Biography Fontaine Celestin



Biography Fontaine Celestin

 

Génération 8, famille 1

 

Pierre Fontaine dit Bienvenu, fils de Jacques Fontaine de Saint-Laurent des Orgerils d'Orléans (Orléanais) FRANCE (Profession: marchand de bois) et Claude Girou (9,1)

Date de naissance: dimanche 26 février 1668
Lieu de naissance: Ville d'Orléans, rue du Four à Chaud, paroisse Saint-Laurent des Orgerils
Date du baptême: dimanche 26 février 1668
Lieu du baptême: Église Notre-Dame-de-Recouvrance, ville d'Orléans (Orléanais) FRANCE
Date d'arrivée: printemps 1687
Lieu d'établissement: Varennes
Profession: soldat, nommé caporal de la Compagnie de Tourigny ou Louvigny (Il semble avoir participé à la guerre en Espagne.)
Date du décès: dimanche 16 mars 1738 à l’âge de 70 ans
Lieu du décès: Varennes
Sépulture: Inhumé dans l'église Sainte-Anne de Varennes depuis le lundi 17 mars 1738
Note: ancêtre direct de sir Louis-Hippolyte La Fontaine (1807-1864)

 

Marguerite Gentès (Jentès), fille de Étienne Gentès (Jentès) et Catherine Messier (fille de Michel Messier dit Saint-Michel, seigneur de Cap-Saint-Michel, et Anne Lemoine (Lemoyne) (10,4)) (9,2)

Date de naissance: dimanche 8 février 1682
Lieu de naissance: Boucherville
Date du baptême: lundi 9 février 1682
Lieu du baptême: Boucherville
Date du décès: mercredi 12 janvier 1763 à 88 ans
Lieu du décès: Varennes
Sépulture: Inhumée dans l'église Sainte-Anne de Varennes
Note: ne signe
 

 

Pierre Fontaine dit Bienvenu

a épousé en premier mariage
Marguerite Anthiaume, fille de Michel Anthiaume de Saint-Nicolas des Champs de Paris (Île-de-France) FRANCE (Profession: exempt du Grand Prévost de l'hôtel de Paris) et Marie Dubois, et veuve avec sept enfants depuis 1691 d'André Jarret, sieur de Beauregard (oncle paternel de l'héroïne Marie-Madeleine Jarret de Verchères (1678-1747)) (contrat de mariage devant le notaire Basset, le dimanche 12 janvier 1676),
le dimanche 13 avril 1692 à Verchères (contrat de mariage devant le notaire Basset),
et en deuxième mariage
Pierre Fontaine dit Bienvenu, veuf de Marguerite Anthiaume depuis le dimanche 4 octobre 1699,
a épousé
Marguerite Gentès (Jentès)
le mardi 25 mai 1700 au Cap Saint-Michel (Varennes).
Enfants du premier mariage: Marie-Thérèse, Gabriel, Marguerite et Jacques
Enfants du deuxième mariage: Anne-Marguerite, Pierre, François, Marie-Madeleine, Pierre, Marie-Françoise, Marie-Catherine, Paul (7,1), Joseph, Marguerite, Augustin et Louis

 

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Pierre Fontaine dit Bienvenu, premier ancêtre au pays des familles Fontaine et Bienvenue, était originaire de Saint-Laurent des Orgerils d'Orléans, autrefois de la province de l'Orléanais en France.

La ville d'Orléans est une des anciennes villes de France chère à tous les Français et toutes les Françaises en ce qu'elle leur rappelle les exploits de la grande héroïne Jeanne d'Arc qui délivra cette ville du joug des Anglais et fut surnommée à juste titre la «pucelle d'Orléans».

Pierre Fontaine se maria en premières noces avec Marguerite Anthiaume, alors veuve d'André Jarret de Beauregard.

Marguerite Anthiaume vécut sept ans après son mariage et mourut prématurément à l'âge de quarante ans. Elle laissait quatre enfants, soit deux garçons prénommés Gabriel et Jacques, et deux filles prénommées Marie-Thérèse et Marguerite.


Pierre Fontaine se remariait une deuxième fois avec Marguerite Jentès dont il eut quatre fils qui se marièrent.

Les descendants de Pierre Fontaine se sont multipliés dans tout le Québec, principalement dans les régions de Varennes, Verchères, la vallée du Richelieu, Saint-Hyacinthe, Saint-Damase, Saint-Hughes, Saint-Pie-de-Bagot, Saint-Théodore et Montréal, et même au-delà de la province.

