Biographie Morency Charles-Emile



Biographie Morency Charles-Emile

Nous aimerions vous raconter bien humblement le mode de vie de notre famille à ses débuts, et ceci, au meilleur de notre connaissance et selon des renseignements qu'on nous a fournis.  À noter que cette période se passait de 80 à 50 ans passés.

Yvette & Irène.

 

Notre père, Charles-Émile Morency, était né de Auguste Morency et de Élise Pelletier, le 9 novembre 1890 à St-Jean-de-Dieu et notre mère, Marie Hélène Élisabeth, avait vu le jour aux Trois-Pistoles, le 6 janvier 1895, fille de Théodore D'Amours et de Euphémie Voisine.  Ils se sont unis en mariage aux Trois-Pistoles le 24 juin 1913.  Ils eurent vingt enfants, tous nés à la résidence familiale, parfois en la présence d'un médecin mais le plus souvent en compagnie d'une sage-femme.

BREF RÉCIT DE LA VIE QUOTIDIENNE À L'ÉPOQUE

Tout a d'abord commencé par le déboisement et défrichement d'un lopin de terre, octroyé par le gouvernement de l'époque, afin d'y bâtir une maison et les autres bâtiments nécessaires à la culture de la terre.  Pour arriver à pouvoir cultiver la terre, nos parents ont dû travailler très fort, à l'aide de chevaux, puisque la machinerie agricole mécanisée n'existait pas à l'époque.  On devait ainsi couper le bois, essoucher, labourer, herser et enfin semer, afin de préparer le sol pour la culture et d'en récolter des produits.  Les produits de la terre servaient à nourrir la famille, et la culture du lin et la production de la laine servaient à habiller les enfants.  Les journées étaient ainsi longues et bien remplies, tant dans les bois et les champs qu'à la maison.  Au fur et à mesure que la famille grandissait, on devait fournir de plus en plus d'énergie pour préparer les quantités de nourriture nécessaire pour alimenter tout le monde.  On se rappelle que notre mère boulangeait deux fois/semaine de 20 à 25 pains et cuisait de 10 à 12 tartes, au moins une fois par semaine, le vendredi.  L'élevage de porcs, de bétail et de volailles fournissaient la viande et les produits laitiers.  Ces produits étaient conservés au frais dans des récipients suspendus au fond du puits.  Les légumes du jardin étaient entreposés dans des caveaux souterrains pour les conserver au frais et les protéger du gel durant la saison froide. 

Un certain hiver, nous étions 21 personnes à la maison, soit, 17 enfants, papa, maman, notre grand-mère paternelle ainsi que notre beau-frère Joseph (Pit) Beaulieu.  Quelle merveille d'avoir réussi à loger et nourrir autant de monde dans une maison de ferme de grandeur relativement modeste.  Bravo à nos parents qui ont réussi un tel tour de force avec si peu d'accommodation et de moyens financiers!

CONFECTION DU LINGE ET DES VETEMENTS

Le lin était semé, récolté, séché en plein air, brayé, filé et tissé pour en faire des 'essuie-vaisselle', nappes, vêtements etc. Toutes ces opérations de transformations du chanvre de lin étaient faites par nos parents.  On faisait l'élevage de moutons.  Au printemps, lorsque la température le permettait, on faisait des corvées pour tondre les moutons.  Notre mère lavait la laine en la faisant bouillir dans de très grandes cuves.  On la laissait ensuite sécher avant de procéder au cardage. 'L'ondage' était fait au moulin.  Après ces opérations, notre mère filait la laine qui servait à tricoter des vêtements pour la famille qui grandissait toujours et à tisser des couvertures sur le métier pendant la période plus tranquille des mois d'hiver. 

Notre père fabriquait lui-même nos chaussures en cuir provenant de peaux de vaches qu'il faisait tanner.  Ces chaussures étaient fabriquées au moyen de moules en fer de différentes grandeurs ... et nous étions bien chaussés!

