Biographie Picard Francoise
Dans Cap-aux-Diamants, vol. 3 no. 1, printemps 1987, Simone Dubois-Ouellet: "Gens du faubourg," pp.57-60
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Françoise Jobin, mélomane et citoyenne engagée
Initiée très jeune à la musique, Françoise Jobin goûtera toute sa vie le plaisir d'écouter les oeuvres de Bach, Mozart ou Chopin. Sa mère suivit des cours d'orgue chez Napoléon Crépeault, [p.59] alors organiste à l'église Saint-Roch. Celui-ci, trouvant la voix de son élève intéressante, lui suggéra de faire partie de la chorale. Elle y rencontra un artisan à la voix de basse merveilleuse. Il se marièrent en 1896 et de cette union naquirent huit enfants dont Françoise. Celle-ci avait sept ans quand la famille s'installa dans le faubourg Saint-Jean où sa mère était née.
Elle fit ses études à l'Académie Saint-Jean-Baptiste. « Le souvenir primordial de mon adolescence, c'est quand je rentrais de l'Académie et qu'en ouvrant la porte de la maison familiale, j'entendais maman chanter au piano ». Lorsque sa mère mourut, le piano est « resté fermé » pendant six mois. « C'était la coutume », souligne-t-elle. Elle fit partie du cercle littéraire Marie de l'Incarnation et devint un membre assidue de l'Institut Canadien, dont elle suit toujours les activités. Elle se rappelle avec nostalgie les conférences données par le prédicateur du carême de Notre-Dame de Paris.
En juin 1932, elle épousait le médecin Joachim Jobin. Le couple s'installa d'abord au-dessus de la pharmacie Jolicoeur, puis acheta la maison du docteur Fabien Gagnon, qu'elle habite toujours. Mère de trois médecins, Françoise Jobin précise: « On pense souvent qu'il y a eu trois générations de médecins Jobin dans Saint-Jean-Baptiste. Mais mon beau-père n'y a jamais habité. Pédiatre réputé, il était souvent appelé en consultation par ses collègues du quartier, d'où la confusion. »
Depuis toujours, Françoise Jobin est engagée dans la vie paroissiale. Pendant vingt-six ans, elle fit partie de la chorale des Dames de Sainte-Anne. Elle sera d'ailleurs présidente du mouvement au niveau local avant d'en devenir la présidente diocésaine. À la même époque, elle organisa des ventes de charité pour aider au financement des Scouts et des Guides. Plus tard, elle acceptera la charge de marguillier pendant quelques années.
On a vu l'importance de la musique dans la vie de Françoise Jobin. Son père faisait partie de l'Union Musicale. Sa mère touchait l'orgue occasionnellement. Le couple chantait dans des mariages et des funérailles. Aussi, quand Jean-Marie Angers lui demanda de participer à la fondation de la Société artistique du Faubourg, elle accepta volontiers. On ne peut passer sous silence l'engagement de Françoise Jobin depuis 20 ans pour le Tiers-Monde. Son but, dit-elle: « Donner de l'eau à ceux qui ont soif ». C'est pourquoi à tous les ans, elle reprend le bâton du pélerin à la recherche de commanditaires. Elle recueille ainsi annuellement des sommes considérables qui servent à creuser des puits, principalement au Burkia Fasso [sic], autrefois la Haute-Volta. Femme active et engagée, Françoise Jobin fêtait son quatre-vingtième anniversaire le 11 mars 1987.
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