Biographie Mailhot Elisee-Edouard
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Malhiot (ou Mailhot), Édouard-Élisée (Saint-Pierre-les-Becquets, comté de Nicolet, Québec 11 septembre 1812 - Assumption, Illinois, États-Unis, 11 août 1875 )
Édouard-Élisée Nicolas Talentin Malhiot est le fils de Michel-Reuben Malhiot et de Marie-Louise Demers-Dumais. On dit de lui que c'est un homme brave, hardi et bien charpenté (Roy,1988 :19). Concernant son statut professionnel, Roby et Bernard indiquent que Malhiot est étudiant en droit à Montréal (Roby, 1991 :540; Bernard, 1983 :291), alors que Fortin affirme qu'il est médecin à Boucherville (Fortin, 1988 :191) lors des troubles de 1837-1838.
Après avoir passé ses vingt premières années à Saint-Pierre-les-Becquets, Édouard-Élisée Malhiot quitte son domicile et se rend à Montréal afin d'y entreprendre des études en droit. Dès son arrivée à Montréal en 1834 il est séduit par la cause patriote et devient l'un de ses ardents défenseurs. Le 5 mai 1834, Michel Mailhot, le père d'Édouard-Élisée, est nommé sur un comité à Ste-Croix dans le comté de Lotbinière (PATRIOTES, 2000). Le 5 décembre 1834, Édouard-Élisée est présent lors d'une réunion du Comité de correspondance de Montréal (PATRIOTES, 2000). Le 5 septembre 1837, il participe à une assemblée à l'Hotel Nelson, sur la place Jacques-Cartier à Montréal, durant laquelle : " Sept ou huit cents jeunes gens de Montréal jettent les bases d'une société politique [...] sous le nom de Fils de la Liberté " (Bernard, 1983 :100). Ami de Ludger Duvernay, ardent partisan de Louis-Joseph Papineau et membre actif des Fils de la Liberté, il était de toutes les assemblées, de toutes les manifestations qui, d'avril à novembre 1837, se multiplièrent à Montréal (Roby, 1991 :540). Le 6 novembre 1837, Édouard-Élisée est impliqué dans une bagarre qui oppose les Fils de la Liberté aux membres du Doric Club. À partir de cet incident, il se dévoue entièrement à la cause patriote.
Suite à la bataille de Saint-Charles, le 25 novembre 1837, Malhiot rassemble plus d'un millier d'hommes à Saint-Mathias (Pointe-Olivier) dans le comté de Rouville. Le commandant des rebelles prépare une embuscade afin de bloquer le passage à l'armée britannique revenant de Saint-Charles. Le 28 novembre 1837, après une brève escarmouche entre les troupes du lieutenant-colonel Wetherall et celles de Malhiot, les rebelles s'avouent vaincus et prennent la fuite. Édouard-Élisée ainsi que plusieurs de ses compagnons d'armes se replient sur Sainte-Marie pour y prendre une livraison d'une grande quantité d'armes en provenance des États-Unis. Puis, ils se réfugient à Swanton dans l'État du Vermont. De là, ils préparent de nouvelles stratégies d'attaque et projettent d'aller rejoindre leurs compatriotes se trouvant à Saint-Eustache.
Le 6 décembre 1837, le colonel Malhiot, avec sous ses ordres près de 80 hommes, traverse la frontière à la hauteur de Philipsburg, dans le comté de Missisquoi. À Moore's Corner, ils sont surpris par un groupe de : " 300 Volontaires commandés par le capitaine Kempt " (Fortin, 1988 : 43). Durant l'escarmouche, qui ne dure pas plus d'une quinzaine de minutes, Édouard-Élisée est blessé au genou. Malgré tout, il réussit à s'enfuir et à retourner à Swanton. À partir de cet instant, " commença pour lui une courte mais douloureuse période d'exil " (Roby, 1991 :540). Les importantes défaites de 1837 et la situation très précaire qu'elles ont engendrée dans le clan des rebelles ont démoralisé Malhiot.
Le 2 janvier 1838, Malhiot assiste à une réunion des rebelles qui se tient à Middlebury dans l'État du Vermont. Lors de cette rencontre, dont le but est de discuter de la possibilité d'une nouvelle insurrection, Malhiot est consterné de voir la zizanie qui s'est installée dans le clan des rebelles. Resté loyal à Papineau, Édouard-Élisée se réconcilie avec Robert Nelson et se rallie à l'idée d'une invasion à partir des États-Unis pour favoriser l'accès à l'indépendance de la république du Bas-Canada (Roby, 1991 :540).
Suite à l'échec d'une tentative d'invasion des rebelles en provenance des États-Unis, à Potton le 28 février 1838, les insurgés décident de rassembler leurs forces et de former une association paramilitaire secrète, celle des Frères chasseurs. De retour à Montréal en juillet, Malhiot, déjà l'un des principaux fondateurs de cette organisation, en devient le grand stratège. On lui donne le titre de " Grand Aigle, c'est-à-dire commandant en chef " (Fauteux, 1950 :63). Il dirige le Comité central des Frères chasseurs à Montréal et se charge de maintenir les communications avec les chefs de l'extérieur. Sa grande capacité de persuasion lui permet de recruter des milliers d'habitants dans la vallée du Richelieu. " Circulant de paroisse en paroisse, le Commandant du Sud, comme il s'intitulait lui-même, fondait les loges, initiait de nouveaux adeptes et promettait des armes et des munitions pour le jour du soulèvement général " (Roby, 1991 :540). Malhiot est donc considéré comme l'un des plus actifs recruteurs des Frères chasseurs. De plus, il organise l'importation clandestine d'armes et de munitions (Senior, 1997 :220).
