Biographie Baby James



Biographie Baby James

BABY, JAMES(baptisé Jacques), homme politique, fonctionnaire, juge, officier de milice et propriétaire foncier, né le 25 août 1763 à Detroit, fils de Jacques Baby*, dit Dupéront, et de Susanne Réaume (Rhéaume), dit La Croix ; en 1802, il épousa en secondes noces Elizabeth Abbott, et ils eurent cinq fils et une fille ; décédé le 19 février 1833 à York (Toronto).

      Fils aîné d’une famille prestigieuse de la région de Detroit, James Baby fit ses études dans la province de Québec sous la tutelle de son oncle François*. Il prit aussi des leçons d’escrime et suivit des cours de danse, deux activités considérées à l’époque comme une marque de distinction. Une fois ses études terminées, son père l’envoya faire un voyage en Europe, et c’est au cours de son séjour là-bas que Baby épousa une comédienne. Peu après son mariage, son père le rappela au pays et mit fin d’une façon efficace, sinon légale, à son union, en versant une pension à sa femme. Baby s’initia alors aux affaires de son père et amassa une grande fortune.

      La famille de Baby était bien connue depuis la Conquête pour sa loyauté à la couronne britannique. Après la division de la vieille province de Québec en deux régions politiques, en 1791, Baby devint l’un des plus importants fonctionnaires de l’ouest du Haut-Canada. Pour le récompenser de sa loyauté et pour que la communauté francophone de la région soit représentée, le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe* le nomma en 1792 au Conseil législatif et au Conseil exécutif, ainsi qu’au poste de lieutenant du comté de Kent. Selon l’arpenteur général David William Smith*, Baby devait son avancement à l’ascendant que son oncle exerçait vraisemblablement sur lord Dorchester [Caneton*] : « Les influences qui ont fait entrer aux conseils le jeune gentleman français ont aussi joué dans sa nomination au poste de lord-lieutenant du comté de Kent, et ces influences qui se faisaient sentir non seulement avant l’avènement du gouvernement, semblent avoir pris solidement racine au Québec où son importance, ses intérêts, ses biens et sa loyauté ont fait apparemment l’objet de tropes éloquents. » Baby fut aussi nommé au sein de la première Commission des héritiers et légataires et, en janvier 1799, il fut désigné avec Alexander Grant* et Thomas McKee* pour occuper temporairement la fonction de surintendant général adjoint des Affaires indiennes.

      Lorsque Baby accepta en 1793 le poste de juge de la Cour de surrogate du district de Western que lui offrait Simcoe, il écrivit : « La pensée que je puis être utile, particulièrement a nos pauvres Canadiens qui n’ont ici d’autre appui que moi, me porte à tout accepter, quelque soient mes répugnances. » L’année suivante, Baby et Richard G. England*, le commandant de Detroit, organisèrent la milice locale qui était composée pour une bonne part de Canadiens ; le rôle de Baby consistait surtout à s’assurer de la loyauté de ses compatriotes. En 1794, pendant la crise qui marqua les relations entre Indiens et Américains, Baby aida encore une fois England à rassembler la milice. Simcoe le loua pour son travail et lui confia le commandement du 1 st Kent Militia. Après la signature du traité Jay en novembre 1794, les Baby laissèrent des biens considérables dans la région de Detroit et allèrent s’établir à Sandwich (Windsor), où ils construisirent une résidence et un magasin.

      Baby améliora sa situation financière en acquérant un grand nombre de terrains dans diverses régions du Haut-Canada, que ce soit en vertu d’un droit ou encore à titre onéreux. Entre 1793 et 1800, il acheta des lots de ville à Sandwich, à Newark (Niagara-on-the-Lake) et à York ; on lui accorda également un lot de 200 acres à York pour qu’il y construise une maison digne d’un conseiller exécutif. En 1793, il obtint 3 000 acres au nom de son père, 1 200 acres pour sa mère et 1 200 acres pour chacun de ses frères ; toutes ces terres étaient situées dans le canton de Yarmouth. Les documents fonciers de 1805 montrent que Baby possédait dans le canton de Yarmouth 7 000 acres qu’il avait reçues à titre de cessionnaire des susmentionnés, 4 600 acres dans le canton de Dorchester (cantons de North Dorchester et de South Dorchester), 246 acres dans le canton de Harwich et 180 acres dans le canton de Malden. Le même registre révèle que bien qu’il ait eu droit à 6 000 acres en sa qualité de conseiller exécutif il n’en reçut que 5 300, étant donné la possibilité de conflits avec d’autres requérants. En outre, il réclama de petits lots dans les cantons d’Aldborough et de Sandwich (cantons de Sandwich South et de Sandwich West), ainsi que 1 500 acres dans le canton de Dunwich. Toutefois, dans ce dernier cas, il céda son titre de propriété en 1806.

