Biography Tremblay Pierre
Le mariage des parents de Pierre Tremblay est ici :
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Document 3NUMECRP311/EDPT48_5 ( 1597-1633 )
Image 88 (de 141)
Archives départementale de l'Orne, Normandel registre paroissiaux, 1597-1633
Pierre Tremblay né 1626
Le six août 1647, dans le port de Québec, trois navires, en provenance de la Mère-Patrie, viennent mouiller : le Saint-Francois-de-Dieppe, La Marguerite et La Marquise, ayant appareillé au début de juin de La Rochelle. Pierre Legardeur de Repentigny les a armés conjointement avec Noël Juchereau des Châtelets. Ce dernier s’occupe activement du recrutement des colons, dans les provinces du Perche et de la Normandie, pour les seigneuries du Sieur Giffard et de celle de la compagnie des Habitants. Parmi les nouveaux arrivants, un jeune homme de vingt et un ans et son ‘’gardien’’ Pierre Tremblay et Martin Huan.
Son père disparu et Guillaume assez grand pour subvenir aux besoins de la ferme. Pierre se laisse entraîner par son penchant aventurier et décide de partir vers le nouveau pays o<u il est peut-être plus facile d’améliorer son sort. Étant mineur (l’âge de la majorité se situe à vingt-cinq ans à cette époque), sa mère consent à son départ à condition qu’il soit accompagné par un homme plus âgé qui tiendra lieu de protecteur lors de sa traversée et des premiers jours en Nouvelle-France. Voilà pourquoi nous retrouvons Margin Huan et Pierre Tremblay signant un contrat d’engagement le 9 avril 1647 envers Noël Juchereau, devant Maître Choiseau, notaire de Tourouvre. Le contrat possède une durée de trois ans et stipule le salaire annuel de quatre-vingt-dix livres pour Martin Huan, serrurier, et de soixante-quinze livres pour Pierre Tremblay.
Pierre s’engage au service de Noël Juchereau.
‘’ Les engagés forment l’essentiel de l’émigration; et l’on sait que l’on appelle ainsi tous ceux qui n’ayant pas les moyens de payer leur traversée s’engagent à demeurer plusieurs années aux colonies au service d’un colon, d’un marchand qui avancent les frais du voyage’’
(Debien, G : Engagés pour le Canada au XVIIe siècle vus de La Rochelle, page 178)
Le travail ne manque pas : bois à abattre, tâches au port ou à la ferme, etc. Pierre a pu exercer ces différentes besognes ou être employé au magasin de la Compagnie des habitants, spécialisé dans la traite des fourrures. Fait indéniable, lors du règlement de la succession de Noël Juchereau, son exécuteur testamentaire inclut au nombre des dettes, une somme de soixante-quinze livres payable à Pierre Tremblay pour la deuxième année de ses services.
Alors que bon nombre d’engagés n’hésitent pas à retourner dans leur village natal à la fin de leur contrat, Pierre Tremblay prend la décision de s’établir en Nouvelle-France. Parmi ceux qui abandonnent en cette année 1652 : Jean Tréhard. Compatriote de Randonnai, il eut certainement la vie plus facile que Pierre. Incapable de subvenir à ses besoins, Pierre emprunte quarante livres à Jean Tréhard.
Le moment du départ approche. Jean Tréhard, en présence de Pierre, se fait décerner une obligation de la somme de quarante livres, et une lettre de procuration mentionnant, qu’à son retour, Jeanne Cognet, mère de Pierre, lui remboursera le montant total de l’emprunt.
1657. En Nouvelle-France depuis déjà dix ans, Pierre songe à se marier. Chaque année provient de France, un lot de jeunes filles, précurseurs des ‘’filles du roi’’. Ozanne Auchon figure au nombre des dix-huit nouvelles arrivantes qui se répartissent comme suit : treize de La Rochelle, quatre de Paris et une de la Touraine. Passagère probable du vaisseau La Vierge, ayant pour maître d’équipage F. Marot, elle est native de Puyravault, petit bourg à quelques kilomètres au nord-est de Surgères en Aulnis. Fille de Jean et d’Hélène Regnaude, elle loge à son arrivée, chez Mme D’Ailleboust, responsable du bien-être des ‘’filles à marier’’ dans cette contrée. Elle reçoit les avances d’un homme de trente-et-un ans, Pierre Tremblay, travaillant à gages chez divers habitants de la côte de beaupré. Se découvrant de nombreuses affinités mutuelles, ils passent contrat de mariage qui tient lieu de fiançailles officielles, le 19 septembre 1657, devant Claude Auber, notaire et plusieurs amis. L’église fait la publication de trois bans les 21,23 et 30 septembre. Le père Gabriel de Quylus célèbre l’union le mardi 2 octobre.
