Biographie Paquet Norbert



Biographie Paquet Norbert

Norbert PÂQUET (1868-1955) et Emma OUELLET (1859-1934)

 

 

Norbert Pâquet naît à St-Ulric de la Rivière-Blanche, le 24 août 1868, du mariage d'Étienne Pâquet, dit Lavallée et de Philomène Charest.  Baptisé à Baie-des-Sables, le 30 du mois, il a pour parrain et marraine, son oncle Ferdinand Pâquet et sa tante Joséphine Soucy, épouse de Mathias (Melchior) Pâquet.

 

Norbert n'a pas encore cinq ans, lorsque sa mère décède, le 23 février 1873, et il n'a pas dix ans au deuxième mariage de son père.  C'est sa belle-mère, Delvina Ross, qui poursuivra son éducation et celle de ses cinq frères et sœurs.  Après le départ inattendu de son frère aîné pour les États-Unis, Norbert se retrouve l'aîné des garçons. 

 

Le 25 août 1887, au lendemain de ses 19 ans, il épouse Emma Ouellet, de neuf ans son aînée.  Le mariage est célébré à St-Ulric.  Fille de Joseph Ouellet et de Marie Dubé, Emma voyait le jour dans le «township de Matane», le 8 juillet 1859.  Baptisée le 10, à St-Jérôme de Matane, elle a pour marraine, Adèle Tardif et pour parrain, Léon Pâquet, oncle de Norbert.  Durant les quinze premières années de leur vie conjugale, le couple vit sur la ferme de l'aïeul Pâquet (Étienne).  Veuf depuis seize ans, Étienne doit hypothéquer sa terre pour voir à l'éducation des enfants nés du deuxième mariage.  Il est dans l'obligation de vendre tous ses biens.  Cette situation oblige Norbert et Emma à prendre une grande décision.  La famille quittera la terre natale pour la Vallée de la Matapédia.

 

C'est au mois de septembre 1902, que les Pâquet déménage à Amqui, jeune paroisse en développement.  Norbert achète d'Arsène Gendron les lots 45 et 46, situés dans le rang 6, canton Humqui, le 5 septembre 1902.  Le contrat portant le numéro 9083, est enregistré le 15 du mois, devant le notaire Léonidas Dionne.

 

Marthe, fille de Norbert, se souvient du déménagement. Son père, Norbert, ses frères, Alphonse, Étienne, Léo et Edmond partaient un peu avant le reste de la famille «avec le plus gros cheval atteler a la charrette charger d'un peu de tout ménage, nourriture etc.»  L'autre groupe, installé plus confortablement dans une voiture à deux sièges, est conduit par Pierre Caron, époux de Cécile Pâquet et cousine de Norbert.  Dans le premier siège avec le conducteur, prenaient place Marthe, âgée de trois ans et demi, Emma, enceinte de trois mois, tenant dans ses bras la petite Marie-Laure, âgée de 23 mois.  Dans le siège arrière, se trouvaient tante Pauline (Apolline Pâquet), demi sœur de Norbert, Aimé et Salomon, âgés de 6 et 5 ans.  Marthe ne dit pas si le grand-père Étienne était du voyage, mais chose certaine, il habita dans la maison de son fils Norbert jusqu'à sa mort.

 

Mis à part l'inconfort et la fatigue, le voyage se passe bien.  À l'arrivée, Emma est un peu découragée, la « maison à têtes » faite de pièces avait plutôt des allures de «campe» de bûcherons.  Elle n'avait rien à avoir avec la maison de Rivière-Blanche, plus grande et mieux aménagée.  Et que dire des autres bâtiments, la grange - étable si petite qu'elle ne peut abriter que quelques vaches, un cheval et la petite pouliche que Norbert affectionne particulièrement.  Cette petite maison construite au bout du rang, près de la rivière Humqui, abrite pendant quelques temps,  Norbert, Emma, leurs huit enfants, le grand-père Étienne et sa fille Pauline.  Celle-ci  partagera la demeure de Norbert jusqu'à son mariage avec Émile Ouellet, le 4 août 1903.  Fils de Louis Ouellet et de Marie Bouillon, Émile est le neveu d'Emma.