CHANTIERS  

Notre père s'absentait de la maison après la fin des récoltes l'automne jusqu'aux Fêtes pour se rendre travailler dans des chantiers forestiers éloignés afin de gagner de l'argent pour subvenir aux besoins de sa famille.  Lorsque les garçons étaient assez grands, ils allaient aussi travailler aux chantiers avec notre père.  Plus tard, lorsqu'il eut deux terres à bois, bien à lui, avec nos frères, les plus vieux, ils partaient le lundi matin avec un coffre plein de nourriture, rôtis, lard salé, tartes, pain, galettes, gâteaux, etc. qui avait été préparé pour la semaine.  Ils revenaient le vendredi soir heureux de se retrouver avec les autres membres de la famille.  À cette époque des chantiers, les hommes en profitaient pour combler leurs soirées de solitude en s'adonnant à la sculpture sur bois.  Ils fabriquaient des petits jouets, comme par exemple, un métier à tisser miniature ou une petite voiture dans laquelle était assis deux personnages, l'un jouant du violon et l'autre accordant du pied.  Cette voiture miniature était tirée par des chevaux, aussi sculptés en bois.  Quelques uns de mes frères ont même fabriqué des violons sur lesquels on y jouait des rigodons. 

LAVAGE DU LINGE ET DES VETEMENTS

 L'eau courante n'existait pas encore et on devait transporter l'eau, dans de grands tonneaux, puisée dans les ruisseaux.  Les moyens de lavage étaient très simples.  On utilisait une grande cuve ronde "multi-usage" d'environ 36" de diamètre, en acier galvanisé, estampé du familier sigle "GSW" (galvanized steelware).  On y brassait le linge au moyen d'un "pompon" ou agitateur manuel.  Comme équipement complémentaire, notre mère utilisait une planche à laver, consistant d'une plaque de verre ondulé sur laquelle on y frottait le linge ou les vêtement en un mouvement de va-et-vient pour en déloger la saleté.  Il y eut ensuite les laveuses en bois, consistant d'une cuvette semi-circulaire dans laquelle un brasseur de même forme remuait le linge dans un mouvement aller-retour.  Beaucoup plus tard, les laveuses avec tordeur ont fait leur apparition.  Encore là ces machines n'étaient pas complètement électriques : on devait faire fonctionner le tordeur à la main.  Le savon utilisé était également fabriqué à la maison et la recette était constituée des ingrédients suivants : 4 1/2 lbs de graisse - 4 1/2 tasses d'eau - 1 boîte de caustic - 1/2 tasse de borax et 1/2 tasse d'ammoniaque.

Pour le séchage, le linge était étendu sur une corde à l'extérieur, l'hiver comme l'été.  En hiver, on l'entrait lorsqu'il était encore gelé et raidi, pour le faire sécher à l'intérieur.  Quelle bonne senteur de propreté et de fraîcheur que ce linge dégageait!  Nous ne devons pas oublier également le lavage des planchers qui se faisait avec une brosse de fabrication artisanale à partir de branches de sapin ou de cèdre.

RATIONNEMENT

Pendant la période de la 2e Grande Guerre Mondiale (1939-45) les produits alimentaires étaient rares et même rationnés.  Nos parents devaient donc, comme tous les autres d'ailleurs, se procurer des coupons - fournis en quantités restreintes, selon le nombre de personnes dans la famille - pour s'acheter certains produits, tels que le thé, les céréales et la farine.  Par exemple, notre père pouvait se procurer un sac de farine de 100 lbs par mois.  Pour ce qui est du sucre, il n'était pas disponible sur le marché.  Cependant, il en coûtait quelque 30 $ par sac de 100 lbs pour s'en procurer sur le marché noir - un montant tout à fait exorbitant à l'époque!

ÉLECTRICITÉ  

Cette commodité nous est arrivée au début des années '40 : ce n'était pas un luxe.  Nos parents avaient cependant réussi à élever 19 enfants, sans ce confort, pourtant si essentiel aujourd'hui. 

REMÈDES 

Nous ne devons pas oublier que nos parents possédaient déjà une très grande connaissance des remèdes maison et qui étaient tout de même très efficaces.  Durant l'hiver, pour compenser le manque d'ensoleillement ou de vitamine C on devait également prendre de l'huile de foie de morue, qui, selon notre mère, était nécessaire à notre développement.  Pas très agréable au goût nous détestions ce tonique dont le goût d'huile nous restait longtemps sur le coeur.  Un jour, un enfant avait avalé une épingle;  notre mère, toujours très attentive, eut l'esprit présent de la faire vomir afin d'expulser l'épingle, et ce fut réussi. 

