Biographie Fraser Elzear

   Sur l'île Rouge, un code de communication était en usage depuis de nombreuses années. Un feu allumé sur la partie amont de l'île signalait un cas de maladie, alors qu'un feu aperçu sur l'est de l'île annoncait une mortalité. C'est en utilisant ce système exclusif de signalisation que le gardien Pierre-Elzéar Fraser quitta son phare en 1889.

   Vers le 20 novembre, René Lindsay, le jeune gardien du phare de l'île Verte, aperçoit le signal de détresse annonçant la maladie sur l'île Rouge. Les conditions météo ne sont guère propices à une traversée en raison de l'amoncellement des glaces, poussées par des vents violents. Malgré les risques élevés, une tentative de se porter au secours du gardien éprouvé s'organise par messieurs Marcelin Côté, Pierre-Théodore Fraser et Pitre Fraser, les fils de Daniel. Si de nos jours, une sortie en canot à glace est une activité sportive hivernale populaire, ce n'est pas le cas à cette époque, son utilisation s'associant davantage à une urgence. Incapables d'approcher de l'ile Rouge, les hommes rebroussent chemin. Les soirs suivants, le feu de détresse demeure visible au large. Enfin, le 5 décembre, une seconde tentative porte ses fruits. Les deux jeunes Fraser, accompagnés de Daniel Fraser, réussissent à débarquer sur l'île Rouge. Les trois verdoyants, exténués et fatigués, trouvent le gardien du phare alité, se tordant de douleurs depuis près de quinze jours. Au cours de cette longue période d'attente à prodiguer les bons soins au gardien, l'assistant Alfred Côté accompli seul toutes les tâches: allumer le système lumineux de la tour et le surveiller, transporter l'eau et le bois, chauffer les lieux, cuisiner et plus encore.

   Le 7 décembre, le voyage de retour vers l'île Verte s'annonce périlleux. Dès le départ, la neige commence à tomber et les vents se remettent de la partie. Après quelques heures à manoeuvrer parmi les glaces, ils atteignent la rive sud. Hélas, Elzéar Fraser décède une heure plus tard. Il sera inhumé aux Trois-Pistoles le mercredi 11 décembre 1889

Le bulletin des amis des phares été 2021 (Jean Cloutier)