Biographie Bouchette Robert-Shore-Milnes



Biographie Bouchette Robert-Shore-Milnes

Bien qu'issu d'une famille bureaucrate,
Robert-Shore-Milnes Bouchette,
défend avec fougue la cause patriote
autant par les armes que par la plume.


BOUCHETTE, ROBERT-SHORE-MILNES
, avocat, cartographe, patriote, fonctionnaire, quatrième fils de Joseph Bouchette*, arpenteur général du Bas-Canada, et de Marie-Louise-Adélaïde Chaboillez, né à Québec le 12 mars 1805 et décédé en cette ville le 4 juin 1879.

      À son baptême, Robert-Shore-Milnes Bouchette reçoit comme prénoms le nom du lieutenant-gouverneur d’alors, sir Robert Shore Milnes*, son parrain. Il étudie sous la direction du révérend Daniel Wilkie* et entreprend l’étude du droit comme clerc dans le bureau d’Andrew Stuart*, un ami de son père. Tout en se spécialisant dans le droit maritime, il affectionne l’étude de l’italien, de l’histoire, des lettres et des mathématiques : « une récréation », écrit-il dans ses Mémoires. Tenté par son « goût naturel pour le dessin et la cartographie » et par son « désir des voyages », il interrompt momentanément ses études en décembre 1823 pour aller copier à New York les cartes de la frontière commune des États-Unis et du Canada, en tant qu’assistant du lieutenant Henry Piers, du Royal Staff Corps. Le 15 mars 1826, à peine âgé de 21 ans, il est admis à la pratique du droit.

      Robert Bouchette se consacre « avec ardeur » à sa nouvelle profession jusqu’en 1828 ; l’année suivante, il est attaché au bureau des arpenteurs et aide son père à publier son œuvre géographique et cartographique. Il se rend à Londres et travaille au dessin des cartes et à la description topographique et historique du Canada qui constituent les deux ouvrages de Joseph Bouchette publiés en 1831. Grâce à la fonction officielle que remplit son père au Canada, Robert Bouchette a la chance de fréquenter la noblesse et la bourgeoisie anglaises et d’y rencontrer plusieurs grands personnages de l’époque. De retour d’un voyage en France et en Italie, il rencontre, à Douvres, Mary Ann Gardner qu’il épouse le 6 mars 1834. Quelques mois après leur arrivée au Canada, la jeune Anglaise meurt, le 27 juillet, victime de l’épidémie de choléra asiatique.

      Ce deuil subit et la conjoncture politique provoquent un tournant décisif dans la vie de Bouchette, qui se range « sans hésitation du côté des libéraux, quoique, dit-il, il m’en coûtât beaucoup de me séparer de ma famille et de beaucoup de mes amis personnels qui sympathisaient avec le parti qui avait pris bien à tort le titre de constitutionnel ». Robert Bouchette pose sa candidature comme député du comté de Saguenay en février 1836 mais son adversaire, Charles Drolet, un libéral lui aussi, remporte la victoire grâce à l’influence de Louis-Joseph Papineau. Le candidat défait prend par la suite une part active aux assemblées tenues dans la région de Québec pour protester contre les résolutions de lord John Russell. Le 17 juin 1837, il fonde à Québec un journal bilingue, le Libéral/The Liberal, dont il confie la rédaction de la partie anglaise à son ami Charles Hunter*.

      Tombant sous le coup des mandats d’arrestation émis contre les présidents des comités patriotes, le rédacteur québécois est arrêté, puis libéré sous caution peu après. Il quitte rapidement Québec en direction de la vallée du Richelieu et parvient à Swanton au Vermont. Le 6 décembre 1837, officier sous le commandement d’Édouard-Élisée Malhiot, Robert Bouchette dirige l’avant-garde de la petite troupe qui rencontre l’ennemi [V. Moore] à Moore’s Corner (Saint-Armand-Station). Blessé et incarcéré à la prison de Montréal, il est condamné, le 28 juin 1838, à l’exil aux Bermudes, avec sept autres patriotes, à qui Durham [Lambton*] avait arraché un semblant d’aveu de culpabilité. Parti de Québec le 4 juillet, à bord de la frégate Vestal, il arrive aux Bermudes le 28, après une traversée qui lui a permis de rédiger un exposé des griefs des Canadiens, en collaboration avec Wolfred Nelson*. Après l’abrogation de l’ordonnance de Durham, Bouchette quitte son lieu d’exil en direction de la côte américaine. Admis au Barreau du Vermont en 1839, il épouse en cette même année Caroline-Anne Berthelot.

