Biographie Menard Michel
Michel Menard dit Brindamour, fondateur de Galveston, Texas english below
Maison de Michel Benard dit Brindamour (photo Mel Trammell)
I fut un temps où l'Histoire proposait une vision sédentaire, «ruraliste», immobiliste des Canadiens français au XIXe siècle. Peu à peu, l'image s'estompe, notamment en ce qui a trait à la mobilité. Le Canadien français est un type qui bouge, qui migre, et cela pendant tout le XIXe siècle. Il profite des occasions.
De nos jours, romanciers et historiens nous rappellent qu'on trouve des Canadiens avec l'expédition de Lewis et Clarke, le long du Missouri, en 1804-1806. L'historien Jean Lamarre raconte l'expérience des familles Campau, Desnoyers, Pratte, etc. Vers 1830, elles ont quitté le sud-est du Michigan (Detroit) et l'économie de la traite des fourrures, pour le nord de l'État à la recherche d'un nouveau mode de vie, le temps des voyageurs étant révolu.
Ici et là, à travers l'Ouest américain, on retrouve des Canadiens français «sur la route». Les amateurs du Grand Canyon connaissent la piste Boucher (Boucher Trail), nommée ainsi en l'honneur de Louis Boucher. À la recherche de minerai de cuivre, ce prospecteur et guide y habite de 1891 à 1912 avant de repartir pour l'Utah.
Il arrive aux Canadiens d'être au bon endroit au bon moment. Geminien Beauvais se trouve sur la route du Colorado lors de la ruée vers l'or de la fin des années 1850. Son Star Ranch, près de Denver, deviendra une halte pour les centaines d'immigrants et de voyageurs circulant le long de la rivière South Platte en direction des mines d'or. Les noms de Janis, Chouteau, Beaubien, Maxwell et Blondeau s'associent également au développement de la frontière sud-ouest américaine à titre de marchands de fourrures et plus tard comme marchands.
Plusieurs autres marchands de fourrures sauront tirer profit de l'économie de la frontière, dont Michel B. Ménard, natif de La Prairie et fondateur de la ville de Galveston, au Texas. Nous sommes partis sur les traces de Ménard au Galveston History Center. À partir de sa correspondance, nous avons dressé un portrait-robot d'un certain type de Canadien errant.
Michel Branamour Ménard, fils unique de Michel et de Marguerite Ménard, voit le jour le 5 décembre 1805, à La Prairie, près de Montréal. À l'âge de 16 ans, il est à l'emploi de l'American Fur Company à Detroit. Engagé pour l'AFC, il fréquente le district du Minnesota. Deux ans plus tard, en 1822, il rejoint son oncle Pierre Ménard, marchand de fourrures de Kaskaskia dans l'Illinois. Oncle Pierre a d'excellentes entrées au sein du monde du commerce des pelleteries. Sa firme Ménard et Vallée, fait de la traite à l'ouest du Mississippi depuis plusieurs années. Par son second mariage, Pierre est lié à Jean-Pierre Chouteau, propriétaire d'une puissante entreprise de fourrures à SaintLouis. En d'autres mots, Michel B., neveu choyé, est bien placé pour apprendre les rouages d'une vie qui l'amènera à parcourir tout le sud-ouest du continent.
Branamour arrive à Galveston par étapes. Durant les années 1820, il s'installe d'abord comme resident trader au sein de la nation amérindienne des Shawnees. Il migre avec eux vers le territoire d'Arkansas, au sud et à l'ouest de Saint-Louis. Éventuellement, il se dirige davantage vers le sud, au-delà de la rivière Rouge et parcourt le territoire qui appartient alors au Mexique, le Texas. Il s'installe à Nacogdoches, en 1829. Ménard est toujours marchand de peaux et de pelleteries, mais ses intérêts se diversifient. En 1833, il construit un moulin (à scie et à farine) sur la rivière Trinity. Il s'intéresse à la propriété foncière, d'où l'acquisition de vastes terres le long de la rivière Sabine et de la rivière Trinity. Plus bas, dans l'estuaire de la Trinity, dans le golfe de Mexique, de l'autre côté de la baie de Galveston, il tente sa chance en achetant, de la jeune et indépendante république du Texas, pour 50 000 $, la portion orientale de l'île de Galveston. En 1838, il fonde la Galveston City Company, et plus tard la Galveston Wharf Company.
Ménard ne réalise pas seul ses exploits. Sa correspondance personnelle, trouvée au Galveston History Center, nous révèle qu'il aurait été marié quatre fois, deux fois à des Canadiennes françaises, deux fois à des Américaines, appelées «anglos» dans la culture du Sud-Ouest. Les deux premières sont mortes : l'une du choléra, l'autre d'une fièvre jaune. Est-ce pour conjurer le mauvais sort ou par réflexe inhérent à tout emigrant? Peu importe : Ménard s'entoure des membres de sa propre famille étendue. Le cousin Pierre J. dirige le moulin sur la Trinity. (Le 24 janvier 1838, il est question d'une dette de 2 500 $ pour cette bâtisse industrielle).
En 1837, accompagné de son frère Médard et le beau-frère de celui-ci, Isidore Leclerc -Isidore est le frère de la première femme de Michel - Pierre J. établit l'un des premiers magasins au centre-ville de Galveston. Le registre personnel de Michel nous informe que, vers 1839, Médard a une dette envers son cousin, pour le coût de matériaux de construction (briques et bois d'œuvre).
