Biographie Peclet Constant
Le général Henry Martin explique comment la famille Péclet a été attirée par les Chanoines Réguliers à L'Annonciation.
En 1890,les industriels jurassiens, comme tous les exportateurs européens, virent se fermer le marché des États-Unis, à la suite du vote des tarifs douaniers MacKinley. Les frères Constant et Félix Péclet, qui après leur père, Joseph Péclet, continuaient aux Rousses(Jura)la fabrication et l'exportation des articles de lunetterie, cherchèrent au Canada une clientèle de rechange. Ils y étaient encouragés par un religieux rousseland, le savant historien de l'Abbaye de Saint-Claude, Dom Benoit, de la Congrégation des Chanoines réguliers de l'Immaculée-Conception. A cette époque, Dom Benoit, mandaté par son supérieur général, Dom Gréa, discutait avec l'archevêque d'Ottawa de l'envoi de prêtres Français au nord du Saint-Laurent. Félix Péclet, le plus jeune des deux frères, partit le premier, en reconnaissance. Enthousiasmé par les possibilités du marché canadien, il appela même un cousin, Philibert Monnier, à le rejoindre avec des échantillons de tout ce que produisait notre industrie dans l'arrondissement de Saint-Claude (tournerie,pipes,pierres synthétiques,etc...)
Au retour de Félix,Constant, l'ainé, décida de faire lui-même un nouveau voyage pour prolonger l'effort et étudier personnellement le problème des longs crédits demandés par les importateurs canadiens. Finalement, en 1893 il devait s'établir outre-Atlantique et y faire souche avec son épouse, elle-même jurassienne(Léonie Benoit-Guyot).Après une vie extrêmement active, ayant été commercant, agriculteur, fondateur de mutuelles, juge de paix, secrétaire bénévole de mairie,puis maire pendant quelques années, il s'éteignit en 1963,dans le petit village de l'Annonciation, où, en 1893 il était venu s'établir.
Source: Le Nord, mon Père, Voilà notre Avenir (Richard Lagrange)
Parti de France en juin 1893 avec sa femme Léonie et un enfant, Georges, il s'occuperait à titre d'agent commercial d'établir un marché pour les nombreux produits manufacturés du Haut-Jura.il ouvrit un magasin d'instrument d'optique à Montréal, rue Sainte-Catherine. Si la difficulté de s'exprimer en anglais fût pour Péclet un obstacle à un succès rapide dans ce genre de commerce, elle ne lui enleva pas sa détermination de réussir dans un autre domaine et dans un autre milieu autrement moins favorable. La curiosité et le goût de la pêche et de la chasse l'attirèrent vers Ste-Agathe-des-Monts qui faillit se l'attacher. Un ami de Montréal lui céda deux lots en bordure du lac Paquette; c'est ce qui le fixa à L'Annonciation.
Cependant c'est sur celui que lui vendit Napoléon Denis qu'il bâtira un modeste magasin général et un logis pendant l'été de 1894;en attendant, il se loge avec sa femme et son enfant chez Denis. A cette époque, le village compte une dizaine de maisons et une chapelle. Péclet s'adapte vite à la vie des colons. Il leur fournit à crédit les articles les plus urgents: de la farine, du lard, de la mélasse, du sucre, des clous, des cotonnades, des chaussures et des vêtements de travail. Loin de gémir sur ses créances dues, il trouve un moyen d'accroitre et d'accélérer les revenus très aléatoires et insuffisants des habitants par la fondation d'une société agricole. En 1899,avec l'aide de Graham, agent d'une compagnie forestière, il organise une fromagerie qu'il dirige plusieurs années. Nommé secrétaire-trésorier du cercle agricole, il s'emploie de toutes ses forces à faire augmenter et multiplier les octrois du gouvernement, à pourvoir chacun des arrondissements d'animaux de race,d'instruments aratoires, il prêche la rotation des cultures, l'emploi de la chaux sur les terres, la construction de remises à fumier, de silos, les premiers à s'élever dans le Nord. En partant de Montréal, on distinguait quelques-unes de ces constructions sur l'Ile-Jésus; et les autres se trouvaient à L'Annonciation. On pouvait en compter six érigées successivement par Adolphe Charbonneau, Théophile Fortin, Herménégilde Charette, Joseph Forget, Eugène Lebrun et Michel Desjardins. A la parole, Péclet ajoute l'exemple, en établissant son fils sur une terre bien équipée, dans une maison de 24x30 une grange et une étable de 36x100,au plancher et aux crèches en ciment, aux attaches et à l'abreuvoir en acier. Auparavant,ce jeune cultivateur a suivi des cours à l'école d'agriculture d'Oka. A son retour, il appliquera les lecons recues,en faisant de la culture en soles; il fera l'essai de la luzerne et s'en tiendra à l'élevage des animaux de race. En 1921,Constant Péclet organise un syndicat d'élevage de chevaux ardennais qui rend de réels services. Vers 1915,une coopérative agricole est mise sur pied avec l'aide d'Adolphe Charbonneau, et on construit la beurrerie du village. En 1928,à 67 ans, il lance une entreprise très audacieuse, nous devrions dire une institution: La Compagnie d'Assurance Mutuelle contre le feu de la paroisse de L'Annonciation.
Ses cinq cents membres possèdent un montant d'assurances de $1,000,000 et, depuis la fondation, M.Péclet préside au fonctionnement de la Mutuelle. A toutes ces activités, il faut ajouter la présidence de la société d'Agriculture du Comté Labelle, le secrétariat des deux corporations municipales et de la commission scolaire, la fonction de greffier de la cour de Magistrat et juge de paix pendant cinquante ans.
Venu de France dans le premier but de servir les intérêts de son pays, Constant Péclet n'a pas failli à la tâche,en appliquant son énergique ambition à lancer son village d'adoption dans la voie du progrès, par toutes sortes d'initiatives. Esprit cultivé, il fait montre d'une grande compréhension des gens et d'une vigueur physique que ses 93 ans n'ont pas encore trahie (en 1953).
Doulce Souvenance-Samuel Charette
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