel Charette, Doulce souvenance.
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