Biographie Taschereau Jean-Thomas
TASCHEREAU, JEAN-THOMAS, fonctionnaire, homme politique, avocat, homme d’affaires, officier de milice, seigneur, juge de paix et juge, né le 26 novembre 1778 à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce (Sainte-Marie, Québec), fils de Gabriel-Elzéar Taschereau* et de Marie-Louise-Élizabeth Bazin ; décédé le 14 juin 1832 à Québec.
Jean-Thomas Taschereau entra au petit séminaire de Québec en 1789. Son talent lui permit de sauter des classes allègrement. Aussi termina-t-il son cours en moins de six ans. En novembre 1799, son père qui exerçait alors la fonction de grand voyer du district de Québec le prit comme assistant. En même temps, Jean-Thomas étudia le droit auprès de Jonathan Sewell* ; il reçut sa commission d’avocat le 9 novembre 1801.
Taschereau avait été élu député de la circonscription de Dorchester à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada le 28 juillet 1800. Durant son premier mandat, il partagea ses votes entre le parti des bureaucrates et le parti canadien pour n’appuyer essentiellement que ce dernier au cours de son second mandat. Les manigances politiques du juge Pierre-Amable De Bonne* et de ses alliés dans le parti des bureaucrates expliquent en partie sa défaite aux élections de mai 1808. Le mois suivant, le gouverneur sir James Henry Craig* lui enleva son grade de capitaine de milice à cause de la part qu’il avait prise dans la fondation du journal le Canadien. Aux élections de 1809, Taschereau fut élu député des circonscriptions de Dorchester et de Leinster. Toutefois, un mois après l’ouverture de la session, Craig prorogea le Parlement. Taschereau continua sa lutte contre l’arbitraire du gouverneur dans le Canadien. Mais le numéro du 17 mars 1810 fut supprimé et les presses et les caractères saisis. Pierre-Stanislas Bédard, François Blanchet et Taschereau, de même que l’imprimeur Charles Lefrançois, furent arrêtés pour conduite séditieuse et emprisonnés. Taschereau protesta auprès du Conseil exécutif contre l’accusation vague de trahison et réclama un procès. Bien qu’emprisonné lors des élections tenues cette année-là, il fut mis sur les rangs comme candidat dans Dorchester, où il fut battu par John Caldwell*. Finalement, il fut relâché à la fin de juin sans avoir comparu devant les tribunaux.
La guerre avec les États-Unis fournit un dérivatif à la guerre des idées dans le Bas-Canada. Taschereau fut nommé major du bataillon de milice de Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce en avril 1812 et entreprit à ce titre la première partie de la campagne. Puis le 27 mars 1813, il remplaça Xavier-Roch Tarieu* de Lanaudière au poste d’adjudant général adjoint de la milice du Bas-Canada.
Les fonctions de Taschereau ne l’empêchèrent pas d’occuper la charge de juge de paix du district de Québec à partir de mai 1812, tout comme de briguer les suffrages dans la circonscription de Dorchester, où il fut élu en août 1812. À titre de député, il présenta en chambre une motion pour étudier les moyens d’établir des écoles dans les paroisses rurales. L’Assemblée se déclara favorable à l’octroi d’une somme n’excédant pas £60 afin de payer un instituteur dans chaque paroisse qui le demanderait, mais le projet échoua. Taschereau ne se désintéressa pas de l’éducation et, le 11 mars 1814, il devint commissaire pour l’érection d’une école royale à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce [V. Joseph-Antoine Philippon].
En juin 1815, Taschereau fut nommé commissaire du district de Québec, chargé de voir à l’exécution de la loi sur l’amélioration des communications intérieures dans la province. Quatre ans plus tard, il devint membre d’une commission composée de George Waters Allsopp*, de Michel-Louis Juchereau* Duchesnay et de Robert Christie*, qui devait enquêter sur les titres de propriété dans le district de Gaspé, régler le contentieux des terres et s’enquérir des besoins des habitants de la péninsule gaspésienne. Des séances furent tenues en 1819 et 1820 et, dans leur premier rapport, les commissaires suggérèrent d’encourager l’agriculture, de tracer des chemins et de favoriser l’aménagement du port de Gaspé. Ils visitèrent la Gaspésie en 1819, 1820 et 1823, et leur mandat expira en avril 1825.
