Biographie Lahaise Guillaume
Le docteur et poète François Guillaume Lahaise a donné son nom au pavillon Lahaise de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Au début du 20e siècle, il était le docteur Lahaise à l'hôpital Saint-Jean de Dieu, tandis que, dans le petit univers littéraire montréalais, il était Guy Delahaye, poète
Guillaume Lahaise est né à Saint-Hilaire en 1888, dans une famille bourgeoise dont le grand-père (François Lahaise) marchand général à Saint-Hilaire avait été maire de sa ville et député libéral à Ottawa.
En 1899, Guillaume commence ses études classiques au séminaire de Saint-Hyacinthe.
En 1905, il s'inscrit au collège Sainte-Marie à Montréal où il complète son cours classique.
En 1906, à 18 ans, il entreprend des études en médecine à Montréal sur la rue St-Denis, qui est alors une annexe de l'Université Laval. C'est seulement en 1919, que Mgr Bruchési réussit à obtenir du Saint-Siège de Rome l'autonomie totale de l'université qui sera désormais connue sous le nom d'«Université de Montréal». Pendant ses études médicales, Guillaume s'intéresse à la littérature et surtout à la poésie qu'il découvre grâce à l'œuvre d'Émile Nelligan. Il en est complètement envoûté. Il obtient même la permission de la mère du poète d'aller le visiter plusieurs fois à l'hôpital St-Jean de Dieu où Nelligan est interné depuis 1899.
En 1907, Guillaume Lahaise publie sept poèmes dans le journal La Patrie, sous le pseudonyme de Guy Delahaye dont quelques-uns célèbrent le génie de Nelligan. La critique traditionnaliste acerbe de l’époque parle de "vers décadents". Déçu, il fonde avec ses amis poètes (Paul Morin, René Chopin et Marcel Dugas) un cercle littéraire, les « Quatre cavaliers de l'Apocalypse » où le modernisme est de rigueur pour défendre le mouvement «exotiste» qui prétend faire émerger la poésie québécoise de ses origines terriennes. Avec ces jeunes poètes modernistes, Guillaume s'attaque à l'idéologie cléricale de l'époque, axée sur la foi, la langue et un certain ruralisme. Avec eux, il écrit, en 1908, deux œuvres littéraires collectives, l'Aube et l'Encéphale.
Le 30 mai 1908, à 20 ans, il obtient son diplôme de médecine.
En 1910, pendant son internat à l'Hôtel-Dieu de Montréal, il publie son recueil intitulé Phases qui regroupe 45 de ses poèmes.
En 1912, deux ans plus tard, paraît son second recueil, Mignonne allons voir si la rose ... est sans épines, une parodie poétique, délibérément provocatrice. Ces deux œuvres, qui évoquent le futurisme, un genre nouveau et précurseur dans le paysage poétique québécois, choquent encore les critiques montréalais, partisans du terroir (comme Mgr Camille Roy, Claude-Henri Grignon), qui le discréditent dans un tollé d'indignation. Mais, des années plus tard (1980) Maurice Lemire et Aurélien Boivin diront de ce grand poète : « C'est du dadaïsme avant la lettre. Delahaye s'avérait poète dans le sens le plus moderne du mot, car avec Mignonne, il inventait un langage qui allait être bientôt celui des surréalistes ».
Outré par le mauvais accueil fait à ses œuvres, Guillaume part, en novembre 1912, étudier la bactériologie à l'institut Pasteur de Paris. Hélas, au début de mai 1913, gravement atteint par la typhoïde, il est hospitalisé d'urgence. Il tombe alors dans un état dépressif qui durera près de dix ans et où il trouvera un réconfort dans un isolement catholique. Il délaisse alors la poésie au profit d'un certain mysticisme, tout en se consacrant à sa carrière de médecin.
En 1914, à son retour au Québec, il devient professeur de bactériologie à l'Université Laval de Montréal avant d'entreprendre une série de voyages.
En 1924, il entreprend une pratique médicale à l'hôpital Saint-Jean de Dieu, fonction qu'il occupera pendant 34 ans.
En mars 1925, il subit l'ablation du rein droit. Une convalescence de onze jours lui permet de faire la connaissance de Marie-Cécile Saint-Georges, une infirmière qui deviendra son épouse et lui donnera quatre enfants, dont l'historien Robert Lahaise. Ce fils publiera Guy Delahaye et la modernité littéraire, un ouvrage qui rappelle le rôle de son père dans l'histoire de la littérature québécoise.
En 1930, il devient membre de l'Adoration nocturne et reçoit la vêture du Tiers-ordre.
En 1934, il publie L'unique voie à l'unique but et, en 1941, il signe son dernier poème, De profundis.
Le 30 avril 1958, à 70 ans, après une vie professionnelle remplie, il quitte l’hôpital Saint-Jean de Dieu et s'installe à Saint-Hilaire pour une retraite bien méritée.
Guillaume Lahaise meurt le 2 octobre 1969, à l'âge de 81 ans. Il laisse le souvenir d'un médecin attentionné, mais aussi d'un homme avant-gardiste, animé d'une intense vie intérieure, voire d'un mystique.
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