Biographie Roy Marie-Eva
Marie-Eva Roy, fille de Joseph "Désiré" Roy et de Josephine Bureau, naît le 6 mars 1899, à Saint-Vital-de-Lambton, comté de Frontenac. Elle passe son enfance entre la maison familiale et le couvent des Soeurs de la Charité où elle s'avère être une élève douée et au talent de pianiste hors pair. Dès sa sortie de l'école, elle est engagée comme institutrice dès l'âge de 17 ans, fonction qu'elle remplira avec tout l'amour qu'elle avait envers ses élèves jusqu'à son mariage, à l'âge de 19 ans, le 24 septembre 1918, avec Amédée Marceau, veuf et père d'un jeune garçon, Léandre. De cette union naîtra 14 enfants. Malgré ses grossesses successives, et un état de santé chancelant - elle était "prise du coeur" -, elle seconde et aide sans relâche son cher époux "Médée" au magasin général du village. Le dimanche, elle joue de l'orgue à l'église et lors de fêtes religieuses et/ou lors de célébrations de mariage. Suite à la vente du commerce, toute la famille déménage sur une ferme sis dans le rang "La Tournette", à Notre-Dame-de-La-Guadeloupe, comté de Frontenac. Marie-Eva, malgré une santé de plus en plus précaire, se dévoue sans relâche dans son rôle d'agricultrice et de mère au foyer. Mais, le 1er février 1953, son coeur flanche et elle est décède, à la suite d'un AVC. Elle laisse dans le deuil, seuls à la maison, son époux ainsi que trois jeunes enfants, Lise, Denis, Normand.
QUELQUES TÉMOIGNAGES DE 3 DE SES ENFANTS: Hercule, Laurette, Normand
Source: Albertine Roy (Soeur Saint-Clément-de-Rome, S.C.Q.). Désiré Roy (1858-1935) - Son ascendance au pays et sa descendance (1663-1943). Tirage manuscrit distribué aux membres de la famille Roy et Marceau le 15 août 1973, p. 34-36.
Hercule: " Étant l'aîné de la famille, je fus certainement privilégié d'avoir connu ma mère un peu plus longtemps que mes frères et soeurs. Un des premiers souvenirs de sa tendresse maternelle fut à cette messe de minuit où, venant d'avoir six ans, je faisais ma première communion; par toute cette attention et cette satisfaction qu'elle me témoignait, elle semblait déjà me considérer comme un petit adulte. Musicienne qu'elle était, j'en ai été marqué. Au piano, elle était merveilleuse, nous qui l'écoutions, nous en avions des frissons. Je me souviens, lors de certaines réunions, ma soeur Laurette et moi, étant trop jeunes pour veiller avec la parenté, couchés dans la chambre au dessus du salon, nous pleurions d'émotion; cette musique impressionnante venant de l'étage inférieur, semblait venir de l'au-delà: les airs et les pièces qu'elle jouait, c'était d'une façon si exceptionnelle ! Je suis fier, aujourd'hui de pouvoir jouer certains de ses morceaux favoris à ses petits-enfants, lesquels malheureusement, n'ont pas eu le bonheur de connaître leur grand-maman, de goûter à cette tendresse si particulière qu'elle savait prodiguer; se faire aimer de tous, était facile pour elle, elle avait un coeur d'or. En plus d'avoir été une mère superbe, sans défauts à nos yeux, se donnant corps et âme à l'éducation de ses treize enfants, ne démontrant jamais de fatigue physique et douée d'un moral incroyable, Marie-Eva Roy, notre mère fut une épouse sensationnelle. L'amour qu'elle prouvait à notre père Amédée, était réciproque; jamais nous n'avons été témoins d'une mésentente entre eux. Ils étaient d'une mutuelle compréhension. L'exemple de cette belle vie familiale oriente maintenant la nôtre; c'est notre héritage. Avec son grand coeur, elle a su créer en nous et entre nous, un esprit de famille inébranlable. Nous avions une mère adorable".
