Biographie Lavergne Jacob



Biographie Lavergne Jacob

Notes sur la descendance d'Ambroise

Texte publié dans la revue l'Ancêtre de la Société de Généalogie de Québec

 

par Marcel Dupont (fils de Oscar Dupont et de Thérèse Lavergne)

TROISIÈME GÉNÉRATION

JACOB LAVERGNE

Même avec des renseignements incomplets sur ce personnage, on peut facilement se rendre compte que ce JACOB LAVERGNE est un homme remarquable. Pour un homme qui avait déclaré ne pas savoir signer son nom en 1839 (Contrat d'échanges de terres devant le notaire Petrus Hubert), il a laissé beaucoup de papiers.

Parlons d'abord de son contrat de mariage. C'est le 27 septembre 1845 que le contrat est signé devant les notaires Milot et Petrus Hubert. Jacob a 24 ans et on le désigne déjà sous le double prénom de JACOB alias JAMES. Le contrat stipule ce que chacun des futurs époux apporte dans la mise en commun de leurs biens. Jacob met sa terre de 2 arpents sur 20 pendant que Luce Pelletier, en plus de ses "hardes et linges à son usage", une somme de 1200 livres et 20 sous (ce qui est une somme importante pour l'époque), une vache, 4 mères moutonnes, un rouet, un lit et un buffet. Le contrat est très détaillé tout au long de cinq grandes pages et on y prévoit à peu près tout ce qui est prévisible dans les circonstances. Le contrat a été passé dans l'après-midi, à la demeure de Jean Pelletier, le père de la future épouse.

C'est le 14 octobre de la même année que l'office religieux a été célébré à l'église de Yamachiche. Luce Pelletier était la fille de Jean Pelletier et de Josephte Grenier de Yamachiche. De son côté, Jacob n'a plus que son père à cette époque.

   Jacob Lavergne

et Luce Pelletier

En 1849, Jacob est sûrement à Saint-Sévère, puisqu'il se fait concéder une terre par le seigneur du Fief Robert, le major Henry Edward Johnston. Cette terre est la continuation de la sienne et se prolonge ainsi jusqu'à Saint-Barnabé. La rente est de 3 livres et 10 sols annuellement. Le contrat est passé devant le notaire Petrus Hubert. On trouve ici un contrat imprimé dans lequel seuls des espaces blancs servant à  mentionner le nom du preneur, l'endroit où se trouve la terre et l'endroit où le contrat a été passé. L'avantage de ce dernier contrat, c'est qu'on y retrouve les obligations imposées par le seigneur à ceux à qui il concédait des terres. Il faut dire que la même formule existait également pour des contrats manuscrits. Parmi les obligations de l'acquéreur, mentionnons seulement les suivantes:

"... de défricher et mettre en valeur la dite terre; de porter les grains qu'il recueillera sur icelle terre, moudre à un des moulins banaux du dit Fief Robert, sans pouvoir les faire moudre ailleurs qu'en payant au dit Seigneur, ses hoirs et ayans cause, le droit de mouture ordinaire; de donner du découvert à ses voisins, sans pouvoir en exiger du dit Seigneur; de faire et entretenir sur la dite terre tous les chemins, ponts et fossés ordonnés pour l'utilité publique et les ordonnances de Police et de voyerie; de fournir à ses frais audit Seigneur une expédition des présentes et de nous payer à demande d'un chelin courant pour le coût du présent contrat: de faire mesurer, aligner et borner à ses frais par arpenteur juré, la dite terre et fournir au dit Seigneur copie du procès-verbal de bornage d'icelle à ses propres dépens. (...) se réserve de plus le dit Seigneur pour lui, ses hoirs et ayans cause, toutes mines, minières et minéraux qui pourront se trouver sur la dite terre, ainsi que tous les bois de chêne propres à la construction et réparation des vaisseaux du roi, et la faculté de prendre sur la dite terre sans dédommagement, tous bois, pierres et eaux nécessaires pour construire et réparer les manoirs et moulins du Fief Robert, ainsi que les bâtiments en dépendant, sans pouvoir par le dit preneur, ses hoirs et ayant cause, construire aucuns moulins quelconques sur la dite terre à peine de démolition d'iceux, dépens, dommage et intérêts, sans la permission expresse et par écrit du dit Seigneur, qui se réserve pour lui, ses hoirs et ayans cause, toutes places propres à ériger des moulins à farine ou à scie, ainsi qu'il jugera à propos avec tel terrain convenable pour les dépendances, auquel cas la rente diminuera en proportion du terrain ainsi pris et sans autre dédommagement."