Pierre et Ozanne habitent vraisemblablement sur la côte de Beaupré, mais n’ont pas encore de logis propre. Durant cette période d’établissement, naît l’aînée des treize enfants qui constitueront la famille de Pierre. On lui donne le nom de Marie-Madeleine. Elle est baptisée le 9 juillet 1658, jour même de sa naissance.
En ce début de 1659, Jean de Lauson entreprend la concession de terres en son fief de Lothainville, situé à l’Ange-Gardien. Il attribue un des premiers lots à Pierre Tremblay, le 4 avril 1659. Il a pour voisin d’un coté, les terres des seigneurs de Beaupré et de l’autre, Adrien et Rodolphe Hayot. Son domaine s’étend sur la largeur de deux arpents et sur la profondeur d’une lieue et demie. Pierre Tremblay doit observer les clauses habituelles d’un contrat de concession : payer la rente seigneuriale d’une livre par arpent de front et donner deux chapons le jour de la fête de St-Rémi, tenir feu et lieu, faire moudre ses grains au moulin banal quand celui-ci sera construit, clore ses terres, acquiescer à la construction de chemins publics. Etc.
Les temps ne sont guère faciles. Pierre s’est vue dans l’obligation d’emprunter de l’argent. Il trouve un moyen particulier de régler la situation; Le 6 novembre 1661, il devient le fermier de Michel Fillion. La nature de cet accord se précise le 12 mars 1662. Il reconnaît devoir à Michel Fillion, la somme de sept cent vingt-et-une livres dix sols et une autre, plus modeste, de soixante-cinq livres quinze sols qu’il rembourse immédiatement. En outre, il hivernera un veau et une génisse pour le salaire de vingt livres. Quant à Michel Fillion, il fait la promesse d’acheter de Pierre, soixante cordes de bois à vingt-cinq sols chacune soit quarante à livrer cet hiver et les vingt autres durant celui de 1663.
Une longue amitié et une ancienne dette se régularisent en cette année 1669 : Martin Huan fait le don de sa personne à Pierre Tremblay. Trop vieux et trop faible (soixante ans) pour subvenir seul à ses besoins, il s’établit chez Pierre où il sait qu’il recevra d’excellents soins ‘’ ainsy qu’un bon et vray amy peult faire a un autre’’. En échange de tous ses biens, meubles, rentes, héritages et autres revenus et du travail qu’il est en état d’effectuer sur la ferme, Martin se voit offrir le gîte et toutes les nécessités que la vie quotidienne requiert.
En 1678, Pierre et Michel, les aînés, atteignant respectivement dix-huit et seize ans, Pierre pense à leur établissement. Toutes les terres de la côte de Beaupré ont été concédées, il a y a fort longtemps, et rares sont celles mises en vente. Monseigneur de Laval, de retour de France, songe à développer la Baie St-Paul de façon agricole et non industrielle comme l’entendait Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France. Ce dernier, lors de l’absence de l’évêque, avait décerné abusivement des terres pour l’exploitation du goudron, empiétant sur le domaine de Beaupré. Avant même que ce fâcheux incident soit réglé, François de Laval engage Claude Bouchard en 1676 et Noël Simard dit Lombrette en 1677.
Vient le tour de Pierre Tremblay en 1678. Il n’hésite pas à laisser son lot de l’Ange-Gardien entre les mains de Martin Huan et des plus jeunes garçons. Devant Romain Becquet, notaire royal, Louis Ango des Maizerets et Messire François de Laval, premier évêque de la Nouvelle-France, embauchent Pierre Tremblay, le 1er décembre 1678 pour une durée de cinq ans, en vigueur le jour de Pâques de l’an prochain c’est à dire le 2 avril 1679. Il devra défricher et cultiver dix à douze arpents, ancienne propriété des dénommés Pitoin et Dupré, construire une maison, une grange et une étable, céder la moitié de toutes les récoltes, pratiquer l’exploitation forestière dont il vendra les produits au Séminaire, etc. Plusieurs clauses concernent le bétail que le Séminaire donne avec la terre : six bœufs, huit vaches, deux truies, un cochon et six nourritoreaux.
