Biographie Masson Genevieve



Biographie Masson Genevieve

 

Un brin d’histoire : Le Château Milette

par CLAUDE MARTEL, géographe-historien

Vendredi 3 octobre 2014

Vous avez sans doute reconnu cette grande demeure bourgeoise du 939, rue Saint-Louis, dans le Vieux-Terrebonne. Depuis 50 ans, elle héberge la Résidence funéraire Saint-Louis. Construite en 1914, par Geneviève Masson, cet admirable édifice mieux connu sous le nom de château Milette célèbre cette année son centenaire.  

L’héritage bourgeois des Masson

Lorsque la famille de Joseph Masson et Geneviève-Sophie Raymond vient s’établir à Terrebonne, en 1833, à titre de nouveau seigneur des lieux, une nouvelle page d’histoire se tourne. Par son dynamisme d’affaires, son influence politique et sa fortune personnelle, Joseph Masson et son épouse Sophie vont transformer le paysage bâti de Terrebonne. La rue Saint-Louis devient véritablement le front bourgeois du village puisque les enfants et les petits-enfants du seigneur Masson vont faire construire de somptueuses villas sur la rue Saint-Louis, principalement entre le manoir Masson (Collège Saint-Sacrement) et la ruelle des Anges, plus à l’ouest.

Le couple Joseph et Sophie va avoir 12 enfants. Le huitième, Jean-Paul-Romuald, que tout le monde appelle John, nait en 1832. Il épouse en première noce Joséphine-Célina Desjardins en 1857. Celle-ci meurt en 1872, si bien que l’année suivante il se remarie avec Joséphine Rodrigue, fille de Louis et Élisabeth Latour, de Sainte-Scholastique. De cette union va naître une fille, Geneviève Masson, le 24 janvier 1874. En 1882, Romuald fait construire un grand manoir en pierres grises sur la rue Saint-Louis, face à la rue Laurier. Il s’y trouve toujours. La jeune Geneviève va donc grandir dans un petit château. Romuald meurt en 1904.

Le château de Geneviève

En 1905, la mère de Geneviève, Joséphine Rodrigue fait l’acquisition du lot 330 (bande est du terrain); quatre ans plus tard, elle acquiert le lot voisin, le no 329. Au cours de la même année, Alexandre-Henri Masson se porte acquéreur des deux lots voisins, à l’ouest. Geneviève Masson devait sans doute être considérée comme la vieille fille du village. Toujours célibataire en 1913, elle était âgée de 39 ans. Mais un bon parti du nom d’Alphonse Milette se pointe à l’horizon.

Comme convenu dans le testament de sa mère, Geneviève hérite des deux terrains contigus lors du décès de sa mère et devient propriétaire des lieux le 6 novembre 1913.  Elle amorce alors un grand rêve, celui de construire son propre château. Dès 1914, les travaux de construction d’un somptueux château d’influence victorienne, plus précisément de style néo-Queen Anne, sont lancés. C’est un grand chantier qui va durer plus de 18 mois et qui mènera à l’embauche de 64 ouvriers. Selon les commentaires d’Edmond Despatis, le père du regretté journaliste Aimé Despatis, fondateur de La Revue, la brique servant de parement extérieur au château fut importée d’Italie et assemblée par un maître-briqueteur.

L’architecture du château en fait un des édifices les plus remarquables de Terrebonne. La grande tour en coin fait 18 pieds de diamètre. Le bâtiment est orné d’une grande galerie qui fait deux côtés. On observe plusieurs détails architecturaux : fenêtres en forme d’arc surbaissé, oriel demi-circulaire en saillie, lucarnes rampantes à croupe avec un épi, corniches à consoles, balustres en bois tournés, porte avant avec baies latérales, une imposte vitrée, etc.

Lorsque la maison fut prête à loger « convenablement » ses châtelains, Geneviève Masson va épouser l’homme d’affaires Alphonse Milette, le 1er décembre 1917. Le couple emménage dans le château, que Geneviève baptise affectueusement du nom de « L’Ermitage ». Le couple Milette-Masson va vivre au château, mais n’aura pas d’enfants. Ils sont toutefois entourés de nombreux domestiques. En 1917, Geneviève acquiert les deux lots voisins (328 et 327-2) sur lesquels elle fait aménager un jardin.

Outre l’architecture de la maison, la façade du terrain présente une magnifique clôture en fer forgé. Mais avec le déneigement des rues et l’usage intensif d’abrasif, le calcium va finir par attaquer l’intégrité du fer forgé. Au cours des années 1990, les propriétaires durent se résigner à l’enlever, la réparer aurait alors coûté autour de 25 000$!

Geneviève Masson meurt le 11 décembre 1957. Comme bon nombre de bourgeois Masson, sa dépouille est inhumée sous l’église paroissiale. Son mari, Alphonse Milette devient propriétaire de la grande maison de Terrebonne, mais il décide plutôt de vivre à Montréal. Le château demeurera inhabité pendant sept ans.

Alphonse Milette

Quelques mots sur le résident des lieux. Né à Trois-Rivières en 1882, il entre au service de la Banque Provinciale du Canada en 1900 et est notamment affecté à la succursale de Terrebonne. En 1906, il quitte la banque pour le département de publicité du journal La Presse, mais c’est en 1912 qu’il se lance en affaires dans le courtage d’immeubles et d’obligations. Homme d’affaires montréalais respecté, il est président de la Chambre de commerce de Montréal, vice-président de la Fédération des Chambres de commerce de la Province de Québec, vice-président de la Compagnie d’Assurance sur la Vie La Sauvegarde et administrateur de la succession de Joseph Masson. Il partage donc sa vie entre Terrebonne et Montréal avant de s’éteindre le 29 mars 1964. 

Entre-temps, le 24 juillet 1962, Alphonse Milette a vendu la propriété au Séminaire des Pères du Saint-Sacrement. L’institution d’enseignement vit alors une phase d’expansion et acquiert les terrains voisins de son établissement, le collège du même nom.

La Résidence funéraire Saint-Louis

Le 30 septembre 1964, un nouveau salon mortuaire voit le jour à Terrebonne. Créée par un groupe d’actionnaires présidé par Fernand Lalancette, la Résidence funéraire St-Louis s’installe aussitôt dans le château Milette. Les actionnaires vont faire l’acquisition officielle du château le 22 novembre 1965. Le Salon est alors dirigé par Roland Thuot qui deviendra bientôt le principal propriétaire.

L’étage de la résidence est habité par ce dernier, son épouse Gisèle Chartier et leurs trois fils, Gérald, Christian et Jean-Marc. Les enfants vont donc grandir dans cette grande maison; un grand terrain de jeux intérieur, mais qu’ils doivent «partager», en toute tranquillité avec les familles des défunts exposés dans les salons du rez-de-chaussée. Roland Thuot meurt subitement en 1990, âgé de 57 ans. Sa veuve et ses fils vont poursuivre les activités de l’entreprise. D’ailleurs Jean-Marc a fait ses études en thanatologie et dirige aujourd’hui l’entreprise familiale.

Les amants du patrimoine doivent un sincère remerciement aux Thuot, père et fils, qui ont su sauvegarder l’esthétique et l’intégrité patrimoniale de cet édifice centenaire, édifice que l’on peut sans aucun doute qualifier de bijou architectural de Terrebonne.

Source : SHRT, Fonds Aimé Despatis

Quand j'étais jeune je cotoyais les Grenier qui habitaient en face du vieux Château Milette. J'ai donc eu la chance d'explorer différentes sections fascinantes de cette demeure  ( Michel-Mitch Latour)

 

 

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