Biographie Foley Alfred
Biographie d'Alfred Foley
Dernier enfant issu du mariage de Daniel Foley et Célina Leboeuf, Alfred est né à Saint-Casimir le 28 février 1874.
Benjamin de la famille et seul fils vivant à la maison paternelle, il succéda naturellement à son père et prit soin de ses vieux parents jusqu'à ce qu'ils s'éteignent dans la paix et la sérénité.
Des études sommaires à l'école locale ne semblaient pas le préparer au rôle qu'il a joué dans la société. Il fut un autodidacte remarquable. Il était doué d'un esprit curieux, il réussit à acquérir une somme de connaissances surprenante.
Le 4 janvier 1896, il épousait à Sainte-Anne-de-la-Pérade sa cousine germaine Léontine Fiset. De cette union naquirent 13 enfants (7 décédés bébé), dont quatre étaient encore vivants en 1974.
Cultivateur de progrès, il sut mettre le bien paternel en valeur. Vers 1910, il acquit un morceau de terre, contigu à la sienne à l'extrémité ouest. Il était également propriétaire d'une érablière à «La Boucanière» qui lui fournissait le bois de chauffage, mais qu'il n'a jamais exploitée pour faire du sucre. En 1920, il devint en plus acquéreur du réseau d'aqueduc de Sainte-Thècle avec son neveu Wilfrid Lachance qui l'avait construit en tant qu'entrepreneur et contremaître plombier.
Il était toujours disposé à accepter les nouvelles méthodes de culture, prônées par son ami l'agronome Jean-Charles Magnan. Son succès fut reconnu par le gouvernement de la province et, en 1919, il était Lauréat du Mérite agricole et décoré de la «Médaille d'argent».
Doué d'une éloquence remarquable, il fut conférencier agricole pendant quelques années. Il servit ensuite de 1937 jusqu'en 1952, comme l'un des trois juges du Mérite agricole.
Dans le domaine social, il était au moins 25 ans en avance sur son temps. Il sut mettre deux belles réalisations à son crédit. Pour stimuler l'intérêt de la classe agricole envers la «terre», il fonda la Société d'agriculture du comté de Portneuf (section B). Il en fut le président pendant 5 ans et le secrétaire pour 36 ans. Chaque automne, l'exposition agricole attirait des foules à Saint-Casimir.
Les compagnies d'assurance contre le feu ne voulaient pas assurer les cultivateurs; c'était pour eux la ruine lors d'un incendie. Il fonda la «Mutuelle d'assurance incendie de Portneuf». Il en sera le secrétaire pendant 50 ans et siègera au conseil d'administration jusqu'à sa mort. Une mutuelle qui fut un succès.
Inutile de dire qu'il portait un intérêt marqué aux affaires de son patelin: municipales, scolaires et religieuses. Il fut maire de Saint-Thuribe à trois reprises, président de la commission scolaire pendant 15 ans, marguillier du banc, chantre à l'église pendant 50 ans.
Ainsi que le raconte plus loin sa fille, soeur Claire, il fut tenté par le démon de la politique. Avant de lui céder la parole, que l'on me permette de rappeler aussi une anecdote de la campagne électorale provinciale de 1931. Après une assemblée contradictoire à Saint-Basile, des gens trouvent un homme sans connaissance sur la galerie de leur maison. Le médecin local, le docteur Marcotte est absent. On fait donc appel au candidat libéral, son adversaire, le docteur Pierre Gauthier, qui eut vite fait d'en arriver au diagnostic d'ivresse prononcée. Il donne quelques petites tapes dans la figure du «malade» en disant: «Réveille-toi!». Obéissant, ce dernier lève un bras et marmotte: «Hourra pour Foley!». Le docteur Gauthier de reprendre: «Inquiétez-vous pas! Il ne mourra pas! Il veut voter contre moi!». Pierre calculait ses voteurs, car il n'emporta la victoire que par une centaine de voix.
Son incursion dans la politique n'a rien de surprenant pour ceux qui ont connu Alfred Foley. Lecteur assidu du «Devoir» depuis sa fondation, il était un disciple de Henri Bourassa, donc un «nationaliste» au sens exact de ce mot, avant que l'on corrompe et prostitue ce concept. Brillant orateur, il avait la répartie facile et il jouissait de sa lutte contre l'adversaire et de son contact avec la foule. Ceux qui ont été témoins des joutes verbales de l'oncle Alfred avec ses deux neveux, Wilfrid Lachance et Eugène Saint-Germain, également ses contemporains, comprendront cet état d'esprit. C'était un feu d'artifice incessant de bons mots, de taquineries, de harcèlement et d'agaceries amicales, entrecoupés à tout instant de fusées de rires homériques.