      Lorsque la guerre de 1812 éclata, Baby conduisit la milice depuis Sandwich jusqu’à Amherstburg. Sa propre famille dut fuir quand l’armée américaine entra à Sandwich le 13 juillet, et sa maison fut alors pillée. Baby se trouvait avec les réguliers, les miliciens et les Indiens commandés par le major général Henry Procter à la désastreuse bataille de Moraviantown le 5 octobre 1813. Il fut fait prisonnier, mais on le libéra peu après. Il avait alors essuyé de grosses pertes. À eux seuls, les dommages causés à sa maison furent évalués à près de £600, dommages pour lesquels il ne reçut aucune indemnité. Cependant, la plus dure épreuve qu’il eut à subir au cours de ces années fut la perte de sa deuxième femme, qui mourut d’une fièvre épidémique à l’hiver de 1812–1813. Épuisé, malade, accablé de douleur et devant malgré tout s’occuper de jeunes enfants, Baby se retira à Québec vers la fin de 1813 afin de se reposer et de se faire soigner.

      Nommé inspecteur général des comptes publics en 1815, Baby alla s’établir à York où, avec ses cinq fils, il construisit une maison sur un domaine de 1 500 acres en friche. Il vaqua consciencieusement à ses occupations administratives et politiques, et ce n’est que rarement qu’il s’absenta des réunions du Conseil exécutif. Dans la capitale, il jouissait de l’amitié de John Strachan* (un de ses exécuteurs testamentaires), de John Beverley Robinson*, de George Herchmer Markland* et de Thomas Clark. Tout comme Baby, ces derniers appartenaient au groupe connu sous le nom de family compact. Le traditionalisme de Baby, plus particulièrement son catholicisme qui lui enseignait le respect de l’autorité, et son refus d’adopter les idées démocratiques des Américains faisaient de lui un membre naturel de ce groupe. En plus de s’acquitter de ses fonctions d’inspecteur général, Baby se chargea d’autres tâches. Ainsi il fut l’un des commissaires responsables des propriétés confisquées et chargés de disposer des biens de ceux qui, comme Abraham Markle, avaient trahi leur pays pendant la guerre. Plus important encore, il fut nommé arbitre du Haut-Canada au début de 1823 dans la querelle qui opposait cette province au Bas-Canada et qui avait pour objet le partage des revenus douaniers. Cette nomination le surprit et le flatta. « Je suis devenu un homme important, rien de moins que l’arbitre du Haut-Canada, écrivait-il à un ami. Que penses-tu de ça ? Un Canadien du Haut-Canada choisi pour régler des différends avec le Bas-Canada ! » L’arbitrage fut couronné de succès et mit fin à une période particulièrement difficile de l’histoire financière de la province. En 1827, Baby voyait son influence diminuer. Il comptait alors dans une large mesure sur les émoluments de sa charge pour subvenir aux besoins de sa famille. Selon l’historien John Charles Dent*, cet état de dépendance le compromit politiquement. Par exemple, en une occasion, Baby vota contre sa conscience et appuya le gouvernement lorsqu’il fut question de taxer les terres non défrichées.

      À York, Baby continuait de se livrer à la spéculation foncière. En 1830, avec dix autres personnes, dont son frère François*, il spécula sur des terres de la région du lac Saint-Clair, dans le district western ; il se heurta alors à une forte opposition de la part de Thomas Talbot*. Au début du xixe siècle, l’évasion fiscale était chose courante chez les spéculateurs, et Baby ne faisait pas exception à la règle. Il négligea de payer les taxes sur un bon nombre de ses propriétés, risquant ainsi de perdre plus de 9 000 acres de terre. Cependant, la loi permettait à ceux qui s’étaient arriérés de racheter leurs propriétés, ce que fit Baby. En plus de s’adonner à la spéculation foncière, il continua de recevoir des lots en récompense des services qu’il rendait au gouvernement. Ainsi son grade de lieutenant-colonel lui permit d’obtenir 1 200 acres, qu’il chercha à se procurer dans le canton de Vespra. Mais Baby mourut avant que cette transaction ne soit conclue et, 26 ans plus tard, son seul exécuteur testamentaire encore vivant, John Strachan, était toujours aux prises avec des problèmes juridiques.

      À une époque où le cumul de fonctions était pratique courante, James Baby fut le fonctionnaire par excellence. Entre 1792 et 1830, on lui accorda plus de 115 postes ou commissions d’importance diverse. Aimable et distingué, Baby était l’image même du gentleman. Rasé de près, beau, grand et bien proportionné, c’était un personnage imposant qui possédait, d’après son petit-fils, une « simplicité naturelle » et une « beauté morale ». Strachan fit son éloge en disant qu’il était « un chrétien sans artifice, affable et de belles manières, courtois dans ses paroles, digne dans son comportement, chaleureux envers ceux qu’il aimait, fidèle à ses amis, inébranlable dans ses principes et qu’il puisait dans la religion le mobile de tous ses actes ». Pilier de la communauté catholique, il joua un rôle de premier plan dans la construction de l’église St Paul, la première église catholique d’York. Dans ses temps libres, il aimait pêcher et jardiner. Une foule nombreuse assista à ses obsèques et, ce jour-là, les boutiques et les bureaux fermèrent leurs portes pour honorer sa mémoire. James Baby fut enterré au cimetière de l’église St Paul et, plus tard, il fut exhumé et transporté à Sandwich.

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