Biographie Fortin Julien



Biographie Fortin Julien

Les Fortin

Julien Fortin -- L'ancêtre que toutes les familles québécoise voudraient avoir

Pas moins de sept Fortin sont venus au Canada sous le régime français pour y connaître des fortunes diverses. Ils étaient le plus souvent originaires de Normandie, de la Bretagne ou du Perche, nous apprend Cora Fortin, l'auteure qui fait référence chez les Fortin d'Amérique.

Le premier ancêtre, le premier arrivé, le plus intéressant aux yeux de la généalogie, c'est Julien Fortindit Bellefontaine. Selon Jean-Pierre Fortin, président de l'Association des Fortin d'Amérique, cet ancêtre représente, à lui seul, 90 % de la descendance sur le continent nord-américain. Il n'est pas exagéré de dire que c'est l'ancêtre que toutes les familles québécoises voudraient avoir.

Pourquoi le surnom de Bellefontaine ? Le généalogiste Gérard Lebel écrit dans Nos ancêtres que c'est probablement " parce qu'il a des économies " et sûrement parce qu'il n'est pas avare de son argent ni de son amitié. Julien Fortin sera un colon prospère et un géniteur prolifique.

Il est né en 1621 à Saint-Cosme-de-Vair, dans le Perche. Il est le fils d'un boucher portant le même prénom. Sa mère, Marie Lavie (ou La Vye), meurt alors qu'il n'a que sept ans. Son grand-père maternel, Gervais Lavie, est le propriétaire de la célèbre auberge du Cheval-Blanc. Cela aura une importance certaine pour la suite des choses.

Robert Giffard, médecin et propriétaire de la seigneurie de Beauport, recrute aussi des colons pour la Nouvelle-France lors de ses voyages dans la mère patrie. Il s'est arrêté au Cheval-Blanc en 1634. Julien a 13 ans. Il est tout ouïe.

Giffard parle de la colonie de Québec comme d'un jardin d'Éden. Un pays où coulent le lait et le miel. Les Iroquois et les Anglais font aussi couler le sang. Mais, ça, le seigneur de Beauport n'en parle pas.

Julien, comme d'autres camarades de cette région de France pourtant prospère, se met à rêver au Nouveau Monde. C'est ainsi qu'on le retrouve, en 1650, sur les quais du port de Dieppe. Il s'embarque pour Québec. Ses compagnons de voyage s'appellent, entre autres, Claude Bouchard, l'ancêtre le plus respecté des Bouchard d'Amérique, et Simon Lereau, l'ancêtre des L'Heureux.

Dès son arrivée au pays, il reçoit une concession de cinq arpents de front à Sainte-Anne-du-Petit-Cap, sur la Côte de Beaupré. Il la revendra moins de quatre ans plus tard à Robert Caron. C'est qu'il a d'autres ambitions et les moyens de ses ambitions.

En 1657, il devient seigneur en partie de Beaupré et de l'île d'Orléans. Pour ce faire, il achète, au prix de 200 livres tournois, le huitième de cette seigneurie. Le vendeur est Charles de Lauzon-Charny, lieutenant de la Nouvelle-France, fils de Jean et de Louise Giffard. Cinq ans plus tard, il revendra ses parts dans la seigneurie à Mgr de Laval, évêque de Québec, au prix de 750 livres tournois (Un demi million de dollars en argent d'aujourd'hui).

Auparavant, le colon prospère s'était fait concéder une terre de six arpents par une lieue et demie de profondeur au Cap-Tourmente, aujourd'hui Saint-Joachim. Ce territoire est encore appelé le Côteau-Fortin. Julien y élèvera sa famille et y demeurera jusqu'à sa mort.

Julien était déjà à l'aise à son arrivée en Nouvelle-France. Il le sera toute sa vie. Il est en mesure de prêter de l'argent, nous apprend Michel Langlois dans son Dictionnaire biographique des ancêtres québécois. Mais il ne sera jamais un usurier. Au contraire, sa générosité est relevée par tous les généalogistes.

