Biographie Buteau Francois
BUTEAU, François (Frank) - Né au Québec le 29 juillet 1856, il quitte sa province à l'âge de 21 ans (F. BUTEAU, «My Experiences in the World», Sourdough Sagas, p. 93. ). Il a suivi le modèle classique d'expatriation du Canadien français.
L'exode vers les États-Unis a été l'événement majeur de l'histoire canadienne-française au XIXe siècle (M. POTEET. Textes de l'exode, p. 21. ). Au Québec, le réseau colonisé ne suffit plus à contenir la population croissante. Les terres en régions éloignées sont souvent mauvaises et rapportent peu. Dans les villes, l'industrialisation commence lentement à se développer; les salaires sont très bas. Il ne reste plus aux familles qu'à immigrer pour chercher du travail et une rémunération décente (CORNELL et al. Canada, unité et diversité, p. 373-375. ). Des centaines de milliers de personnes partent vers les États-Unis. Cependant, le travail en usine ne satisfait pas leurs rêves de fortune. Les diverses ruées vers l'or aux États-Unis et dans l'ouest du Canada offrent de nouveaux espoirs et attirent bien des Franco-Américains. N'ayant rien à perdre, ils sont prêts à tout.
Ayant travaillé ici et là aux États-Unis, Buteau aboutit au Yukon avec 21 compagnons en janvier 1886. Après avoir traversé le col Chilkoot, ils descendent le fleuve Yukon jusqu'à Fortymile. Buteau a alors une trentaine d'années. L'auteur Michael Gates le décrit ainsi : petit homme nerveux au teint basané avec une moustache et des sourcils épais et foncés. Avec deux compagnons canadiens-français, Louis Cotey et French Joe, il bâtit une cabane rudimentaire sur une petite île, située à environ un mille de l'embouchure de la rivière Fortymile. L'endroit a été nommé «l'Île-des-Seize-Menteurs» à cause des talents de conteurs des seize hommes qui y ont passé l'hiver 1886-1887, entassés dans trois petites cabanes. Avec cette poignée de prospecteurs, dont Buteau faisait partie, le village minier de Fortymile naissait — isolé, sans confort ni provisions.
La cabane de Buteau et de ses compagnons était tellement froide, faute de poêle à bois, que le bloc de glace utilisé comme fenêtre est resté intact, sans fondre, pendant tout l'hiver. C'était également un hiver sombre puisque la maisonnée ne disposait que de six chandelles. C'était un hiver où la survie dépendait du gibier chassé et du bois trouvé (M. GATES. Gold at Fortymile Creek: Early Days in the Yukon, , p. 35, 36. ). Heureusement, l'été apporte des récompenses : Buteau prospecte dans la région et trouve de l'or pour une valeur de 3 000 $ (F. BUTEAU, «My Experiences in the World», Sourdough Sagas, p. 96. ).
L'hiver suivant, Frank Buteau et John Nelson s'improvisent forgerons pour répondre à la demande des mineurs de la région. Avant que Joe Ladue ne revienne avec l'acier et le borax nécessaires à l'accomplissement de leurs tâches, ils doivent faire preuve de beaucoup d'imagination pour réparer les pioches usées des prospecteurs (M. GATES, Gold at Fortymile Creek: Early Days in the Yukon, p. 49. ). En 1889, Buteau et ses associés ont été parmi les premiers au Yukon à utiliser la méthode hydraulique. Ils ont mis ce procédé à l'oeuvre pour exploiter leur concession sur Franklin Gulch (MAYO HISTORICAL SOCIETY,Gold and Galena, p. 413. ).
En juillet 1890, Buteau se marie (F. BUTEAU, «My Experiences in the World», Sourdough Sagas, p. 104. ). En mars 1893, il revient au Yukon après un voyage hors du territoire. Pendant la traversée de la piste Chilkoot, le groupe dont il fait partie (Buteau, Corbeil, Laroche et François Roy) fait preuve d'ingéniosité. Ils installent une voile à leur traîneau pour accélérer dans les descentes et des patins pour faciliter la traversée des lacs (AFY, R. LAROCHE, Notes de recherche, dossier : Explorateurs. ).
En décembre 1898, Buteau achète des terrains à Klondike City (Archives du Yukon, Yukon Government Records, YRG 1, Central Registry Files, Series 8, vol. 2079, [Crown Timber & Land Agent Office, Ledger 1894-1927], p. 11, 19, 21. ). Il était membre de l'Ordre des pionniers du Yukon (Archives du Yukon, R. C. COUTTS, n° acc. 78/69, MSS 79, f 16 : [A Census of Yukon Pioneers]. ). Ses mémoires ont été publiés dans le recueil Sourdough Sagas (C. GIRARD et R. LAROCHE. Un jardin sur le toit, p. 40. ). En 1920, il vivait à Fairbanks, Alaska, avec sa soeur. Il est décédé en 1930 (F. BUTEAU, «My Experiences in the World», Sourdough Sagas, p. 93. ).
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