Biographie Baillarge Georges-Frederic



Biographie Baillarge Georges-Frederic

BAILLAIRGÉ, GEORGE-FRÉDÉRIC-THÉOPHILE, fonctionnaire, arpenteur, ingénieur et auteur, né le 16 octobre 1824 à Québec, fils aîné de Pierre-Théophile-Ferdinand Baillairgé, imprimeur, et de Charlotte Janvrin Horsley ; le 23 août 1852, il épousa aux Cèdres, Bas-Canada, Charlotte-Rachel Giroux, et ils eurent cinq fils et cinq filles, puis le 10 octobre 1893 à Saint-Germain-de-Rimouski (Rimouski, Québec), Marie-Ursule Côté, veuve de Rodolphe-Cyprien Tanguay, et enfin le 6 février 1896, à Québec, Marie-Geneviève-Alphonsine Lefrançois, avec qui il eut deux fils ; décédé le 7 décembre 1909 à Joliette, Québec.

         Né dans une famille aisée et distinguée, George-Frédéric-Théophile Baillairgé (que ses proches appelaient Frédéric) grandit au sein de la bourgeoisie québécoise du début de l’époque victorienne. Parfaitement bilingue (sa mère n’apprit jamais le français), il appartenait d’emblée à l’élite de Québec. Après trois ans dans une école privée, des études au petit séminaire et un an de stage dans un cabinet d’avocat, il accepta, en septembre 1844, un poste de dessinateur adjoint auprès de Frederick Preston Rubidge* au bureau des Travaux publics de la province du Canada. C’est ainsi que commença sa longue carrière – plus de 46 ans – dans les travaux publics. Le 17 février 1847, il fut nommé arpenteur des terres de la province et, cinq jours plus tard, assuma d’autres fonctions départementales à titre de traducteur. En collaboration avec James Stewart, il rédigea, pour le rapport publié en 1849 par les commissaires des Travaux publics, des descriptions complètes des ouvrages « construits ou restaurés » depuis l’Union de 1841. Tout aussi exhaustif était le compte rendu historique et financier qu’il intégra en 1867 au rapport du nouveau département fédéral des Travaux publics. Ce même compte rendu, mis à jour et enrichi par lui, devint ensuite un long supplément au rapport de 1882. Ces compilations minutieuses – la version de 1882, dit-on, lui demanda toute une année de travail – constituent en quelque sorte une histoire des travaux publics exécutés au Canada au xixe siècle.

         Dans les années 1850 et 1860, Baillairgé planifia et construisit un nombre incroyable d’ouvrages publics, dont des glissoires à bois, des estacades, des canaux et des routes. Son travail le mena d’un bout à l’autre de l’Amérique du Nord britannique : à Terre-Neuve, où il érigea des phares dans les années 1860, dans le bas Saint-Laurent, dans tout le Bas-Canada, dans le bassin hydrographique de la rivière des Outaouais et de la rivière Trent, et enfin, aussi loin à l’ouest que le fort Frances (Fort Frances, Ontario) et le lac à la Pluie. Par ailleurs, il poursuivait une activité modeste d’arpenteur à titre privé et sa signature sur les devis de plusieurs bâtiments conçus dans les années 1850 par son frère, Charles, laisse entrevoir qu’il l’aidait dans son travail d’architecte. Le 5 juillet 1871, il succéda à Rubidge au poste d’ingénieur adjoint en chef du département des Travaux publics.

         À la suite de cette promotion, ses responsabilités s’accrurent. En 1871–1872, il arpenta le tracé du canal de la baie Verte, qui devait traverser l’isthme Chignecto. L’ouvrage posait des problèmes techniques inédits, et ses plans furent l’objet de critiques de la part de deux ingénieurs réputés, Casimir Stanislaus Gzowski* et Samuel Keefer*. L’ingénieur en chef du département, John Page, conclut cependant que ses plans comme ses estimations étaient corrects, mais le canal ne fut jamais creusé.

         Baillairgé passa le reste des années 1870 à superviser l’expansion du réseau des canaux de la province de Québec, et notamment les vastes travaux d’élargissement du canal de Lachine. En janvier 1879, on le rappela de Montréal à Ottawa, où d’importants changements administratifs étaient en cours. Comme les responsabilités du secteur des travaux publics s’élargissaient sans cesse, on avait fini par scinder le département. En mai, le gouvernement créa le département des Chemins de fer et Canaux, où passèrent la plupart des hauts fonctionnaires des Travaux publics, dont Page et le sous-ministre Toussaint Trudeau*. En dépit de sa longue expérience des canaux, ce fut au département des Travaux publics que Baillairgé obtint de l’avancement : le 4 octobre, il fut promu sous-ministre, sous Hector-Louis Langevin.

         Baillairgé dirigea les affaires du département pendant plus d’une décennie, en pleine période de transition ; d’abord orienté principalement vers les grands travaux liés au transport, le département se consacra de plus en plus à la construction d’édifices publics [V. Thomas Fuller* ; Thomas Seaton Scott*], à l’installation du service télégraphique [V. Frederic Newton Gisborne*] et à l’aménagement de voies navigables autres que les canaux. Les archives départementales montrent que Baillairgé était un sous-ministre prudent, travailleur et méticuleux qui avait l’habitude de dire son mot même sur les plus infimes détails administratifs. Dans ses dernières années de service, il organisa lui-même la collection départementale de plans et devis. Il ne négligeait pas pour autant sa réputation d’ingénieur ; il appartint un an, en 1889–1890, au conseil de la Société canadienne des ingénieurs civils. Il quitta la fonction publique le 31 décembre 1890.