 

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   MADELEINE DE VERCHÈRES (1678-1747)
 

Relation des faits héroïques de mademoiselle Marie-Madeleine Jarret de Verchères âgée de 14 ans contre les Iroquois le mercredi 22 octobre 1692 à 8 heures du matin

 

J'étais à cinq arpents du fort de Verchères, appartenant au sieur de Verchères, mon père, qui était alors à Québec par ordre de Monsieur le chevalier de Callières, gouverneur de Montréal, et ma mère était à Montréal. J'entendis tirer plusieurs coups de fusil sans savoir sur quoi on tirait. Bientôt, j'aperçus que les Iroquois faisaient feu sur nos habitants, qui étaient éloignés du fort d'environ une demie-lieue. Un de nos domestiques me cria: «Sauvez-vous mademoiselle, sauvez-vous; voilà les Iroquois qui viennent fondre sur nous!» À l'instant, je me détournai et j'aperçus 45 Iroquois qui accouraient vers moi, n'en étant éloignés que d'une portée de pistolet. Résolu de mourir plutôt que de tomber entre leurs mains, je songeai à chercher mon salut dans la fuite. Je courus vers le fort en me recommandant à la Sainte Vierge en lui disant du fond de mon cœur: «Vierge sainte, mère de mon Dieu, vous savez que je vous ai toujours honorée et aimée comme ma chère mère, ne m'abandonnez pas dans le danger où je me trouve; j'aime mille fois mieux périr que de tomber entre les mains d'un peuple qui ne vous connaît pas.» Cependant, les Iroquois qui me poursuivaient se voyant trop éloignés de moi pour me prendre en vie auparavant que je puisse entrer dans le fort, et se sentant assez proches pour me tuer à coups de fusil, s'arrêtèrent pour faire leur décharge sur moi. Je l'essuyai pendant longtemps, ou du moins elle m'ennuya fort. Les balles de 45 fusils qui me sifflaient aux oreilles me faisaient paraître le temps bien long et l'éloignement du fort bien considérable, quoique j'en fusse bien proche. Étant à portée de m'entendre, je criai aux armes, aux armes! espérant que quelqu'un sortirait pour venir me secourir, mais en vain. Il n'y avait dans le fort que deux soldats qui, saisit de frayeur, s'étaient retirés dans la redoute pour se cacher. Enfin, arrivée à la porte, je trouvai deux femmes qui pleuraient leurs maris qui venaient d'être tués. Je les fis entrer malgré elles dans le fort dont je fermai moi-même les portes. («Les sauvages la poursuivirent, dit le Père de Charlevoix, et l'un d'eux la joignit dans le temps qu'elle mettait le pied sur la porte, mais l'ayant saisie par un mouchoir qu'elle avait au col, elle le détacha, et ferma la porte sur elle.»)

 

(«Il y en eut un autre, dit La Potherie, qui la poursuivait jusqu'à l'entrée du fort où il crut l'avoir arrêté par son mouchoir de col qui lui resta dans les mains. Elle conserva assez de présence d'esprit pour fermer la porte du fort sur l'Iroquois qui n'osa risquer d'y entrer à cause du bruit qu'il entendait.») Alors, je pensai à me mettre moi et le petit nombre de personnes qui m'accompagnaient à couvert des insultes des barbares; je fis la visite du fort, je trouvai plusieurs pieux tombés qui faisaient des brèches par où il était facile aux ennemis d'entrer. Je donnai mes ordres pour les faire relever et sans avoir égard à mon sexe ni à la faiblesse de mon âge, je prenais un pieu par un bout en encourageant les personnes qui était avec moi à le relever. J'éprouvai quand Dieu donne des forces, il n'y a presque rien d'impossible. Les brèches du fort réparées, je m'en allai à la redoute qui servait de corps de garde où étaient les munitions de guerre. J'y trouvai deux soldats, l'un caché, l'autre qui tenait une mèche allumée; je demandai à celui-ci: «Que voulez-vous faire de cette mèche?»

— C'est pour mettre le feu aux poudres, me répondit-il, pour nous faire sauter.

— Vous êtes un malheureux, lui repartis-je.

— Retirez-vous, je vous le commande.