Laurette: " Pour rendre justice à la maman incomparable qu'était la nôtre, il me faudrait écrire un livre ! Chez nous, il y avait beaucoup de bonheur et une union si parfaite entre papa et maman que notre vie en a été imprégnée. Nos parents avaient une foi profonde et une grande confiance en Dieu. Ils ont eu leurs épreuves mais le courage ne leur a jamais manqué. Maman était une femme admirable, énergique et très bonne. Sa grande piété nous stimulait et nous faisait trouver la consolation et l'espérance dans la prière, et surtout dans la messe et la communion. Papa aussi savait nous donner l'exemple de la piété: quand il revenait de la messe, chaque matin, il était à genoux au pied de l'image du Sacré-Coeur. Maman était aussi très humaine. Elle était fière de ses 13 enfants: leurs succès la comblaient de joie et leur peine devenait la sienne. C'était toujours grande fête de nous voir arriver à la maison, avec nos petits...et nos grands. Femme très sensible, un rien lui faisait plaisir. Avec une force d'âme remarquable, elle savait s'oublier pour encourager ceux et celles qui avaient besoin de compréhension, de tendresse. D'une réserve extrême, elle ne se plaignait jamais. De ses peines, elle n'en parlait rarement: en Dieu était son réconfort. Je me rappelle avec émotion, lorsque nous étions jeunes, le dimanche après le souper, en attendant l'heure des Vêpres, maman, qui était musicienne, se mettait au piano, et là, avec papa, nous chantions... Quels doux souvenirs ! Elle a dû souffrir beaucoup en quittant Lambton, tant de liens l'y attachaient; mais son médecin lui ayant recommandée d'abandonner le magasin et les affaires; vu l'état de son coeur, elle a du y consentir. À St-Évariste, devenu notre nouveau domicile, nous n'étions pas riches d'argent mais riches d'amour ! Cet amour filial et fraternel qui unissait alors, nous l'avons conservé jalousement comme un bel héritage, légué par nos bons parents; héritage de haute valeur qui se consolide tous les ans, le jour de Noël, par nos réunions familiales traditionnelles".
Normand: " Arrêtons-nous un instant. Profitons de l'occasion qui nous est offerte pour relater quelques traits familiers de notre mère, Marie-Éva Roy. Les plus vieux d'entre nous se le rappellent bien, ayant vécu à ses côtés jusqu'à leur âge adulte. Mille souvenirs s'offrent à eux. Par contre le témoignage d'un plus jeune se restreint évidemment à une suite d'images animées qu'il a captées et rangées en une place de choix dans ses souvenirs d'enfance. Notre mémoire conservera à jamais le visage serein, sans rides, de cette femme qui approchait la cinquantaine. Cinquante ans, c'est jeune pour une femme alerte qui ne pense qu'à vivre. Ses cheveux sombres teintés de cendre nous incitaient au respect. Ils n'étaient pas longs et le dimanche elle savait les coiffer à la façon d'une marquise. Rappelons-nous ses yeux de couleur pers. Ils savaient si peu contenir une émotion provoquée par le mariage d'une de ses filles ou la guérison d'un fils malade. Ces mêmes yeux, pourtant, cachaient bien la douleur et la gravité de sa maladie et celle de son mari que l'on croyait d'une santé de fer. Un enfant réalise peu. Son univers se limite à ce qui l'entoure, ce qu'il entend. Elle aimait rire, d'un rire communicatif qui éclatait de bon coeur. Pas étonnant qu'un jour, au cours d'une visite au jardin zoologique, un perroquet s'était tellement plus à l'imiter. Sa voix n'était que douceur au moment de nous border. Toutefois, elle se transformait en un cri puissant et aigu pour annoncer l'heure des repas aux hommes travaillant dans les champs. Ce cri alertait même les voisins fermiers. Pourtant, il lui était si facile et naturel de donner à cette voix une telle harmonie que cela nous incitait à nous rassembler, après le souper, pour un tour de chant autour du piano. Cet instrument de musique était le sien. Il fallait la voir parcourir avec vigueur ce clavier pour en faire sortir un air de chez nous plein de rythme et de gaieté. N'avons-nous pas tous en tête, à cet instant même, une mélodie que l'on se plaît à fredonner lors de nos réunions familiales ? Son rôle d'économe l'amenait à fabriquer ou à modifier de nombreux vêtements pour des enfants qui n'en finissaient plus de grandir. Pour cela, elle s'installait pendant des heures devant la machine à coudre face à la fenêtre de la grande cuisine. Il fallait profiter de la lumière du jour surtout en temps d'hiver. À cette période de l'année, les longues soirées devenaient propices aux tricotage, la lueur de la lampe étant suffisante. Elle aimait se divertir. un soir était sacré: le samedi. Elle écoutait à la radio une joute de hockey qui se disputait entre les Canadiens et les Red Wings, ou peut-être les Maple Leafs...Ce sport la captivait. Sans jamais avoie eu la chance de les voir à l'oeuvre, elle imaginait la position des joueurs d'après ce qui avait enseigné un arbitre de chez nous. De concours avec notre père, Amédée, elle a su animer en nous cet esprit de famille qui persiste toujours. Cette animation remplie de tendresse reflétait un amour mutuel dont chacun d'entre nous pouvait être témoin. Les années ont passé mais de tels tableaux demeurent gravés à jamais. Nous sommes fiers de les présenter à nos enfants".
|