Michel est le plus illustre, le plus fortuné de son entourage. Il est costaud, mesurant six pieds deux pouces. Aussi à l'aise avec le fusil qu'avec la plume, c'est un raconteur. N'avoue-t-il pas dans une missive du 13 novembre 1838 : «The operation of my hand is too slow to write much and I can do a great deal more by talking». En anglais, il s'exprime aussi bien à l'oral qu'à l'écrit, quoique avec certaines faiblesses de syntaxe. Serait-il exagéré d'avancer qu'il pouvait sans doute maîtriser plusieurs langues, dont l'espagnol, puisque le Sud-Ouest d'avant la Guerre de sécession est un véritable carrefour où s'entrecroisent et s'entrechoquent trois cultures linguistiques : l'anglais, le français et l'espagnol?
Michel meurt en 1856. Il est enterré dans le cimetière catholique de Galveston. La maison Michel Ménard est aujourd'hui ouverte aux visiteurs. Sa carrière et son itinéraire nous montrent ce qui est arrivé à un homme entreprenant comme Ménard et à bien d'autres - plus reconnus dans l'historiographie américaine que dans la nôtre - lorsqu'on se trouve au bon endroit au bon moment...
Avec d'autres collègues, je prépare un projet pour étudier la diaspora des Canadiens français en Amérique du Nord, à travers les correspondances personnelles.
John Willis, historien Musée canadien de la poste, Cap-aux-Diamants No 74, ÉTÉ 2003
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MENARD, MICHEL BRANAMOUR (1805–1856). Michel Branamour Menard, Indian trader, entrepreneur, and founder of the Galveston City Company (see GALVESTON, TEXAS), the only son of Michel B. and Marguerite (de Noyer) Menard, was born on December 5, 1805, at La Prairie, near Montreal, Quebec. The illiterate youth became an engagé of the American Fur Company at Detroit about 1820 and worked in the Minnesota area for two years. In 1822 he joined his uncle, Pierre Menard, former lieutenant governor of Illinois, in the fur trade at Kaskaskia, where he learned to read and write French and eventually English. While working for Menard, he became a resident trader to a band of Shawnees living near Ste. Genevieve, Missouri. He was chosen a chief and moved with the tribe to the White River in Arkansas Territory and later, in 1828, to the Red River below Pecan Point. On December 1, 1829, Menard applied for citizenship in Nacogdoches, where he continued to collect skins and furs from the Shawnees and other Indians. He also began trading at Saltillo, Coahuila, exchanging horses, mules, and permits to locate Texas land for manufactured goods. By 1834 he owned 40,000 acres scattered from the lower Trinity River above Liberty to Pecan Point. He built a combination sawmill and gristmill on Menard Creek in 1833, which he operated with the aid of his cousin, Pierre J. Menard, and other relatives who moved to Texas. He continued to send forest products to Menard and Vallé and the American Fur Company until 1836. Menard represented Liberty County at the Convention of 1836 and, though he believed independence impractical, bowed to majority will and signed the Texas Declaration of Independence. President David G. Burnet named him to negotiate a peace treaty with the Shawnees, Delawares, and Kickapoos in northeastern Texas. Among Menard's land speculations was the 1834 arrangement to acquire title to a league and labor on the eastern end of vacant Galveston Island, a site forbidden to non-Hispanic Texans without permission from the president of Mexico. Menard was unable to develop it prior to 1836, and his title was questioned by rival claimants during the First Congress of the Republic of Texas. He had to pay the republic $50,000 to clear his title and had to take in many other partners besides the original investors, Samuel May Williams and Thomas F. McKinney.qqv The Galveston City Company was organized in April 1838 and began issuing deeds to investors and purchasers. Menard, as Texas commissioner, unsuccessfully sought a loan from the United States for the new republic in 1836–37 and represented Galveston in the Fifth Congress, 1840–41. He married four times. His first wife, Marie Diana LeClerc of St. Genevieve, whom he married about 1832, died of cholera aboard a ship en route to Texas from New Orleans on May 14, 1833. He married his second cousin, Adeline Catherine Maxwell, in late 1837, but she died during the yellow fever epidemic in Galveston in July 1838. Next he wed Mary Jane Riddle in 1843; she died in 1847. His fourth wife was Rebecca Mary Bass, a widow with two daughters whom Menard adopted in 1850, the same year the couple became parents of a son. Menard struggled to make his speculations and businesses more profitable, but financial reverses in 1856 finally hurt him severely. Menard was a Catholic and a Mason and was known as a great raconteur. No two accounts of his life are the same, due to his prodigious tales to friends and family. He died at home in Galveston on September 2, 1856, and was buried in the Catholic Cemetery in Galveston. BIBLIOGRAPHY: Dictionary of American Biography. Galveston News, September 4, 1856. Charles Waldo Hayes, Galveston: History of the Island and the City (2 vols., Austin: Jenkins Garrett, 1974). John H. Jenkins, ed., The Papers of the Texas Revolution, 1835–1836 (10 vols., Austin: Presidial Press, 1973). David G. McComb, Galveston: A History (Austin: University of Texas Press, 1986). Texas House of Representatives, Biographical Directory of the Texan Conventions and Congresses, 1832–1845 (Austin: Book Exchange, 1941).
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