Écoutons maintenant le témoignage filial de soeur Claire.
«Mon père était un homme jovial, honnête, compréhensif et très sympathique. Son affaire allait toujours bien, toujours prêt à rendre service, au détriment quelquefois de ses propres affaires, comme disait maman. Est-ce trop fort? C'était mon père!!!
Aussi, il ne craignait pas d'assumer différentes charges: marguillier, maire, président de la commission scolaire, président et secrétaire de la société d'agriculture division B de Saint-Casimir.
Que de services rendus aux cultivateurs de la région: il n'était pas agronome, mais accomplissait cette tâche supplémentaire avec dévouement et honneur comme tout ce qu'il entreprenait.
Fondateur et secrétaire de la Compagnie association Mutuelle des incendies en 1914 mais reconnue officiellement avec charte et incorporation en 1941. Plusieurs familles ont reconnu avoir été encouragées moralement et pécuniairement par cet organisme.
En 1954, en reconnaissance de son dévouement et de son savoir-faire, les sociétaires lui ont offert une magnifique canne à pommeau d'or très appréciée et précieusement conservée dans la famille.
En 1948, Saint-Thuribe a voulu souligner par une belle fête paroissiale ses 50 ans comme chantre à la messe dominicale et 25 sur semaine.
En 1930, aux élections fédérales, mon père a présenté sa candidature contre le docteur Desrochers. Une petite anecdote à ce sujet: Pendant la campagne électorale, nos soeurs du couvent Notre-Dame-des-Anges avaient entendu une partie de la nuit cette exclamation ou acclamation: «Hourra pour Foley!». Le lendemain, à la prière communautaire, les oreilles encore pleines de ce slogan, au lieu de répondre «ora pro nobis» aux litanies, les religieuses lancèrent d'une seule voix un vibrant «hourra pour Foley». Conclusion: Devant l'hilarité générale, la communauté quitta brusquement la chapelle au milieu de l'explosion en demandant pardon au Seigneur.
En 1931, deuxième candidature contre le docteur Gauthier aux élections provinciales, second échec, mais accepté avec un peu moins de sérénité.
Puis-je parler de papa sans parler de maman, les deux se complétaient, gaie, ferme, pratique, bonne couturière, très vive. Une visite s'annonçait-elle à 11 heures, à 11 heures et demie on pouvait voir sortir du four 2 ou 3 pâtés aux pommes sans oublier la tarte à la pichoune.
Ma mère a eu la joie de mettre au monde 13 enfants, 4 encore vivants en 1974; un garçon, trois filles dont une religieuse chez les Soeurs Servantes du Saint-Coeur de Marie.
Comme papa, ma mère aimait se dévouer pour le bien commun. Que de soirées au profit du couvent et des oeuvres paroissiales.
En fervente chrétienne, la prière n'était pas négligée chez nous. En face de la croix noire, tout le monde à genoux pour la prière du soir, chapelet avec les litanies que maman récitait par coeur et j'allais oublier les «Pater» du Tiers-Ordre pour couronner le tout. Les jeunes avaient hâte que ça finisse; la jeunesse d'alors ressemblait-elle un peu à celle de maintenant?
Encornée par un boeuf le 19 août 1935, morte le 12 novembre 1935, emportant les regrets de la famille et des amis attristée par des circonstances aussi tragiques. Saint François d'Assise a dû bien reconnaître sa fidèle disciple puisqu'elle a quitté la terre avec la bure et le cordon du Tiers-Ordre. Nous avons respecté ses dernières volontés.»
Sans vouloir apporter de correction au diagnostic implicite de soeur Claire sur la base du décès de sa mère, le neveu de cette dernière, le docteur Roger Foley, rappelle qu'il fit opérer sa tante en 1927 pour un cancer du sein et que c'est une métastase du foie qui l'a emportée huit ans plus tard.
En 1947, Alfred Foley cède sa ferme à son fils Auguste. L'année suivante, il épouse en secondes noces Mary Trottier et s'en va rester au village de Deschambault. Il marquait toutefois de la nostalgie de son pays natal. Son décès survint le 19 juin 1954. Il laisse le souvenir d'un brave citoyen, d'un précurseur social, d'un animateur agricole et d'un père de famille exemplaire.
Extrait du document de 153 pages «La famille Donald Foley» compilé en 1974 par le prêtre Jean-Louis Foley.
Cimetière de Saint-Thuribe
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