Biographie Lafond Romeo-T.
Ancien militaire et professeur d'éducation physique à Montréal,le major R.T.Lafond établit en 1926,un camp de vacances pour les jeunes aux abords du petit lac Lanthier dans le Canton Marchand. Le camp Reid ou le camp Lafond était un grand domaine de 300 acres de terres comprenant plusieurs chalets en bois rond et une grande salle à diner. Les jeunes filles et garcons,âgés entre 6 et 13 ans,y apprenaient la vie au grand air (canot,excursions...),la pratique des sports (équitations,escrime,boxe,natation,tennis,basket- ball,baseball,badminton,tir à l'arc,gymnastique)et s'adonnaient à des activités culturelles (théâtre,danse,chants,piano,lecture,artisanat,con- versation francaise et anglaise...). Pour le curé de L'Annonciation,Clément Arpin,le camp Lafond constitue un danger pour la jeunesse catholique car on y retrouve des jeunes de différentes religions.Il refuse d'aller bénir le camp et d'y envoyer un aumônier. Dans deux lettres envoyées à l'évêque Mgr Limoges en date du 16 janvier 1933,le curé Arpin ne mâche pas ses mots: Je n'ai pas grand confiance à Lafond,ni à son frère ni aux autres insignifiants qui prennent soin des deux camps.Ce sont des gens sans idéal,matérialistes et sans foi. Il lui voue même une haine presque démesurée. De 1946 à 1961 c'est l'abbé Pierre Neveu qui prend la relève à la cure de L'Annonciation. En 1954,le curé Neveu et l'évêque Limoges se liguent contre le major Lafond pour entraver son action politique communiste. Ils recrutent les notables de la paroisse pour participer à une retraite fermée à Mont-Laurier en vue de défendre la cause catholique. On forme l'élite locale pour passer à l'action et combattre le major Lafond Les conservateurs s'unirrent pour baillonner le major Lafond reconnu comme communiste. C'est au début des années 1950 que les événements tournent au vinaigre par l'investigation policière au camp Lafond. Dans le journal La Presse du 8 septembre 1951,Maurice Duplessis,premier ministre du Québec,déclare: Grâce à la loi du cadenas que nos adversaires politiques ont tant combattu et critiquée,nous avons saisi (au camp Lafond)tout un lot de littérature dont le but était de servir à l'établissement d'une école de communisme pour les jeunes.La plupart des documents saisis venaient de la Russie et de la Tchécoslovaquie. Le major Lafond rétorque: Je considère le raid opéré au camp Lafond par la Police Provinciale comme une grossière violation de la propriété privée qui montre à quels abus conduit la loi du cadenas,qui vise non plus les communistes,mais tous ceux qui ont assez d'honneur pour conserver leur indépendance de pensée.Je ne doute pas un moment que le premier ministre,M.Duplessis,a machiné cette affaire contre moi parce que j'ai participé à quelques manifestations en faveur de la paix.Cela fait partie de la persécution dont il essaie d'accabler tous ceux qui parlent en faveur du maintien de la paix dans le monde.Deux vieilles revues russes datant de 1938-39,et deux bulletins d'informations venant d'une agence tchèque constitue toute la liste de ces soi-disant documents communistes.Je maintiens et je défendrai la liberté de lire ce que je voudrai,d'aller chercher les renseignements qui m'intéresseront sur quelque pays que ce soit,et je n'accepterai jamais la dictature de l'esprit que M.Duplessis semble vouloir imposer ici. Au prise avec une société rurale,traditionnelle et clérico-nationaliste,le major Lafond finit par joindre véritablement les rangs du Parti communiste en 1953.Qui plus est,aux élections fédérales de 1953,il se présente candidat du parti Ouvrier-Progressiste ou Communiste dans le comté de Labelle et obtient plus de 200 voix. A partir de cette date,il rédige plusieurs articles pour le journal ouvrier Le Combat. Il devient l'ennemi numéro un du comté pour le clergé et l'élite locale.Il prêche le communisme et dispense des cours sur le socialisme. Intimidations,altercations,lettres injurieuses, tentatives de dépossession foncière...font main- tenant partie de la vie quotidienne du major Lafond.On cherche à lui fermer la gueule comme l'a déjà dit un citoyen de l'époque. Dans l'une de ses lettres,le major Lafond soupconne même Mgr Limoges,évêque de Mont-Laurier,d'être mêlé au groupe de gens qui ont employé des moyens d'intimidation pour l'empêcher de donner ses cours sur le socialisme à Mont-Laurier en 1953. De 1954 à 1965,le major Lafond part travailler à Montréal et revient tous les étés passer ses vacances au Lac Lanthier.Il s'y établira définitivement à sa retraite en 1966. Extraits du livre: Le Nord, Mon Père, Voilà Notre Avenir... Richard Lagrange
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