         Une fois à la retraite, Baillairgé demeura aussi infatigable qu’auparavant. Il compila un dictionnaire technique pour les ingénieurs civils (resté inédit). Il rédigea, en puisant dans sa grande connaissance du pays, plusieurs ouvrages généraux sur le Canada. En outre, il produisit 7 des 11 volumes de généalogie de sa famille qu’il avait formé le projet d’éditer. Ces dernières productions semblent fidèles à la réalité, à une singulière exception près : pour masquer, présume-t-on, le fait qu’il avait été conçu hors mariage, il indiqua que ses parents s’étaient mariés en mai 1823 et non en mai 1824. Lui-même se maria pour la troisième fois à un âge avancé ; sa femme avait environ la moitié de son âge et il avait 73 ans quand naquit le premier des enfants issus de ce mariage. Un héritage de 75 000 $ provenant de son oncle Louis de Gonzague Baillairgé* l’aida à se réinstaller à Québec, dans une belle villa de la Grande Allée, et à tenir son rang dans la bonne société québécoise. Il mourut chez son fils aîné à Joliette en décembre 1909.

         Lorsque George-Frédéric-Théophile Baillairgé mourut, on loua en lui « un type de gentilhomme canadien-français de la vieille école », et « un homme fort aimable en société et très estimé de tous ». À l’encontre de la tradition historiographique qui a présenté la fonction publique du xixe siècle comme un foyer de favoritisme et suggéré, par le fait même, que le talent y était une exigence accessoire, sa carrière montre que le gouvernement exigeait de vastes compétences techniques de la part des fonctionnaires. Sa vie nous rappelle que les ouvrages publics qui ont formé la base de la prospérité économique si recherchée pendant cette période exigèrent, outre l’apport proverbial de fonds publics et privés, le savoir-faire de tout un éventail de spécialistes formés sur le tas.

Dana Johnson

Selon l’ouvrage de Réjean Olivier, Vie de l’abbé Frédéric-Alexandre Baillairgé, notre polygraphe québécois, 1854–1928, suivi de notes bio-bibliographiques et généalogiques sur Georges-Frédéric Baillairgé, 1824–1909 [...] (2e éd., Joliette, Québec, 1980), G.-F.-T. Baillairgé a légué ses papiers aux fils de son troisième mariage, Charles-Georges et Pierre. Comme ils étaient mineurs, c’est le fils aîné et exécuteur testamentaire de Baillairgé, Frédéric-Alexandre, qui a pris possession des papiers. Il a tenté de les vendre en 1924 à Pierre-Georges Roy*. L’offre de ce dernier d’acheter 79 volumes de notes historiques et généalogiques, 194 plans, et 1 473 cartes pour 1 000 $ a été refusée apparemment, et il semble que la collection ait disparu.

         Les sept volumes généalogiques de Baillairgé (appelés fascicules nos 1–6 et 11) ont tous été publiés entre 1891 et 1894 à Joliette par l’imprimerie de Frédéric-Alexandre : les cinq premiers sous le titre de Notices biographiques [...] (1891) ; le fascicule no 6 sous celui de Esquisses biographiques [...] (1893) ; et le no 11 sous le titre de Généalogie et Notes historiques, etc., famille Baillairgé [...] (1894). Ses autres œuvres publiées : Nouvelle constitution du Canada (Ottawa, 1867) ; Tables donnant l’étendue et le progrès de divers travaux publics [...] ([Ottawa ?, 1886]) ; le Détroit et la Baie d’Hudson (Joliette, 1888) ; Diocèses catholiques au Canada : tableau statistique (Ottawa, 1889) ; Canada et Terre-Neuve : chronologie [...] statistiques ecclésiastiques, 1508 à 1891 ([Ottawa ?, 1891 ?]) ; et le Canada de l’Atlantique au Pacifique et à la mer polaire : expéditions arctiques et voyages de découverte au nord, etc. ([Ottawa, 1891]).

         Les études faites par Baillairgé sur des travaux publics figurent dans Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1849, app. BB ; Canada, Parl., Doc. de la session, 1867–1868, no 8, particulièrement app. 17, 19–20, 23, 70 ; 1883, no 10a. Baillairgé a aussi compilé en 1891 Répertoire alphabétique des ingénieurs et surintendants et des principaux travaux publics du Canada dont ils ont faits l’étude, le tracé, ou dirigé depuis leur commencement en 1779 jusqu’à nos jours ([Ottawa, 1891]) qui a paru sous forme de brochure et dans Canada, Parl., Doc. de la session, 1891, no 9, app. 19–21. Ce document précieux énumère les travaux réalisés par Baillairgé à titre d’ingénieur public.

         AC, Joliette, État civil, Catholiques, Saint-Charles-Borromée (Joliette), 10 déc. 1909 ; Rimouski, État civil, Catholiques, Saint-Germain (Rimouski), 10 oct. 1893.— AN, MG 30, C49, 9 ; RG 2, P.C. 1185, 5 juill. 1871 ; P.C. 1387, 4 oct. 1879 ; P.C. 2782, 2825–2825, 17 déc. 1890 ; RG 11.— ANQ-M, CE1-41, 23 août 1852.— ANQ-Q, CE1-1, 24 oct. 1824, 6 févr. 1896.— L’Étoile du Nord, 16 déc. 1909.— Annuaire, Montréal, 1870–1880.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1874, no 2.— CPG, 1889.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), Il— D. [R.] Owram, Building for Canadians : a history of the Department of Public Works, 1840–1960 ([Ottawa], 1979).

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