Biographie Salaberry Charles-Rene-Leonidas



Biographie Salaberry Charles-Rene-Leonidas

IRUMBERRY DE SALABERRY, CHARLES-RENÉ-LÉONIDAS D’, officier de milice et fonctionnaire, né le 27 août 1820 à Chambly, Bas-Canada, troisième fils du lieutenant-colonel Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, héros de la bataille de Châteauguay, et de Marie-Anne-Julie Hertel de Rouville ; le 30 janvier 1849, il épousa Marie-Victorine-Cordélia Franchère (décédée en 1855), et de ce mariage naquirent trois enfants, puis, le 1er septembre 1869, Louise-Joséphine Allard (décédée en 1877), et ils eurent quatre enfants ; enfin, il contracta un troisième mariage, le 3 novembre 1880, avec Marie-Louise Baby ; décédé le 25 mars 1882 à L’Assomption, Québec.

L’origine et les mariages successifs de Charles-René-Léonidas d’Irumberry de Salaberry nous éclairent sur son caractère et sa carrière. Il grandit dans une famille fortunée et habituée à servir dans la fonction publique. Comme fils cadet, il dépendait peut-être plus que les autres d’un emploi de fonctionnaire, emploi auquel il en était venu à s’imaginer, ainsi que ses amis, avoir raisonnablement droit. Le milieu auquel il appartenait explique peut-être son absence de formation professionnelle : en dépit de nombreuses déclarations faites en ce sens, il n’existe aucune preuve attestant qu’il ait été ingénieur ou même arpenteur. Il appartenait à cette classe de gens, déjà en voie de disparition au milieu du xixe siècle, qui pouvaient espérer vivre de leur nom.

En 1852, Salaberry était lieutenant-colonel dans le 2e bataillon de la milice de Rouville. Il servit avec le même grade dans les Voltigeurs de Québec et sa commission fut signée en 1862, au plus fort de l’affaire du Trent [V. sir Charles Hastings Doyle]. Salaberry étudia ensuite à l’école militaire de Québec, établie dans le cadre d’un programme d’amélioration de la milice canadienne à la suite, en particulier, des tensions qui aboutirent à la guerre de Sécession ; il reçut son brevet de première classe en 1865. En devenant officier de milice breveté, Salaberry perpétuait les traditions militaires de son illustre père et aussi de la famille de sa mère. Nous ne savons rien de ses autres occupations au cours des décennies 1850 et 1860, ni avec quelles ressources il faisait vivre sa famille, sauf qu’il travailla pendant une courte période au service du gouvernement canadien.

En 1857, en effet, Salaberry fut désigné pour participer à une expédition canadienne d’exploration, organisée à la hâte et dirigée par George Gladman*. Cette expédition dont faisaient également partie Simon James Dawson* et Henry Youle Hind* était chargée d’explorer la route entre le fort William (maintenant partie de Thunder Bay, Ontario) et la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), et de fournir des informations détaillées au gouvernement canadien sur la possibilité de l’utiliser. Salaberry et G.-F. Gaudet, les seuls Canadiens français choisis pour cette expédition, étaient inscrits sur la liste comme « adjoints au service » de Dawson ; ils ne recevaient toutefois que 7 shillings 6 pence par jour, salaire correspondant à celui d’un chaîneur et inférieur à celui touché par les adjoints de Gladman et de Hind. Il y avait nettement un problème de mauvaise gestion car Gaudet avait une certaine formation professionnelle à titre d’ingénieur ; Salaberry et Gaudet élevèrent donc des protestations. Il est fort possible que les deux Canadiens français aient été engagés à la dernière minute.

Le nom de Salaberry et sa connaissance du français furent d’une grande utilité à la Rivière-Rouge en 1857 pour embaucher des membres francophones de la communauté et leur acheter les ravitaillements nécessaires à l’arpentage de la route menant d’Upper Fort Garry (Winnipeg) au lac des Bois. Bien plus, des vétérans de la guerre de 1812 qui vivaient dans la colonie, se souvenant de son père, sollicitèrent son appui en vue d’obtenir des pensions en reconnaissance de leurs services. Salaberry se rendit à Toronto à la fin de l’automne avec d’autres membres de l’expédition ; il retourna ensuite à la Rivière-Rouge, devançant le reste du groupe constitué pour la nouvelle expédition de 1858 dirigée par Dawson et Hind. Il travailla cet été-là sous les ordres de Dawson et reçut des louanges pour son aptitude à encourager les hommes de canot pendant l’exploration des rivières Saskatchewan et Assiniboine. Une troisième expédition prévue pour 1859 n’eut pas lieu.

