Biographie Morisset Didace
À Saint-Donat-de-Rimouski, les premiers conseillers....
et ce paragraphe qui est aussi dans la Monograhie de Saint-Donat et qui concerne particulièrement Didace: Lorsqu’il devient le premier maire de Saint-Donat (23 septembre 1869), le cultivateur Didace Morisset[35] (14 novembre ? 1822-23 avril 1902) est déjà marguiller depuis quelques mois (11 mars 1869)...[36] Maire 1859-77, 1880-82, 1884-1887 [35] Il signe Morisset, mais il est inscrit Morissette sur sa pierre tombale. [36] Didace Morisset est un édile de Sainte-Luce avant le démembrement. Mgr Jean Langevin déplore lors de sa visite des 8-9 et 10 juillet 1879 que « [d]es méchants ont tondu la queue du cheval de Sr Didace Morisset, qui devait conduire l’Évêque à Saint-Anaclet » [37] Archives de la municipalité de Saint-Donat, Délibérations des conseillers municipaux. Procès-verbaux 1869-1878. Consultées le 16 juin 2011. Les premiers conseillers municipaux sont élus à
l’unanimité le 20 septembre 1869. Il s’agit des sieurs Didace Morisset, Octave
Dechamplain, Ubalde Bouchard, Joseph Anctil dit St-Jean fils, Ignace Hallé
fils, Alexis Chasseur et Benjamin Thiboutot, tous cultivateurs puisque
Saint-Donat ne compte aucun membre des professions libérales. Le notaire
André-Elzéar Guay de Sainte-Luce agit à titre de secrétaire-trésorier. Comme la
municipalité n’a pas ses propres locaux, l’élection des membres du conseil et
la tenue des séances se font d’abord chez Ignace Fournier. Il ressort
clairement dans le livre des Délibérations du conseil que la
voirie est à cette époque l’une des seules responsabilités de ce palier de
gouvernement. Un inspecteur est nommé à cette fin pour chaque rang. Les avis
publics de la municipalité sont lus, quant à eux, à la porte de la chapelle
après la messe du dimanche[37].
Avec une vallée étroite pour centre, Saint-Donat
paraît plus petit qu’il ne l’est en réalité. Les collines Neigette font qu’on
s’y sent presque partout enclavé. Bornée au nord par Sainte-Luce, au nord-est
par Saint-Joseph-de-Lepage, au sud-est par Sainte-Angèle-de-Mérici, au sud par
Saint-Gabriel et à l’ouest par Saint-Anaclet-de-Lessard, la localité, de forme
irrégulière, couvre pourtant une superficie de 93,24 kilomètres carrés.
C’est-à-dire environ 11,5 kilomètres de front par huit kilomètres de
profondeur, soit l’équivalent d’un cinquième (20%) de l’île de Montréal. Le
relief « mamelonné et ondulé[38] » est parsemé de lacs et de
ruisseaux. Comme pour de nombreux autres lieux du Québec, les limites civiles
sont fixées à même celles de la paroisse canonique, ce qui en fait
officiellement une municipalité de paroisse. Les rangs simples 4-5-6-7 et le
nord du huitième appartiennent à l’ancienne seigneurie Lepage-et-Thibierge. Ils
occupent le quart de sa superficie totale. La paroisse-mère de Sainte-Luce,
peau de chagrin, ne conserve plus que les rangs 1-2 et 3 jouxtant le fleuve. À
l’ouest, Saint-Donat englobe une petite partie (moins de 10%) de la seigneurie
de Lessard (jadis dite de La Mollaie ou Lamolaye) et du canton de Neigette[39].
Ce découpage n’a guère changé depuis 1869[40]. Le vœu de Mgr Jean Langevin (1821-1892)
– premier évêque du diocèse de Rimouski en fonction de 1867 à 1891 – est que
les limites de notre paroisse demeurent ce qu’elles sont :
6 habitants du 5è Rang demandait (sic)
à être annexés à St-Joseph. Mais ce démembrement rapetisserait trop St-Donat.
L’Évêque leur conseille de forcer les commissaires à leur donner une école[41].
Un modeste village – que l’image d’Épinal présente
centré sur l’église et le cimetière – tarde à se former à partir des premiers
établissements sur le 6è rang au sud de la rivière Neigette.
Dans les années 1880, il se compose de quatre à six familles – une vingtaine de
personnes – auxquelles s’ajoutent le presbytère et la maison d’école[42].
