Biographie Pilon Philomene
Vers 1856, sa famille déménage à l'Île Cadieux, alors Île déserte, sur le lac des Deux-Montagnes. L'on y vivra seul pendant onze ans, comme une famille de Robinsons. Pour aller à l'école, le grand-père Portelance traversait la fillette à la terre ferme en canot; et elle avait ensuite six milles à parcourir pour l'aller et le retour jusqu'au couvent des religieuses de Sainte-Anne. Elle sera la seule instruite de ses frères et soeurs et elle devient la tête de file d'une autre génération qui, celle-là, saurait lire et écrire. Mais à treize ans, pour obéir à la volonté de son père et de sa mère, elle avait du quitter le couvent. Elle était l'aînée des filles, une famille déjà nombreuse. Il lui fallait fournir sa part, venir en aide à la maison, soulager la pauvreté des siens.
La fillette de 13 ans fut engagée par son père dans une famille du village d'abord, chez le Dr Desjardins, puis à Como, puis de nouveau à Vaudreuil, chez les Deslauriers; puis enfin, à l'age de 20 ans, en 1870, chez Titi (Antoine) Campeau, cultivateur du Détroit. (Voir sa photo à 20 ans dans "Mes Mémoires" de Lionel Groulx, tome I, page 64).
Elle recevait le salaire assez commun à cette époque, d'une piastre par mois, à quoi se joignait le supplément d'une paire de souliers de boeuf et d'une jupe de flanelle. Pour sa part de besogne, chez les habitants, elle aiderait aux travaux de la maison, aux travaux des champs. La journée commençait à quatre heures du matin; elle se terminait à minuit. Le soir, on cousait, on reprisait, on tricotait. Ou encore, puisque la couventine possédait le rare privilège de savoir lire, elle enseignait le catéchisme aux garçons et filles du voisinage.
En 1872, à l'age de 22 ans, elle épouse Léon Groulx, 34 ans avec qui elle a 4 enfants, Angélina, Albert, Julien, Lionel Groulx. Il meurt en 1878, à l'age de 41 ans, au cours d'une épidémie de vérole.
En 1879, à l'age de 29 ans, elle épouse Guillaume Émond, 25 ans avec qui elle a 11 enfants, Alexandrina, Flore*, Émilia, Sara, Valentine, Charles-Auguste, Imelda, Joséphine, Honorius, Paul, Cécile Émond.
En 1880, au cours d'une épidémie, la diphtérie étranglait trois de ses enfants, Angélina (8 ans), Julien (5 ans) et Alexandrine (2 ans). Au moment des plus dures épreuves, elle venait les yeux noyés d'eau. D'un coin de son tablier, elle essuyait cette eau débordante. c'était fini. Elle reprenait sa tâche. D'une larme à l'autre, elle restait la femme forte, sereine, active, prodigieusement active, faisant face à sa besogne. Elle faisait le pain, le beurre, le blanchissage, les tricotages, la couture.
Contrairement à son mari, Guillaume, elle personnifie plutôt la prudence, le conservatisme; à l'idéalisme trop prompt de son conjoint, elle oppose son esprit rétrograde, le frein, l'esprit de calcul, le sens pratique.
A l'age de 77 ans, elle subit une amputation d'une jambe au-dessus du genou à cause de l'artériosclérose. Deux ans plus tard, l'implacable maladie s'en prenait à l'autre jambe, qu'il fallut encore amputer. Puis elle devint mi-aveugle, puis sourde. Elle mourut à l'age de 94 ans.Voir "Mes mémoires" de Lionel Groulx - T.IV, p. 91-103.
En 1853, la compagnie du Grand Trunk (plus tard le Canadian National Railways - CNR) achète des terres à Dorion pour y construire une première ligne de chemin de fer.
En 1876, c'est au tour de la voie du Canadian Pacific (CPR) Ontario-, Québec vers Toronto qui se complète de 1884-1890 par la voie Ottawa-Montréal.
Des maisons sont érigées, des commerces naissent à Vaudreuil-Station qui sera absorbé par la fondation de Dorion en 1891.
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