Biography Emond Jean
Lors du déferlement des Abénaquis sur la côte anglaise, en 1689, il est probable que Robert Edmunds est installé à Boston, sur l'emplacement qu'il a acquis dans le North End en 1682. S'il a la chance d'être loin du territoire dévasté par les Indiens, son fils Thomas est pris dans la tourmente, puisque l'administration des biens de celui-ci à Sagadahoc est confiée en 1691 à son père Robert. Comment alors ne pas faire le rapprochement entre la disparition de Thomas Edmunds de Sagadahoc en 1689 et l'apparition en 1695 à Québec de Jean-Baptiste Edmond avec sa femme Marie Kelly.
Si Marie est la fille de Reynald Kelly et de Johanna Darling, elle est la nièce de Grace Dalain et de Dennyse Hegeman. À l'instar de leur oncle et de leur tante Egman, les Edmunds auraient connu une longue et pénible captivité de six années. Leur arrivée tardive à Québec ne leur a cependant pas permis de les revoir ni de faire la connaissance de leur jeune cousin, Joseph Egman.
Thomas Edmunds, renommé Jean Edmon
L'arrivée à Québec de Thomas Edmunds et de Mary Kelly avec leur fille à l'automne de 1695 met fin à une éprouvante et pénible aventure, mais ne leur permet pas de rencontrer leur parenté. La prise en charge des nouveaux venus paraît avoir été assumée par le Séminaire de Québec qui soulageait d'autant Frontenac et Champigny qui se plaignaient, en 1692, que la nourriture et l'entretien de l'assez grand nombre de prisonniers anglais... leur avaient été fort à charge. Si le Séminaire ou le gouvernement de la Nouvelle-France n'avait pas apporté son soutien à Jean-Baptiste Edmond, comment aurait-il pu, en moins d'un an seulement après son arrivée à Québec, payer à l'avance neuf cordons de bois? Il a en effet fait assigner un nommé Lacroix à comparaître... pour être condamné à rendre et restituer sept cordons de bois de chauffage qui manquaient sur neuf qu'il lui devait livrer et qui lui ont été payés.
Jean-Baptiste Edmond et Marie Kelly semblent avoir pris le parti de s'établir en Nouvelle-France. Après un nouvel échange de prisonniers, en 1698, Frontenac et Champigny écrivent au ministre que les envoyés de M. de Bellomont, gouverneur général de la Nouvelle-Angleterre ... ont repris ceux des prisonniers qu'ils avaient parmi nous à la réserve de quelques-uns qui sont établis dans la colonie et qui ont embrassé la religion catholique. Jean-Baptiste et Marie ne sont pas partis et ne se sont pourtant pas convertis: leurs noms ne figurent pas au Registre des abjurations. S'ils l'avaient fait au cours d'un séjour dans un village abénaquis, ou même ailleurs, ils y auraient par la même occasion fait baptiser leur fille sans attendre d'être présents à Québec. Et si leur premier geste à Québec est de la porter à l'église, ne peut-on pas présumer que l'un des partis, au moins, était déjà de religion catholique. Cette prétention paraît d'autant plus fondée que certains actes insistent pour affirmer que Marie Kelly est irlandaise (Kelly: un surnom irlandais distinctif) comme si on assimilait irlandais et catholique.
Lorsque Sa Majesté envoie les lettres de naturalité qu'elle a accordées aux Anglais Catholiques, douze ans plus tard, leur nom n'y figure pas.
Pendant quinze ans, de 1697 à 1712, le plus grand mutisme entoure leur existence. Le recours de Jean-Baptiste Edmond aux services de Me Du Breuil, notaire du Séminaire, peut laisser croire qu'il fut lui-même à l'emploi de cette institution. Un acte, où son fils est dit natif de Saint-Joachim, peut renforcer cette présomption que Jean-Baptiste aurait pu être engagé à la ferme de Saint-Joachim. Mais les Archives du Séminaire, d'une part, ne mentionnent rien à son sujet et Mgr Gosselin, qui a copié les engagements dans les livres de compte, d'autre part, n'ouvre son cahier que le 9 avril 1705 et explique les lacunes subséquentes par le fait que le brouillard entre 1711 et 1715 n'a pu être retrouvé. Rien ne s'oppose à ce que Jean-Baptiste ait consacré ses premières années à Québec au service du Séminaire pour s'adonner par la suite à l'exercice d'un autre métier. On peut alors ajouter foi à la déclaration inscrite au contrat de mariage de son fils, à savoir que son père a exercé le métier de cordier, c'est-à-dire qu'il était un ouvrier capable d'assurer, par filage et par torsion de fils, la fabrication de cordes. On ne saurait toutefois préciser s'il fut un artisan indépendant ou un employé de l'État ou de quelque entreprise maritime. Jean-Baptiste continue avec sa famille à mener en toute simplicité la vie ordinaire de tout honnête citoyen.
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