Le contrat a été signé en la demeure de Michel Lemai, époux d'Adélaïde Lavergne, soeur de Jacob.

L'année suivante, 1850, Jacob Lavergne emprunte de l'argent de son oncle, Ambroise Lavergne. Le contrat ne donne pas les motifs de l'emprunt. L'obligation est datée du 18 juin et deux notaires mettent leur nom: F.E. Milot et Petrus Hubert. Seul ce dernier y inscrit sa signature. La somme empruntée est de 25 livres 18 chelins et deux pence. Un détail à observer, on ne mentionne que le prénom de JAMES. Autre détail intéressant, comme il s'agit de l'année de la fondation de la nouvelle paroisse Saint-Sévère, on s'est adapté et James Lavergne y est désigné comme habitant la dite paroisse. Précédemment, même s'il habitait sur la même terre, on mentionnait toujours le nom d'Yamachiche.

Cet emprunt a été remboursé trois ans plus tard et une quittance en fait foi, datée du 4 avril 1853. Faut-il supposer que le taux d'intérêt n'était pas très élevé? Toujours est-il qu'on n'en indique pas le montant, même s'il en est question.

On peut se demander pourquoi on trouve le surnom de JAMES ajouté au prénom de JACOB Lavergne. Selon le témoignage d'un de ses fils, Arcade, Jacob aurait voyagé en Ontario et aux États-Unis avant son mariage et c'est de là qu'il aurait rapporté ce surnom. C'était d'ailleurs une habitude assez répandue à cette époque de traduire son nom en anglais. Chacun sait que ces "traductions" n'ont pas toujours été très exactes. Le cas de JAMES en fournit un exemple, mais il suffit de consulter certaines recherches sur le sujet pour constater que les exemples sont nombreux.

L'année 1859 marquera un changement important dans la vie de la famille Lavergne. En effet, c'est à ce moment que Jacob Lavergne fait l'acquisition d'une terre située au village de Saint-Sévère. Pour être exact, il faudrait plutôt dire deux terres si on veut être fidèle aux termes du contrat signé par les notaires Boucher et F.E. Milot. Cette transaction marque une sorte d'arrêt dans les migrations de cette branche de la famille Lavergne. C'est toujours au même endroit que l'on trouve encore aujourd'hui des Lavergne.

Il faut remarquer aussi le caractère particulier de cette transaction ou plutôt de cette triple transaction. La terre avait appartenu à Michel Lemai, forgeron, époux d'Adélaïde Lavergne, la soeur de Jacob. Or Michel Lemai est mort jeune et ses enfants étaient tous mineurs. Adélaïde Lavergne se remarie à Pierre Héroux en 1854, mais elle décède à son tour, laissant des orphelins en bas âge. Chacun des enfants vend sa part de l'héritage à trois dates différentes: 1859, 1863 et 1867. Voici les détails:

Le premier contrat est passé par François Lavergne au nom de son neveu Edmond Lemai qui n'est âgé que de 10 ans. La raison de la vente est donnée dans le contrat: le jeune homme manifeste le désir de s'instruire et on veut lui procurer les moyens financiers de fréquenter le Séminaire:

"... considérant que le dit Edmond Lemai lui a souvent manifesté le désir de s'instruire et même de poursuivre un cours d'Études collégiales dans un des Séminaires de cette Province, et reconnaissant qu'il a des talents suffisants pour pouvoir en profiter avantageusement, et aussi vu l'insuffisance des revenus de ses biens pour lui procurer cet avantage..."

