Biographie Chalifoux Odilon
Plaque de Paul Charles Chalifour, mise sur le terrain des Maizerets à Québec par l'association des familles Chalifour, Chalifoux
TÉMOIGNAGE. Odilon Chalifoux a sauvé la vie de trois enfants lors d'un incendie. Sa fille, Nicole Chaîné Chalifoux, veut profiter de la semaine de la prévention des incendies pour rendre hommage à cet homme qui a donné sa vie pour les siens.
M. Chalifoux a été chef de la bridage volontaire du service des incendies de la ville de Buckingham et contremaître de la même ville. Mme Chalifoux Chainé avait environ 7 ans quand son père a reçu un appel pour un incendie. Son père qui était sur la route pour son travail de contremaître est arrivé sur les lieux avant le camion de pompier. «On lui a dit qu'il y avait à l'intérieur trois enfants. Alors sans hésiter, il est entré dans la maison en feu sans habit de pompier, ni masque il est allé chercher ces trois enfants en mettant sa propre vie en danger», raconte-t-elle.
Elle ajoute que les pompiers, encore vêtus de leurs habits, ont amené son père à bout de bras sur le divan du salon tellement il avait avalé de la fumée. «Il ne voulait pas aller à l'hôpital disant qu'il allait s'en remettre et surtout qu'il voulait voir sa femme et ses enfants, précise Mme Chalifoux Chainé. Immédiatement, le docteur arriva ainsi que le prêtre qui administra tout de suite l'extrême-onction. Le médecin amena mon père à l'hôpital.»
Selon Mme Chalifoux Chainé, cet événement a impacté la vie de son père. Selon elle, la Ville lui avait acheté une machine qui lançait de l'air froid pour l'aider à respirer. «J'ai vu mon père des centaines de fois se lever la nuit et même en plein jour passer à la maison pour aller respirer dans cette machine. Ça a duré jusqu'à sa mort.»
M. Chalifoux était également le chef pompier lorsque la rue Principale a pris en feu en 1965 et qui a détruit six commerces en une journée.
Ce chef pompier était aussi présent lorsque trois enfants sont décédés dans un incendie. «Cet événement avait touché mon père au plus profond de son être, car lui et ses hommes n'avaient pas pu sauver ces enfants, partage Mme Chalifoux Chainé. La nuit, je l'entendais pleurer.» Elle se souvient que lors du défilé de la semaine de la prévention des incendies, M. Chalifoux avait construit un char mettant en scène cet incendie afin de prévenir la population d'un tel danger et de prendre les précautions nécessaires pour éviter un tel événement.
M. Chalifoux a aussi mis sur pied, le Bal des Pompiers qui se déroulait à la Salle des Chevaliers de Colomb pour amasser des fonds pour aider les familles qui passaient au feu et perdaient tout.
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Mon cher papa, tu serais fier aujourd'hui de savoir que dans chaque maison, chaque appartement, il y a des détecteurs de fumée. Et tu serais le premier à crier à tue-tête : n'oubliez pas de changer vos batteries chaque année.» Nicole Chalifoux Chainé
Qui est Odilon Chalifoux
M. Chalifoux est né le 22 mai 1906 à Montebello. Douze ans plus tard, il a déménagé à Buckingham avec sa famille afin de travailler à l'usine de pâte et papier McLaren avec son père pour aider financièrement ses parents. Il a travaillé dans les chantiers et a fait la drave.
Après son mariage avec Rébecca Latour, il a commencé à travailler aux travaux publics de la ville de 1929 à 1966. Avec son beau-frère, Hervé Latour, il est devenu pompier. Il est ensuite devenu sous-chef des pompiers volontaires, appuyant ainsi son beau-frère qui était chef jusqu'à son décès où M. Chalifoux a pris la relève de 1961 à 1966.
En plus d'occuper ce poste, M. Chalifoux donnait de son temps à la société. «Il était impliqué dans les Chevaliers de Colomb et dans la St-Vincent-de-Paul où toutes les semaines il allait porter à manger, des vêtements et des cordes de bois de chauffage à ceux qui étaient dans le besoin, raconte sa fille. Chaque fois qu'il revenait à la maison, il s'assoyait dans la berceuse de la cuisine et venait raconter à sa femme son chagrin. Il pleurait souvent de voir les enfants sans chaussure et rien à manger ou se chauffer.»
Mme Chalifoux Chainé se souvient que souvent, son père et sa mère ont pris la décision d'acheter de leur propre poche des bottes d'hiver à des enfants.
Lors de son décès en 1966, la ville avait décidé d'offrir des funérailles militaires au chef pompier. Dans le journal du Bulletin de Buckingham du 20 octobre 1966, on pouvait lire ceci : «Lorsque la population de Buckingham a appris jeudi dernier la mort soudaine de M. Odilon Chalifoux, nombreux sont ceux qui ont déclaré que la ville venait de perdre un homme précieux.»
Comme il existe peu d'archives de ces années, il est difficile pour Le Bulletin de trouver davantage d'informations sur ces événements. Il est toutefois possible de voir une vidéo concernant le grand incendie du 20 avril 1965 qui a détruit six commerces en une journée sur le site de la Société d'histoire de Buckingham. La vidéo se trouve dans la section patrimoine vivant au www.histoiredebuckingham.com/patrimoine-vivant/capsules-video/
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