Julien ne fait pas que de bonnes affaires. Il fait aussi des enfants à la douzaine : huit garçons et quatre filles. C'est qu'en 1652, il a épousé Geneviève Gamache, âgée de 17 ans. Ses parents, Nicolas Gamache et Jacqueline Cadot sont originaires de Saint-Illiers-la-Ville, évêché de Chartres, en Beauce. Le mariage est béni à Sainte-Anne-du-Petit-Cap.

Seulement huit des douze enfants de Julien et Geneviève auront une progéniture. Mais ils leur donneront plus de 70 petits-enfants.

Un miracle à sainte-Anne

Le père Lebel a toujours fait la part belle aux premiers colons qui avaient une dévotion particulière pour Sainte-Anne. Dans Nos ancêtres, il relate les circonstances d'un prodige accompli par l'intermédiaire de la bonne Sainte-Anne.

La miraculée est nulle autre que Barbe Fortin, la fille aînée de Julien et de Geneviève. Ce n'était pas le premier miracle et ce ne sera pas le dernier. La cathédrale de Sainte-Anne de Beaupré est là pour en témoigner.

Le curé Thomas Morel a consigné, en 1667, les miracles accomplis par l'intermédiaire de Sainte-Anne-du-Petit-Cap. Il avait noté le miracle qui nous occupe en 1666. Il écrit, dans le style de l'époque : " Barbe Fortin, fille de Julien Fortin belle fontaine habitant de Beaupré âgée de douze ans ou environ attaquée d'une pleurésie et en danger de mort, ayant esté recommandée à Ste Anne par ses pere et mere qui luy firent un voeu et une neuvaine recut aussytot parfaite guerison à la fin de la neuvaine. "

Julien Fortin n'avait pas volé la reconnaissance de Sainte-Anne. En 1660, jour de la Purification de Marie, il reçoit, avec un groupe de colons adultes, la confirmation des mains mêmes de Mgr de Laval. Il en profite pour faire don d'un petit bâtiment de 20 pieds carrés à la Fabrique de Château-Richer. Il promet en outre de remettre 50 livres aux ouvriers qui termineront le pignon du bâtiment.

L'année suivante, il aide financièrement certaines familles de la Côte de Beaupré, ruinées par les incursions des Iroquois. Il aura toute sa vie des largesses pour les églises de Sainte-Anne-du-Petit-Cap et de Château-Richer. Il en a les moyens. Il en a surtout le désir et la croyance dans l'avenir de la colonie. Plusieurs familles de colons dans le besoin lui devront de pouvoir garder leur ferme.

On ignore la date précise de la mort du premier ancêtre des Fortin d'Amérique. Sa dernière trace aura été d'agir comme parrain de sa petite-fille Marie, fille de Geneviève Fortin et de Noël Gagnon. Puis il disparaît des registres. Le dernier acte de sa vie a, selon toute vraisemblance, été détruit dans un incendie.

" La colonie vient de perdre un grand homme " écrit Gérard Lebel dans sa généalogie de la famille Fortin.

Geneviève Gamache continuera l'exploitation des biens de son défunt mari. Elle ira finir ses jours chez son fils Charles, à L'Islet, non loin du fief de son frère, Nicolas Gamache, dit Lamarre. Elle sera inhumée à l'Islet, le 5 novembre 1709.

Soulignons que Barbe, la petite " miraculée ", se mariera deux fois. Premier mariage avec un Gagnon de Château-Richer et, le second, avec un Lessard de Sainte-Anne-de-Beaupré.

Parmi les autres ancêtres Fortin, il faut signaler, pour d'autres raisons, la présence en Nouvelle-France de François, un chirurgien originaire de Dieppe. Il avait épousé à Québec en 1660 Marie Jolliet, la soeur de Louis Jolliet, l'explorateur du Mississippi et l'un des personnages les plus intéressants de son temps.

François Fortin devra retourner vivre en France pour des raisons de santé. Sa femme le suivra. Leur fille unique, Marie, sera confiée à Mgr de Laval qui en prendra soin comme de sa propre fille.

Revenue à Québec avec son protecteur, elle fera un beau mariage avec Louis Couillard de l'Espinay, fils de Louis Couillard et de Geneviève Després. De leur union naîtront onze enfants. Marie vivra à Montmagny et y sera enterrée.

Source: Grandes Familles du Québec, Louis-Guy Lemieux

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