Je lui parlai d'un ton si ferme et si assuré qu'il m'obéit sur le champ. Je jetai ma coiffe, j'arborai un chapeau et, prenant un fusil, je dis à mes deux jeunes frères: (Pierre de Verchères avait douze ans et Alexandre de Verchères en avait dix et demi, tandis que Marie-Madeleine de Verchères était âgée de quatorze ans.) «Battons-nous jusqu'à la mort, nous combattons pour notre patrie et pour notre religion. Souvenez-vous des leçons que mon père vous a si souvent données, que des gentilshommes ne sont nés que pour verser leur sang pour le service de Dieu et du Roi!» Mes frères et les soldats, animés de mes paroles, firent un feu continuel sur l'ennemi. Je fis tirer le canon («Elle chargea elle-même, dit La Potherie, un canon de huit livres de balles, s'étant servi d'une serviette pour tampon, qu'elle tira sur eux. Ce coup les épouvanta de frayeur et en même temps fit un signal à tous les forts au nord et au sud du fleuve.») non seulement pour montrer que nous étions en état de nous bien défendre, ayant du canon, mais encore pour avertir nos soldats, qui étaient à la chasse, de se sauver dans quelque autre fort.

Mais que n'a-t-on pas à souffrir dans ses extrémités. Malgré le bruit de notre artillerie, j'entendais les cris lamentables des femmes et des enfants qui venaient de perdre leurs maris, leurs frères et leurs pères. Je crus qu'il était de la prudence, pendant que l'on faisait feu sur l'ennemi, de représenter à ces femmes désolées et à ces enfants, le danger d'être entendus de l'ennemi. Malgré le bruit des fusils et du canon, je leur ordonnai de se taire afin de ne pas donner lieu de croire que nous étions sans ressources et sans espérances. (Charlevoix rapporte qu'elle renferma toutes ces femmes sous clefs.)

Pendant que je leur parlai de la sorte, j'aperçus un canot sur la rivière vis-à-vis du fort; c'était le sieur Fontaine (Pierre Fontaine dit Bienvenu, de Varennes, avait épousé Marguerite Anthiaume, veuve d'André Jarret de Beauregard, oncle de notre héroïne.) avec sa famille qui venait débarquer dans l'endroit où je venais d'être manquée par les Iroquois qui y paraissaient à droite et à gauche. Cette famille allait être défaite si on ne lui eut donné un prompt secours. Je demandai aux deux soldats s'ils voulaient aller au devant de cette famille pour lui favoriser le débarquement qui était à cinq arpents du fort. Leur silence me fit connaître leur peu de résolution. Je commandai à la Violette, notre domestique, de faire sentinelle à la porte du fort et de la tenir ouverte pendant que j'irais moi-même au bord de la rivière, le fusil à la main et le chapeau sur la tête. J'ordonnai en partant que si nous étions tués, l'on fermât la porte du fort et que l'on continuât toujours à se bien défendre. Je partis avec la pensée que Dieu m'avait inspirée, que les ennemis qui étaient en présence croiraient que c'était une feinte que je faisais pour les engager de venir au fort, d'où l'on ferait une vive sortie sur eux. Ils le crurent effectivement et ainsi j'eus lieu de sauver ce pauvre Pierre Fontaine, sa femme et ses enfants. Étant tous débarqués, je les fis marcher devant moi jusqu'au fort à la vue de l'ennemi. Une contenance si fière fit croire aux Iroquois qu'il y avait plus à craindre pour eux que pour nous. Ils ne savaient pas qu'il n'y avait dans le fort de Verchères que mes deux jeunes frères, âgés de 12 et 10 ans, notre domestique, deux soldats et un vieillard âgé de 80 ans avec quelques femmes et quelques enfants.

Fortifiée de la nouvelle recrue que me donna le canot de Pierre Fontaine, je commandai que l'on continuât à faire feu sur l'ennemi. Cependant, le soleil se coucha; un nord-est impétueux, qui fut bientôt accompagné de neige et de grêle, nous annonça la nuit la plus affreuse qui se puisse imaginer. Les ennemis, toujours en présence, bien loin de se rebuter d'un temps si fâcheux me firent juger par leurs mouvements qu'ils voulaient escalader le fort à la faveur des ténèbres. J'assemblai toutes mes troupes, c'est-à-dire six personnes auxquelles je parlai ainsi: «Dieu nous a sauvés aujourd'hui des mains de nos ennemis, mais il faut prendre garde de ne pas tomber cette nuit dans leurs filets. Pour moi, je veux vous faire voir que je n'ai point de peur; je prends le fort pour mon partage, avec un homme âgé de 80 ans et un soldat qui n'a jamais tiré un coup de fusil; et vous, Pierre Fontaine, La Bonté et Gachet (noms des deux soldats), vous irez à la redoute avec les femmes et les enfants comme étant l'endroit le plus fort; si je suis prise, ne vous rendez jamais, quand même je serais brûlée et hachée en pièces à vos yeux; vous ne devez rien craindre dans cette redoute, pour peu que vous combattiez.»

