Biographie Marier Amedee



Biographie Marier Amedee

Le texte suivant a été écrit par M. Ernest Marier, fils d'Amédée Marier et de Mathilda Gagnon. Il fait partie d'un recueil de souvenirs qu'il a rédigé en 1983. Ce recueil de souvenir est une source inestimable de renseignements, malgré qu'il comporte certaines petites erreurs de noms et de dates. (Le texte a été recopié tel quel, à part quelques corrections de fautes de frappe et un peu de mise en page pour faciliter sa lecture.)

Cliquez ici pour voir l'introduction et le reste du recueil de souvenirs.

 

AMEDEE MARIER et MATHILDA GAGNON

 

Né le 5 septembre 1860, à St-Pie de Bagot, Amédée arriva avec sa famille en novembre 1860 au Canton de Grantham. A l'âge de deux ans et demie, il alla avec son petit frère, Athanasse, de cinq ans, jouer dans le hangar, " or Athanasse, qui avait vu ses frères planter la hache sur la buche, voulut faire pareil, et au moment de descendre la hache, Amédée mit sa main droite sur la buche et les quatre doigts sont restés là.

Dure épreuve autant pour les parents que pour Amédée. Il s'est habitué, de sorte qu'il fit tous les ouvrages, même celui de traire les vaches. Comme la majorité des gens était de langue anglaise, Amédée apprit les deux langues, ce qui lui a bien servi au cours de sa vie. Car avant 1873, les assemblées de Conseil se tenaient en anglais. Ses parents lui ont permis plus d'étude qu'aux autres enfants. Il fit même un an à l'école du village.

Amédée était bien développé au physique, pesant l75 livres, sans graisse. Il est allé trois hivers dans les chantiers et faire la drave deux printemps. Comme mon père était chanteur à l'occasion et raconteur d'histoires, il ne s'ennuyait pas avec ces groupes d'hommes. Il aimait nous raconter ses veillées – qui leur faisaient oublier le dur labeur de la journée.

En 1883, une famille Gagnon venait acheter une terre troisième voisin des Marier. Or une des filles qui faisait la classe à St-Cuthbert est revenu rejoindre sa famille à la fin de juin, tout en faisant application pour la classe du rang. La Commission scolaire l'a engagée pour septembre. Cette famille Gagnon venait de St-Barthélémy. Amédée qui voyait passer la maîtresse soir et matin, fit connaissance. Elle s'appelait Mathilda. Elle était née à St-Barthélémy, co. Berthier, le 12 juillet 1861, et en janvier 1885 on contracta mariage. Fille de grand talent, jolie brunette, comme elle pouvait faire un beau mélange avec un blond : Puisqu'Amédée était le dernier garçon, il hérita de la petite terre de 60 acres portant le no. de cadastre 340, avec l'obligation à son père, sa mère et deux filles, Marie et Anna. De bonne santé et bien diplomate, Mathilda ne craignait pas l'avenir avec Amédée. Ma mère conseilla à Anna de s'instruire pour gagner sa vie. Elle lui enseigna un an, et avec un an de couvent, Anna obtint son diplôme élémentaire, si bien qu'elle s'engagea au 3ème rang de Grantham. Ce territoire deviendra en 1900 paroisse de St-Majorique. Amédée et Mathilda entreprendront de faire les répartitions de sept fromageries de la région, au prix de sept piastre chacune, ce qui veut dire calculer la quantité de lait de chaque cultivateur aux 15 jours et lui faire sa paie en argent, ce qui était plus difficile encore.

Comme la colonisation se développait, il fallait faire des routes nouvelles, et mon père fut engagé par le Conseil du comté pour tracer des routes et des cours d'eau. Il en a dressé des procès verbaux dans les paroisses de Grantham, St-Majorique, St-Cyrille et St-Lucien.

Comme surintendant spécial, il a travaillé pendant 25 ans, trois ou quatre semaines par année pour visiter des bois et faire des assemblées des intéressés, afin de discuter avec eux pour arriver à une entente acceptable.

En 1887, le voisin Félix Paul veut aller travailler avec sa famille aux Etats-Unis. Amédée loua sa terre pour deux ans, ce qui augmentera le revenu, car les dépenses augmentaient. En décembre 1885, on recevait un gros garçon baptisé sous le nom de Pacifique, qui fera la joie de la grand-mère Esther. On a rapporté que ce fils, parfait, recevait plus d'amour que les autres. Car il en arrivera d'autres: Joseph, né en 1887; Elphège, né en 1888; Aurore, née en 1890; Rosia, née en 1892; Emile, né en 1893; Omer, né en 1894; Ernest, né en 1895; Corrine, née en 1897; Marie-Blanche, née en 1899; Bernadette, née en 190l; Georgienne, née en 1902; Amédée, né en 1904.

A l'automne 1904, Athanasse, bien malade à Montréal, fait demander Amédée. Habitué de travailler fort, Amédée passe quinze jours près d'un malade qui ne voulait pas le laisser sortir. Il revint avec un estomac si brisé qu'à son tour il est deux ans malade. A l'hiver 1905, le docteur Gill, médecin de famille, est inquiet. Il propose à ma mère de se faire aider d'un jeune médecin, nouvellement arrivé, le docteur Amédée Lassonde. "Voulez-vous que je l'amène, car le cas est grave ?" Très bien répondit ma mère, et pendant une semaine, les deux médecins voyagent à la maison. Le patient donne espoir, mais prendra 20 mois sans travailler, et finalement se rétablira.