La visite de Louis Ango des Maizerets au mois d’août 1679, nous montre le dynamisme de Pierre. On mentionne la présence d’enfants du fermier, sans doute Pierre, l’aîné et Michel.
Le 5 aoust 1679,me des Maizerets estant allé à
la Baye St-Paul convict avec tremblé des articles
suivants qui contiennent tous les travaux faicts
tant par luy que par ses enfans jusques à ce susd.
A scavoir pr avoir tiré le bois de la
grange, fait les chemins, charié la pierre et le
sable pr la massonne, scié de la planche, défriché
des terres et autres travaux, six cens livres pour
tout à condition neantmoins qu’il achèvera de nettoyer
et essoucher la place ou il avoit fait
son jardin jusques au bois debout.
(texte cité par l’abbé Honorius Provost dans Les Pionniers de la Baie St-Paul, page 509)
Le censier général de la Seigneurie de Beaupré de 1680 nous communique une autre description moins détaillée.
Item une autre méterie audit lieu de la Baye St-Paul
De laquelle est fermier Pierre Tremblay,
Contenant environ…arpents, laquelle méterie
Consiste pareillement en maison, grange, estable,
Court, cardin, terres labourables, piaries et bois debout.
(texte cité par Paul Médéric dans Messieurs du Séminaire, page 162-163)
Pierre Tremblay ne renouvelle pas son bail en 1684. Il vient habiter chez Michel sur la terre concédée à ce dernier le 12 octobre 1685 à la Petite-Rivière-Saint-François. De même, Pierre fils devient censitaire le lendemain, 13 octobre.
L’ancêtre des familles Tremblay d’Amérique meurt vraisemblablement en 1689. Ozanne Achon se déclare veuve pour la première fois, au mariage de sa fille Louise avec Ignace Gagné le 6 novembre 1689. Si nous nous fions aux documents officiels, Pierre meurt entre le 14 avril 1687 ( mariage de Marguerite Tremblay et de Jean Savard) et le 6 novembre 1689. Pourtant, l’acte de sépulture se révèle introuvable tant à la Baie St-Paul qu’a l’Ange-Gardien ou dans tout autre registre de la Nouvelle –France. L’explication la plus plausible accorderait que, mort durant l’hiver de 1688 ou 1689, ou encore au printemps ou à l’automne alors que les communications sont difficiles, Pierre, habitant la Petite-Rivière, fut inhumé par un curé missionnaire qui, revenu dans sa paroisse, rédigeait de mémoire les différents actes. Elle a dû faire défaut dans le cas de Pierre.
Ozanne Achon, gravement malade, figure sur la liste des entrées à l’Hôtel-Dieu le 20 juin de cette même année. Elle décédera à l’Ange-Gardien et sera enterrée la veille de Noël 1707, âgée de soixante-quinze ans.
Le couple ancestral Tremblay donna vie à treize enfants dont onze atteignirent la maturité et se marièrent.
Caractéristique originale, Pierre, fils, devient, par son deuxième mariage avec Marie Roussin, à la fois le beau-frère et le gendre de Nicolas Roussin. En effet, celui-ci avait épousé en 1671, à la mort de sa première femme, mère de Marie Roussin, Marie-Madeleine, fille aînée de Pierre Tremblay et d’Ozanne Auchon. Compagnon de son père à la Baie St-Paul, Pierre, fils, s’établira dans cette région et achètera la Seigneurie des Éboulements en 1710.
Michel et Louis suivront sa trace. Eux aussi décideront de contribuer au développement amorcé par leur père. Leurs descendants ouvriront la voie vers l’Ile-aux-Coudres et le lac St-Jean.
Le dernier fils, Jean, se noyant en 1684 à l’âge de neuf ans; la terre paternelle de l’Ange-Gardien revient à Jacques, par donation de sa mère le 9 mars 1696.
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