Biographie Paquet Zephirin
Source: Dictionnaire Biographique du Canada (en ligne) PAQUET, ZÉPHIRIN, commerçant et manufacturier, né le 20 décembre 1818 à Pointe-aux-Trembles (Neuville, Québec), fils de Joseph Paquet, cultivateur, et d’Élisabeth Picher ; le 1er août 1843, il épousa à Québec Marie-Louise Hamel, et ils eurent neuf enfants ; décédé le 26 février 1905 à Québec. Aîné des fils d’une famille de 18 enfants, Zéphirin Paquet ne fréquente pas l’école et s’engage à 14 ans auprès d’un cultivateur de son village puis, en 1834, entre au service d’une laitière du faubourg Saint-Jean, à Québec. Deux ans plus tard, il achète sa première vache et s’établit à son compte dans le même faubourg. Il augmente rapidement son troupeau qui compte, en 1840, 20 vaches qui paissent à la haute ville et en font le laitier le plus important de Québec. Il a déjà accumulé un petit capital lorsqu’en 1845 il est touché par l’incendie des faubourgs Saint-Jean et Saint-Louis. Son étable brûle, mais il parvient à sauver ses vaches. Il déplace alors ses activités à la basse ville, près de l’Hôpital Général, dans un quartier en pleine expansion. Son épouse ouvre un petit magasin dans la maison, où elle vend des chapeaux et des articles de mercerie et de l’habillement. À la fin de 1848, Marie-Louise Paquet affirme à son mari qu’elle gagne plus dans son magasin que lui comme laitier et lui suggère de se lancer aussi dans ce commerce. Devant son incrédulité, elle le met au défi de comparer leurs résultats pendant une année et de se rallier à sa suggestion si les chiffres le confirment. À la fin de 1849, le bilan est concluant et Paquet vend ses vaches. Le magasin occupe tout le rez-de-chaussée de leur maison ; Marie-Louise se charge de la vente tandis que Zéphirin s’occupe des achats auprès de John McCall de la A. Laurie and Company, de Québec, ainsi que des clients, des employés et de la marchandise. L’entreprise s’agrandit en 1858, élargit sa clientèle et augmente ses ventes, tout en fonctionnant uniquement au comptant. Le magasin des Paquet brûle dans l’incendie de Saint-Sauveur en 1866, mais ils réussissent à sauver leur marchandise en la déplaçant à temps. Ils prennent résidence rue Saint-Joseph, au cœur du quartier Saint-Roch, et continuent leur commerce. D’abord temporaire, cette installation dans Saint-Roch s’avère de plus en plus définitive. De locataire qu’il était, Paquet devient propriétaire en 1878 et quitte sa maison-magasin pour acheter un immeuble de quatre étages. Par la suite, en une douzaine d’années, il se porte acquéreur, moyennant 60 000 $ qu’il paie comptant, de blocs de terrains contigus et de bâtiments, entre les rues Saint-Joseph et des Fossés (boulevard Charest). L’entreprise, gérée désormais entièrement par Paquet pendant que sa femme élève leurs neuf enfants, connaît une croissance continue et élargit sa gamme de produits. Paquet construit, agrandit, engage des employés de plus en plus nombreux (ils sont environ 150 en 1890) et préside aux destinées d’une entreprise sans cesse plus importante, même s’il atteint 72 ans en 1890. Se pose alors le problème de la succession. Seul Joseph-Arthur, né en 1857, a l’envergure et la santé qu’il faut pour prendre les affaires en mains ; l’aîné des fils, Zéphirin, né en 1846, est mis de côté au point d’être complètement déshérité par son père en 1892, et ensuite par son frère Joseph-Arthur, au profit de sa femme. L’autre frère, Joseph-Octave, né en 1853, parait engagé dans l’affaire quelque temps, mais des problèmes de santé le renvoient au rang de simple commis en 1898. Joseph-Arthur est le pivot de l’entreprise dans les années 1890 et une donation de ses parents confirme en 1898 la passation du flambeau. Zéphirin père a alors près de 80 ans et sa santé se détériore, sous la forme d’une « débilité sénile » qui l’affligera jusqu’à son décès. Dans les années 1890, l’entreprise connaît une expansion considérable. En plus de la croissance continue de ses ventes au détail, elle étend ses activités dans le secteur manufacturier à la transformation de la fourrure en 1892 et à la fabrication de chapeaux de paille, et compte un total de 250 travailleurs et travailleuses. Afin de parfaire les procédés de production, on engage à salaire, plus commission, des techniciens et gérants américains qui forment et surveillent les employés et ont la responsabilité de s’informer des nouvelles techniques et machines. Le 31 mars 1901, l’entreprise déclare un actif de 1 567 872 $, comprenant un stock évalué à 834 313 $ et des propriétés, ameublement et machines totalisant 421 467 $, contre un passif de 722 639 $, ce qui lui laisse un surplus accumulé de 845 233 $. Elle se compose de deux entités de taille comparable : la Z. Paquet, qui vend au détail dans un grand magasin de la rue Saint-Joseph des vêtements, tissus, chapeaux, gants et articles en fourrure, des chaussures, mais aussi des meubles et matelas, ustensiles de cuisine, jouets, tapis et prélarts, valises, parapluies, argenterie, parfums et livres, soit 46 % du total des marchandises ; la J.-A. Paquet, entreprise manufacturière et grossiste à Pointe-aux-Lièvres et à Limoilou, où l’on fabrique des articles en fourrure surtout, mais aussi des gants et mitaines de peau, des chapeaux de paille, des souliers mous et des raquettes (pour 54 % du total dont 75 % en fourrures). La J.-A. Paquet, une des principales entreprises industrielles de Québec, possède des salles de vente dans les grandes villes canadiennes comme Montréal, Winnipeg, Toronto et Vancouver, et expédie en consignation à Londres et à Paris. Moins de trois ans après la donation, Joseph-Arthur Paquet tombe gravement malade, fait son testament, puis meurt le 29 mars 1901. Il avait obtenu trois jours plus tôt la reconnaissance juridique de l’entreprise, devenue la Compagnie Paquet Limitée ; il charge dans son testament ses exécuteurs, le notaire Vildebon-Winceslas Larue et son homme de confiance et gérant Georges-Alfred Vandry, de terminer l’organisation de la compagnie et de partager l’actif de sa succession entre ses sœurs, frères et belles-sœurs. Le règlement de la succession demeure difficile, en raison notamment de l’obstruction de Zéphirin fils et les exécuteurs (Victor de Lotbinière Laurin, beau-frère de Joseph-Arthur Paquet, remplace en 1907 le notaire Larue, décédé) administrent l’entreprise tout en réalisant cette année-là la vente de l’actif de la succession à la Compagnie Paquet Limitée pour 1 150 942 $, payables en actions de la compagnie et en argent ; les principaux bénéficiaires sont Joséphine Paquet, épouse de Laurin, qui reçoit 385 559 $, Joseph-Octave Paquet et Caroline Monter, épouse de Zéphirin fils (257 039 $ chacun), qui deviennent ainsi les actionnaires principaux de la compagnie. Zéphirin Paquet père n’aura pas vu ce règlement, puisqu’il meurt le 26 février 1905 mais, signe des temps, le Soleil annonce le 1er mars 1905 : « VENTE Colossale, Gigantesque, Absolument unique [...] Nos grandes ventes spéciales se sont trouvées forcément interrompues par nos trois jours de deuil. Nous voulons reprendre dans toute la mesure du possible ces trois jours d’inaction. » Une ère nouvelle commençait. Marc Vallières
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