Taschereau avait été nommé juge de paix du district de Gaspé le 15 juin 1819. L’année suivante, il fut défait aux élections dans Dorchester par un nouveau venu, l’avocat Louis Lagueux. Toutefois, il fut élu dans Gaspé. En 1821, il devint juge à la Cour des commissaires de Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce. Le 6 juin de la même année, il obtint pareil poste à la Cour des sessions générales de la paix de Québec. Quelques jours plus tard, sa commission de juge de paix pour le district de Québec fut renouvelée. De même, il obtiendra une telle commission pour les districts de Montréal et de Saint-François, en juillet et octobre de la même année ; il sera fait juge de paix du district de Gaspé en 1824 et de celui de Trois-Rivières en 1828.
Le 9 octobre 1821, Taschereau devint conseiller du roi. L’année suivante, il fut appelé à siéger au conseil d’administration de l’Institution royale pour l’avancement des sciences. En 1825, il obtint une commission d’audition et de jugement des causes criminelles. Deux ans plus tard, il remplaça son beau-frère, Olivier Perrault, au poste de juge à la Cour du banc du roi du district de Québec. Il occupa cette fonction jusqu’à sa nomination au Conseil législatif en mai 1828.
Taschereau avait préparé à son profit la division du domaine seigneurial paternel en commençant la construction d’une vaste gentilhommière et encouragé la mise sur pied de la petite industrie à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce. En 1808, il fit construire une distillerie, en société avec son frère Thomas-Pierre-Joseph. Au décès de son père, l’année suivante, il eut sa part de la succession. En 1813, il fit installer une potasserie, puis, l’année suivante, une tannerie et un moulin à scier. En 1820, Taschereau mit en chantier un moulin à farine à deux moulanges. Avec une briqueterie, déjà installée, Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce constituait un véritable centre industriel. Retenu à Québec par ses nombreuses fonctions, Taschereau confia la gestion de ses biens à Alexandre Miller à partir de 1814.
Jean-Thomas Taschereau contracta le choléra en assistant à l’inhumation d’un ami victime de l’épidémie à Québec. Il succomba le 14 juin 1832 et fut inhumé le jour même à ce dernier endroit. Le 19 mai 1806, il avait épousé à Québec Marie Panet, fille de Jean-Antoine Panet*. Ils avaient eu sept enfants dont six parvinrent à l’âge adulte : Marie-Louise et Élisabeth-Suzanne qui épousèrent respectivement Randolph Isham Routh* et Elzéar-Henri Juchereau* Duchesnay, Jean-Thomas*, Claire-Caroline, Elzéar-Alexandre* et Agnès. Mme Taschereau demeura à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce jusqu’à sa mort, survenue le 14 septembre 1866.
Honorius Provost
Jean-Thomas Taschereau est l’auteur de : Procédés d’un comité spécial, nommé mercredi, le 15e janvier, 1823, sur le bill pour mieux régler les pêches dans le district inférieur de Gaspé, avec une instruction de considérer, s’il n’est pas expédient d’étendre les dispositions du dit bill aux comtés de Cornwallis et Northumberland (Québec, 1823).
ANQ-Q, CE1-1, 19 mai 1806, 14 juin 1832 ; CN1-178, 19 août 1813 ; CN1-230, 24, 29 nov. 1810, 1er, 22 mars 1811 ; ZQ6-45, 26 nov. 1778.— ASQ, Fichier des anciens.— Doc. relatifs à l’hist. constitutionnelle, 1791–1818 (Doughty et McArthur), 427.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— Officers of British forces in Canada (Irving).— « Papiers d’État – B.-C. », APC Rapport, 1893 : 12, 19, 39.— Turcotte, le Conseil législatif, 103–105.— Provost, Sainte-Marie ; hist. civile ; Sainte-Marie ; hist. religieuse.— J.-E. Roy, Hist. deLauzon, 3 : 381–396 ; 5 : 254–260.— P.-G. Roy, la Famille Panet (Lévis, 1906) ; la Famille Taschereau (Lévis, 1901).
Source: Dictionnaire biographique du Canada en ligne
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