Biographie Chartrand Emery



Biographie Chartrand Emery

   "En janvier 1880, Emery achète un camp-écurie des Hamilton, à la Ferme du Milieu. Le 17 Mars 1880, de grand matin, il attèle deux chevaux empruntés, à une sleigh double, dont le fond est couvert d'une bonne épaisseur de foin; il y jette une table, deux chaises, un sac de galettes cuites, deux briques de lard salé. Les deux plus vieux de ses garçons: Ubald, 8 ans, Eugène, 7 ans, complètent la charge."

   Arrivés au campement,"les deux petits garçons poussent la porte et, d'un coup d'oeil, ils découvrent un lit de branches de sapin dans un coin, une truie (baril de tôle servant de poêle) que les derniers occupants avaient laissée et un peu de paille. Le père Chartrand mène les deux chevaux à l'écurie de la compagnie, rapporte du bois et allume un bon feu. Les articles de ménage sont placés, on mange et, comme on n'a rien pour s'éclairer, le père étend les couvertures des chevaux sur le lit et les enfants s'endorment."

   Une semaine plus tard, le père Emery retourne chercher sa femme, Azilda Daoust, ses cinq autres enfants et le reste du ménage. Au retour, comme la rivière est presque libre de glace, on utilise un grand bac, que Chartrand dirige à l'aide d'une gaule d'épinette, pendant que Madame Chartrand, restée sur la berge, le retient contre le courant par une longue corde.

   La^première année, le labour se faisait au moyen d'une grosse branche d'orme aiguisée, que la mère, aidée un peu des deux plus vieux garçons, tirait dans le sillon avec un câble passé sur l'épaule. Le mari tenait l'autre bout dans l'angle voulu pour renverser cinq ou six pouces de terre. Quand les racines enjambaient la charrue, celle-ci servait de levier, tant qu'elle résistait à la force de l'homme; le plus souvent la racine cédait et fouettait le visage qui s'était penché avec le corps. Le plus dur ce n'était pas de labourer cette terre légère, presque sablonneuse, c'était de travailler dans un pouce ou plus de cendre de bois, qui collait sur le corps en sueur, emplissait les narines, le gosier et les yeux. Ajoutez à cette suie un bataillon de maringouins et de brûlots affamés qui dévoraient sans répit, et vous aurez une idée de courage, de l'énergie qu'il fallait pour "ouvrir" des terres neuves en de semblables conditions...

   Le père Emery devait se rendre à pied à St-Jovite, emportant sur son dos une poche de grain pour l'y faire moudre, et, le lendemain rapporter la farine ainsi que du lard; la distance est de huit lieues. A voir cet homme aux prises avec la vie sans autres ressources que ses deux bras, ses deux jambes, sa tête et son coeur, c'est à se demander comment il ne s'est pas découragé.

   A Arthur Buies, qui lui exprimait son admiration et son étonnement, Chartrand répondait: "Ici je trime dur, mais ce n'est pas plus fatiguant de bûcher, une fois accoutumé, que de travaillé dans les factories de la ville; quand le soleil chauffe d'un côté de l'arbre que j'abats, je me mets de l'autre bord; on se fait chauffer la couenne bien moins que ceux qui travaillent dans les grosses fonderies; et puis quand je suis fatigué, je me repose. Y pensez-vous, monsieur, chaque pied que je défriche est bien à moi, il me rapportera de quoi vivre, de quoi établir ma famille."

Source: Samuel Charette, Doulce Souvenance. 

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