Cette terre se divise en deux parties bien distinctes: l'une des deux situe au nord de la route de Bellechasse, l'autre longe la même route, mais au sud. Toutes les deux sont bornées à l'ouest par le chemin Pique-dur. Le montant à payer s'élève à 300 dollars en plus des droits seigneuriaux. L'acheteur s'engage à payer le prix d'achat en 24 versements de 12,50$ à tous les trois mois, sans intérêt. Entre parents, on peut se permettre de donner sa chance à l'autre.

Le second contrat, passé en 1863 devant les notaires M. Carbonneau et Frédéric-Evariste Milot, est fait cette fois en faveur de Dorimène Lemai. Comme cette dernière est encore mineure, c'est son mari, Charles Leblanc qui agit au nom de son épouse. Cependant, le vendeur s'engage à faire ratifier la vente quand son épouse aura atteint sa majorité. L'acheteur devra payer 350,00$ dont 33,50$ comptant et le reste en 9 paiements sans intérêt. Pour prouver sa bonne foi, le vendeur met en garantie une terre qu'il possède à Saint-Boniface de Shawinigan. Charles Leblanc, cultivateur a vécu à Saint-Boniface et y est mort le 10 mai 1915 à l'âge de 76 ans.

Les deux premiers contrats se ressemblent évidemment, quand on regarde près la description des terres, mais ils comportent cependant certaines différences dans les détails. Ainsi, dans le second, on décèle une erreur de localisation: on mentionne que les terres sont situées à l'ouest du chemin Pique-dur alors qu'elles sont à l'est. Les noms des voisins ne sont pas identiques, mais on pouvait s'attendre à cela. Il suffit d'ailleurs de changer de notaire pour arriver déjà à quelques nuances.

Enfin, le troisième contrat est daté de 1867. Cette fois, c'est Claude Féron, époux de Marie Lemai qui effectue la transaction au nom de sa jeune épouse encore mineure. C'est le notaire Frédéric Évariste Milot qui signera le document. L'acheteur devra payer 300,00$ en trois versements de 100,00$ chacun répartis sur trois ans, et sans intérêt. Une remarque importante s'ajoute à ce contrat, c'est la signature de Jacob Lavergne. Dans les autres contrats précédents, il avait déclaré ne savoir signer.

Mais ce n'était pourtant pas la première fois que Jacob Lavergne montrait qu'il savait écrire. En effet, en 1865, un reçu de "cent piastres" fait à Onésime Bellemare nous montre un spécimen de cette signature un peu maladroite et embarrassée par la plume qu'il manie avec difficulté.

Dans plusieurs contrats, on remarque une certaine constante, c'est l'habitude de faire affaire avec la parenté. Un autre exemple est arrivé le 25 juin 1867. Dame Scholastique Bellemare signe une quittance de 322,25 $ à jacob Lavergne pour avoir payé une dette contractée en 1864. Cette dame était l'épouse de feu Ambroise Lavergne, l'oncle de Jacob. Cette fois, c'est le notaire Boucher de Saint-Barnabé qui a fait le contrat.

En 1871, Jacob Lavergne agrandit son domaine par l'acquisition d'un terrain qui faisait une enclave sur sa terre. C'est Pierre Héroux, époux de feue Adélaïde Lavergne qui est le vendeur. Le terrain n'est pas grand et le prix en proportion: 35,00 $. Détail intéressant, le notaire L.-N. Gélinas réside à Saint-Sévère.

Ce contrat est malheureusement le dernier que nous ayons en main sous la signature de Jacob Lavergne. Cette suite de transactions semble avoir entraîné des conséquences financières désastreuses pour la famille Lavergne. On ne peut indéfiniment acheter et agrandir son domaine sans quelquefois avoir des problèmes de financement. Il semble en tout cas que l'hiver 1872-1873 ait été particulièrement difficile. Au printemps 1873, le marchand général de Saint-Sévère déclare à Jacob Lavergne qu'il ne peut plus lui faire crédit. La seule solution qu'il peut accepter, c'est l'exil aux États-Unis. C'est lui d'ailleurs qui vend les billets pour le voyage.