Salaberry quitta ensuite la scène publique, vivant apparemment de sa fortune personnelle. En février 1868, des amis présentèrent une pétition à l’Assemblée législative du Québec, demandant de lui accorder un poste. Aucune mesure ne fut prise cette année-là, mais en juillet 1869 on le nomma inspecteur des bois et forêts pour la région de Montréal.

À l’automne de 1869, cependant, la rébellion éclata à la Rivière-Rouge sous la conduite de Louis Riel. Le gouvernement fédéral, cherchant à rassurer les colons de la Rivière-Rouge quant à ses bonnes intentions, décida, en décembre, d’envoyer des émissaires. Il désigna l’abbé Jean-Baptiste Thibault*, qui avait travaillé pendant 35 ans dans le Nord-Ouest, et Salaberry, qui fut probablement choisi à la recommandation de sir George-Étienne Cartier*, à cause de son expérience dans le Nord-Ouest en 1857 et 1858.

La veille de Noël 1869, Salaberry arriva à Pembina (Dakota du Nord) accompagné de Thibault ; ce dernier se rendit seul jusqu’à la colonie de la Rivière-Rouge où les hommes de Riel le mirent sous surveillance dans le palais épiscopal de Mgr Alexandre-Antonin Taché*, à Saint-Boniface. Au début de janvier, Salaberry rejoignit son compagnon, et ils comparurent devant le conseil des Métis du gouvernement provisoire. Riel, qui avait insisté pour voir leurs instructions, déclara que celles-ci ne leur conféraient aucun pouvoir pour négocier au nom du Canada et il les congédia poliment. Les deux émissaires n’étaient pas parvenus à convaincre les habitants de la Rivière-Rouge de cesser leur opposition au gouvernement canadien, mais ils réussirent à calmer les esprits à Saint-Boniface.

Donald Alexander Smith*, qui avait été nommé commissaire par sir John Alexander Macdonald* après que Thibault et Salaberry eurent été choisis, était arrivé à la Rivière-Rouge le 27 décembre précédent en compagnie de Richard Charles Hardisty. Il devint évident le 19 janvier, premier jour d’une réunion tenue à Upper Fort Garry et qui devait se poursuivre le lendemain, que Smith avait réussi à miner les appuis dont Riel jouissait parmi les colons de la Rivière-Rouge en utilisant l’influence et les fonds de la Hudson’s Bay Company. Cependant, le 20, à la suggestion de Riel, l’assemblée décida d’élire un conseil de la colonie chargé de préparer les conditions qui seraient présentées par des délégués à Ottawa. Smith aurait voulu négocier un règlement lui-même ; il blâma Thibault de ce recul et l’accusa d’aider à rallier les partisans de Riel. On présume que Salaberry fut d’accord avec l’envoi de délégués car, lorsqu’il fut interrogé par l’assemblée, il assura fermement aux participants que le gouvernement canadien paierait les dépenses des délégués à Ottawa. Ce fut la seule contribution de Salaberry à la réunion de la Rivière-Rouge ; il s’employa par contre, pendant son séjour de trois mois à Saint-Boniface, à mettre sur pied et à entraîner une fanfare composée de jeunes garçons.

Le 24 mars 1870, Salaberry quitta la Rivière-Rouge en compagnie de Joseph-Noël Ritchot*, un des délégués à Ottawa du gouvernement provisoire, qu’il présenta à Cartier et à Joseph Howe*, secrétaire d’État aux Affaires provinciales. Salaberry retourna plus tard à Québec et reprit ses fonctions d’agent forestier dans la région de Montréal. Il conserva ce poste jusqu’à sa mort en 1882.

W. L. Morton

W. L. Morton, « IRUMBERRY DE SALABERRY, CHARLES-RENÉ-LÉONIDAS D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 oct. 2017?

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