Biographie Claverie Pierre
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CLAVERIE (Clavery), PIERRE, officier de marine, marchand, garde-magasin, seigneur, né en 1719 à Susmiou (dép. des Pyrénées-Atlantiques, France) fils de Jean Claverie, négociant, et de Jeanne La Barthe, inhumé à Montréal le 21 août 1756.
Pierre Claverie arriva au Canada vers 1745, probablement en tant qu’officier de marine. En 1746, alors qu’il servait sur l’Andromède, Claverie dut comparaître, ainsi que le sieur Fautoux, capitaine du navire, devant l’Amirauté de Québec parce que des cargaisons de leur navire avaient été mêlées avec celles de la Sultane lors du déchargement. Or tout semble indiquer que cette erreur ne fut pas involontaire et que Claverie n’y était pas étranger. De ce point de vue, l’incident semble démontrer que Claverie avait tendance à se mêler à des opérations douteuses. Cette attitude, jointe au crédit que lui accordait son oncle, Drouillet, négociant français en relations d’affaires avec la colonie, permet d’expliquer en grande partie comment Claverie réussit à gravir rapidement les échelons de la société.
Aussi astucieux qu’ambitieux, Claverie se rendit vite compte des avantages financiers qu’il pourrait retirer de l’inextricable chaos dans lequel François Bigot* plongeait volontairement l’administration de la colonie. Il se lia donc d’amitié avec des membres de la célèbre clique : Jacques-Michel Bréard*, contrôleur de la marine, Guillaume Estèbe*, garde-magasin du roi, et Jean-Victor Varin* de La Marre, commissaire-ordonnateur. Dès 1750, Claverie s’entendait avec Bigot pour construire un magasin dont une partie empiéterait sur le terrain du roi et que ce dernier achèterait « au prix coûtant », si jamais le besoin s’en faisait sentir. Comme l’écrit le sieur de Courville* : « On fit bâtir près de l’Intendance une grande et vaste maison, avec des magasins, et pour y sauver les apparences du mystère, on y vendait en détail. » Claverie, propriétaire de l’établissement, et Guillaume Estèbe s’entendirent, toujours selon le sieur de Courville, pour tenter « de s’attirer tout le commerce et surtout de fournir tous les magasins du Roi ».
Dès lors, et pour une période de trois ans, Bigot demanda toujours en quantité insuffisante certaines fournitures à la cour ; il prenait bien soin de prévenir au préalable Claverie, qui s’empressait de se procurer des marchandises non seulement pour les vendre au prix fort à l’État, mais encore pour « fournir plusieurs fois la même marchandise au Roy, et toujours les lui faire acheter plus cher ». Exaspérés de voir baisser leurs ventes, les marchands québécois surnommèrent l’établissement La Friponne. L’ineffable Bigot prétendit plus tard qu’« une servante qui y avoit volé, lui avoit d’abord fait donner ce nom ». Force lui sera toutefois d’admettre que les négociants le lui conservèrent avec une attribution toute différente.
Devant le mécontentement, Bigot se vit contraint en 1753 d’acheter La Friponne, qu’il paya 23 668#, et de fermer le magasin. Il était d’ailleurs temps car on n’ignorait plus à la cour les abus qui se faisaient dans la colonie. Le 1er juin 1754, le ministre de la Marine, Antoine-Louis Rouillé, écrivait à Bigot une lettre démontrant clairement qu’il connaissait bien les activités véritables de la Friponne. Il signale que « tout a esté mis en party », précisant que Bréard s’accaparait de tous les affrètements faits pour le roi, Michel-Jean-Hughes Péan*, des fournitures de farine et de légumes, Joseph-Michel Cadet*, de la boucherie, et Claverie, de toutes les autres fournitures du magasin de Québec. L’ex-propriétaire de La Friponne avait toutefois eu tout le loisir de s’enrichir et, le 28 octobre 1754, il achetait la seigneurie de la Rivière-du-Loup-en-haut, sur le lac Saint-Pierre, et, quelques jours plus tard, celle de Madawaska.
Au cours de l’hiver 1754–1755, Bigot dut aller se justifier devant la cour. N’ayant que trop bien réussi, il revint dans la colonie le printemps suivant. Comme Estèbe partait pour l’Europe, Bigot accorda la place de garde-magasin à Claverie comme « récompense d’avoir bien géré La Friponne ». Ce dernier s’empressa alors d’y placer « ses parents ». Cependant il ne jouit de son poste que durant huit mois : il mourut en effet à Montréal au mois d’août 1756, apparemment emporté par la variole.
Le 29 janvier 1753, Pierre Claverie avait épousé à Québec Marie-Anne Dupéré, âgée de 15 ans, fille de Jean-Baptiste Dupéré, marchand de Québec ; de ce mariage était née une fille. Après le décès de son époux, la veuve Claverie épousa, le 9 mai 1758, à Sainte-Foy, Nicolas-Antoine Dandane Danseville de L’Étendard, lieutenant du corps royal de l’artillerie et du génie. Elle possédait alors, en plus des biens paternels et des deux seigneuries, 164 657# 12s. « tant en lettres d’échange du trézor billets d’ordonnance argent monnoyé que billet ».
Contrairement à ce que prétend Cyprien Tanguay*, Claverie n’a pas remplacé Estèbe au Conseil supérieur en 1755 ou 1756. En effet, ce n’est que le 1er février 1758 qu’Estèbe abandonnait cette charge, alors que Claverie était déjà décédé. Le fait que Claverie était conseiller du roi, poste différent de celui de conseiller au Conseil souverain, a provoqué cette confusion.
Robert Lahaise
ANQ, Greffe de R.-C. Barolet, 27 janv. 1753, 6 mai 1758 ; Greffe de J.-C. Panet, 18 déc. 1758.— Les malignités du sieur de Courville, BRH, L (1944) : 65–86, 97–117.— RAC, 1905, I, vie partie, 192.— Dictionnaire national des Canadiens français (1608–1760) (2 vol., Montréal, 1958).— P.-G. Roy, Inv. contrats de mariage, II : 51 ; Inv. jug. et délib., 1717–1760.— Tanguay, Dictionnaire.— Frégault, François Bigot, passim.— P.-G. Roy, Bigot et sa bande, 258–261.— Amédée Gosselin, François-Joseph de Vienne et le journal du siège de Québec en 1759, RAPQ, 1922–1923, 408.— Pierre Claverie a-t-il été membre du Conseil Souverain ? BRH, XXIII (1917) : 256.— J.-E. Roy, Les conseillers au Conseil Souverain de la Nouvelle-France, BRH, I (1895) : 177–188.— P.-G. Roy, Jean Victor Varin de la Marre, BRH, XXII (1916) : 176–182.
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