 

Le découragement ne semble pas le lot de Norbert et d'Emma.  Dès leur arrivée, ils envoient les plus jeunes à l'école et très vite, avec l'aide des plus vieux, ils se mettent à la tâche.  Le travail à faire est énorme, il faut d'abord faire reculer la forêt, d'essoucher et préparer la terre pour les semences, ce qui déjà n'est pas une mince tâche connaissant la nature rocailleuse de celle-ci.  Ils ont des projets à réaliser dans un avenir immédiat.  La construction de nouveaux bâtiments de ferme et d'une maison plus confortable, deviennent prioritaires.  Une partie du bois abattu servira à la construction de ces nouvelles bâtisses, l'autre partie, coupée en billots, sera déposée dans la rivière et vendue aux compagnies de bois de la région.

 

Le premier hiver passé à Amqui vient assez vite, et avec lui vient aussi l'épreuve.  Le 27 décembre, la petite Marie-Laure décède.  Selon Marthe, sa petite sœur «n'avait jamais été tout a fait normal, ne pouvant pas manger comme les autres enfants étant née avec un trou au palais».  Marie-Laure est la première Pâquet de la descendance de Norbert à reposer en terre matapédienne.  Pour Emma, l'année 1902, n'a pas été des plus heureuse,  et pourtant avec la naissance de son huitième garçon, né le 12 avril, elle s'annonçait bien.  Mais cette joie est tronquée, le petit Norbert décède six jours plus tard. 

 

Au printemps 1903, vient au monde la cadette de la famille Pâquet, «une belle grosse fille» que l'on baptise Marie-Claire, mieux connue sous le prénom de Clara.  La joie de cette naissance est grande pour la famille et surtout pour la petite Marthe.  Cette charmante petite sœur vient remplacer celle que Dieu avait rappeler à lui quelques mois auparavant.  C'est pour elle un cadeau du ciel, d'autant plus que son arrivée concorde, jour pour jour, à son quatrième anniversaire de naissance. (Selon son acte de baptême, Marthe est née le 1 mars et non le 2)

 

Ainsi la vie continue, les enfants vont à l'école du rang, des relations s'établissent avec le voisinage et après la construction de la grange - étable vient en 1908, celle de la belle grande maison que plusieurs se souviennent.  Elle sera la résidence de quelques générations suivantes.

 

                    

 

 

La forêt laisse de plus en plus de place à la culture, et la rivière Humqui qui coule à proximité a toujours son utilité, celle de la drave.  Utile elle l'est, mais avec huit garçons (plutôt six garçons puisque 2 sont décédés en bas-âge)  de plus en plus audacieux avec l'âge, elle devient aussi une menace.  Ceux-ci s'amusent à courir sur les billots flottants et un jour, ce qui devait arriver se produisit,  Salomon tombe dans l'eau profonde.  Heureusement pour lui, il est «sauvé des eaux» par ses frères plus vieux et plus robustes.  Cette mésaventure met un terme à ces escapades.  Les garçons s'en tirent tous avec une sérieuse réprimande et la défense de poursuivre ce jeu dangereux.  Et que dire encore de cette rivière lorsqu'elle sort de son lit au printemps…  Plusieurs ont en mémoire cette eau glacée qui, remplissant la cave, allait parfois jusqu'à toucher les soliveaux laissant une odeur d'humidité pour des semaines à venir.

 

Utile et menaçante, cette rivière devient également un obstacle.  À maintes reprises,  avant la construction d'une route et d'un pont couvert, Norbert doit traverser la rivière à dos de cheval pour se rendre à Amqui ou dans la paroisse plus au sud, St-Léon-le-Grand.

 

Les enfants grandissent, ils quittent tour à tour le nid familial pour fonder leur propre foyer.  Alphonse est le premier à partir.  Il épouse le 19 juillet 1910 à Ste-Angèle, Marie-Louise Lévesque.  Trois ans plus tard, c'est au tour d'Étienne à voler de ses propres ailes. Le choix de sa compagne s'arrête sur Rose Bélanger.  Le mariage a lieu à Val-Brillant le 16 juillet 1913.  Léo se mari à Amqui le 25 septembre 1917, avec Rose-Aimée Belzile. En 1921, Clara épouse Émile Lagacé de St-Léon-le-Grand et Aimé s'unit à Mathilde Michaud, nièce de sa belle-sœur, Marie-Louise Lévesque.  L'année suivante Marthe épouse Louis Lévesque de St-Gabriel.  Edmond sera le dernier à prendre épouse, son mariage avec Marthe Belzile, sœur de Rose-Aimée, a lieu à Amqui le 3 janvier 1923.  Le 6 octobre 1919, il devenait l’héritier de la ferme paternelle. (Extrait des minutes 8328, par Me Georges-Léonidas Dionne, notaire. Lots 44 et 45, rang 6, canton Humqui).  Quant à Salomon, il consacre sa vie comme missionnaire en Afrique chez les Oblats de Marie Immaculée.