Dans une telle situation, on devrait plutôt parler d'exode, puisque toute la famille doit partir. Neuf enfants, cela faisait beaucoup de monde à déplacer. Après avoir loué la terre, ils sont donc partis de Saint-Sévère par des routes particulièrement difficiles à cause de la saison. Rendus à Yamachiche, à six milles de là, ils se sont embarqués sur de grandes barques pour aller prendre le bateau qui faisait le trajet Trois-Rivières-Montréal. Puis de là, on prenait le train. Même avec le train, il ne faut pas croire que c'était le paradis. D'abord, le pont Victoria était couvert à cette époque; la fumée de la locomotive incommodait beaucoup les voyageurs, et la mère de famille (Luce Pelletier) a trouve cette brève traversée particulièrement pénible.

La famille s'est établie à Manchester et y est demeurée pendant sept ans. Jacob y a travaillé dur dans les manufactures de l'endroit. Comme on pourra le remarquer plus loin, l'une de ses filles, (Marie-Luce) avait précédé la famille aux États-Unis puisqu'elle s'y est mariée en 1872 à Waterton (N.Y). Une autre fille s'est mariée à Manchester en 1883 et a passé le reste de sa vie aux États-Unis.

En 1880, la famille revient à Saint-Sévère et s'y installe définitivement.

Le 26 septembre, Luce Pelletier décède à l'âge de 70 ans et 4 mois.

Quant à Jacob, il meurt à son tour le 24 septembre 1901, à l'âge de 83 ans.

Le couple avait mis au monde 11 enfants. Beaucoup de petits détails précis nous ont été fournis par une des filles, Sévérine, qui avait compilé dans un carnet beaucoup de renseignements inédits. On y trouve notamment la date du décès, le jour de la semaine, l'heure et l'âge précis en années, en mois et en jours. Grâce à la collaboration de ma tante, Victorine Lampron Lavergne, (épouse de Clovis Lavergne) certaines de ces précisions apparaissent entre autres dans la liste suivante:

MARIE-LUCE

b. 1847-04-10 (Yamachiche)

m. 1872-01-22 à Louis-Edgar Guimond (Waterton, N.Y)

s. 1898-06-01, à Malone, un mercredi, à 13 h 30

MARIE-DORIE

b. 1849-09-10 (Yamachiche)

m. 1883-06-05 à Raphaël Héroux (Manchester)

s. 1898-05-04, un mercredi, à 12 h 20

HERMINE

b. 1841-04-12

m. 1882-08-07 à Alphonse Lamy (Saint-Sévère)

JACOB

b. 1853-03-28

d. 1853-10-24 à 7 mois, 4 jours, un lundi à 14 h

SÉVÉRINE

b. 1856-02-25

m. 1899-04-12 à Georges Fréchette (Saint-Sévère)

d. 1936-09-01 à 80 ans

GEORGINE

b. 1857-04-15

m. 1) 1881-02-27 à Télesphore Lamy (Saint-Sévère)

2) 1901-04-21 à Victor Milot (Saint-Sévère)

3) 1914-02-13 à Joseph Chainé (Saint-Sévère)

d. 1920-11-29 à 63 ans

MATHILDA

b. 1859-05-17

m. 1882-02-07 à Adolphe Lamy (Saint-Sévère)

d. 1929-01-15 à 69 ans, 8 mois et 29 jours

ISAÏE

b. 1861-09-15

m. 1894-01-29 à Alma Héroux (Saint-Sévère)

s. 1935-06-16 à 73 ans

CHARLES-MARIE-FÉLIX

b. 1864-05-30

a vécu la majeure partie de sa vie au Montana et au Wyoming (voir plus loin)

ARCADE

b. 1866-05-03

m. 1) 1887-02?-29 à Azilda Desaulniers (Manchester)

2) 1892-06-27 à Année Gélinas (Saint-Barnabé)

ALEXANDRE

b. 1869-10-04

Ordonné prêtre en 1897

d. 1942-03-04 à Saint-Léon

Cette liste a été tirée en majeure partie du volume de F.-L. Desaulniers, mais certains détails y ont été ajoutés, et des corrections ont dû y être apportées après avoir vérifié les registres de la paroisse d'Yamachiche, entre autres.

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