Biographie Philippe-Napoleon Pacaud
PACAUD, PHILIPPE-NAPOLÉON, notaire et patriote,
né à Québec le 22 janvier 1812, fils de Joseph Pacaud, charpentier,
navigateur et négociant, et d’Angélique Brown ; le
9 septembre 1834, il épousa à Boucherville, Bas-Canada, Julie-Aurélie
Boucher de La Bruère puis, le 19 janvier 1847, à Trois-Rivières,
Clarice Duval ; décédé à Saint-Norbert-d’Arthabaska (Norbertville,
Québec), le 27 juillet 1884.
Philippe-Napoléon
Pacaud étudia au séminaire de Nicolet de 1821 à 1829. Après avoir fait un stage
de clerc chez Louis Panet, à Québec, il reçut sa commission de notaire le
23 janvier 1833. Pacaud s’établit à Saint-Hyacinthe l’année suivante,
où il se mit à la pratique du notariat en même temps qu’il ouvrit, semble-t-il,
un commerce qui allait s’avérer florissant. Lorsque son frère Charles-Adrien et
son beau-frère, le docteur Pierre-Claude Boucher* de La Bruère, y
fondèrent la Banque canadienne de Saint-Hyacinthe en 1836, le jeune notaire
Pacaud compta parmi les principaux administrateurs de cette nouvelle
entreprise.
En
avril 1837, les chefs patriotes décidèrent d’organiser des assemblées de
protestation, à la suite de l’adoption des résolutions de lord John Russell par
le parlement de Londres [V. Denis-Benjamin Viger*]. Un comité central et
permanent fut bientôt mis sur pied, et Pacaud, avec Louis-Antoine Dessaulles*,
fut du nombre des Patriotes maskoutains qui fréquentèrent la librairie
d’Édouard-Raymond Fabre*, à Montréal, où se réunissait ce comité. L’automne
suivant, Pacaud participa à la création d’une section des Fils de la liberté à
Saint-Hyacinthe, dont il fut nommé capitaine. Peu après, il rencontra les chefs
patriotes réunis à Saint-Denis, sur le Richelieu, et leur proposa d’émettre des
billets de banque rachetables par la nation après la conquête de son
indépendance et devant servir à financer leur lutte. Son projet agréé, Pacaud,
nommé commissaire général des armées canadiennes, s’en vit confier l’exécution.
Mais les affrontements entre les troupes britanniques et les Patriotes
éclatèrent trop tôt pour qu’il puisse lancer la première émission de cette
monnaie, dont l’objectif était de $300 000.
Après
avoir combattu à Saint-Denis et à Saint-Charles-sur-Richelieu, en novembre
1837, Pacaud tenta de gagner les États-Unis, en compagnie de son frère
Charles-Adrien et de son beau-frère, Boucher de La Bruère. Leur retraite
coupée, ils durent revenir vers Saint-Hyacinthe. Recherché par les autorités,
Pacaud eut recours à divers stratagèmes pour échapper à ses poursuivants. Il se
réfugia d’abord sous les combles de sa propre demeure, puis se terra pendant
quelque temps au séminaire de Saint-Hyacinthe, déguisé en ecclésiastique. Il se
cacha ensuite en divers autres endroits jusqu’à ce que la proclamation
d’amnistie du 28 juin 1838 lui permette de regagner impunément son
foyer.
Au
moment où l’agitation reprit, à l’automne de 1838, les autorités effectuèrent
plusieurs arrestations préventives. Le 2 décembre, Pacaud fut
appréhendé pour avoir assisté, le 2 novembre précédent, à une assemblée
convoquée par Édouard-Élisée Malhiot*, un des leaders patriotes rentré des
États-Unis pour organiser un nouveau soulèvement armé. Écroué à la prison de
Montréal, Pacaud recouvra sa liberté le 22 janvier 1839, sans avoir
subi de procès. Au cours des années 1840, Pacaud quitta Saint-Hyacinthe pour
aller chercher fortune à Saint-Norbert-d’Arthabaska. Cette région, nouvellement
ouverte à la colonisation, offrait vraisemblablement plus de possibilités pour
le jeune notaire que Saint-Hyacinthe qui comptait déjà plusieurs tabellions.
Par ailleurs, le décès de son épouse et de deux de leurs trois enfants, survenu
peu de temps après sa sortie de prison, ne fut sans doute pas étranger à cette
décision.
En
septembre 1854, Pacaud se vit confier par le département des Terres de la
couronne la direction des travaux d’un chemin de colonisation traversant les
cantons de Chester, de Ham et de Wolfestown. Aux élections de 1857–1858, il se
porta candidat dans le comté de Drummond et Arthabaska, mais il se retira en
faveur de son ami Jean-Baptiste-Éric Dorion*. En 1862, le notaire Pacaud
cumulait, à Saint-Norbert-d’Arthabaska, les fonctions de juge de paix, de
capitaine de milice, de maître de poste et de greffier de la Cour des
commissaires du district d’Arthabaska. Fort de cette position sociale et animé
probablement par les idées radicales qu’il avait nourries à l’époque des
événements de 1837–1838, Pacaud intenta, en 1864, un procès contre le curé de
la paroisse Saint-Norbert, Pierre Roy, qu’il accusa d’avoir détourné
frauduleusement, en qualité de secrétaire-trésorier de la « corporation
scolaire de l’endroit », une somme de $111,30 destinée au fonds des
écoles. Débouté à la Cour de circuit du district d’Arthabaska le
7 mars 1865, Pacaud interjeta appel. Le 20 mars 1866,
un jugement rendu à la Cour du banc de la reine lui donna gain de cause et
condamna l’accusé à une amende de $40. Ce procès, où Pacaud eut comme procureur
son frère Édouard-Louis qui alla jusqu’à demander
l’emprisonnement du curé, connut un certain retentissement.
Contrairement
à ses frères Georges-Jérémie, Édouard-Louis et Charles-Adrien, engagés à divers
degrés dans les affaires, Pacaud s’en tint, depuis son arrivée dans la région
d’Arthabaska jusqu’en 1883, à l’exercice de sa profession de notaire et au
cumul de quelques fonctions comme celles qu’il occupait en 1862 ; ces
dernières semblent d’ailleurs lui avoir été retirées à la suite du retour au
pouvoir du parti conservateur de sir John Alexander Macdonald* aux élections
fédérales de 1878, le laissant dans une situation financière précaire.
Pacaud,
qui mourut en 1884, était demeuré toute sa vie un admirateur inconditionnel de
Louis-Joseph Papineau* ; selon son propre témoignage recueilli vers 1878
par Louis-Honoré Fréchette*, un ami proche de la famille, il aurait intimé
l’ordre au chef des Patriotes de ne pas exposer inutilement sa vie à la veille
de la bataille de Saint-Denis et l’aurait forcé à quitter les lieux, sous la menace
d’un pistolet. Des cinq enfants nés de son second mariage, deux joueront un
rôle relativement important sur la scène politique :
Jean-Baptiste-Napoléon-Gaspard deviendra député de North Essex et orateur
(président) de l’Assemblée législative de l’Ontario, tandis que
Philippe-Olivier-Ernest*, fondateur du journal l’Électeur, de Québec, devenu le
Soleil par la suite, agira à titre de
principal organisateur politique de Wilfrid Laurier* et d’Honoré Mercier*. src: www.biographi.ca
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