 

                  

Arrière de g. à d.: Alphonse et Marie-Louise Lévesque, Étienne et Rose Bélanger, Léo et Rose-Aimée Belzile, Édmond et Marthe Belzile, Aimé et Mathilde Michaud.

Avant de g. à d.: Louis Lévesque et Marthe, Norbert Pâquet, Salomon, o.m.i., Emma Ouellet, Clara et Émile Lagacé. Photo prise vers 1926.

 

Norbert et Emma ont eu d'autres enfants qui, malgré leur départ hâtif, ont toujours gardé une place dans leur cœur.  Camil, troisième de la famille, voit le jour le 27 juin 1891.  L'histoire raconte que ce dernier se serait «chauffé les sangs» en allant porté le dîner de son père, en toute hâte, aux frontaux de la terre.  Camil décède le 3 juillet 1895, à l'âge de 4 ans.  Six jours après sa naissance, le 12 avril 1902, le petit Norbert décède à son tour.  Née avec une infirmité, Marie-Laure meurt le 27 décembre de la même année, à l'âge de 2 ans.

 

Que dire de notre aïeule Emma Ouellet, qui quitta ce monde trop tôt.  Plusieurs de ses petits-enfants n'ont pas eu le bonheur de la connaître.  Après une longue maladie, elle décède au mois d'octobre 1932, à l'âge de 73 ans.  Comme toute les mères, Emma voulait le meilleur pour ses enfants.  Dans une lettre adressée à ses parents, six jours avant de prononcer ses vœux perpétuels, le Père Salomon écrit en parlant à sa mère «Si je deviens oblat, si je deviens religieux, maman, c'est en grande partie grâce à vous.  C'est grâce à vos prières d'abord. … vous m'avez donné une âme d'Oblat»  Il raconte le souvenir d'une mère, lui faisant lire, lorsqu'il était jeune, la vie de saint François d'Assise, de saint Gérard Magella et de bien d'autres.  Emma était une femme pieuse et dévouée, une femme de cœur qui savait dire le bon mot d'encouragement «…vos sacrifices et vos prières, ma chère maman, je les ai là dans le cœur pour toujours.  J'aime à me rappeler aussi comment vous m'avez approuvé, encouragé et aidé quand le bon Dieu m'a demandé de quitter le séminaire pour venir ici.» (Ottawa)

 

Emma est issue d'une famille nombreuse, comme l'était la majorité des familles de l'époque.  Ses parents s'étaient mariés à Bic le 23 mars 1851, et dès novembre, naissait le premier enfant.  Emma est la cinquième d'une famille de douze.  Elle est la première à voir le jour dans la région de Matane.  Ces parents venaient de s'y installer.  À cet époque, St-Ulric n'est alors qu'un «township» et McNider (Baie-des-Sables), paroisse voisine, est érigé en 1860, un an après sa naissance.  Il faut attendre à l'automne de 1868, avant que St-Ulric de la Rivière-Blanche devienne une vraie paroisse avec ses propres registres. 

 

Après la mort d'Emma, dix années s'écoulent avant que Norbert convole en juste noce.  C'est à Mont-Joli le 5 août 1942, qu'il épouse Marie Plante.  Veuve de Pantaléon Desrosiers, elle est la fille de feu Thomas et de feue Marie-Thècle Bérubé.  Marie Plante décède à Amqui le 10 janvier 1951.  Elle est inhumée le 12, au même endroit.  Norbert la rejoint quatre ans plus tard, le jour de l'An 1955.  Il est inhumé le 4, à Amqui.

 

                           

                                Marie Plante, deuxième épouse de Norbert Pâquet 

 

 

Biographie tirée du livre « Norbert Pâquet et Emma Ouellet, d’Isaac à Norbert, de René à Emma », par Pierre Bérubé et Claire Gaudette

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