Biographie Charigot Victor
<<< BRINS D'HISTOIRE >>>=== L'«Illustre» Charigot. - Un itinéraire mouvementé :- "Victor Charigot" (1836 - 1898) un obscur pionnier, bigame et grand-père du cinéaste Jean Renoir.=== Livre : "Victor Charigot son grand-père" par Bernard Pharisien et Pierre Chartrand;- "L'homme tel qu'il fut".- "Obscur pionnier" oui, mais dont : == "le gendre" (le peintre "Pierre Auguste RENOIR") et == "le petit-fils" (le cinéaste "Jean RENOIR") jouissent d'une notoriété internationale qui ajoute sans doute une légère pointe de piment au récit.- Mais qui était cet homme ? Français d'abord et Champenois de naissance, né en 1836 à Essoyes, attachante commune sise dans l'Aube et traversée par un affluent de la Seine, l'Ource. "Victor" finit ses jours en 1898 à Bathgate, non loin de la rivière Rouge, dans un village du Dakota du nord aux États-Unis.- Qu'allait-il faire là, dirions-nous ? Et, surtout, comment mena-t-il sa vie ?- Voici son histoire.------------------------------ "Victor" grandit dans une famille nombreuse et il en est le cadet".- Le 15 novembre 1858, âgé de vingt-deux ans, il conduit à l'autel une jeune fille du village : "Thérèse ÉMILIE MAIRE", familièrement prénommée Émélie. "Mariage obligé", comme on disait à l'époque, car six mois après la cérémonie, le 23 mai 1859, "la jeune mère", âgée de dix-huit ans "donne le jour" à une fille prénommée "ALINE" (VICTORINE).- Le mariage ne fera pas long feu : le 15 août 1860, "alors qu'ALINE n'a pas encore 15 mois", "Victor quitte ce qu'il est convenu d'appeler le domicile congugal". Ce qui donne au jeune couple, une quinzaine de mois de vie commune.- "ALINE et sa mêre" traversent alors une période difficile.- La jeune épouse délaissée - qui n'a pas encore vingt ans - et sa fillette de 15 mois sont sans ressources.- Plus grave encore, Victor a quitté Essoyes en laissant des dettes.------------------------------ En fait, les Charigot se marient si jeunes. ÉMÉLIE a un peu plus de dix-sept ans et se trouve largement enceinte le jour de la noce. Serait-ce un mariage d'amour "ou de réparation" d'un acte que les familles - et plus largement l'opinion publique - considèrent alors comme une faute ?------------------------------ Devant le tribunal de la Seine, madame Charigot affirme avoir été abandonnée en 1873. Cet élément d'information interpelle.- En effet, alors qu'en 1862, devant le tribunal de Bar-sur-Seine, "elle déclare ne pas savoir où se trouve son mari qui l'a quitté le 15 août 1860"... elle affirme, 23 ans plus tard, devant un autre tribunal, "qu'il l'a abandonnée en 1873" pour se rendre au Canada avec sa maîtresse.- Victor Charigot a-t-il délaissé sa femme une fois ? deux fois ? Qui peut être cette mystérieuse maîtresse ?- Que s'est-il passé dans la vie du couple entre 1860 et 1873 ?- Quand Victor quitte sa femme en 1860, celle-ci se retrouve seule avec ALINE. Il lui faut alors subvenir à ses besoins et à ceux de sa fille.- Aussi, cherche-t-elle du travail et se fait-elle embaucher comme employée de maison.------------------------------ L'étude des courriers nous révèlent "que, durant la période 1867-1872, Victor est toujours en France", qu'il correspond avec sa fille et la rencontre à de très rares occasions quand il vient à Essoyes rendre visite à sa mère et à sa soeur Marie (dite soeurette).------------------------------ En fait, l'idée d'immigrer en Amérique traverse l'esprit de Victor une dizaine d'années plus tard. Ce n'est qu'en 1873 ou 1874, que "l'Atlantique va séparer définitivement le mari de sa femme et de sa fille".------------------------------ Il se rend d'abord dans la province du "Manitoba, au Canada", peut-être avec une maîtresse, madame Masson, dont nous ignorons le prénom, et dont nous n'avons pu confirmer la présence sur le sol canadien.