Biography Tache Pascal-Jacques
TACHÉ, PASCAL (baptisé
Paschal-Jacques), seigneur, juge de paix, homme politique et officier de
milice, né le 30 août 1757 à Québec, fils de Jean Taché* et de Marie-Anne
Jolliet de Mingan ; le 25 septembre 1785, il épousa à Kamouraska, Québec, une
veuve, Marie-Louise Decharnay, et ils eurent un fils, Paschal ; décédé le
5 juin 1830 à ce dernier endroit.
Après une carrière d’une dizaine d’années en tant
que, commis dans les fermes des postes du roi [V. Thomas Dunn*J, Pascal Taché se
fixa à Kamouraska en 1785, année de son mariage avec la coseigneuresse du lieu.
Cinq ans plus tard, sa belle-mère lui donna sa part dans la seigneurie. À
l’instar de bon nombre de seigneurs canadiens de l’époque, Taché afficha sa
loyauté à la couronne britannique, ce qui lui valut sans doute sa commission de
juge de paix pour le district de Québec en 1794, commission qui, du reste, lui
fut périodiquement renouvelée.
En mars 1798, Taché se porta candidat dans
Cornwallis lors de l’élection à la chambre d’Assemblée visant à trouver un
remplaçant au député Pascal Sirois-Duplessis, décédé. Il fut élu, mais
l’élection s’était déroulée par mauvais temps et sous la surveillance d’un
directeur du scrutin anglophone mal informé des droits des voteurs. Aussi des
électeurs de la circonscription présentèrent-ils une requête à l’Assemblée en
espérant faire annuler l’élection, mais leur demande fut rejetée. Taché siégea
donc jusqu’en juin 1800 et, pendant l’exercice de son mandat, il habita rue
Sainte-Anne à Québec, lui qui normalement résidait dans son manoir seigneurial.
Souvent absent de la chambre, il y joua un rôle très effacé, se contentant
uniquement de voter. Il fit partie d’un seul comité, celui chargé de préparer un
projet de loi sur l’exploitation de l’érable à sucre.
Après cette brève incursion dans la vie politique
bas-canadienne, Taché se consacra presque uniquement à la gestion de la
seigneurie de Kamouraska qui connut d’ailleurs un essor remarquable. En 1813,
selon les observations de l’arpenteur Joseph Bouchette*, elle comptait environ
5 500 habitants qui vivaient essentiellement de l’agriculture. Le village
regroupait, outre l’église et le presbytère, une soixantaine de maisons et il
était considéré comme un centre de villégiature estivale apprécié. Deux écoles,
l’une soutenue par la fabrique, l’autre par l’Institution royale pour
l’avancement des sciences, assuraient l’éducation des enfants. Taché administra
son fief en profitant des droits que lui conférait le régime seigneurial. Il
concéda des terres, réclama cens et rentes ainsi que lods et ventes, et protesta
lorsqu’un censitaire manifesta le désir de construire un moulin à farine. Il
tira profit de la location du moulin banal et des terres qu’il possédait, mais
surtout des pêcheries, exploitées sur une grande échelle. Ainsi il loua, le plus
souvent à des résidents, des lots de grève sur le Saint-Laurent ou sur les
abords de l’île aux Corneilles, de l’île aux Patins, de l’île de la Providence
ou de l’île aux Harengs.
En 1813, Mme Taché mourut en laissant sa part de
la seigneurie à son fils Paschal qui, à partir de ce moment, signa conjointement
avec son père toutes les transactions concernant Kamouraska. Il habita lui aussi
au manoir seigneurial et exerça, quoique très peu, sa profession de notaire.
Père et fils servirent dans le bataillon de milice de Rivière-Ouelle durant la
guerre de 1812, le premier comme lieutenant-colonel et le second à titre
d’aide-major. Toujours à l’exemple de son père, Paschal fit partie de la Société
d’agriculture ; ensemble, ils assistaient aux réunions qui se tenaient à
Rivière-du-Loup ou à Kamouraska.
Les seigneurs Taché, sans être riches, vécurent à
l’aise, entourés de domestiques. Ils organisaient de somptueux dîners, des
réceptions, des pique-niques sur les îles et, pendant de nombreuses années,
Kamouraska se révéla le centre de la vie sociale de la région. Une certaine
élite fréquentait le salon du curé Jacques Varin. On y voyait, en plus des
seigneurs, les négociants Jean-Charles Chapais et Amable Dionne*, les notaires
Thomas Casault, François Letellier de Saint-Just et Jean-Baptiste Taché, de même
que l’avocat Charles-Eusèbe Casgrain*.
Pascal Taché mourut le 5 juin 1830. Son fils ne
lui survécut que peu de temps, puisqu’il s’éteignit le 3 janvier 1833. Tous deux
furent inhumés à Kamouraska, sous le banc seigneurial dans l’église de la
paroisse Saint-Louis. Le 14 mai 1810, Paschal Taché avait épousé à Québec Julie
Larue, et ils avaient eu quatre enfants. Par testament, il léguait l’usufruit et
la jouissance des biens seigneuriaux à son épouse. Ses deux filles héritèrent de
£1 000 chacune tandis que son fils Jacques-Vinceslas reçut la partie du fief
comprise dans les limites de la paroisse Saint-Pascal ; l’aîné,
Louis-Pascal-Achille*, outre une terre à Kamouraska, obtint la partie du fief
qui compose la paroisse Saint-Louis.
En collaboration avec
Éveline Bossé
ANQ-Q, CE1-1, 31 août 1757, 14 mai 1810 ; CE3-3,
26 sept. 1785, 7 juin 1830 ; CN3-10, 25, 28 avril, 7 nov., 5 déc. 1814,
14 janv., 23 févr., 4, 8 mars, 22 déc. 1815, 19 févr., 15 juill., 28 nov. 1816,
17 août 1818, 6 mars 1827 ; CN3-13, 25 sept. 1785 ; CN3-17, 23 juill.,
29 août 1797 ; CN3-19, 9 août 1802, 8, 10 mars, 25 juill. 1804, 14 avril 1808 ;
CN3-30, 15 nov. 1832.— APC, RG 68, General index, 1651–1841.— B.-C., chambre
d’Assemblée, Journaux, 1798–1800.— « Les
Dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 120.— La
Gazette de Québec, 3 juill. 1794, 29 mars 1798,
28 sept. 1809, 8 avril, 2, 16 août 1819, 7 sept. 1820.—
F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— Desjardins, Guide
parl.— Officers of British forces in
CanadaKamouraska (1674–1948)
(Québec, 1948).— P.-G. Roy, la Famille Taché (Lévis,
Québec, 1904).
Source: Dictionnaire biographique du Canada en ligne
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