Comme les enfants jouaient toujours dehors nu-pieds durant l'été, il arrivait qu'un d'eux se blesse parfois au pied en marchant sur un clou rouillé.  Notre mère y appliquait alors une "couenne" de lard salé enveloppée d'un linge, ce qui avait pour effet de contrôler l'infection.  Pour une grippe persistante, nous avions recours à une mouche de moutarde, qui consistait d'un mélange de moutarde, de farine et d'eau.  Un cataplasme était fait et on l'appliquait sur la poitrine pour environ 10 minutes.  Nous pourrions énumérer bien d'autres recettes de remèdes que nos parents fabriquaient et utilisaient avec succès, sans recours à la médecine traditionnelle - qui n'était d'ailleurs pas très accessible à l'époque. Pour visiter un médecin, il fallait se rendre aux Trois-Pistoles, à cheval, soit à environ 15 milles de St-Jean-de-Dieu. 

JOUETS 

Nos jouets étaient fabriqués par notre père à partir de matériaux qu'on retrouvaient sur la ferme, tels que des blocs de bois et des pièces de métal inutilisés.  Ex.: il fabriquait des petites voitures avec des rondelles de bois pour roues.  Tout était fabriqué à la main, avec très peu d'outils.  C'était merveilleux! 

PÉRIODE DES FETES 

La veille de Noël, tous se rendaient à l'église pour la messe de minuit.  Venait ensuite le réveillon, réunion de famille à la maison avec le repas traditionnel, soit de 'cipaille', de dinde ou de pâtés à la viande.  Les desserts consistaient de beignes, biscuits, mokas, gâteaux roulés et gâteaux froids.  Pour cadeau de Noël, nous recevions une pomme, une orange et des bonbons fabriqués par notre mère.  Ces friandises étaient insérées dans des bas de Noël, encore là, confectionnés par maman.  Les jours suivant Noël, la fête continuait, mais cette fois avec les voisins.  Les familles se réunissaient pour continuer à rire et s'amuser pendant les 15 jours suivants.  Pendant ces festivités, il y avait des raconteurs d'histoires, de la danse, des chants et des gigues au son du violon.  Ces festivités se passaient sous les yeux amusés des plus jeunes, bien souvent assis dans l'escalier, jusqu'à ce qu'ils tombent de sommeil.

PARTICIPATION DES ENFANTS 

Nous cueillions des petits fruits en saison.  Notre mère en mettait en conserve pour nourrir la famille pendant les mois d'hiver.  Le surplus était vendu au magasin du village, dont le propriétaire (André Morency) était le seul frère de mon père.  Ces modestes revenus durement gagnés nous permettaient d'acheter des articles de classe pour la rentrée d'école à l'automne.  En 1942, nous avons même cueilli assez de petits fruits pour se permettre d'acheter les accessoires nécessaires à l'installation d'une salle de bain complète, au coût de 150 $.  Fini les "bécosses" à l'extérieur et les installations de fortune.  Ce n'était pas un luxe!  Ce fut à l'époque, l'inconvénient majeur - que ce manque de confort sanitaire. 

Nous aimerions terminer en vous disant que nous sommes très heureuses d'avoir eu le privilège d'être issues de parents tels que les nôtres.  Nous considérons que nous n'avons jamais manqué de rien.  La différence avec aujourd'hui, en 1997, dans un monde de richesses, c'est qu'il y a beaucoup trop de choix et de gaspillage et les gens n'apprécient pas autant tous les services et commodités qui les entourent.  Comparé aux jours d'autrefois, c'est maintenant Noël à tous les jours comme on dit parfois!  À l'époque, le peu que nous avions était très apprécié. 

En conclusion, cette époque de notre vie d'antan a eu ses inconvénients, mais fut cependant riche d'expérience et l'amour familial faisait partie du quotidien.!

 

ASCENDANCE BAUCHER DIT MORENCY

      9: Charles-Émile Morency, cultivateur, a épousé en 1913, Marie-Hélène D'Amours.

        8: Auguste Morency, colon à St-Jean-de-Dieu, 1886, Marie-Élise Pelletier.

        7: Séverin Morency, cultivateur à Rivière-Trois-Pistoles, 1855, Exorée Lemieux.

        6: Augustin Morency, cultivateur, 1826, Léocadie-Madeleine Pelletier.

        5: Augustin Morency, cultivateur-forestier, 1798, Julienne Perreault.

        4: Augustin Morency, pionnier à Rivière-Trois-Pistoles, 1768, Josephte Lebel.

        3: Basile Morency, cultivateur à Sainte-Famille, 1734, Josephte Guyon.

        2: Joseph Morency, cultivateur à Sainte-Famille, 1698, Marthe Lemieux.

        1: Guillaume Baucher dit Morency né à Montmorency en France

Yvette et Irène Morency

dans Le Bauché dit Morency Bulletin de l'Association des familles Morency vol. 7no 2 juin 1997

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