      De retour au Canada en 1845, après le nolle prosequi de 1843, il est nommé greffier du procureur général du Canada-Est trois ans plus tard, et accède au poste de commissaire des douanes en mars 1851. En plus de voir à l’organisation de ce service, Robert Bouchette fait aussi partie de plusieurs commissions gouvernementales, dont celles chargées d’étudier les résultats du traité de réciprocité avec les États-Unis (1860), l’organisation de la fonction publique (1862), la participation du Canada à l’exposition universelle de 1867 à Paris – Joseph-Charles Taché* et lui-même y représentent officiellement le Canada – et les répercussions de la nouvelle loi de la fonction publique (1868).

      Veuf de nouveau le 28 janvier 1858, Robert Bouchette convole en troisièmes noces le 11 juin 1861 avec Clara Lindsay qui lui donne, entre autres enfants, Robert-Errol*. Retiré du fonctionnarisme en 1875, il meurt à Québec et est inhumé à Saint-Colomb-de-Sillery.

      À l’avant-garde du mouvement patriote qu’il sert avec fougue et enthousiasme par les armes et par la plume, Robert Bouchette fait scandale en rompant avec son milieu familial, d’allégeance bureaucrate. Ce même enthousiasme se retrouve chez le commissaire des douanes, lorsqu’il bâtit ce service et qu’il en défend l’organisation en présentant un rapport personnel différent de celui de la commission chargée d’étudier les répercussions de la nouvelle loi de la fonction publique. Cette ardeur ne l’empêche pas de nourrir quelques prétentions esthétiques lorsqu’il s’adonne au dessin et à la cartographie, et qu’il embellit de son pinceau sa cellule de la prison de Montréal, la décorant de sa guitare et de dessins contenus dans ses portefeuilles.

Yves Tessier

APC, Division des cartes, cartes manuscrites diverses copiées par Robert-Shore-Milnes Bouchette ; FM 24, D8/1 (Papiers Wright), 4 503, 4 504, 12 139–12 142, 12 334–12 336, 12 391, 12 392, 12 420, 12 421, 12 570, 12 571, 13 611, 13 612, 16 379–16 382, 17 276 ; FM 29, G27 (Papiers Henry James Morgan), 3, pp. 937–944.— [R.-S.-M. Bouchette], Mémoires de Robert-S.-M. Bouchette, 1805–1840 ; recueillis par son fils Errol Bouchette et annotés par A.-D. Decelles (Montréal, [1903]) ; Weights and measures, Trans. of the Lit. and Hist. Soc. of Que., nouv. sér., I (1863) : 1–33.— R.-S.-M. Bouchette et Wolfred Nelson, Brief sketch of Canadian affairs, Canadian antiquarian and numismatic journal, 3e sér., XIII (1916) : 21–29.— Inventaire des documents relatifs aux événements de 1837 et 1838, conservés aux archives de la province de Québec, RAPQ, 1925–1926, 188s., 272s., 283, 327.— Papiers Duvernay conservés aux archives de la province de Québec, RAPQ, 1926–1927, 147–252.— Sessional Papers of Canada, 1869, 5, no 19, 39s.— Standard dict. of Can. biog. (Roberts et Tunnell), I : 62s.— Fauteux, Patriotes, 126–128.— P.-G. Roy, La famille Taschereau (Lévis, 1901), 35s.— Robert-Shore-Milnes Bouchette, BRH, XXXII (1926) : 563.

Source: Dictionnaire biographique du Canada en ligne
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