Biographie Desjardins Henry-Marie
Henry Desjardins naît à Pointe-Gatineau le 1er
juin 1874. Son père, notaire de Saint-Jérôme, et sa mère, issue de la paroisse
de Saint-Eustache, sont fiers de leur culture française et sauront transmettre
à leurs enfants l'amour de la littérature et de la musique. Desjardins
étudie au séminaire de Sainte-Thérèse, puis s'inscrit au Collège Sainte-Marie à
Montréal. Étudiant médiocre, il parvient tout de même à terminer ses études à
21 ans. Il participe activement aux séances de l'École littéraire, il en est l'un
des fondateurs, et se lie d'amitié avec Émile Nelligan et Arthur de
Bussières. À la mort de son père en 1902, il revient à Hull pour s'occuper des
affaires familiales. Il se lance en politique sans succès,
puis fonde deux journaux qui paraîtront brièvement. Conférencier apprécié,
il sait toutefois parler aux foules et il est très populaire. En 1904, il se
marie avec Alice Dostaler, de Berthierville; malheureusement, cette dernière
meurt des suites de la tuberculose un an plus tard. Desjardins, de plus en plus
triste, ne réussit pas à surmonter sa peine et ses nombreuses déceptions, et à
son tour, il succombe, atteint lui aussi par la tuberculose. Il n'a pas publié
de poèmes dans un recueil mais dans des journaux et des revues comme Le
Samedi, La Minerve, Le
Spectateur, etc., sous le pseudonyme de Jean Ga-Hu. La
nature, l'amour, le rêve et la solitude sont ses thèmes de prédilection. Les
quelque 60 poèmes de Desjardins ne font pas de lui un grand poète, mais
certains sont très réussis.
UNE INTRUSE
La chatte du logis, à ma fenêtre ouverte,
Pendant que je rêvais, consultant Apollon,
Fouettant Pégase, a mis sa prunelle verte,
Et fait entendre aussi son miaulement long.
Je l'appelle : elle vient, prévoyant la
couverte;
Elle ronronne, et puis fait un salut selon
Son habitude; et saute avec un tel aplomb
Sur mon pupitre brun, qu'elle me déconcerte.
J'avais un sujet si... quelque chose de grand,
D'épique, d'envolé... que la chatte s'y
prend...
Il faut que j'abandonne... Eh ! bonsoir,
pauvre muse !
Puisque la chatte dort, consultons Apollon...
Mais non, ça ne vient plus : solo de cornemuse
!
Dehors donc ! dehors, chatte au miaulement
long.
Suzanne Lafrenière, Henry
Desjardins. L'homme et son oeuvre, Hull, Éditions Asticou,
1975.
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