À l'instant, je plaçai mes deux jeunes frères sur deux bastions, le vieil homme de 80 ans sur le troisième et moi je pris le quatrième. Chacun fit bien son personnage. Malgré le sifflement du nord-est qui est un vent terrible en Canada dans cette saison, malgré la neige et la grêle, l'on entendait à tout moment: «Bon quart, de la redoute au fort, et du fort à la redoute, bon quart!» On aurait cru à nous entendre que le fort était rempli d'hommes de guerre. Aussi les Iroquois, gens d'ailleurs si rusés et si belliqueux, y furent-ils trompés comme ils l'avouèrent dans la suite à Monsieur Callières à qui ils déclarèrent qu'ils avaient pris conseil pour prendre le fort pendant la nuit, mais que la garde que l'on y faisait sans relâche les avait empêchés d'exécuter leur dessein, surtout ayant déjà perdu du monde par le feu que mes deux jeunes frères et moi avions fait sur eux le jour précédent.

Environ une heure après minuit, la sentinelle du bastion de la porte cria: «Mademoiselle, j'entends quelque chose.» Je marchai vers lui pour découvrir ce que c'était; j'aperçus au travers des ténèbres et à la faveur de la neige quelques bêtes à cornes, tristes restes de nos ennemis. L'on me dit: «Il faut ouvrir pour les faire entrer.»

— À Dieu me plaise, repartis-je, vous ne connaissez pas encore tous les artifices des sauvages; ils marchent sans doute après ces bestiaux couverts de peaux de bêtes pour entrer dans le fort, si nous sommes assez indiscrets pour en ouvrir la porte. Je craignais tout d'un ennemi aussi fin et aussi rusé que l'Iroquois. Cependant, après avoir pris toutes les mesures que demande la prudence dans ces circonstances, je jugeai qu'il n'y avait point de risque à ouvrir la porte. Je fis venir mes deux frères avec leurs fusils bandés en cas de surprise, et ainsi nous fîmes entrer ces bestiaux dans le fort.

 

Enfin, le jour parut et le soleil, en dissipant les ténèbres de la nuit, sembla dissiper notre chagrin et nos inquiétudes. Je parus au milieu de mes soldats avec un visage gai, en leur disant: «Puisque avec le secours du ciel nous avons bien passé la nuit, toute affreuse qu'elle a été, nous en pourrons bien passer d'autres en continuant notre bonne garde et faisant tirer le canon d'heure en heure, pour avoir du secours de Montréal, qui n'est éloigné que de huit lieues.» Je m'aperçus que mon discours avait fait une pression sur les esprits. Il n'y eut que madame Marguerite Anthiaume, femme du sieur Pierre Fontaine, qui, extrêmement peureuse comme il est naturel à toutes les femmes parisiennes de nation, demanda à son mari de la conduire dans un autre fort, lui représentant que si elle avait été assez heureuse pour échapper la première nuit à la fureur des sauvages, elle ne devait pas s'attendre au même bonheur la nuit suivante; que le fort de Verchères ne valait rien, qu'il n'y avait point d'hommes pour le garder et que d'y demeurer c'était s'exposer à un danger évident ou de tomber dans un esclavage perpétuel ou de mourir à petit feu. Le pauvre mari, voyant que sa femme persistait dans sa demande et qu'elle voulait se retirer au fort de Contrecœur, éloigné de trois lieues de celui de Verchères, lui dit: «Je vais vous armer un canot d'une bonne voile avec vos deux enfants qui savent bien canoter. Pour moi je n'abandonnerai jamais le fort de Verchères tant que mademoiselle Magdelon y sera (c'est ainsi que l'on m'appelait dans mon enfance).» Je lui fis réponse que je n'abandonnerais jamais le fort, que j'aimais mieux périr que le livrer aux ennemis; qu'il était conséquence infinie qu'ils n'entrassent dans aucun fort français, qu'ils jugeraient des autres par celui-ci, s'ils s'en emparaient et qu'une pareille connaissance ne pourrait servir qu'à augmenter leur fierté et leur courage. («Je ne sache pas, dit Charlevoix, que les Iroquois aient jamais pris aucun de ces forts. Il est trop périlleux pour ces sauvages, qui n'ont aucune arme défensive, et n'aiment point une victoire teinte de sang. L'autre ne convient pas à leur manière de faire la guerre. Deux attaques du fort de Verchères sont néanmoins fameuses dans les fastes canadiens, et il semble que les Iroquois ne s'y soient attachés par deux fois, contre leur coutume, que pour faire éclater la valeur de l'intrépidité de deux Amazones.»)

Je puis dire avec vérité que je fus deux fois vingt-quatre heures sans dormir ni manger, je n'entrai pas une seule fois dans la maison de mon père, je me tenais sur le bastion où j'allais voir de quelle manière l'on se comportait dans la redoute. Je paraissais toujours avec un air riant et gai; j'encourageai ma petite troupe par l'espérance que je leur donnais d'un prompt secours.