Amédée n'était pas inquiet de la besogne, car Pacifique, 19 ans, est capable, aidé des collégiens qui pendant les vacances feront bien des travaux. Au printemps l906, Pacifique sollicite mon père pour louer la terre de M. Aimé Janelle, au 4ème rang, qui aboutait notre terre. Mon père consent, mais en disant: "Pas sûr que je puisse t'aider". Pacifique, qui prévoyait acheter des machines pour cultiver plus grand, acheta une bonne faucheuse à foin et un cheval. Au temps des foins, les garçons et les filles, aux champs, ont fait l00 tonnes de foin chez Janelle et chez nous pour les animaux. Le soir, les jeunes arrivaient à la maison en chantant, joyeux comme des jeunes en vacances, ce qui ré confortait le père. En 1907, on acheta une autre terre voisine de Janelle, mais là le père venait au champ. Mon père et Joseph avaient l'habitude de faucher le grain à la petite faux, mais à l'automne 1906, Pacifique avait acheté une moissonneuse de $55.00, toute neuve ; finies les petites faux. Mon père accepta le talent de Pacifique. En 1908, on acheta une terre près de chez-nous de M. Hilaire Lamothe, no. de cadastre 333. En l9l0, on acheta une autre terre, no. de cadastre 349. On y fit venir du fumier des abattoirs de Montréal pendant six ans : 5 ou 6 chars par année. Le revenu augmentant, mon père accepte les dettes. En 1912, on achète la terre du frère Magloire, no. de cadastre 330, qui s'en va en ville. On répare les bâtisses pour loger Pacifique, car en hiver l9ll-l2, Pacifique était allé aux Etats-Unis avec Paul Bégin. Il y avait connu la fille de sa cousine du nom de Rose. Belle et grande américaine.

En 1910, on avait acheté une presse à foin et j'ai commencé à presser à la fin d'août. Je venais d'avoir mes 15 ans. Avec un cousin, Donat Marier, on avait pressé 500 tonnes à l'étranger et le nôtre en plus. C'est dire que la famille Amédée Marier a brassé de l'ouvrage. Après avoir installé Pacifique dans la maison de Magloire, en avril, Pacifique arrive chez nous pour proposer à mon père une autre achat, le 2ème voisin de Pacifique. Théophile Lafond avait offert ses terres. Comme d'habitude, Pacifique prend son crayon, calcule les revenus possibles et les dépenses, et dans l'après-midi, il se rend chez M. Lafond et achète les no. de cadastres 327, 328 et une partie du lot 330. Il y avait de meilleures bâtisses, mais 90 acres étaient traversés par le chemin de fer Intercolonial, aujourd'hui CNR. Est-ce qu'Amédée s'arrêtera ? C'est pas sûr, avec des garçons travailleurs. En l9l4, un voisin vient offrir sa terre à mon père. J.-Baptiste Leclair veut retourner à St-Germain. Mon père n'en parle pas, mais Pacifique, l'apprenant, revient à la table et encore avec son crayon à demi usé, il fait consentir mon père et achète la terre ; 80 acres le long de la route de Drummondville, à St-Germain, no. de cadastre 335–337. Dans l'hiver 1911–12, le Conseil de paroisse a décidé de faire cette route trois milles de long en macadam. Les cultivateurs ayant charroyé la pierre, on louera au printemps un casse-pierre, en engageant mon père pour diriger les travaux pendant quatre mois. Il tenit le temps des hommes et faisait la paie.

J'ai parlé d'Amédée, mais il a eu une compagne qui a fait sa part dans les travaux qu'il entreprenait. Mathilda lui aida dans la préparation de ces procès-verbaux, répartitions de fromagerie, comptabilité de toute sorte. Mathilda apportait sa grosse contribution, particulièrement dans l'éducation des enfants qui posaient des questions et recevait chacun sa réponse, sans qu'elle prenne aux livres la table des matières: cathéchisme, arithmétique, histoire-sainte, histoire du Canada, géographie, grammaire. Chacun avait sa réponse, tandis qu'elle faisait le déjeuner ou le souper ou le tricot où elle n'échappait pas une maille. Combien de cents verges tissées sur le métier : couverte de laine, catalogne, tapis de plancher, couverte à chevaux! Et quand le métier était trop chaud, elle piquait des couvre-pied, pour le laisser refroidir.

Tout le travail de ces parents était accompagné de prière, de sacrifices et de charité, car ils n'ont jamais refusé un mendiant qui demandait à loger. Car dans ce temps, les malheureux de la société avaient le chemin pour trouver leur nourriture et le logement. Amédée a été 25 ans président de la Commission scolaire, ce qui le retenait à des assemblées après la messe, pratique qui ne plaisait pas toujours aux passagers de sa voiture. Il restait encore après la messe parce qu'il a été longtemps marguillier de la paroisse St-Frédéric. Il a aussi enseveli beaucoup de gens. La dernière fut Eva Paul, de 15 ans, après trois jours de maladie de la grippe espagnole, il l'a ensevelie le 11 octobre 1918. Le 12, il alla chez mon frère Joseph où on était tous au lit. Revenu le soir, il prit le lit à son tour et décéda le 16 au matin. On avertit M. Comette, entrepreneur, de venir le chercher, dans l'après-midi. Seulement trois enfants allèrent le conduire au cimetière, les autres étant tous malades. Pour ma part, ma mère est morte à Drummondville le 17 octobre 1948.

 

Par Ernest Marier

 

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