Biographie Viger Bonaventure
Ce simple cultivateur de Boucherville devient, un chef très populaire à la suite de son coup d'état armé pour libérer deux Patriotes prisonniers
VIGER, BONAVENTURE, patriote, né à Boucherville le 14 mai 1804, fils de Bonaventure Viger et de Louise Carmel-Levasseur, cousin de Denis-Benjamin Viger*, décédé à Belœil, Qué., le 15 décembre 1877.
Bonaventure Viger est surtout connu pour sa participation aux troubles de 1837. Avant cette date, on ignore ce qu’il fit. L’un des plus fidèles partisans de Louis-Joseph Papineau, Viger était « d’une nature bouillante et généreuse ». Aussi, le 16 novembre 1837, lorsqu’il apprit que le docteur Joseph-François Davignon et le notaire Pierre-Paul Desmaray étaient conduits à la prison de Montréal par suite de leur participation active aux assemblées des Patriotes, il n’hésita pas à prendre les armes pour délivrer les prisonniers. C’est près de Longueuil que Viger et une poignée d’hommes s’embusquèrent pour faire face au détachement sous les ordres du lieutenant Ermatinger ; ils réussirent à libérer Davignon et Desmaray. Ce premier acte d’hostilité des Patriotes envers les soldats anglais marqua le début des escarmouches. Par la suite, Viger prit part aux batailles de Saint-Denis et de Saint-Charles. Il fut fait prisonnier à Bedford, dans les Cantons de l’Est, avec Louis-Isaac Larocque, un compagnon d’armes, alors que tous deux s’étaient égarés dans les bois voisins, dans une tentative pour atteindre la frontière américaine après la défaite de Saint-Charles.
Incarcéré à la prison de Montréal le 7 décembre 1837, Viger fut le plus indiscipliné de tous les prisonniers politiques et de nombreuses légendes ont eu cours à son sujet. En juin 1838, il fut l’un des huit prisonniers condamnés à l’exil aux Bermudes. Libéré en octobre de la même année, Viger se fixa aux États-Unis, près de la frontière, et il eut encore des démêlés avec la justice. Viger entra témérairement au Canada où il y fut arrêté de nouveau. Conduit à la prison de Montréal le 8 juin 1839, Viger et deux compagnons furent inculpés du meurtre du loyaliste Vosburgh. L’affaire se termina abruptement en décembre 1840 lorsque les jurés ne purent s’entendre.
Viger mena une vie tranquille après 1840. Il épousa, le 11 octobre 1841 à Boucherville, Eudoxie Trudel, dont il eut cinq enfants. Bientôt, ses fromages le rendirent aussi célèbre que ses exploits. En 1867, il était capitaine de milice et coroner à Saint-Bruno de Chambly. À n’en pas douter, Viger fut un héros populaire et légendaire, « l’une des figures dont le drame et le roman se plairont à perpétuer le souvenir ».
Jean-Marc Paradis
ANQ, Ludger Duvernay, nos 308, 317 ; QBC, Procureur général, Événements de 1837–1838, nos 50, 52, 54, 55, 59, 61, 62, 65, 68, 301, 355, 1 485, 2 871, 3 082, 3 100, 3 180, 4 103, 4 145.— APC, FM 30, D62 (Papiers Audet), XXX.— J.-J. Girouard à sa femme, RHAF, XIX (1965–1966) : 463s.— Les Patriotes aux Bermudes en 1838, lettres d’exil, Yvon Thériault, édit., RHAF, XVI (1962–1963) : 117–126, 439s. ; XVII (1963–1964) : 428–430.— C.-M. Boissonnault, Histoire politico-militaire des Canadiens français, 1763–1945 (Trois-Rivières, 1967).— J. D. Borthwick, History of the Montreal prison from A.D. 1784 to A. D. 1886 [...] (Montréal, 1886) ; Jubilé de diamant ; rébellion de 1837–1838 ; précis complet de cette période ; rôle d’honneur ou liste complète des Patriotes détenus dans les prisons de Montréal en 1837–1838–1839 ; date et lieux des arrestations et autres détails intéressants et inédits sur ce sujet (Montréal, 1898).— David, Patriotes, 130–137.— L.-P. Desrosiers, L’accalmie ; lord Durham au Canada (Montréal, 1937).— Duclos de Celles, Patriotes of 1837.— Fauteux, Patriotes.— Lionel Groulx, Histoire du Canada français depuis la découverte (4e éd., 2 vol. ; Montréal et Paris, 1960), II.— S. B. Ryerson, Unequal union ; confederation and the roots of conflict in the Canadas, 1815–1873 (Toronto, 1968).— L.-O. David, Les hommes de 1837–1838, L’Opinion publique (Montréal), 15 févr. 1877.— Léon Ledieu, Entre nous, Le Monde illustré (Montréal), 5 nov. 1887.— R.-L. Séguin, Biographie d’un patriote de ‘37, le Dr Luc-Hyacinthe Masson (1811–1880), RHAF, III (1949–1950) : 349–367.
Source: Dictionnaire biographique du Canada en ligne
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