Biographie Adhemar Toussaint-Antoine
ADHÉMAR, dit Saint-Martin, TOUSSAINT-ANTOINE (souvent appelé Anthony Martin ou Adhémar ; il signait habituellement Adhemar St Martin), trafiquant de fourrures et fonctionnaire, né le 9 septembre 1740 à Montréal, dernier des trois enfants de Jean-Baptiste Adhémar* et de Catherine Moreau, et frère de Jean-Baptiste-Amable* ; décédé le 22 novembre 1804 à Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan).
Toussaint-Antoine Adhémar, dit Saint-Martin, qui était fils et petit-fils de notaires royaux, étudia peut-être la chirurgie. Le 17 octobre 1768, à Montréal, il épousa Geneviève Blondeau ; peu après le mariage, lui et sa femme allèrent s’installer à Detroit, où Adhémar se lança dans la traite des fourrures. Pendant une trentaine d’années, il trafiqua et voyagea beaucoup dans tout l’arrière-pays au sud et à l’ouest des lacs Supérieur, Michigan et Huron, mais ses entreprises de traite ne rapportèrent pas, en général, et il s’endetta considérablement. En 1775, il fut la « principale victime » des forces britanniques, quand celles-ci détruisirent une cargaison de marchandises de traite provenant du Chippewa, échoué à Presque Isle, en Pennsylvanie, pour l’empêcher de tomber aux mains des Américains. Dans une pétition, Adhémar demanda une compensation pour les £400 qu’il avait perdues, lesquelles étaient « d’une grande conséquence » pour lui, puisqu’il était « chargé d’une famille nombreuse » et accablé de grosses dettes. À l’appui de sa requête, Henry Hamilton*, lieutenant-gouverneur à Detroit, écrivit au gouverneur Haldimand que, « pendant que les trafiquants de chaque côté s’enrichis s[aient] » aux frais du gouvernement, Adhémar avait souvent ravitaillé les magasins militaires à des prix inférieurs à ceux du marché.
De semblables pratiques n’allégèrent pas les dettes croissantes d’Adhémar, mais elles rehaussèrent sa réputation auprès des autorités britanniques. En 1778, il fut nommé commissaire du contingent d’Indiens et de miliciens qui accompagnèrent Hamilton dans sa marche sur Vincennes (Indiana). Le 5 mars 1779, ignorant que Hamilton s’était rendu au colonel George Rogers Clark, Adhémar fut fait prisonnier pendant qu’il traversait des ravitaillements et des renforts à Vincennes. Quelques jours plus tard, il fut relâché avec les autres miliciens de Detroit, après qu’ils eurent fait serment de rester neutres. Adhémar n’en demeura pas moins fidèle à la couronne : en 1780, à l’occasion de son raid manqué sur Detroit, Augustin Mottin de La Balme parlait d’Adhémar comme d’« un homme dangereux » et profondément dévoué à la cause britannique.
Après la guerre, Adhémar se joignit à la Miamis Company, petite association de marchands de Detroit nouvellement fondée. En 1786, il fut envoyé, à titre de représentant de cette compagnie, à Miamis Towns (Fort Wayne, Indiana), où se trouvaient plusieurs villages indiens, sur le portage entre les rivières des Miamis (rivière Maumee) et Wabash. Le sort, toutefois, continuait d’accabler Adhémar. En septembre 1787, il céda sa maison de Detroit à William Macomb en remboursement de dettes ; de plus, il engagea ses biens personnels et transféra ses créances à John Askin. Adhémar ne se libéra entièrement de ses obligations envers Askin qu’en 1802.
Quelques-uns des problèmes d’Adhémar ne lui étaient pas exclusifs. Au cours des années 1780, la maîtrise britannique de la traite des fourrures, au sud des lacs Supérieur, Michigan et Huron, était menacée par l’expansion de la frontière américaine. Bien que les Britanniques eussent accepté, dans le traité de paix de 1783, de retirer leurs troupes de la région, celles-ci restèrent en possession des forts de l’Ouest et encouragèrent les efforts politiques et diplomatiques des Indiens contre les empiétements des Américains sur leurs terres [V. Thayendanegea]. La guerre qui en résulta se concentra sur le portage stratégique entre les rivières des Miamis et Wabash, alors que les Américains tentaient de chasser les trafiquants britanniques et de rompre la ligue indienne. Si les attaques menées par le général de brigade Josiah Harmar, à l’automne de 1790, et par le major général Arthur St Clair, l’année suivante, furent repoussées par les forces de la ligue aux ordres de Little Turtle [Michikinakoua], les entrepôts des trafiquants et les villages indiens subirent des dommages considérables. Ces attaques, jointes à la disparition de la Miamis Company en 1789, ramenèrent Adhémar à Detroit.
L’échec d’Adhémar en affaires contrastait vivement avec sa carrière de fonctionnaire. Resté dans la milice avec le grade de lieutenant, il fut nommé juge de paix à Detroit en 1788, mais il dut démissionner pas la suite, les marchands locaux ayant protesté contre la nomination d’un marchand à cette charge. En 1789, il fut nommé au conseil des terres du district de Hesse. Adhémar assista aux réunions jusqu’en mars 1791, bien que par la suite il fût mentionné pendant plusieurs années comme membre de ce conseil.
En 1792 au plus tard, Toussaint-Antoine Adhémar, dit Saint-Martin, était allé s’établir à Michillimakinac, où il fut juge de paix et notaire, (l’ancien notaire Jean-Louis Besnard*, dit Carignant, étant mort subitement en 1791). De ses huit enfants, trois at moins se lancèrent en affaires à Michillimakinac. Adhémar y resta après l’évacuation britannique de 1796 ; cette année-là, le gouverneur américain intérimaire, Winthrop Sargent, le nomma juge de paix e notaire. Il conserva ces charges jusqu’à sa mort et 1804.
David R. Farrell
ANQ-M, CE1–51, 10 sept. 1740, 17 oct. 1768.— « Board of land office, District of Hesse », AO Report, 1905 : 1–268.— Henry Hay, « A narrative of life on the old frontier : Henry Hay’s journal from Detroit to the [Miami] River », M. M. Quaife, édit., Wis., State Hist. Soc., Proc. (Madison), 1914 : 208–261.— Henry Hamilton and George Rogers Clark in the American revolution, with the unpublished journal of Lieut. Gov. Henry Hamilton, J. D. Barnhart, édit. (Crawfordsville, Ind., 1951).— John Askin paper. (Quaife).— Mich. Pioneer Coll., 9 (1886) : 467, 494, 505 ; 19 (1891) : 319, 586.— Wis., State Hist. Soc., Coll., 14 (1898) : 20 ; 19 (1910) : 98, 159.— H. P. Beers, The French & British in the old northwest : a bibliographical guide to archive and manuscript sources (Detroit, 1964).— The city of Detroit, Michigan, 1701–1922, C. M. Burton et al., édit (5 vol., Detroit et Chicago, 1922).— Christian Denissen Genealogy of the French families of the Detroit River region 1701–1911, H. F. Powell, édit. (2 vol., Detroit, 1976).— Neatby, Quebec.— W. W. Potter, « The Michigan judiciary », Mich. Hist. Magazine (Lansing), 27 (1943) : 418–433.
Source: Dictionnaire biographique du Canada en ligne
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