Biographie Viel Marie-Therese
Extraits de "Les Filles du Roi en Nouv.-France" de Silvio Dumas (p.346)
Marie-Thérèse Viel
A
son mariage en octobre 1671, Marie-Thérèse Viel apportait un don de 50
livres du roi et des biens estimés à 300 livres. Son père lui avait en
effet promis en juin 1671, au moment où elle s'embarquait pour la
Nouvelle-France une dot de 300 livres, si elle trouvait "un épouseur de
son choix et bien établi." Et elle épousa Étienne Boyer dit Fontaine,
Soldat, cie Lafouille - Carignan, Fils de feu Claude Boyer &
Sébastienne Raveneau, de Fontaine-Millon, évêché d'Angers
Après
la naissance de leur 3° enfant, Charles, Marie-Thérèse retourna en
France dans un but qui n'est pas connu. Allait-elle réclamer le
paiement de la dot promise par son père ou participer au règlement de
la succession de celui-ci? Quoi qu'il en soit, elle était à La Rochelle
en 1676, et y eut une aventure amoureuse qui faillit ruiner se vie
conjugale. Elle revint enceinte en Nouvelle-France à l'été de 1676, et
fut mal accueillie par son mari qui refusa d'abord de la recevoir. En
janvier 1677, elle donna naissance à une fille, Jeanne-Élisabeth, issue
d'un père inconnu et baptisée le 14 janvier 1677, à Québec.
Marie-Thérèse
Viel porta plainte à l'intendant Duchesneau et accusa Médard Chouart,
sieur des Groseilliers, d'être le père de l'enfant illégitime née
d'elle. L'intendant convoqua Chouart et lui demanda des explications au
sujet de la plainte portée contre lui. Nous savons que Chouart et
Radisson, firent un séjour d'un an en France en 1675. Ils revinrent en
Nouvelle-France, à l'allégeance française sur les conseils du père
Albanel, jésuite, à l'été de 1676. Médard Chouart admit qu'il avait eu
des relations avec Marie-Thérèse Viel, à La Rochelle, alors qu'elle
logeait chez un armurier; mais qu'elle avait vu d'autres hommes et
qu'il n'était pas le père de l'enfant dont elle avait accouché en
janvier 1677.
Étienne Boyer et sa femme, qui avaient décidé de
reprendre leur vie conjugale, présentèrent une requête à la Prévôté
"tendant à ce que le deffendeur (Chouart) soit condamné prendre et se
charger de l'enfant qu'il a faict à la demanderesse pour le faire
nourrir, eslever et entretenir, qu'il payera la somme de 150 livres
pour les frais de ses couches et 500 livres pour ses intérêts civils,
ensemble la pension que luy demandeur à payée pour sa femme depuis le
jour de son arrivée jusques après ses couches, qu'il la reprise sur les
prières qui luy ont esté faictes."
Le lieutenant général de la
Prévôté entendit la cause le 17 août 1677. Marie-Thérèse Viel raconta
en détail ses relations avec Médard Chouart, à la Rochelle. Elle avait
rencontré le défendeur à plusieurs reprises, à la demande de celui-ci,
chez une dame Clément où logeait Chouart, Radisson et sa femme. Elle
n'avait "point eu affaire à d'autres au dit temps qu'avec le dit
deffendeur; qu'elle estoit preste à faire serment sur sa part de
paradis que le dit deffendeur luy a faict l'enfant et qu'il la vue
plusieurs fois." Chouart nia toutes les affirmations de Marie-Thérèse
Viel. Il avoua qu'il l'avait vue "de loing dans la rue", à La Rochelle,
mais qu'il n'avait pas eu de relations avec elle. Quant aux
déclarations qu'il avait faites à l'intendant Duchesneau, il afficha à
ce sujet un défaut de mémoire utile en pareille occurrence.
Le
lieutenant général rendit sa sentence le 21 août 1677. Il condamna
Médard Chouart à payer 200 livres aux demandeurs. Mais il obligea
Étienne Boyer, qui avait "receu sa femme avec l'enfant dont elle était
chargée", à prendre soin de cette enfant.
Le couple Boyer reprit par la suite sa vie normale.
Chouart
et Radisson étaient de célèbres coureurs des bois qui allaient chercher
des fourrures dans les tribus indiennes, pour les ramener à Montréal et
les expédier en France. C'était d'ailleurs pour protéger le retour de
Chouart et Radisson, qui revenaient avec un convoi de pelleteries en
1660, que Dollard et ses 17 compagnons allèrent patrouiller la rivière
des Outaouais. Ils y rencontrèrent à Long-Sault, une armée de plus de
500 Iroquois qui se préparaient à venir attaquer Ville-Marie
(Montréal). Surpris et stupéfaits de la résistance opiniâtre des
Français, les Iroquois changèrent leur plan d'attaque massive de la
colonie. (p.26)
En Nouvelle-France, la femme est ordinairement
trop vindicative pour supporter l'injure et la médisance sans mot dire.
Au cours d'une chaude journée d'août 1699, Madeleine Bailly et Thérèse
Viel se croisent sur la route de Charlesbourg. Respectivement mariées à
Joseph Falardeau et à Étienne Boyer, les deux femmes se connaissaient
sans doute en France où elles habitaient le diocèse de Lisieux.
Madeleine a domicile à Sainte-Catherine de Honfleur tandis que Thérèse
Viel tient feu et lieu à Saint-Candre-de-Viel.
Les deux
normandes en ont gros sur le cœur. Non pas qu'elles éprouvent le besoin
de parler du pays de leur enfance, mais plutôt de vider une vieille
querelle. La chaleur aidant, les deux commères ont le verbe haut et le
bras alerte, si bien que leur chicane se termine devant l'officier de
justice de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, le jeudi du même mois.
Au
dire de Thérèse, la volage Madeleine joue trop facilement de la
prunelle. Blessée dans son honneur, Madeleine reconnaît « avoir par
emportement sur des invectives que luy a dit la demanderesse, déchiré
la coeffe de la demanderesse laquelle coeffe dans l’estat qu’elle est
là représentée, et reconnue par la demanderesse laquelle coiffe elle se
soumet d’en rendre une neuve en pareil taffetas ». Le tribunal condamne
la prévenue à rendre un pareil couvre-chef à la plaignante et enjoint «
aux partyes de ce méfaire ny médire l’une l’autre sur peinne de cent
solz d’amende. » Si les impétueuses Normandes peuvent lancer leurs
coiffes par-dessus les ailes du moulin, il leur est désormais défendu
par contre de les déchirer en pleine rue.
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