Biographie Lafontaine Aurore
AURORE BOURASSA : Femme comblée…
(Aurore Lafontaine - Mme Arthème Bourassa)
C’est avec beaucoup de fierté
que je viens rendre hommage à ma mère, Madame
Aurore Lafontaine Bourassa, mère d’une Famille de seize
enfants et mportante
collaboratrice de l’Âge d’Or.
Aurore voit le jour le 28
mars 1910, sur la ferme paternelle – de l’autre côté du Petit Lac, à environ un
mille du village.
Toute jeune, elle s’intéresse
beaucoup auxtravaux de la maison.
Très ‘’adroite’’, ses dix
doigts sont rarement au repos : elle brode et coud beaucoup, fait même ses
patrons ; et le tricot au crochet ne connaît pas de secret pour elle. Sans
le savoir, elle se prépare consciencieusement à sa vie future.
À l’âge de 14 ans, elle
« monte » dans les chantiers de Windigo, pour aider sa sœur Justine à
faire la cuisine pour les hommes, car son père était « Jobber ». Et à
17 ans, elle décide d’entrer chez les Sœurs des Saints-Noms-de-Jésus et Marie,
à Montréal. Elle n’y demeure que 6 mois, mais elle en garde un très bon
souvenir.
Le 18 juillet 1928, à 18 ans,
elle épouse Arthème Bourassa. Ils vont demeurer … en ville … à Shawinigan.
Après la tragédie qui a frappé les familles Bourassa et Déry, ils reviennent
avec leurs deux enfants, habiter avec leurs beaux-parents à la Petite-Rivière,
afin d’essayer de les réconforter de la perte de leurs enfants. Et après deux
déménagements, ils s’achètent une petite maison au village. Le 24 mai 1944,
lors de la conflagration, la maison est détruite avec beaucoup d’autres. Aurore
a déjà onze enfants. Arthème reconstruit une grande maison; peut-être se
croyaient-ils obligés de la remplir ? Ils ont cinq autres enfants. La
famille compte maintenant seize enfants : 10 garçons et 6 filles qui ont
tous été accueillis avec grande joie. C’est une véritable fête de voir arriver
un nouveau bébé, Ils sont tous pleins de santé.
Comme Arthème est lui aussi
« jobber », Aurore passe l’automne et l’hiver, un peu comme dans la
chanson, … seule, seule… à élever ses enfants. Inutile de vous dire qu’elle est
très occupée. Elle fait toute sa couture, refait à partir de vieux vêtements,
imaginez le nombre de pantalons qu’elle a confectionnés pour ses dix garçons.
Des mitaines et des bas, elle
en a tricotés, Et que dire du reprisage et du lavage. En cuisine, elle
accomplit des miracles pour parvenir à nourrir toutes ces bouches affamées,
L’été, un grand jardin, qu’elle aime bien entretenir, procure les légumes frais
à toute la maisonnée. À l’automne, les conserves- maison s’entassent dans le
garde-manger à côté des confitures aux petits fruits.
Elle fait aussi du tissage et
trouve même le temps d’assister aux réunions des Fermières dont elle est une
des pionnières. Le sens de l’organisation, elle le possède parfaitement, car à
chaque saison, tout est prêt à temps. Elle sait aussi partager les tâches, car
les plus vieux doivent s’occuper des plus jeunes.
Aurore mène tout un monde
avec une main de fer, mais dans un gant de velours. Elle est plutôt sévère,
mais elle les aime tant ses enfants ; leurs moindres maladies lui font de
la peine. Elle sait leur donner une éducation chrétienne véritable et leur
inculquer des principes solides. Elle tient à ce qu’ils aient une bonne
formation et une bonne instruction ; aussi sont-ils presque tous passés
par le pensionnat. Des grosses valises, elle en a préparées, car elle a déjà eu
quatre enfants pensionnaires en même temps. C’est avec beaucoup de regret,
qu’elle retire sa fille Monique de l’école, pour avoir de l’aide. Les filles
sont comme leur mère, elles font de l’artisanat avec talent et amour.
Elle est très brave, Aurore,
mais elle a quand même des petites phobies. Elle ne peut supporter de voir le
médecin arracher des dents aux enfants et monte se cacher en haut. Et ce qu’elle
était à l’abri, dans une certaine garde-robe en haut, pendant les orages.
