Biographie Aube Andre
André AUBÉ dit l'Anglais Naissance: 1684, Corlear, New-York, Schenectady, USA Baptême: 12 Jan 1699, Cap-Saint-Ignace, Québec, Ca Mariage : Geneviève FRADET le 07 Jan 1715 à Saint-Vallier, Québec, Ca Décès: 30 Jan 1753, Saint-Vallier, Québec, Ca à l'âge de 69 ans
Notes générales : André
Aubé, (1) l'ancêtre de cette famille, est arrivé à Québec jeune garçon
fait prisonnier par les sauvages lors d'un raid contre les Iroquois et
les Anglais au Lac Champlain. Le gouverneur Frontenac offrait d'abord
des primes de dix couronnes pour un scalp anglais, mais s'aperçut que
les sauvages trouvaient plus facile de scalper un canadien que de faire
une excursion au loin. C'est pourquoi la prime fut ensuite accordée pour
des prisonniers surtout hommes et garçons en étatde marcher. Il y avait
parfois des jeunes filles - la mère de Mgr Plessis en était une - et
elles étaient reçues par des religieuses dans les couvents ou
orphelinats. Les jeunes garçons étaient placés dans des familles.
Il y
avait parfois échange de prisonniers. Les adultes et enfants de plus de
12 ans pouvaient choisir de demeurer au Québec s'ils le préféraient.
La
première mention de la présence d'André est celle de son baptême dans
la chapelle de l'Île-aux-Grues le douze janvier 1699 où il est inscrit
seulement sous son prénom André, quinze ans, fait prisonnier par les
sauvages. "L'an mil six cent quatre vingt dix neuf le douziesme jour
du mois de janvier a été baptisé sous condition dans la chapelle de
Lisle aux Grues par moy prestre soussigné curé de St Thomas et faisant
fonctions curiales à St Ignace du Cap, André, anglais de nation agé
d'environ quatorze à quinze ans, pris par les Sauvages. Le parrain par
Procureur a été Mr. Louis, Prestre, et la marraine Louise Picard femme
de Guillaume Lemieux laquelle a déclaré ne savoir signer. (signé) Louis Mathieux, Prêtre." (2)
La
deuxième mention survient dans la "lettre de naturalité" - on dirait
aujourd'hui permis de citoyenneté - accordée en mai 1710 par Louis XIV
de son château de Versailles des étrangers qui choisissent de "vivre et
mourir en Nouvelle France."Dans la liste on trouve le nom de "André,
demeurant chez Guillaume Lemieux à Bellechasse." La citoyenneté leur
était accordée mais avec défense de quitter le pays sans autorisation
écrite, de transmettre des renseignements à l'extérieur du pays ou de
servir d'agent de liaison avec des étrangers, sous peine de perdre tous
leurs droits. (3)
Ce Guillaume Lemieux était un des premiers
habitants de l'Île-aux-Grues où il tint toute sa vie sa principale
résidence, mais il possédait aussi sur la terre ferme deux lots qui lui
avaient été concédés par le seigneur de Bellechasse, M Berthier, de
sorte qu'à sa mort il était assez prospère pour laisser une petite
fortune évaluée à sept cent livres. (4)
C'est vers cette époque qu'un
groupe de jeunes hommes en provenance surtout de l'Île d'Orléans
arrivèrent prendre des terres offertes par le seigneur de la Durentaye
pour fonder un nouveau village que Monseigneur de Saint-Vallier, évêque
de Québec, érigea en paroisse en 1713 et auquel il laissa son nom. Le
premier mariage célébré dans cette jeune paroisse de Saint-Vallier,
comté de Bellechasse, fut celui justement d'André, qui épousait
Geneviève Fradet le sept janvier 1715. Ils eurent sept fils et six
filles qui occupèrent le bien familial. C'est là qu'André mourut et fut
inhumé dans le cimetière paroissial le trente janvier 1753.