Au mois de novembre, Malhiot prend le commandement des gens de Saint-Charles, Saint-Denis, Saint-Ours et Contrecoeur. Le 2 novembre, il convoque une assemblée à Saint-Ours afin d'organiser un nouveau soulèvement armé (PATRIOTES, 2000). Il prépare une attaque contre le fort de Sorel dont le but est de s'emparer d'une grande quantité d'armes et de munitions qui s'y trouvent. Durant la nuit du 3 au 4 novembre 1838, Malhiot, avec sous ses ordres près de 300 hommes, quitte Saint-Ours en direction de Sorel. Cependant, il rebrousse chemin lorsqu'il apprend que les troupes de Robert Nelson sont restées au camp de Napierville.
Par la suite, Malhiot et ses troupes se rendent à la montagne de Boucherville (Mont-Saint-Bruno), située à Montarville dans le comté de Chambly, où ils établissent leur camp. Ayant toujours pour objectif d'attaquer le fort de Sorel, Malhiot rassemble près d'un millier d'hommes à son nouveau campement. Le 10 novembre, l'armée de Malhiot s'installe dans le manoir et les bâtiments du Seigneur Bruneau (Fortin, 1988 :65). Malgré le fait que la plupart des rassemblements des Frères chasseurs se dispersent le 10 novembre, Édouard-Élisée et ses troupes, bien décidés à résister, restent campés à cet endroit jusqu'au 13. Selon Roby, le camp aurait tenu le coup une journée de plus. " Le 14 au matin, à l'approche des troupes régulières venant de Sorel, Malhiot, dont la tête était mise à prix, s'enfuit avec quelques compagnons. Ils franchirent la frontière après avoir erré deux semaines dans la forêt " (Roby, 1991 :540).
Suite à la débâcle de l'insurrection de 1838, Malhiot s'exile aux États-Unis et sombre dans une profonde dépression. Il accuse pratiquement tout le monde pour la débandade des Frères chasseurs. À cet effet, il écrit à Duvernay " son mépris pour l'égoïsme et l'ignorance des Américains, pour l'ingratitude de ses compatriotes et surtout pour la fourberie et la lâcheté d'une partie de ceux qui prêchaient la révolution avant novembre 1837 dans le but de se faire une popularité ou par intérêt personnel " (Roby, 1991 :540-541). Les propos de Malhiot ne sont pas appréciés par certaines personnes. À cet effet, le docteur Côté dit de lui qu'il n'est qu' " un ignorant de la pire espèce qui sait à peine signer son nom et qui par surcroît n'est rien d'autre qu'un vaniteux, présomptueux et démesurément ambitieux " (Fonds Wolfred Nelson, Archives nationales du Canada).
En 1839, il se réfugie à l'Assomption (Assumption), en Louisiane, dans une colonie de francophones où se trouvent de nombreux Patriotes en exil. À cet endroit, il essaie d'éveiller la sympathie des habitants de la Nouvelle-Orléans pour la cause patriote (Senior, 1997 :273). Il exerce son métier d'avocat et est même élu sénateur de l'un des districts de cet État en 1856. Cependant, afin de renouer avec ces racines, il abandonne sa carrière juridique et part vivre sur des terres en Illinois. Il souhaite créer une colonie agricole pour permettre à quelques milliers d'immigrants Canadiens français de venir s'y établir.
En 1875, à l'âge de 63 ans, Édouard-Élisée Malhiot est emporté par le choléra. Il laisse derrière lui son épouse, Harriet Anny Mills, ainsi que ses deux fils, Francis E. Malhiot et Sam Mills Malhiot.
David Tessier
BERNARD, Jean-Paul, Les Rébellions de 1837-1838 : Les patriotes du Bas-Canada dans la mémoire collective et chez les historiens, Montréal, Éditions Boréal Express, 1983, 349 pages.; FAUTEUX, Aegidius, Patriotes de 1837-1838, Montréal, Éditions des dix, 1950, 433 pages.; FORTIN, Réal, La guerre des Patriotes : le long du Richelieu, Saint-Jean-sur-Richelieu, Éditions Mille Roches, 1988, 286 pages.; ROBY, Yves, " Malhiot, Édouard-Élisée ", DBC, Sainte-Foy, PUL et Toronto, UTP, 1991, vol. 10: 540-541.; ROY, Carole, " Chambly à l'heure de la Rébellion (1837-1838) ", Les cahiers d'histoire de la Seigneurie de Chambly, no 16, nov.1988, 24 pages.; SENIOR, Elinor Kyte, Les habits rouges et les Patriotes, Montréal, VLB éditeur, coll. " Études québécoises " 1997, 310 pages.; Fonds Wolfred Nelson, Archives nationales du Canada; LES PATRIOTES; < http://www.1837.qc.ca/patriotes.pl>
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