Biographie Valois Narcisse
Dans le Bas-Canada d'alors, une élite canadienne-anglaise avait la main haute sur le gouvernement de l'état, sur la conduite des affaires. Face à des exactions de plus en plus nombreuses, Louis-Joseph Papineau, un avocat de 51 ans et député au parlement, prit la tête d'un mouvement de protestation pour signifier au pouvoir royal qu'il doit donner au peuple les pouvoirs pour participer au gouvernement.
Dès les premiers coups de fusil, Papineau gagna les États-Unis, laissant les autres chefs de ce mouvement patriotique se débrouiller du mieux qu'ils pouvaient. Cette insurrection fut de courte durée, il faut le dire.
Mais trois frères Valois y ont joué un rôle de premier plan.
- Narcisse Valois (1786-1859), fils aîné de Pierre Valois et grand-petit-fils de Jacques Levallois, fut un collaborateur de Papineau. Narcisse exploitait un commerce de tannerie à Vaudreuil, à l'ouest de Montréal. Cet ancien lieutenant de milice et juge de paix, faisait partie des notables en vue de la société canadienne-française. Chargé de monter une organisation de militants pro-Papineau dans le comté de Vaudreuil, Narcisse Valois seconda la résolution patriotique du 6 août 1837 qui allait provoquer cette insurrection armée que l'on connaîtra sous le nom des Troubles de 1837.
- Son frère, Joseph-Eustache Valois, (1796-1874), un cultivateur prospère de Vaudreuil, joignit, lui aussi, les rangs de la rébellion. Ses discours enflammés dans les assemblées en faveur de la résolution du 6 août 1837 très tôt attirèrent l'attention sur sa personne. Mais les supporteurs de Papineau réussirent à le cacher, le soustraire aux yeux des autorités le temps que les choses reviennent à la normale, au lendemain de la révolte avortée.
Mais, dès le début, les efforts de ces valeureux Canadiens-Français étaient voués à l'échec car, pour un, Papineau s'était, par ses visées radicales, ses idées anticléricales, aliéné la sympathie du clergé et de la population canadienne-française modérée qui préféra rester à l'écart du conflit.
Les premières émeutes furent rapidement maîtrisées. Et plus tard, dans une guerre d'escarmouches qui se déroula dans les villes et campagnes autour de Montréal, les patriotes furent défaits par les troupes anglaises régulières, aidées par la milice canadienne-anglaise.
Durant l'année 1837, il y a eu 4 batailles rangées au cours desquelles 124 patriotes perdirent la vie ainsi que 11 soldats ou miliciens anglais, y compris un traître québécois tué par ses anciens compagnons d'armes.
Narcisse Valois, arrêté le 19 décembre 1837, fut condamné à une amende de 1, 000 livres pour sa participation et emprisonné 5 mois. Valois, en dépit de ces avatars politiques, fut nommé capitaine de milice en 1845 et, un peu plus tard, occupa le poste de maire de Vaudreuil.
En tout et pour tout, on arrêta 500 patriotes durant les troubles de 1837. Deux cents furent relâchés dès le mois de janvier 1838. Une centaine d'autres en mai 1838, dont Narcisse Valois. Parmi les autres patriotes toujours emprisonnés, 8 qui étaient soupçonnés d'avoir commis des attentats et s'étaient reconnu coupables, furent exilés dans la colonie anglaise des Bermudes en juillet 1838 sans possibilité de retour au Canada sous peine de mort. Et le même jour, on accordait l'amnistie aux 153 derniers prisonniers.
En 1838, il y eut d'autres tentatives de soulèvement faites par les nationalistes Canadiens-Français. Mais toutes furent durement réprimées. Durant les soulèvements de 1838, 50 patriotes trouvèrent la mort au cours des six engagements contre les troupes britanniques et la milice Canadienne-Anglaise. Enfin, 750 autres Canadiens rendirent leurs armes.
Mais cette fois, le gouvernement canadien prit des sanctions rigoureuses contre 99 des prisonniers patriotes. Tous furent jugés par une cour martiale en décembre 1838: 12 parmi les meneurs furent pendus, 58 furent déportés dans les colonies pénitencières en Australie et 2 condamnés à l'exil à vie. Chose surprenante, les 27 derniers prisonniers furent libérés sous caution pour leur bonne conduite en captivité.
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Pierre Lalonde
2007, Montréal
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