Le huitième jour (car nous fûmes huit jours dans de continuelles alarmes, toujours à la vue de nos ennemis et exposés à leur fureur et à leur barbarie), le huitième jour, dis-je, Monsieur de la Monnerie, lieutenant détaché de Monsieur de Callières, arriva la nuit avec 40 hommes, ne sachant point si le fort était pris. Il faisait son approche en grand silence; une de nos sentinelles entendant quelque bruit cria: «Qui vive!» J'étais pour lors assoupie, la tête sur une table, mon fusil de travers dans mes bras. La sentinelle me dit qu'elle entendait parler sur l'eau; sans perdre de temps je montai sur le bastion pour reconnaître à la voix si c'était Sauvages ou Français. Je leur demandai: «Qui êtes-vous?» Ils me répondirent: «Français. C'est la Monnerie qui vient vous donner du secours.» Je fis ouvrir la porte du fort, j'y plaçai une sentinelle et je m'en allai au bord de l'eau pour les recevoir. Aussitôt que je l'aperçus, je le saluai par ces paroles: «Monsieur vous, soyez le bienvenue, je vous rends les armes.»

— Mademoiselle, me répondit-il d'un air galant, elles sont en bonnes mains.

— Meilleures que vous ne croyez, lui répliquai-je.

Il visita le fort et le trouva en très bon état, une sentinelle sur chaque bastion. Je lui dis: «Monsieur, faites relever mes sentinelles afin qu'elles puissent prendre un peu de repos. Il y a huit jours que nous n'avons point descendu de dessus nos bastions.»

J'oubliais une circonstance qui pourra faire juger de mon assurance et de ma tranquillité. Le jour de la grande bataille, les Iroquois qui environnaient le fort faisant brûler les maisons de nos habitants, saccageant et tuant leurs bestiaux à notre vue, je me ressouvins à une heure de soleil que j'avais trois poches de linge avec quelques couvertures hors du fort. Je demandai à mes soldats si quelqu'un voulait venir avec moi, le fusil à la main, chercher mon linge. Leur silence accompagné d'un air sombre et morne me faisait juger de leur peu de courage. (Notons que ce matin du 22 octobre 1692, en un instant, des Iroquois sortirent des buissons et tuèrent une vingtaine d'habitants surpris dans leurs champs.) Je m'adressai à mes jeunes frères en leur disant: «Prenez vos fusils et venez avec moi.» Pour vous, dis-je aux autres, continuez à tirer sur les ennemis pendant que je vais chercher mon linge. Je fis deux voyages à la vue des ennemis dans le lieu même où ils m'avaient manquée quelques heures auparavant. Ma démarche leur parut sans doute suspecte, car ils n'osèrent venir pour me prendre ni même tirer pour m'ôter la vie.

Le récit de son fait d'armes vaudra à Marie-Madeleine de Verchères une rente viagère.

 

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Source: Notes dans le cadre du cours d'histoire (Histoire du Canada) au secondaire III enseigné par le professeur Jacques Milot à l'école secondaire Assomption de Cap-de-la-Madeleine en 1974-1975 et conservées par son étudiant Alain Fontaine. Une copie de ces notes a été donnée à André Fontaine de Prud'homme en Saskatchewan, fils de Gérard Fontaine et petit-fils de Ludger Fontaine dit Périgny, le vendredi 18 mars 1987 lors de sa visite avec ses parents à Cap-de-la-Madeleine. André Fontaine en a fait une traduction anglaise qui a été mise le 4 août 1988 dans un répertoire de 232 pages sur les descendants de David Fontaine dit Périgny. Ce répertoire a été distribué à plusieurs dizaines d'exemplaires. C'est cette version anglaise qui se retrouve sur le site Internet canfga.org.

 

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Archives nationales du Canada, collection Moreau de Saint-Méry, Archives des Colonies, série F3, volume 5, folio 434, bobine 7931.

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BIBLIOGRAPHIE

Gabriel Drouin, Généalogie de J. Célestin Fontaine et Solange Plamondon, compilée par l'Institut généalogique Drouin, Montréal et Paris, janvier 1957, 490 pages.


Dictionnaire national des Canadiens français (1608-1760), volumes I à III, Institut généalogique Drouin, Montréal, édition révisée 1985, 2008 pages.

René Jetté avec la collaboration du Programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal, Dictionnaire généalogique des familles du Québec des origines à 1730, Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 1983, 1176 pages.

Site Internet www.nosorigines.qc.ca.

 

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