Biographie Marier Magloire
Le texte suivant a été écrit par M. Ernest Marier, neveu de Magloire Marier. Il fait partie d'un recueil de souvenirs qu'il a rédigé en 1983. Ce recueil de souvenir est une source inestimable de renseignements, malgré qu'il comporte certaines petites erreurs de noms et de dates. (Le texte a été recopié tel quel, à part quelques corrections de fautes de frappe et un peu de mise en page pour faciliter sa lecture.)
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MAGLOIRE MARIER et ROSALIE BLANCHARD
Né en 1848, Magloire, garçon bien bâti, était d'une capacité physique supérieure. Le grand-père l'établit sur une petite terre au 5ième rang portant le no. de lot 330. Cette petite terre était coupée par la rivière Noire de sorte qu'à certains temps de l'année, Magloire était obligé de passer chez son beau-frère Honoré Lafond pour aller cultiver sa terre, ce qui était un grand inconvénient. En plus, il fut obligé de bâtir sa maison sur une petite élévation à deux arpents du chemin, à cause de la partie marécageuse du chemin. Mais plus tard, lorsque les terres furent bien égouttées, ce fut un autre inconvénient d'avoir bâti sa maison si loin, car l'hiver il en fallait du temps pour se frayer un chemin pour se rendre à sa maison. Toute sa vie, il travailla à la faucille ou à la petite faux. Il battait son grain au flot, le nettoyait avec un van (petit outil en bois dans lequel il mettait une chaudière de grain; se plaçant alors au grand vent, dehors, il en secouait la balle du grain, qui s'en allait. Magloire en travaillant ainsi vendait la plus belle paille en ville pour les paillasses. Il faisait de petites bottes, car ça se transportait mieux. Il ne pouvait se permettre de payer un homme syndiqué pour ce travail. Rares étaient ceux qui travaillaient encore à la main comme lui. Sur le plan travail, il n'évolua pas comme ses frères qui avaient de la machinerie plus moderne. Oncle Magloire échangeait du temps avec ces voisins qui eux avaient des chevaux et de bonnes grippes et, lui, il offrait ses bras pour bûcher. Magloire n'a jamais été chanceux dans sa vie. Son premier enfant, un garçon, né de son mariage (1871) avec Rosalie Blanchard décéda à six mois, Puis sa femme, née en 1849, mourut dix mois après la naissance de leur fille Rose-Anna, qui vint au monde le 30-12–1872. Se fut donc Magloire qui éleva seul sa fille. Plus tard, Rose-Anna n'a pas voulu quitter son père. Elle était une personne très gaie, mais souvent malade. Pour aller à l'école, on passait au-travers des champs, près de la maison de Magloire. Quelquefois Rose-Anna nous faisait signe d'entrer. Comme elle ne travaillait pas à l'extérieur du foyer, elle écrivit les nouvelles de la semaine de 1890 à 1917. Lorsque son père décéda, elle entra en pension et abandonna son livre, qu'on aime beaucoup lire. Plusieurs parents l'ont recopié pour avoir des renseignements. A sa retraite, tante Anna, qui resta longtemps chez Magloire, décida d'aller rester avec Rose-Anna, chez les Soeurs Grises à Drummondville. Elles restèrent ensemble quelques années, avant que Rose-Anna aille s'éteindre à Nicolet, en 1941, célibataire.
Un souvenir d'Oncle Magloire: Un jour de l'an, 1905 ou 1906, mon oncle alla chez son frère Amédée. Or comme c'était la coutume de s'arrêter à chaque maison pour effacer les différents qui étaient survenus durant l'année, ils décidèrent donc de rendre visite à M. Hilaire Lamothe, et là de se réconcilier, avec un petit verre de blanc. Ensuite allèrent chez M. Raphaël Dumaine, et encore avec la même politesse, on effaçait le passé. Ils continuèrent ainsi jusqu'à ce qu'ils arrivent chez M. Denis Paul qui lui gardait sa mère qui s'appelait Hélène Sullivan, de naissance Irlandaise ; là encore, le coup du petit blanc, mais mon oncle Magloire qui commençait à se sentir joyeux plus que de coutume se mit à chanter "Tu m'avais promis Hélène de m'aimer jusqu'à la mort". Tout le monde a bien ri. Plus tard lorsqu'on alla chez M. Paul, il ne cessa de nous raconter ce qui s'était passé cette journée là. "Lorsque Magoire (il l'appelait toujours ainsi) s'est approché de la vieille et s'est mis à lui chanter la chanson d'Hélène, on a bien ri".
Cela nous faisait plaisir de savoir que mon oncle Magloire a eu des jours heureux, car nous savons bien qu'il en a passés de bien tristes, ce bon vieil oncle qui a tant travaillé pour si peu d'argent et si peu de confort. C'est le seul parmi ses frères qui a toujours porté une barbe. Il doit briller là-haut, cet homme si humble et si dévot. Il en a bien dit des chapelets, il en a bien fait des chemins de croix.
Par Ernest Marier
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