Une communauté paisible sise au pied d’un des monts
Notre-Dame ? Les Rapports annuels des curés et les Cahiers
de visites épiscopales, conservés aux Archives de l’archidiocèse de
Rimouski, ne contiennent aucun détail croustillant sur les mœurs ou les
mentalités des Donatiens et des Donatiennes de cette période. Il y a bien Mgr
Langevin pour blâmer la tenue négligée des comptes de la fabrique sous deux
administrations différentes. Cependant, sur le fond des choses, il n’y a rien
de compromettant dans une vie rythmée par les saisons, la pratique religieuse
généralisée, le catéchisme bien enseigné, l’ivrognerie rare sous l’effet de la
prohibition reconduite par le conseil municipal à chaque année et le luxe
inconnu. L’alphabétisation progresse considérablement. Nous imaginons
facilement la force des liens de parenté, la rusticité des rapports sociaux.
Plutôt que de s’étendre sur le sujet, nous préférons rappeler que la sociologie
naît à cette époque. Vous trouverez chez les premiers sociologues des analyses
fines de la société « traditionnelle ». Les représentations qu’ils en
donnent s’appliquent, mutatis mutandis, à Saint-Donat.
Au recensement canadien du 2 avril 1871[43], les 819 colons sont alors tous nés dans
la province de Québec, liés de près à l’agriculture, propriétaire de leur
exploitation et de religion catholique. Nos gens habitent 117 maisons. Les
« énumérateurs » dénombrent 141 ménages. Au plan ethnique, 813
personnes (99,3%) s’identifient comme « Français » et six (0,7%)
comme « Anglais ». L’homogénéité de la population se reflète dans
l’étroitesse du bassin patronymique. Les fonctionnaires du nouveau Dominion y
recensent aussi passablement plus d’hommes que de femmes (428 contre 391), ce
qui est habituel en milieu rural[44]. Dans les champs, les principales
cultures sont par ordre d’importance mesurées en boisseaux : la pomme de
terre, le blé, l’orge et l’avoine.
La densité de population en 1871 est assez remarquable
pour une localité de l’intérieur. 1,6% des Bas-Laurentiens vivent alors ici soit,
toutes proportions gardées, trois fois plus qu’aujourd’hui. Il se peut que le
développement agricole de Saint-Donat atteigne déjà les limites offertes par
l’oekoumène. Les extrémités est et ouest du rang 4, quelques lots du canton de
Neigette sur le rang 6 ainsi que les rangs 7 et 8 à l’exception de la partie
est sont impropres à l’agriculture par suite de l’abondance de roches, de
rochers et… du Mont-Comi ![45]
L’étude du recensement de 1871 révèle, comme on peut
s’y attendre, la jeunesse de la population donatienne. La pyramide des âges est
large dans le bas, mince dans le haut ; c’est le cas des groupes à forte
natalité qui n’ont pas encore entrepris leur transition démographique. L’âge
médian se situe à aussi peu que 16 ans chez les femmes et 15 ans chez les
hommes. Cela rappelle la Nouvelle-France ! Il y a du côté des messieurs
deux classes presque creuses que nous nous n’expliquons pas : les 11-21
ans et les 41-51 ans. En tous cas, cette paroisse canadienne-française, rurale,
agricole, pauvre, entièrement catholique et soumise au régime sec a tout pour
satisfaire le curé qui en a charge d’âme.
Nous pouvons être fiers d’appartenir à une petite
nation qui figure parmi les plus anciennes à pratiquer la démocratie
parlementaire au monde. Formé avant la mal nommée Confédération, le Parti
conservateur – identifié à John A. Macdonald et à George-Étienne Cartier –
domine la scène politique du nouveau pays. La force des conservateurs
s’explique par le fait que ses chefs sont parvenus « à unir anglophones et
francophones, catholiques et protestants en une coalition binationale[46] ». Plus ultramontaine que jamais,
l’Église catholique – tout particulièrement Mgr Jean Langevin – se lance dans
la mêlée en exerçant, comme on dit à l’époque, une « influence spirituelle
indue » en faveur des « bleus » contre les « rouges »[47]. « Le haut clergé [est] très
favorable à la confédération [sic], se sachant maître des compétences léguées à
la nouvelle province, notamment l’éducation, outil de son autoperpétuation.[48] » Il se peut que Saint-Donat ne
fasse pas exception. Si pour l’élection de la Chambre locale – devenue
aujourd’hui l’Assemblée nationale – les conservateurs du comté de Rimouski ont
la voie libre, il n’en va pas tout à fait de même pour Ottawa à Saint-Donat. En
effet, le très influent marchand bicois Georges Sylvain – un des 25 députés sur
49 représentant un comté francophone au Parlement de l’Union qui approuve
l’acte confédéral le 10 mars 1865[49] – est coiffé au poteau chez nous par
son unique adversaire, l’avocat rimouskois Augustin Michaud, 16 voix contre 13
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