Qui donc
était cet André Aubé? Lors de son mariage le cinq janvier 1715 en
présence de son père adoptif Guillaume Lemieux et de Maître Olivier
Morel, seigneur de la Durantaye, le notaire Michon le décrivait comme
"André ôbé dit langlois filsde Jean ôbé et de Agnès sa femme des
environs de Corlear." (5)
Corlear ou Corlaer était le nom que
donnaient les français à l'établissement de Schenectady, New York, à
cause du patron hollandais Arendt Van Curler qui s'y était noyé. Il y
eut en effet l'expédition de Callières - Frontenac contre Schenectady
dans le but de couper l'approvisionnement d'armes aux Iroquois dont les
Français et même les sauvages de la Nouvelle-France redoutaient les
incursions. Cependant, un témoin du massacre, Peter Schuyler, écrivait
le quinze février 1689/90 un récit détaillé des atrocités donnant la
liste des prisonniers, mais on n'y trouve pas le nom d'André. (6)
Le
nom Corlear s'appliquait aussi de façon populaire à toute la colonie de
New-York établie le long de la rivière Hudson. Comme il y eut d'autres
raids sur d'autres localités de New-York dont les listes de prisonniers
n'ont pas été établies,on ne peut que faire des conjectures quant au
lieu d'origine d'André. Cependant lors de l'abjuration le dix-neuf mars
1696 d'un nommé John Laha (Lahaye) il est dit qu'il "professed Puritan
religion until last year, when he was taken in the month of July among
the Flemish of Corlar." (7)
Juillet 1695 serait peut- être justement la date de la capture d'André qui aurait eu environ dix ans à cette époque. André
était-il vraiment Anglais, puisqu'on l'appelait " ôbé dit l'anglois ou
l'anglais"? Il est clair qu'il ne parlait que l'anglais à son arrivée à
Québec et cela suffisait dans une communauté exclusivement française à
le décrire comme "l'Anglais."
On peut conclure toutefois qu'il était
de langue anglaise, mais non pas nécessairement de nationalité anglaise.
Une recherche dans les noms de famille de l'époque en
Nouvelle-Angleterre (8) fait état d'une famille Ober, dont
l'ancêtreRichard Ober, vint au Massachusetts vers 1644. Il descendait
d'une famille Aubert française et hughenote passée en Angleterre en
1559. Il y a plusieurs John Ober (prononcé Obeer à l'anglaise) dans
cette famille, mais aucun d'eux ne coïncide avec notre André.
L'hypothèse
la plus plausible est qu'André aurait été de nationalité hollandaise,
descendant des vieilles familles hollandaises de la Nouvelle-Angleterre.
En effet, dans l'acte de capitulation des Hollandais et leur soumission
le cinq septembre 1664 au gouverneur de Manhate (New-York) figure parmi
les habitants hollandais le nom de Hendrik Obe (9) ou André Aubé. Le
nom de Obe revient dans d'autres documents d'époque, de même que sa
transcription américaine, comme en fait foi l'acte d'allégeance du
Hollandais Nick Loobey en 1657.(10) On retrouve d'ailleurs
continuellement aujourd'hui différentes graphies du même nom: Aubé,
Obie, Obe, Obey.
Dans les prénoms portés par la famille Aubé, on a
conservé le souvenir de plusieurs des ancêtres. Ainsi le nom Guillaume
revient souvent en mémoire de Guillaume Lemieux, père adoptif d'André.
Celui de Marie-Anne "Méanne" relève lesancêtres Marie-Anne Lemieux,
Marie-Anne Pouliot, Marie-Anne Mercier. Augustin, pionnier de Beresford,
avait un oncle du nom de Boniface, ancêtre maternel de Mgr Lionel
Audet, évêque de Québec. Les noms de François, Jean, Françoise, Rosalie,
Augustin etbien d'autres reviennent souvent en mémoire des ancêtres.
(1) Mgr. Donat Robichaud. BERESFORD (Le texte entier est de ce livre) (2) Registre de la paroisse du Cap Saint-Ignace, P.Q. (3)
Emma Lewis Coleman, New England Captives Carried to Canada bettween
1677 and 1760 during the French and Indian Wars, vol.I, p 125 (4) J.M. Lemieux, L'IIe-aux-grues et l'Île-aux-oies, p 67 sq. (5)
Archives nationales du Québec, actes du notaire Michon série L (1709
-1749). Inventaire des greffes des notaires du régime français. (6)
Emma Lewis Coleman. op cit vol.I, p 181, aussi Schcnectady Ancient and
Modern par Joel Henry Monroe, p 97 sq. Malheureusement les registres de
la Dutch Reformed Church pour le dix-septième siècle ont été détruits
lors d'un incendie (7) Ibid.. vol. I, p 2068.Wilson Ober Clough. Dutch Uncles and New England Cousins, p 43. (9) E.B. O'Callaghan. History of New Netherland or New York under the Dutch, vol. 2. p 529. note1 (10) Ibid. vol. 2. p 315. Note 1
(C. Scott)
|