En 1953, lors de leur 25e
anniversaire de mariage, une fête surprise, organisée par les enfants, réunit
parents et amis et les comble de joie. Quel bonheur ! Mais un si grand
bonheur ne devait pas durer très longtemps. Trois ans plus tard, à l’âge de 49
ans, Arthème quitte Aurore et sa famille pour l’au-delà. Quelle douleur !
Deux filles sont mariées. Il reste quatorze enfants à la maison et la plus jeune n’a que quatre ans. Quelle
lourde tâche !
Avec une bonne santé, et Dieu
aidant, - car elle a toujours été une fervente chrétienne, - elle réussit à
mener à bien cette barque que le ciel lui avait confiée. Et… un à un, les
enfants se marient et partent fonder leur propre foyer. Elle se retrouve toute
seule dans sa grande maison. Elle dit souvent que ses enfants lui ont été d’un
grand support, surtout l’aîné Richard, qui a remplacé le père disparu. C’est
alors que commence sa vie publique, ou plutôt sociale.
Femme très active, elle ne
peut rester inoccupée. Elle est directrice de l’AFÉAS pendant quelques années.
Elle est une fondatrice de l’Âge d’Or de St-Séverin. En janvier 1967, elle
préside « Le comité des loisirs de l’Âge d’Or. Il y a affiliation à la
Fédération en juin 1973 ; il y a élection et elle devient présidente. En
janvier 1974, elle démissionne de son poste, mais s’occupe activement de
« NOUVEAUX HORIZONS », comme secrétaire. Elle achète un métier à
tisser, - 36 pouces,
qui est toujours occupé. Il en est sorti des napperons de ce métier-là. Et elle
s’occupe de tout ce qui concerne ce métier. Pour rendre le travail et le loisir
plus agréable, elle achète un aspirateur, de la vaisselle, des jeux, des
chaises, des tables, un réservoir d’eau chaude et beaucoup d’autres choses. Ce
n’est pas fini, Aurore a d’autres projets. En octobre 1980, elle accepte d’être
secrétaire de l’Âge d’Or, mais avec beaucoup de réticences.
Pendant ce temps, Aurore est
toujours prête à rendre service à ses enfants. Elle garde ses petits-enfants,
mais pour de courtes périodes, ça se comprend. Elle va aider celui ou celle qui
a besoin, quel que soit le besoin. C’est un grand plaisir pour elle de
« jouer » avec les guenilles : les démêler, les tailler, les
pelotonner, faire les navettes pour le métier, l’amuse beaucoup. Au tissage qui
se fait dans la famille, il en faut des guénilles. Elle démêle encore la laine,
des poches de laine pour le tissage ou le tricotage de ses filles, car Aurore
tricote moins qu’autrefois bien que les plus petits de ses petits-enfants
portent encore ses chaudes pantoufles.
Sa porte est toujours
ouverte, et c’est toujours avec plaisir qu’elle accueille enfants et
petits-enfants.
La bonne humeur et l’entrain
d’Aurore, vous les connaissez ? Oui ? Sinon, vous manquez quelque
chose. Elle donne confiance, sourire, réconfort, espérance à ceux qu’elle
rencontre. Vous voulez lui faire plaisir ? Proposez-lui une partie de
cartes. Attention, elle est très ambitieuse et chanceuse. Et si vous lui
demandiez de « tirer aux cartes » et avec un jeu neuf, elle vous
surprendrait ; elle pourrait vous dire beaucoup de choses. La lecture a
toujours été pour elle un agréable passe-temps, et un moyen de détente dans les
périodes très occupées. À 71 ans, elle est encore trop jeune et a trop de projets
à réaliser pour entrer au H.P.R., dont elle s’occupe un peu, en partageant ses
idées.
Aurore se définit elle-même
comme femme comblée. Oui, elle a été comblée. Comblée : dans le
bonheur : très heureuse avec son mari et ses enfants ; dans la
maternité : seize enfants tous vivants et en santé ; dans le
travail : avec une telle famille, ça se comprend ; dans les soucis et
les tracas : même si elle ne le dit pas, elle en a sûrement eus ;
dans l’épreuve : perdre son mari à 46 ans, avec encore quatorze enfants à
la maison, c’était le comble ; dans l’amour et la reconnaissance :
seize enfants, les conjoints et 40 petits-enfants lui disent en chœur :
Aurore je t’aime !
Cécile Bourassa-Brouillette
Carmelle Francoeur-Bourassa *
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