Biographie Taschereau Jean-Thomas
TASCHEREAU, JEAN-THOMAS, officier de milice, avocat, professeur et juge, né le 12 décembre 1814 à Québec, fils de Jean-Thomas Taschereau* et de Marie Panet, et frère d’Elzéar-Alexandre Taschereau ; le 1er septembre 1840, il épousa à Kamouraska, Bas-Canada, Louise-Adèle Dionne, fille d’Amable Dionne*, et ils eurent cinq enfants, puis le 23 juin 1862, à Sillery, Bas-Canada, Marie-Joséphine Caron, fille de René-Édouard Caron*, et de ce mariage naquirent sept enfants ; décédé le 9 novembre 1893 dans sa ville natale.
Jean-Thomas Taschereau vécut son enfance au manoir seigneurial de Sainte-Marie. En 1823, il entra au petit séminaire de Québec, où il se distingua. Il entreprit son stage de clerc en droit en 1832 chez son cousin Joseph-André Taschereau*, puis le termina auprès de Henry Black*. Admis au barreau le 11 juillet 1836, il alla se perfectionner à Paris. Il revint l’année suivante, s’établit à Québec et y exerça sa profession durant près de 20 ans, tout en pratiquant occasionnellement à Sainte-Marie.
Le 3 septembre 1855, on nomma Taschereau juge suppléant à la Cour supérieure, nomination renouvelée en 1858 et 1860 ; le 5 juin de cette année-là, il devint conseiller de la reine. Entre 1863 et 1865, il fut souvent appelé à remplir les fonctions du juge en chef de la Cour supérieure, Edward Bowen*, âgé et malade. Taschereau siégea à la Cour de révision, créée en 1864. Le 7 août de l’année suivante, il succéda à Augustin-Norbert Morin* au poste de juge de la Cour supérieure, avant d’accéder à celui de juge de la Cour du banc de la reine le 11 février 1873. Cependant, c’est son accession au poste de juge à la Cour suprême du Canada, le 8 octobre 1875, qui couronna sa carrière. Sa santé chancelante l’obligea toutefois à prendre sa retraite le 6 octobre 1878.
Par ailleurs, l’université Laval avait engagé Taschereau à titre de professeur de droit commercial le 12 juin 1855. Tout comme ses collègues de la faculté, il reçut un doctorat honoris causa le 11 décembre suivant. Toutefois, ses fonctions judiciaires, qui l’obligeaient à s’absenter souvent de Québec, ainsi que sa faible santé, l’amenèrent à démissionner le 21 février 1857. L’université, qui éprouvait de la difficulté à le remplacer, l’invita quelques mois plus tard à occuper une chaire à la faculté de droit, mais il déclina cette offre. Dans une lettre adressée au recteur Louis-Jacques Casault* le 1er octobre, il révéla sa volonté d’entrer en politique.
En décembre 1857, Taschereau se présenta comme candidat conservateur dans la circonscription de Beauce à l’Assemblée législative de la province du Canada. Il trouva un adversaire de taille en la personne du député conservateur sortant Dunbar Ross*. Taschereau réussit à conserver une légère avance sur Ross jusqu’à l’entrée en lice d’un candidat libéral qui menaçait de remporter la victoire en tirant avantage d’un partage du vote conservateur. Taschereau et Ross, forts de leurs appuis respectifs, montrèrent beaucoup de réticence à se retirer de la course l’un en faveur de l’autre. D’un mutuel accord, ils s’en remirent à la décision de leur ami commun, Clovis-Joseph Roy, curé de Saint-Victor, qui favorisa le retrait de Ross. Celui-ci fit mine d’accepter, mais l’accueil plutôt froid qu’il reçut dans la circonscription de Mégantic, où il était également candidat, le fit revenir sur sa décision. Ses amis s’empressèrent de répandre de fausses rumeurs sur son retour et son avance dans la circonscription de Beauce. Taschereau fut contraint d’abandonner le 28 décembre suivant afin de maintenir l’avance des conservateurs. Par la voix du Courrier du Canada, il demanda même à ses partisans d’accorder leur confiance à Ross, mais non sans dénoncer sa conduite. Ross défendit sa position dans le Journal de Québec le 23 janvier 1858, et il remporta la victoire.
Vers 1850, Taschereau s’était lancé en affaires en s’associant à Siméon Gautron*, dit Larochelle, pour établir une manufacture de draps à Saint-Anselme, dont l’existence semble avoir été éphémère. Taschereau servit aussi dans le 3e bataillon de milice de la ville de Québec ; il devint enseigne le 26 avril 1834, lieutenant le 21 septembre 1839, puis capitaine en octobre 1845. Promu major du 2e bataillon de Lotbinière en décembre 1856, il se retira de la milice en janvier 1862 tout en conservant son grade. Taschereau fut membre de l’Institut canadien de Québec et l’un des fondateurs de la Société de géographie de Québec en 1878.
Jean-Thomas Taschereau mourut le 9 novembre 1893 à Québec. On chanta son service funèbre dans la basilique Notre-Dame quatre jours plus tard et un cortège imposant accompagna la dépouille au cimetière Belmont à Sainte-Foy. Selon l’Électeur, Taschereau était « un travailleur acharné, en même temps qu’un homme du monde des plus aimables [...] Gai, affable, accueillant, causeur des plus diserts. » Pour sa part, l’Événement rapporte que Taschereau « a[vait] toujours joui au plus haut degré de la confiance du barreau et du public, tant à cause de sa scrupuleuse intégrité et de son caractère de travailleur que pour la droiture invariable de ses décisions ».
Christine Veilleux
AC, Québec, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 13 nov. 1893.— ANQ-Q, CE1-1, 12 déc. 1814 ; CE1-58, 23 juin 1862 ; CE3-3, 1er sept. 1840 ; CN1-187, 21 juin 1862 ; CN1-188, 10 juill. 1832, 21 oct. 1834 ; P-238.— ASQ, Fichier des anciens ; PVU, no 39 ; Séminaire, 12, no 51 b ; Univ., 101, nos AM, AO.— Cadastres abrégés des seigneuries du district de Québec [...] (2 vol., Québec, 1863).— Le Courrier du Canada, 4, 27 janv. 1858.— L’Électeur, 11 nov. 1893.— L’Événement, 10 nov. 1893.— Le Journal de Québec, 30 déc. 1856, 5 mai 1857, 23 janv., 4 mai, 11 nov. 1858, 3 mai, 9 juin 1860, 21 janv. 1862, 4 août 1863, 14 août 1865.— Quebec Gazette, 26 avril 1834, 27 sept. 1839, 10 mars 1847, 2 mai 1851, 2 mai 1854, 3 mai 1855, 3 mai 1856.— CPC, 1877.— I.-J. Deslauriers, Juges de la Cour supérieure de 1849 à 1978 (s.l., 1978).— Le Jeune, Dictionnaire.— Liste des membres fondateurs de la Société de géographie de Québec (Québec, 1878).— P.-G. Roy, Inventaire des concessions en fief et seigneuries, fois et hommages et aveux et dénombrements, conservés aux Archives de la province de Québec (6 vol., Beauceville, Québec, 1927–1929) ; les Juges de la prov. de Québec.— A. W. P. Buchanan, The bench and bar of Lower Canada down to 1850 (Montréal, 1925).— Désilets, Hector-Louis Langevin.— Honorius Provost, Chaudière Kennebec ; grand chemin séculaire (Québec, 1974) ; Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce ; histoire religieuse (Québec, 1967).— P.-G. Roy, la Famille Taschereau (Lévis, Québec, 1901).
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