- Fait avéré cependant, "en 1880, il épouse une Canadienne-française, Marie-Louise LOISEAU - veuve Chevigny" - "originaire de la province de Québec."- Ce mariage, célébré par l'un des plus illustres prêtres canadiens de l'époque, "le père Albert Lacombe", s'effectue "sans que personne ne sache", semble-t-il, "que Victor est déjà - et toujours - marié en France". "Première bigamie".- Quatre ans plus tard, en 1884, "Marie-Louise meurt de la tuberculose". Victor se retrouve veuf en sol étranger.- "Il quitte alors le Canada" pour s'installer aux États-Unis, dans le Dakota du nord où il dépose une demande de naturalisation américaine.- Mais avant de quitter le territoire canadien "il rédige, à l'intention de sa première femme qu'il a abandonnée en France" vingt-quatre ans plus tôt, "la lettre la plus étonnante qu'il nous fût donnée de lire", dont le préambule se lit comme suit :=== « Il vaut mieux tard que jamais. Je sais que tu vas être surprise de recevoir une lettre de moi, et surtout de ce qu'elle contient. »- Il la prie entre autres de lui pardonner et de venir le rejoindre en Amérique, tout en s'engageant, pour sa part, « d'anéantir le passé et de mettre toutes [leurs] fautes dans l'oubli le plus complet.»- Surprise, la pauvre ÉMILIE ? On le serait à moins ! Mais elle ne daigne pas lui répondre et entreprend plutôt les procédures de divorce.------------------------------ Le 27 juillet 1885, "Victor contracte un troisième mariage" et "épouse pour la seconde fois une Canadienne-française", originaire de la province de Québec, "ÉMILIE RIOPELLE", née le 12 décembre 1845 à Saint-Jacques de l'Achigan - comté de Montcalm - et qui, à notre amusement, porte le même prénom que sa femme française, "ÉMILIE" Maire.- On notera au passage que cette demoiselle Riopelle a des ancêtres communs avec le célèbre peintre québécois Jean-Paul Riopelle.- Le mariage a lieu à Pembina, au Dakota du nord. "Victor redevient bigame" puisque les procédures de divorce engagées à Paris par sa première épouse n'ont pas encore abouti.- Nous savons que le divorce entre les époux Charigot ne sera rendu que le 21 mars 1887 par la deuxième chambre du tribunal civil de la Seine et "qu'il ne deviendra définitif que le 11 avril 1888".- "ÉMILIE Riopelle", qui n'est plus dans la fleur de l'âge - née en 1845, elle a quarante et un ans - "lui donne", dès l'automne suivant, "le 22 septembre 1886 une seconde fille prénommée VICTORIA" qui épousera le 8 novembre 1904 à Bathgate, "Napoléon Quesnel" un Canadien-français originaire de la province de l'Ontario. Ce couple aura quatre enfants dont une fille, "Dora", qui vivra en Californie avec son mari le "Dr Sidney Slagerman", dentiste. Celui-ci deviendra un ami très proche de Jean Renoir et de sa femme, Dido Freire.- Pendant 7 ans (de 1885 à 1892) les Charigot (VICTOR et ÉMÉLIE RIOPEL) vont vivre aux États-Unis sur une ferme entre les villages de Joliette et de Bowesmont, tout près de la Rivière-rouge.- Victor a obtenu du gouvernement américain une terre sise à proximité de celles de "ses trois beaux-frères" : Joseph, Adolphe et Euclide Riopelle.- Il meurt la veille de Noël, le 24 décembre 1898 à l'âge de 62 ans. Il est inhumé dans le cimetière catholique de la paroisse St-Anthony à Bathgate dans le Dakota du nord.- Les deux filles de Victor Charigot disparaissent à plusieurs années d'intervalle :=== "Vingt-sept ans séparent leurs naissances" et "quarante-deux ans, leurs décès".- ALINE, née le 23 mai 1859, meurt à Nice le 27 juin 1915.- VICTORIA, née le 22 septembre 1886, s'éteint à Los Angeles le 1er septembre 1957.------------------------------ L'Ource, affluent de la Seine, traverse Essoyes ------------------------------
|